• S’il y a quelque chose dont je suis déjà certain : dans une quinzaine d’années, on subira un flot de films israéliens réalisés par d’anciens soldats, expliquant à quel point ils souffrent intérieurement d’avoir dû génocider des familles entières à Gaza et, de Télérama à Télé 7 Jours, du festival de Cannes aux cinéclubs pour vieux gauchistes, on applaudira à ces films si émouvants, si vrais, si…

    (Ainsi va notre monde de peigne-culs.)

  • Johann Soufi - X :
    https://x.com/jsoufi/status/1794000830779236381

    🚨BREAKING : La CIJ_ICJ ordonne à Israël de cesser immédiatement son offensive à Rafah, considérée comme susceptible d’imposer des conditions de vie à la population palestinienne de Gaza pouvant entraîner sa destruction physique ! 🇿🇦⚖️🇮🇱 🧵Je vous explique brièvement 👇

    2. L’Afrique du Sud demandait des mesures conservatoires supplémentaires considérant que l’attaque de Rafah constituait une nouvelle circonstance qui aggravait le « risque de génocide ». Israël s’y opposait.

    3. À 13 voix contre 2 (juges Sebutinde et Barak ), la Cour considère que l’attaque israélienne sur Rafah accroît le « risque de préjudice irréparable aux droits des palestiniens d’être protégés contre un génocide » et qu’Israël doit stopper immédiatement son offensive !

    (4 pages de l’arrêt)

    4. Les juges ordonnent aussi à Israël de maintenir le point de passage de #Rafah ouvert pour faciliter la fourniture d’aide humanitaire requise de toute urgence !

    5. Enfin les juges ordonnent à Israël de garantir l’accès, sans entrave, à toutes les commissions d’enquête ou organismes chargés par l’ONU d’enquêter sur les allégations de génocide ! 🔍🇺🇳

    6. Une victoire judiciaire importante de l’Afrique du Sud, et une décision courageuse de la @CIJ_ICJ.👏
    https://pbs.twimg.com/media/GOWYXfAWMAAHBLW?format=jpg&name=medium#.
    La décision (déjà dispo en 🇫🇷) comme toutes celles de la Cour, est OBLIGATOIRE. Les États doivent s’assurer qu’Israël la respecte et la mette en œuvre !

    https://www.icj-cij.org/sites/default/files/case-related/192/192-20240524-ord-01-00-fr.pdf

    7. Bien évidemment la Cour renouvelle ses appels précédents à la libération immédiate et inconditionnelle des otages détenus par le Hamas.

    Il faut espérer que cette décision soit respectée et contribue à un cessez le feu et à la paix et la justice ! 🇮🇱⚖️🇵🇸

  • « Des électeurs ordinaires » : à la découverte de la vision racialisée du monde des partisans du RN

    Le sociologue Félicien Faury décortique la mécanique du vote Rassemblement national, après un travail de terrain réalisé entre 2016 et 2022 dans le sud-est de la France.

    [...]

    Ses conversations avec les électeurs donnent à voir des « logiques communes », un rapport au monde qui oriente vers le vote Le Pen. « Les scènes fiscales, scolaires et résidentielles deviennent les théâtres de compétitions sociales racialisées, dans lesquels les groupes minoritaires, construits et essentialisés en tant que tels, sont perçus et jugés comme des concurrents illégitimes », décrit l’auteur. La prégnance de cette vision du monde dans le quartier ou au travail conduit à légitimer le vote Le Pen, à le priver de son stigmate de l’extrémisme et, in fine, à le renforcer.

    A l’automne 2023, un débat avait opposé deux interprétations du vote populaire pour le RN, que l’on peut ainsi schématiser : d’un côté, les économistes Julia Cagé et Thomas Piketty, auteurs d’une somme de géographie électorale (Une histoire du conflit politique, Seuil, 2023), pour qui les inégalités socio-économiques sont le principal déterminant du vote RN ; de l’autre, le sondeur de l’Institut français d’opinion publique, Jérôme Fourquet, qui, dans La France d’après. Tableau politique (Seuil, 2023), soulignait le primat de la question identitaire.

    Le travail de terrain de Félicien Faury invite à pencher fortement en faveur de la seconde analyse. Il dissèque la manière dont les expériences de classe de l’#électorat RN rejoignent toutes la question raciale. Le chercheur prend toujours soin de situer cette vision raciste dans le contexte d’une société où se perpétuent les processus de racialisation. De la part d’électeurs en risque de déclassement social, écrit-il, « le vote RN doit aussi se concevoir comme un vote produit depuis une position dominante sur le plan racial, dans l’objectif de sa conservation ou de sa fortification ».
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/24/des-electeurs-ordinaires-a-la-decouverte-de-la-vision-racialisee-du-monde-de

    https://justpaste.it/a4997

    #extrême_droite #RN #racisme #livre

  • Les explications de Johann Soufi sur la demande de mandats d’arrêt du procureur du CPI – très pédagogique, très intéressant.
    https://www.youtube.com/watch?v=7tYGSp4jvDM

    Le 20 mai 2024, le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan a demandé un mandat d’arrêt à l’encontre de plusieurs dirigeants israéliens, dont Benjamin Netanyahu concernant la situation en Palestine ainsi que 3 dirigeants du Hamas. Une requête qui sera examinée au cours des prochains mois par les magistrats de la Cour à partir de l’ensemble des éléments de preuve qui permettront de valider ou non ces mandats d’arrêts. On compte parmi les chefs d’accusation retenus par le procureur, celui de crime de guerre, crime contre l’humanité, d’extermination et de persécution. Cette annonce s’ajoute à la décision de la Cour internationale de justice qui avait, le 26 janvier dernier, reconnu un “risque de génocide” en cours à Gaza perpétré par le gouvernement israélien. Dans ce focus, l’avocat Johann Soufi revient sur cette annonce et les conséquences que cette requête de mandat d’arrêt pourrait avoir en matière de réponse internationale.

    • Nicholas Noe sur X :
      https://x.com/NoeNicholas/status/1791471750540038554

      Team Biden and the Netanyahu-led government seem very much to be coordinating rather well in terms of the long-term (or “Day After”) carve-up and re-occupation inside Gaza, for which the floating port is but one mutual component :

      “But even as talks have continued over the past two months, Israeli forces have been digging in. Three forward operating bases have been established in the corridor since March, satellite imagery examined by The Washington Post shows, providing clues about Israel’s plans. At the sea, the road meets a new, seven-acre unloading point for a floating pier, an American project to bring more aid into Gaza.”

  • International Criminal Court’s chief Prosecutor faces fiery criticism at UN Security Council – Middle East Monitor
    https://www.middleeastmonitor.com/20240514-international-criminal-courts-chief-prosecutor-faces-fie

    S’énerverait-on un peu aux Nations unies ?

    The chief Prosecutor of the International Criminal Court (ICC), Karim Asad Ahmad Khan, faced strong criticism from UN Security Council members on Tuesday for not issuing arrest warrants for those responsible for massacres in the Gaza Strip, Anadolu Agency reports.

    Denouncing Khan for not issuing the warrants, Libyan envoy, Taher M. El-Sonni said, “The world wants you to discover those involved in the mass graves, mass crimes against children, the genocide, the ethnic cleansing perpetrated in the ‘holocaust’ of the 21st century, the Gaza holocaust.”

    (...)
    “What are you waiting for Mr. Khan?” El-Sonni asked. He asked if Khan saw the risk of a massacre in Rafah.

    The Libyan envoy indicated that the ICC is facing a major test, saying the Court can now show whether it has become “politicised or independent and neutral”.

    “Because its independence has always been called into question and now it is actually at stake,” he added.

    Nacim Gaouaoui, Algeria’s deputy ambassador, stated that his country rejects pressures exerted by “certain countries and powers” on ICC officials.

    He emphasised the importance of the rule of law prevailing.

    “We also hope that the assistance provided by the members of the Council to the work of the ICC will also cover other issues in light of the threats that the Court faces during its engagement into cases relating to crimes related to the Israeli occupation,” he said.

    Gaouaoui stressed the expectation that the ICC would take a “serious approach” to the situation in Gaza and the Occupied Palestinian Territories, saying, “This is necessary in order for the ICC to demonstrate that it is not a tool used by some members of the international community to threaten whoever they want, whenever they want. We must emphasise the need to avoid any double standards in this sense.”

    Russian ambassador, Vassily Nebenzia, drew attention to the fact that the ICC has not taken any action on Palestine since 2015.

    He questioned whether there is a connection between the non-action and the US Congress’s call for sanctions if the ICC investigates individuals from the US and allied countries.

    Describing the ICC as a “puppet body”, Nebenzia accused the ICC of making unsubstantiated allegations and asked, “Who controls the remote?”

    Citing US legislation insisting that the ICC “stand down” on crimes committed in Gaza, Nebenzia argued that the legislation is “evidence” that the judicial body is a “political tool” of the West.

  • #Sainte-Soline, Autopsie d’un #carnage - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=3ymjnILRclQ


    #deux-sèvres

    L’histoire de Serge, de Mickaël, d’Alix, d’Olivier aucune chaine de télé n’a osé la raconter. Or, étouffer les voix de celles et ceux qui ont vécu Sainte-Soline dans leur chair, c’est les écraser une deuxième fois. Grâce à la co-production de #Reporterre et #OFF_investigation, nous pouvons vous mettre ce #documentaire en accès libre. Mais pour continuer demain, nous avons besoin de vous. Pour que d’autres voix émergent et participent à faire éclater la vérité, faites un don.
    ➡️ https://donorbox.org/reporterre-offin...

    ©️ Crédits :
    Sur une idée originale de Clarisse Feletin
    Réalisation : Clarisse Feletin et Maïlys Khider
    Montage : Bérénice Sevestre et Julien Bouillet
    Documentation : Robin Couturier
    Musique composée et dirigée par Hélène Blazy
    Illustration : Arnaud Bétend
    Graphisme : Florian Parisot
    Mixage : Edward Pellicciari (Creative Sound)
    Étalonnage : Fred Fleureau
    Tournage des interviews : Valentin Wender, Léo Le Gat, Robin Couturier, Jean-Marc Pitte
    Rédaction en chef : Jean-Baptiste Rivoire
    Productions : Off Investigation et Reporterre
    Avec le soutien du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC Talent).

    Nous tenons à remercier particulièrement les journalistes reporters d’images indépendants qui nous ont permis de documenter l’enchaînement des faits :
    Camille Reporter, Joanie Lemercier, Rémy Servais, Vincent Verzat (Partager C’est Sympa), Bertrand Sinssaine, Joé Rexach (Blast), Lisa Lap (Le Media), Yoan Bonnet, La gang de la Boisselière.

    Remerciements également à : Anne Stambach, Ninon Brilloit. Jean-Jacques Guillet, Bassines Non Merci, La Ligue des Droits de l’Homme, Les Soulèvements de la Terre, Julie Trottier, Antoine et Rémi. les médics de Toulouse Marion et Val.

    🔎 Synopsis : Le 25 mars 2023, près de 20.000 manifestants convergent vers le chantier de la mégabassine de Sainte Soline (Deux-Sèvres) pour protester contre l’accaparement de l’eau par une poignée de gros céréaliers soutenus par l’État. Interdite, la manifestation est sévèrement réprimée. Équipés « d’armes de guerre », parfois montés sur des « Quads », 3.200 gendarmes tirent plus de 5.000 munitions (grenades explosives ou assourdissantes, balles de LBD 40, ...) sur des militants déterminés, mais aussi des femmes, des vieillards, des enfants, des élus et même des blessés. Un « usage disproportionné et indiscriminé de la force », selon la #Ligue_des_Droits_de_l'Homme. Plus grave : les autorités interdisent l’accès aux secours durant plusieurs heures. Résultat : plus de 240 #blessés, dont certains entre la vie et la mort.
    🕯️ Un an après, Off investigation et Reporterre, deux #médias_libre des actionnaires, du pouvoir, et des annonceurs publicitaires retracent minutieusement de l’intérieur et en toute #indépendance l’une des plus graves #répressions de civils organisée sous la #Vème_République depuis octobre 1961.

  • Vous vous souvenez du naufrage du Concordia (2012) ?

    Si vous voulez les échanges entre le garde cote et son capitaine, c’est illarant :

    Tu vas retourner à bord et me dire combien ils sont !

    https://www.youtube.com/watch?v=4MtWxnRBVvg

    Mais surtout, sur sa page wiki, c’est marqué :

    Francesco Schettino
    En 2014, deux ans après la catastrophe de Costa Concordia, il donne un cours de gestion de la panique à l’Université de Rome

    Depuis, il est en prison.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Francesco_Schettino

    • Parmi les fondamentaux que cette période nous rappelle : le sionisme ne peut survivre que par le mensonge. Tout témoignage de la vérité fait immédiatement ressortir son illégitimité, parce que son application pratique conduit irrémédiablement au génocide de la population arabe palestinienne (dont le premier épisode de grande ampleur a été la nakba de 48) – donc on ment. Tout le temps.

  • Je suis persuadé que tu l’as oublié, alors laisse-moi te rafraîchir la mémoire : il y a tout juste un an, l’espoir de la gauche-pas-Nupes, c’était Bernard Cazeneuve.

    Comme le ridicule était un peu trop évident, cette année ils nous ont sorti Glucksmann. Allez, cette fois on arrête de ricaner et on y croit à donf : il est jeune, il est beau, il a des cheveux.

  • L’attachement à la propriété
    https://laviedesidees.fr/Eric-Fabri-Pourquoi-la-propriete-privee

    Pour quelles raisons estime-t-on que nos sociétés sont plus libres, prospères ou démocratiques grâce à l’institution de la propriété privée – et non pas malgré elle ?

    #Philosophie #liberté #propriété #idéologie #oppression
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240502_propriete.pdf

  • La question que personne ne semble vouloir se poser : qu’est-ce qu’on fait, quand un·e facho sera élu·e en 2027 ?

    Quelles réponses aux répressions qui vont s’abattre encore plus qu’aujourd’hui ? Quel rôle pour nos outils sur les interwebz ? Quelle possibilité de survie, même, pour nos réseaux ? Etc.

  • Eric Lagadec✨🌍 - X : On avait perdu le contact avec la sonde Voyager 1[ …] On vient de re-rentrer en contact avec la sonde. Thread en images
    https://twitter.com/EricLagadec/status/1782767159422210389

    On avait perdu le contact avec la sonde Voyager 1, partie de la Terre il y a 46 ans et qui vogue maintenant à plus de 24 milliards de kilomètre de nous, après avoir quitté le système solaire.
    On vient de re-rentrer en contact avec la sonde. Thread en images 👇


    le 14 Février 1990, la sonde Voyager 1 se retourne pour prendre une photo. elle est à 6 milliards de kilomètre de la Terre. La Terre est ce petit point bleu pâle.

    suit le texte de Carl Sagan écrit pour l’occasion

  • En refusant de faire son travail, la Cour Pénale Internationale perd toute crédibilité
    Par Anisha Patel, Hassan Ben Imran
    21 avril 2024 – Al-Jazeera – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet
    https://www.chroniquepalestine.com/en-refusant-de-faire-son-travail-la-cour-penale-internationale-p

    La réticence de la Cour pénale internationale à ouvrir une enquête sur le génocide à Gaza et à lancer des mandats d’arrêt aura un impact dévastateur sur sa crédibilité.

    Au cours des derniers mois, la Cour pénale internationale (CPI), sous la direction du procureur Karim Khan, a fait l’objet de vives critiques pour n’avoir pris aucune mesure concrète pour sanctionner le crime de génocide à Gaza.

    En novembre, six de ses États membres, menés par l’Afrique du Sud, ont dénoncé la situation en Palestine devant la Cour et l’ont exhortée à agir. Le même mois, trois groupes de défense des droits des Palestiniens ont soumis une requête à la CPI, lui demandant d’enquêter sur les crimes d’apartheid et de génocide en Palestine.

    En décembre, Khan s’est rendu en Israël et a fait un bref voyage à Ramallah, où il a rencontré rapidement quelques victimes de crimes israéliens.

    Il a ensuite fait une déclaration générale sur l’enquête en parlant d’ « allégations de crimes », sans faire la moindre référence aux preuves qui s’accumulent sur le génocide perpétré à Gaza.

    En janvier, la Cour internationale de justice (CIJ) a déclaré qu’Israël commettait « vraisemblablement » un génocide à Gaza. Cela n’a pas non plus incité la CPI à agir. La Cour n’a même pas pris la peine de justifier sa décision de ne pas enquêter et de ne pas délivrer de mandat d’arrêt.

    Le mois dernier, notre organisation, Law for Palestine, a présenté à la CPI le premier d’une série de documents décrivant le crime de génocide commis par les dirigeants israéliens à l’encontre du peuple palestinien.

    Le document de 200 pages, rédigé par 30 avocats et chercheurs juridiques du monde entier et revu par plus de 15 experts, démontre de manière convaincante d’une part l’intention génocidaire et d’autre part la diligence de la Cour à lancer des poursuites dans d’autres affaires du même genre.

    Si la CPI continue à ne rien faire, elle risque de saper sa propre autorité en tant qu’institution de justice internationale ainsi que le système juridique international dans son ensemble. (...)

    #CPI

    • Pour rappel : « Karim Kahn, candidat préféré d’Israël », dont la candidature avait été soutenue par des officiels israéliens :
      https://seenthis.net/messages/1029544#message1029549

      Said to be Israel’s preferred candidate, British lawyer will likely decide whether to move ahead with planned probe of alleged Israeli, Hamas war crimes; Bensouda leaves in June

      […]

      Israel’s Kan public broadcaster reported that Israeli officials supported Khan’s candidacy behind the scenes, and consider him a pragmatist who shies away from politicization.

    • Bien que cet État ait toujours œuvré pour la mise en place de juridictions pénales internationales, certaines de ses actions au moment de la Conférence de Rome et après ont suscité nombre de questions et polémiques. En effet, la France a maintenu coûte que coûte sa position de principe concernant l’adoption de l’article 124 du Statut de Rome. Cette disposition controversée est introduite par la délégation française lors des négociations et permet de décliner la compétence de la Cour pour les crimes de guerre, pendant sept ans, à compter de l’entrée en vigueur de l’instrument. Jean-François Dobelle, conseiller des affaires étrangères, soutient qu’il s’agissait de vérifier, au moins au début de l’activité de la Cour, que les garanties du Statut permettaient « d’éviter les recours abusifs, à caractère politique, auxquels les pays participant aux opérations de maintien de la paix sont plus particulièrement exposés ». Cette justification, reprenant l’essence du propos de Jacques Chirac tenu aux ONG en 1999, n’a pas emporté l’adhésion de la doctrine pour diverses raisons : d’abord, la Cour aurait plus à perdre qu’autre chose en engageant des poursuites injustifiées ; ensuite, les pouvoirs de la Chambre préliminaire permettent précisément de contrôler les actions du Procureur ; enfin, les juridictions nationales demeurent prioritaires en vertu du principe de complémentarité. Seules la France et la Colombie activent cette option lors de la ratification. La France la retire en 2008 tandis que les effets de la déclaration colombienne s’éteignent en 2009

      En 2017, lors de l’adoption de l’amendement relatif au crime d’agression — qui, de par sa nature, est nécessairement lié à d’éventuels crimes de guerre — la France obtient, au côté du Royaume-Uni, certains aménagements de la définition visant à s’assurer que la Cour ne puisse poursuivre des faits en lien avec le conflit armé libyen de 2011 et l’intervention militaire menée en parallèle.

      In fine, la France se démarque par une position particulière à l’égard des crimes de guerre, reposant alternativement soit sur « une forme de résistance », soit sur une « volonté de modulation à l’égard de la mise en œuvre de l’obligation internationale de répression des violations graves du droit international humanitaire ». Différents facteurs expliquent cette attitude — histoire (2de Guerre mondiale et guerre d’Algérie), politique étrangère (opérations militaires extérieures), politique pénale (choix des poursuites sous l’empire des qualifications juridiques de terrorisme) — qui n’a pas quasiment pas varié depuis la fin du XXe siècle.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Cour_pénale_internationale

      Bien ouéj la France ...

  • Dans nos universités, on interdit pour des motifs plus que fallacieux la tenue de débats politiques actant ainsi comme une sorte de retour du #délit_d'opinion :

    L’Université d’Angers interdit un événement antifasciste | Réseau Angevin Antifasciste
    https://raaf.noblogs.org/post/2024/04/13/luniversite-dangers-interdit-un-evenement-antifasciste

    L’administration de l’Université se cache derrière des arguments techniques : plan Vigipirate, manque de vigiles pour tenir une telle soirée, manque d’une convention.
    La réalité sur ce discours de pure forme, tenu indirectement en refusant de nous recevoir, c’est que le plan Vigipirate c’est tous les jours. Cela ne gène aucunement l’Université pour organiser des soirées-débats où même l’extrême-droite est présente ; des fêtes et soirées à grande échelle sans plus de vigiles pour protéger des attaques de djihadistes. Le manque de convention : que nenni, nous étions dans les temps impartis par les services de l’Université.Nous avions même la capacité de protéger le lieu par notre propre sécurité et allions même au-delà des demandes en mettant en place une vigilance des violences sexistes et sexuelles en milieu festif.

    Nous sommes persuadé•es que cette annulation fait suite à la campagne lancée sur les réseaux sociaux par l’extrême droite, la Cocarde et l’UNI en tête. Campagne reprise par la députée Les Républicains Anne-Laure Blin.

    Une conférence, menée par l’historienne et universitaire Ludivine Bantigny est donc annulée par l’Université d’Angers, tout comme des concerts et expositions artistiques.

    Que penser de cette annulation, surtout dans une université dont la maison des sciences humaines porte le nom de Germaine Tillon, scientifique et résistante qui s’est battue contre le fascisme en son temps ?
    Quel message envoyé à ces groupuscules d’extrême droite qui, d’un simple tweet et d’une pétition en ligne foireuse, obtiennent satisfaction ?

    https://seenthis.net/messages/1050157

    https://www.bfmtv.com/politique/la-france-insoumise/annulation-de-la-conference-de-lfi-par-l-universite-de-lille-on-avait-un-risq
    (BFMTV et son talent inimitable pour orienter son « auditariat » vers CNEWS)

  • Le premier tribunal devait être gangréné par le wokisme. Heureusement la cour d’appel reconnaît un « droit de correction », parce que hein, si on ne peut plus cogner ses gamins quand c’est pour leur bien…
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/relaxe-dun-policier-accuse-de-violences-sur-ses-enfants-rehabiliter-un-dr

    Yves M., un ancien major de la police aux frontières poursuivi pour des violences sur son ex-femme et ses enfants, a été relaxé jeudi 18 avril lors de son procès en appel à Metz. En juillet 2023, en première instance, le policier avait été condamné par le tribunal correctionnel de Thionville (Moselle) à dix-huit mois de prison avec sursis probatoire de deux ans ainsi que le retrait de l’autorité parentale.

    Dans l’arrêt prononcé jeudi par la cour d’appel de Metz, consulté par Libération, il est précisé, qu’un « droit de correction est reconnu aux parents et autorise actuellement le juge pénal à renoncer à sanctionner les auteurs de violence dès lors que celles-ci n’ont pas causé un dommage à l’enfant, qu’elles restent proportionnées au manquement commis et qu’elles ne présentent pas de caractère humiliant ». Aussi, les juges imputent les gestes dénoncés à « la personnalité décrite comme entière et forte » de Yves M.. Des formulations que conteste Me Jérôme Tiberi, avocat des deux enfants du policier, âgés aujourd’hui de 10 et 13 ans. Il annonce ce vendredi se pourvoir en cassation.

  • Pendant ce temps, en #Cisjordanie la glorieuse armée sioniste dans ses œuvres :
    https://twitter.com/freyisrael1/status/1779497811941224907

    מצלמת אבטחה תיעדה: מתנחלים נכנסים לחנייה ביתית בכפר דיר דיבוואן, מציתים את הרכב, וכל זה תחת עיניהם של חיילי צה"ל.

    כן כן, הצבא מאבטח את הפוגרום. תראו בעצמכם. (תודה לארגון “יש דין” על העדכון).

    https://video.twimg.com/ext_tw_video/1779497662959534080/pu/vid/avc1/480x544/I97Ayf_R9AKhi6t4.mp4?tag=12

    • B’Tselem בצלם بتسيلم sur X :
      https://twitter.com/btselem/status/1779302058916458686

      Tens of thousands of Palestinians are exposed to attacks by armed settler militias storming villages across the West Bank in recent hours.

      With scenes of homes and vehicles set on fire, and the numbers of casualties rising, the Israeli army enables these attacks or even participates in them .

      This is what Israel has created in the West Bank: a reality of blood and revenge.

      A weekend which began with the abhorrent killing of 14-year-old Binyamin Ahimeir, continues with more victims, including Jihad Afif Abu Aliya from al-Mughayir, and dozens of injured Palestinians, while the entire region is engulfed in flames.

      Israel’s occupation and apartheid regime have obligations, among them the obligation to protect all its subjects.

      But the Israeli government specializes in neglecting not only the lives of its own citizens held hostage in Gaza, but also of its subjects in the West Bank.

      Cease the fire now.

  • Top IDF commander in aid strike wanted to block humanitarian supplies into Gaza
    https://www.telegraph.co.uk/global-health/terror-and-security/israel-hamas-war-gaza-idf-aid-strike-world-central-kitchen

    The most senior IDF commander dismissed for his role in the drone strike which killed seven aid workers in Gaza is a settler who signed an open letter in January calling for the territory to be deprived of aid, The Telegraph can reveal.

    A senior British lawyer said its contents – including a call for a “siege” of Gaza City – should be considered by the Israeli authorities investigating the killings.

    Col (Res) Nochi Mandel, the chief of staff of the Nahal Infantry Brigade, was one of two officers dismissed last week following the incident in which three vehicles belonging to the charity World Central Kitchen (WCK) were attacked by drones, killing all those inside, including three Britons.

    An investigation by the Israeli Defence Forces (IDF) characterised the strikes as a “grave mistake” but concluded there was no intentional harm. “Those who approved the strike were convinced that they were targeting armed Hamas operatives and not WCK employees,” it said.

    In the letter, Col Mandel, a religious nationalist who lives in a settlement in the occupied West Bank, called with more than 130 other reserve officers and commanders for the flow of aid into Gaza to be restricted.
    People inspect the site where World Central Kitchen workers were killed in Deir al-Balah, Gaza Strip
    The site where World Central Kitchen workers were killed in Deir al-Balah, Gaza Strip Credit: Abdel Kareem Hana/AP

    The letter was sent on January 20 to the Israeli War Cabinet and the IDF chief of staff and implored them to “do everything in your power” not to allow “humanitarian supplies and the operation of hospitals inside Gaza City” following its evacuation.

    The idea was to lay siege to the area until the estimated 130 Israeli hostages held by Hamas in Gaza were returned.

    “As far as we understand … it is permissible and legal according to the laws of armed conflict, to impose a siege on a certain area, on the condition that the citizens who are in it are allowed evacuation corridors,” the letter adds.

    Michael Mansfield KC, head of Nexus Chambers and one of Britain’s leading barristers, said the letter should “absolutely” be considered by those investigating the incident.

    “The document is plainly relevant to a particular state of mind,” Mr Mansfield said. “In other words it is not indicating that the target of the Israeli army is primarily Hamas but Gaza as a whole by weaponising aid under siege conditions.

    “Those who will inevitably suffer and run the risk of death as a result are bound to be non combatant civilians, medics, women, children, the injured and those who are responsible for bringing aid as with the seven killed.”
    An armed Hermes 450 unmanned aerial vehicle of the Israeli Air Force in flight

  • Karl Marx ou la perversion du socialisme - 16. Que reste-t-il ?
    https://www.partage-noir.fr/karl-marx-ou-la-perversion-du-socialisme-16-que-reste-t-il

    Piètre « aboutissement », après quoi il ne reste plus qu’à tirer l’échelle. A moins d’avoir le courage de reconnaître que tout l’appareil scientifique du marxisme n’est qu’un camouflage compliqué derrière lequel se dissimule un jugement moralisateur dont on ne peut dire qu’il soit faux, mais qui risque en tout cas de passer pour primaire. N’est-ce pas du reste ce que le grand Mao Tsê-Toung (paix à son corps embaumé) aurait laissé entendre, en disant : Le marxisme comporte de multiples (...) #27_-_Karl_Marx_ou_la_perversion_du_socialisme_-_Alexandre_Marc

    / #Volonté_Anarchiste

    • Retour sur les critiques anarchistes du marxisme

      Poser la question de la pertinence contemporaine des critiques anarchistes du marxisme, c’est peut-être d’abord se demander ce que nous pouvons en faire à une époque comme la nôtre. Il n’aura échappé à personne que nous vivons au XXIe siècle. Ce que E. Hobsbawm appelle le « court XXe siècle », et qui a commencé avec la Première guerre mondiale avant de s’achever avec la dislocation de l’empire dit soviétique autour de 1990, est étroitement lié aux aventures et surtout aux mésaventures du marxisme puisque cette période correspond exactement à ce qu’a duré le premier régime politique à s’être réclamé explicitement de Marx. Or l’analyse économique, sociale et politique ainsi que le type d’émancipation promus par le marxisme sont ressortis de cette période, à tort ou à raison, durablement discrédités. De sorte que se demander quelle est l’actualité des critiques anarchistes du marxisme, c’est aussi se demander si ces critiques ne risquent pas de partager le sort de ce dernier. La promotion du marxisme, au cours du xxe siècle, au rang de doctrine officielle, de doctrine d’État a, dans les faits, conduit pour lui à une double défaite : transformé en doctrine d’État et de parti, ce qui a conduit à une profonde altération de son contenu et de sa visée émancipatrice, il a partagé le sort des États et des mouvements politiques auquel il avait été associé. Pour les anarchistes, qui furent les premiers à la combattre, cette évolution pourrait bien s’apparenter à une amère victoire ...

      ... On peut, pour commencer, et en revisitant à grands traits l’histoire des rapports entre marxisme et anarchisme, montrer, d’une part, que l’attitude de rejet de Marx chez la plupart des anarchistes contemporains, si elle n’est pas toujours raisonnable, a néanmoins ses raisons historiques et, d’autre part, qu’au rebours de l’ignorance réciproque dans laquelle marxisme et anarchisme sont largement demeurés l’un vis-à-vis de l’autre, il a existé des tentatives théoriques et pratiques de penser à la fois une appropriation anarchiste de Marx et une appropriation marxiste de l’anarchisme.

      L’anarchisme comme anti-marxisme

      Si l’on cherche d’abord les raisons historiques pour lesquelles anarchisme et marxisme sont en grande partie demeurés dans une forme d’ignorance mutuelle, et les raisons de la méconnaissance réciproque qu’entretiennent aujourd’hui la plupart des militants et des théoriciens de ces deux courants, un retour aux origines s’impose.
      L’anarchisme est originellement un anti-marxisme. L’acte de naissance historique de l’anarchisme en tant que mouvement est la scission intervenue au sein de l’Association Internationale des Travailleurs (que l’on a coutume de désigner comme la Première Internationale), à l’issue de ce qu’il est convenu d’appeler le conflit entre Marx et Bakounine – bien que ce conflit n’ait fait qu’incarner un conflit plus profond au sein du mouvement ouvrier naissant autour de la question de la politique et de l’organisation et que, bien souvent, Bakounine n’ait fait que formuler des critiques qui avaient été élaborées collectivement .

      Le motif de ce conflit, tel qu’il se donne à voir dans les textes où Bakounine critique Marx, est en effet le suivant : Bakounine, qui ne connaît de Marx que sa personne (qu’il goûte assez peu) et le Manifeste communiste, attribue à Marx l’intention de faire de l’Internationale une sorte de regroupement de partis politiques participant aux luttes électorales et ayant pour but de conquérir par ce biais le pouvoir au sein des nations où existe un système représentatif, ce qui impliquerait une feuille de route assez claire pour les prolétaires des différents pays : parvenir à un régime représentatif, conquérir le suffrage universel, s’organiser en parti, gagner les élections. C’est ainsi qu’il interprète la politique des socialistes allemands et l’idée, exprimée dans le Manifeste, selon laquelle la classe ouvrière doit se rendre maîtresse de l’appareil d’État pour le faire fonctionner à son profit, faire disparaître les oppositions de classe par l’extinction de la bourgeoisie en tant que classe, avant finalement de disparaître – puisque la raison d’être de l’État n’est rien d’autre que la perpétuation de la domination de classe, une société sans classes (c’est-à-dire en l’occurrence qui n’est plus régie par la division entre propriétaires des moyens de production et propriétaires de leur seule force de travail) serait une société sans État.

      La contestation de cette thèse politique de Marx va conduire chez Bakounine à la contestation d’une thèse qui est de l’ordre la philosophie de l’histoire, à laquelle la première s’articule, selon laquelle l’histoire est guidée par le développement nécessaire du mode de production capitaliste vers l’aiguisement des luttes de classes et la concentration de plus en plus forte du capital, qui rend à la fois plus nécessaire et plus aisé le renversement de la domination de la bourgeoisie. À ce qu’il considère comme une approbation de la nécessité historique, Bakounine oppose l’idée selon laquelle, quand bien même les conditions de production et de reproduction de la vie humaine seraient déterminantes dans le développement de l’humanité, certaines des causes secondaires, comme l’État, peuvent acquérir une importance plus grande. C’est ce qui sous-tend, philosophiquement, la fameuse proposition sur l’abolition de l’héritage défendue par Bakounine au congrès de Bâle de l’AIT en 1869, et combattue par Marx et ses amis : ce droit peut bien n’être que le reflet juridique d’un fait économique, il n’en a pas moins une importance déterminante dans le maintien de ce dernier.

      La critique adressée par Bakounine à la conception marxienne de l’histoire est donc double. D’une part, cette conception minorerait excessivement le rôle du facteur politique dans la marche de l’histoire. D’autre part, Marx sanctifierait la marche de l’histoire. Or, pour Bakounine, qu’il y ait des tendances centralisatrices dans l’histoire ne signifie pas du tout que ces tendances soient objectivement révolutionnaires ; que la genèse du mode de production capitaliste et la centralisation étatique qui l’accompagne soient des tendances historiques fortes ne signifie pas pour autant qu’il faudrait les approuver, et quand bien même elles auraient un caractère inéluctable, on aurait raison de se révolter contre elles en tant qu’elles marquent un progrès dans l’assujettissement des êtres humains. Dans cet esprit, le fait de résister à la mise en place de l’usine, ou à l’introduction de machines dans le processus de production, peut être interprété comme une forme de réaction de la part de tenants d’un mode de production en voie de disparition. Mais si l’on rompt avec la téléologie historique lourde qui est celle du marxisme, on peut aussi l’interpréter comme une défense de la liberté contre une forme inédite et redoutable d’oppression (et aussi comme une défense réussie des intérêts des ouvriers du secteur concerné). Il n’y a rien d’étonnant à ce que ce soit parmi les libertaires qu’on ait pu trouver des auteurs pour réhabiliter le mouvement luddite, que l’historiographie marxiste considérait comme rétrograde parce qu’il s’opposait au progrès technique, à la mise en place de grandes concentrations industrielles, et in fine à la possibilité d’organiser en masse la classe ouvrière.

      S’agissant du statut de la politique, Bakounine considère que la saisie du pouvoir d’État par une organisation révolutionnaire inspiré par le programme (présumé) de Marx conduirait à l’émergence d’une nouvelle classe qui administrerait la capital arraché des mains de la bourgeoisie et opprimerait à son tour à la fois la classe ouvrière et la paysannerie – c’est souvent ce que l’on désigne, par une formule problématique, comme l’« analyse prophétique » par Bakounine de la nécessaire dégénérescence de l’État ouvrier. À cette position politique qu’il attribue à Marx, Bakounine oppose l’idée selon laquelle l’Internationale n’est pas un regroupement de partis ayant vocation à prendre le pouvoir par les urnes, mais un organe de systématisation et d’affirmation concrète de la solidarité objective, économique, qui lie le monde ouvrier. Au sein de cette organisation, explique encore Bakounine, il est naturel, et nécessaire, que différentes options politiques s’expriment, que ce soit celle de Marx, celle des amis de Blanqui (le coup d’État opéré par une petite minorité d’hommes décidés) ou celle de ce qu’il nomme le parti anarchique (l’insurrection généralisée qui anéantit l’État immédiatement, c’est-à-dire non pas instantanément, mais sans médiation), mais aucune des trois ne doit jamais devenir la position politique officielle de l’organisation, sous peine que celle-ci ne dégénère en un embryon d’État 

      On a là une critique de la séparation du politique et un idéal de résorption du politique dans l’économique qui seront repris, développés et transcrits en acte par le syndicalisme révolutionnaire à la fin du siècle et au début du suivant. Avec conséquence, Bakounine s’oppose également à toute forme de centralisation au sein de l’Internationale. Attribuant à Marx le projet de vouloir constituer le Conseil général de l’organisation en une sorte de directoire central, il prône la libre fédération des sections de l’organisation et la réduction de son organe central à un simple bureau de statistiques et de correspondance. C’est sur ce point (et non sur un programme anarchiste) que la plupart des sections de l’Internationale s’opposeront au Conseil général et quitteront l’organisation après l’exclusion de Bakounine au congrès de La Haye de 1872.

      La pertinence contemporaine d’une critique

      Pour résumer, le conflit politique qui donne naissance historiquement à l’anarchisme lègue à ce dernier une triple critique dont il s’agit d’interroger la pertinence actuelle. En premier lieu, une critique de la politique, celle-ci étant entendue comme une activité menée par des spécialistes et orientée vers la conquête du pouvoir par le biais des élections, à quoi est opposée une antipolitique (et non un apolitisme comme Marx et ses amis tendront à le prétendre), c’est-à-dire une activité relative à l’État, mais qui vise sa disparition. En second lieu, une critique des organisations comme source possible d’une nouvelle oppression, d’une nouvelle centralisation, d’une nouvelle bureaucratie, critique qui connaîtra un prolongement immédiat dans le syndicalisme révolutionnaire et chez les premiers auteurs qui souligneront la confiscation de la démocratie par les partis politiques.

      Enfin, une critique de l’ordre de la philosophie de l’histoire en tant qu’est refusée à celle-ci tout télos qui l’orienterait, critique qui permet de comprendre pourquoi l’anarchisme, historiquement, n’a pas seulement survécu à ses défaites, mais les a transformées en légendes – la Commune, Makhno, l’Espagne libertaire, etc. Ces critiques ne sont encore qu’esquissées chez Bakounine. S’agissant des organisations, sa position est plus complexe que ce qu’il dit de l’Internationale, puisqu’il est en même temps un grand amateur de sociétés secrètes, qu’il dote de règlements interminables, règlements qui sont loin de constituer l’esquisse d’une société débarrassée de toute forme de domination.

      Quant à la philosophie de l’histoire, Bakounine adhère dans l’ensemble à la conception matérialiste de l’histoire telle qu’elle se donne à lire dans le Manifeste, il en rejette simplement le mécanisme grossier, sans rejeter une certaine téléologie. S’agissant de la politique, le conflit entre Marx et Bakounine donne lieu à un curieux chiasme, où l’auteur qui est censé minorer le rôle des facteurs politiques dans l’histoire se voit accusé de faire de la saisie du pouvoir d’État l’objectif essentiel, et où l’auteur qui insiste sur le rôle des facteurs politiques et juridiques dans le développement du mode de production capitaliste (par exemple au travers de l’héritage) tourne le dos à toute activité politique séparée ou spécifique.

      À ces trois critiques, il faut ajouter une quatrième, qui fut d’abord propre à Bakounine en raison de son intérêt pour les pays n’ayant pas développé d’industrie. Comme une partie du marxisme après lui, Bakounine pointe chez Marx une identification de la classe ouvrière à une classe révolutionnaire par essence, ce qui conduit à rejeter comme potentiellement contre-révolutionnaires des éléments de la population comme le Lumpenproletariat, la petite paysannerie ou les jeunes déclassés. Lorsqu’il cherche à penser les conditions d’une révolution dans des pays où l’industrie et la classe ouvrière en sont encore à leurs balbutiements (Russie, mais aussi Italie), Bakounine n’emprunte pas la voie qui consisterait à dire que ces pays doivent d’abord se doter d’une classe ouvrière disciplinée par l’industrie pour pouvoir envisager une révolution sociale, il souligne plutôt le rôle qui revient aux masses paysannes et à la jeunesse, voire à ce qui est décrié par Marx comme Lumpenproletariat. On retrouvera, plus près de nous, chez Pierre Bourdieu, une analyse convergente du potentiel révolutionnaire que recèle l’existence d’« intellectuels prolétaroïdes » qui ne sont pas parvenus à trouver leur place dans un champ déterminé et que « tout […] incline à mettre au service de l’indignation et de la révolte populaires leurs capacités d’explicitation et de systématisation ».

      Ces différentes critiques sont aussi intéressantes parce qu’elles entrent en résonance avec d’autres décentrements qui ont marqué l’époque contemporaine, en particulier lorsqu’il s’est agi de revisiter le problème de l’État. Il existe une parenté entre les critiques du marxisme formulées historiquement par les anarchistes et celles qui ont pu être présentées par des auteurs aussi différents que Michel Foucault et Pierre Bourdieu, notamment dans leur enseignement au Collège de France, lorsqu’ils ont eu respectivement à aborder la question de l’État. On peut également signaler les prolongements qu’a trouvés la critique anarchiste d’une certaine philosophie marxiste de l’histoire chez les anthropologues libertaires Pierre Clastres et David Graeber .

      Bien entendu, il faut apporter à cette présentation des critiques anarchistes de Marx plusieurs nuances. Tout d’abord, la position qui est attribuée par Bakounine et ses amis à Marx est fortement simplificatrice, et semble souvent s’appliquer aux conceptions des lassaliens et anticiper ce que sera le marxisme de la Deuxième Internationale. Sur la question politique, Marx a sans doute une position plus complexe, qui consiste à prendre en considération l’évolution propre à chaque pays, prônant dans certains cas l’organisation de la classe ouvrière en un parti destiné à prendre pacifiquement le pouvoir, mais n’excluant pas ailleurs que surviennent des révolutions. Surtout, Marx a oscillé, notamment au moment de la Commune de Paris, sur la question de la saisie du pouvoir d’État par le prolétariat : tout en continuant à suivre les efforts des socialistes allemands pour s’unir en un parti unique, Marx fait l’éloge des prolétaires parisiens qui ont compris que la classe ouvrière, dit-il corrigeant la formule du Manifeste, ne doit pas se contenter de prendre les pouvoirs de l’État tels qu’ils existent pour les faire fonctionner à son profit, mais doit immédiatement les détruire. S’agissant de l’organisation, Marx ne méprise absolument pas les formes d’organisation fondées sur la solidarité économique, il estime même qu’elles sont le lieu d’une préfiguration de la société sans classe, l’endroit où les prolétaires peuvent faire l’expérience d’un auto- gouvernement. Enfin, si lorsqu’il formule de grandes tendances historiques, ou quelque chose comme des lois de l’histoire (typiquement dans l’avant-dernier chapitre du livre I du Capital à propos de la tendance historique de l’accumulation capitaliste), il est difficile de ne pas considérer chez lui une forme de téléologie historique, mais il en va souvent autrement dans les analyses qu’il propose de conjonctures historiques particulières. Ces nuances sont à la fois importantes et dérisoires : dérisoires parce qu’elles seront souvent gommées par les versions dominantes du marxisme, mais importantes parce que c’est précisément sur elles que pourront s’appuyer certains auteurs et militants pour proposer un rapprochement entre marxisme et anarchisme.

      Il faut ensuite souligner que cette hostilité réciproque entre partisans de Marx et partisans de Bakounine, même si elle était nourrie de méconnaissance réciproque, n’allait pas jusqu’à l’ignorance, bien au contraire. Bakounine considérait, par exemple, que l’on pouvait ratifier la critique de l’économie politique contenue dans Le Capital comme une véritable critique scientifique (qu’il avait d’ailleurs commencé à traduire en russe). On peut d’ailleurs signaler que le premier grand vulgarisateur de l’ouvrage était un ami de Bakounine, le militant italien Carlo Cafiero, dont l’abrégé du Capital s’attira les éloges de Marx et d’Engels. Par la suite, les anarchistes ont pu s’approprier la critique marxienne de l’économie politique comme ils s’appropriaient d’autres connaissances scientifiques utiles pour la propagande et la lutte. Bien entendu, cela implique de considérer qu’il est possible de séparer chez Marx le bon grain de l’économie politique de l’ivraie de la politique et de la philosophie de l’histoire, ce qui n’a rien d’évident.

      Enfin, il importe de mentionner les rapprochements qui ont pu être tentés dans l’histoire entre marxisme et anarchisme. Maximilien Rubel, éditeur en français de Marx dans la Bibliothèque de la Pléiade, n’a pas hésité à voir en Marx un « théoricien de l’anarchisme », en insistant notamment sur les écrits suscités chez lui par la Commune de Paris. Daniel Guérin, écrivain et militant communiste libertaire, a pour sa part appelé d’une manière réitérée à une appropriation anarchiste du marxisme. Il faut toutefois souligner que ce furent là des cas assez isolés, au point que certains auteurs marxistes, qui parvenaient à des conclusions proches du communisme anarchiste, se sont toujours refusé à le reconnaître. Il faut enfin faire un sort particulier aux situationnistes qui, dans les années 1960, proposèrent un dépassement original de ce qu’ils considéraient comme les unilatéralités respectives du marxisme et de l’anarchisme.

      Fondamentalement, le débat théorique occasionné par le conflit entre anarchisme et marxisme a légué aux mouvements de lutte contre la domination un projet problématique : celui de l’auto-émancipation. Pour cette raison, il importe d’apercevoir que la pertinence des critiques anarchistes du marxisme dépasse largement le contexte immédiat dans lequel ces critiques ont été énoncées. Qu’il s’agisse d’identifier le sujet révolutionnaire, de comprendre les conditions sous lesquelles une société débarrassée de l’État est possible ou de parer aux reproductions de la domination au sein même de ces moyens d’émancipation que sont censées constituer les organisations, les problèmes pointés par ces critiques sont encore les nôtres.

      https://www.cairn.info/revue-actuel-marx-2013-2-page-173.htm