BALLAST • Pour un alpinisme libertaire
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Premier de cordée : l’expression est connue et recouvre plusieurs dimensions. C’est le titre d’un roman du guide de haute-montagne et écrivain Roger Frison-Roche qu’on retrouve fréquemment dans une boîte à livre ou chez un marchand d’occasion. C’est devenu plus récemment, pour un président qui ne connaît rien à l’éthique de la montagne, la métaphore d’un illusoire ruissellement économique. C’est enfin et surtout une expression dévoyée : la cordée, selon le correcteur, syndicaliste et grimpeur Guillaume Goutte, est moins le support de l’exploit dudit premier de cordée qu’un acte collectif de solidarité. Dans cet extrait d’Alpinisme & anarchisme, récemment paru aux éditions Nada et que nous publions, il explore l’hypothèse selon laquelle l’anarchisme trouverait une de ses traductions pratiques dans l’alpinisme.
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Dans un monde où le libéralisme génère l’isolement ou brasse des formes de sociabilité pauvres et souvent illusoires, la cordée fait rêver. Si elle génère sa part de fantasmes, il n’en reste pas moins qu’elle repose sur un certain nombre de valeurs qui résonnent — et raisonnent — avec celles portées par l’anarchisme, et qui expliquent sans doute pourquoi autant de libertaires fréquentent les hauteurs, corde nouée au baudrier. La cordée repose sur au moins trois valeurs essentielles et évidentes : la solidarité, la responsabilité et l’autonomie.
La solidarité. Elle est incontournable : s’encorder, c’est remettre son destin, du moins sa sécurité, dans les mains de l’autre, et vice versa. C’est accorder sa confiance et accepter celle de l’autre : en nouant la corde à son baudrier, on signe, en quelque sorte, un contrat d’assistance mutuelle.
La référence de l’ouvrage : ►https://www.nada-editions.fr/produit/alpinisme-anarchisme