• Kaoutar Harchi, écrivaine, sur la mort de Nahel M. : “Si eux vont sans honte, nous n’irons pas sans révolte”
    https://www.telerama.fr/debats-reportages/kaoutar-harchi-ecrivaine-sur-la-mort-de-nahel-si-eux-vont-sans-honte-nous-n

    Le Président Emmanuel Macron parlait, il y a peu, de la « décivilisation » de la société française. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin évoquait, lui, son « ensauvagement ». Désormais, face aux caméras, ça prend un air grave, ça présente ses condoléances aux proches de Nahel, ça veut montrer que ça a du cœur. Ça sait, surtout, que le monde entier a vu la vidéo du meurtre de Nahel. Ça ne peut plus miser sur le doute et le mensonge.

  • Un homme lynché et laissé pour mort par des villageois à L’Escarène - Nice-Matin
    https://www.nicematin.com/faits-divers/un-homme-lynche-et-laisse-pour-mort-par-des-villageois-a-lescarene-812037

    #paywall

    Un village de 2.500 âmes a traqué puis roué de coups un homme, suspecté de cambriolage.
    Il est mort deux jours plus tard des suites de ses blessures.
    Il était innocent.
    Cela s’est passé le 12 octobre. Pendant un mois et demi, tout le monde savait, mais a dissimulé ce crime...

    • C’est à cet endroit du village, près du Moulin à l’huile, que le drame s’est noué. Photo Dylan Meiffret
      Les faits se sont déroulés le 12 octobre, dans ce village de la vallée du Paillon. La victime, un homme de 39 ans, est décédée deux jours plus tard de ses blessures, au CHU Pasteur 2 à Nice.

      Le village, de quelque 2.500 âmes, a réussi à étouffer ce crime sordide pendant plus d’un mois et demi. Pourtant, dans les venelles de L’Escarène, dans les embrasures de portes qui se referment brusquement à l’évocation de l’affaire, sur le pont qui traverse le village, les regards sont fuyants.

      Tout le monde sait – ou presque – qu’un homme a été pourchassé par des villageois, frappé et laissé pour mort. Tout le monde sait, mais personne ne parle.

      « C’est dangereux », « Je ne veux pas d’ennui », « Vous ne devriez pas vous en occuper », « C’est privé, ça ne me regarde pas, je ne veux pas d’histoire »... C’est l’omerta à l’escarénoise.

      La loi du silence, comme une chape de plomb qui a recouvert la bourgade tout entière. « Le jeune, il n’était pas de L’Escarène, il a commencé à traîner ici, il y a quelques mois seulement », lâche un quadragénaire, avant de tourner les talons.

      Battu par plusieurs personnes ?

      Le 12 octobre, Jérémy Dasylva, 39 ans, est à Nice avec sa compagne, une Escarénoise. C’est le début de soirée, ils décident de rentrer. Légère prise de bec. La jeune femme prend la voiture pour retourner chez elle. Lui décide de s’y rendre en train.

      Ensuite ? Les gendarmes sont appelés à 20h35 pour ce qui semble être un « cambriolage ». Ils seront ensuite de nouveau saisis, vers 21h45.

      « On apprend que le présumé suspect a été arrêté, neutralisé par des habitants », assurent les forces de l’ordre. Une autre source, corroborée par une autre, détaille : « La dame a crié, des habitants sont arrivés. Certains avaient des chiens, ils ont lancé au moins l’un d’entre eux sur la victime qui a été frappée dans le jardin d’enfants, puis encore ailleurs. »

      Un proche ajoute : « Il a été déshabillé, certains de ses vêtements ont été jetés dans le Paillon, il a été frappé. »

      Selon, enfin, un témoin de la scène, « plusieurs personnes, des jeunes, sont à l’origine de la chasse à l’homme. Il y en avait un qui avait deux chiens, il frappait le jeune homme ».

      Et c’est à 22h30, sur la route départementale, près du moulin à huile du village, que les pompiers entrent en scène, pour le transport de Jérémy Dasylva au CHU Pasteur 2 à Nice. L’hôpital où il décèdera dans la journée du vendredi 14 octobre.

      La vidéosurveillance exploitée

      Jean-Philippe Navarre, procureur adjoint de la République de Nice, révèle : « À ce stade, nous confirmons l’ouverture d’une information judiciaire du chef de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Aucune mise en examen n’est encore intervenue. »

      L’enquête a été confiée à la brigade de recherche de Nice. Les gendarmes de la BR mettent tout en œuvre pour démêler cette sombre histoire, identifier les auteurs et déterminer leur implication.

      Les images des caméras de vidéosurveillance de la commune ont été visionnées. Selon une source proche de l’enquête, au moins l’un des auteurs a été identifié. Il serait en fuite à l’étranger et un mandat d’arrêt aurait été lancé.

      « C’est triste pour ce jeune », souffle, Teddy, derrière son comptoir du bar-tabac. « Il venait faire des paris sportifs, ici, mais je pense qu’il n’avait pas vraiment eu le temps de se faire des amis, cela ne faisait pas longtemps qu’il était à L’Escarène. »

      « Bien sûr, les habitants en ont parlé au début, mais plus maintenant, du temps s’est écoulé », ajoute le patron de l’établissement. « Le papa de la victime est dévasté, il est venu boire un café peu de temps après les faits pour essayer de comprendre ce qui s’est passé », conclut Teddy.

      Pierre Donadey, le maire de L’Escarène, ne comprend pas comment un tel drame a pu se produire dans sa commune, « tranquille, à l’esprit familial ».

    • Pour vomir ; #voisins_vigilants

      https://basta.media/Voisins-vigilants-panneaux-cambriolages-gendarmerie-police-municipale-neigh

      Qui n’a pas aperçu le panneau avec un gros oeil noir sur fond jaune qui, à l’entrée de certaines communes, souvent à côté de l’inoffensif « village fleuri », signale que les « voisins » y sont « vigilants » ? Avertissement un peu anxiogène indiquant une surveillance de tous les instants pour certains, signalétique dissuasive rassurant les habitants du coin pour d’autres, les panneaux intriguent. Mais de quoi s’agit-il ?

      #délation #milices

  • Aimé Césaire : les origines coloniales du #fascisme

    https://invidious.fdn.fr/watch?v=0BQ23TukET0

    « la #colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu’il y a au Viet-Nam une tête coupée et un œil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et qu’au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées. de tous ces prisonniers ficelés et interrogés, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’#ensauvagement du continent.

    Et alors, un beau jour, la bourgeoisie est réveillée par un formidable choc en retour : les gestapos s’affairent, les prisons s’emplissent, les tortionnaires inventent, raffinent, discutent autour des chevalets. »

    https://histoirecoloniale.net/Aime-Cesaire-Discours-sur-le-colonialisme.html

    #capitalisme #deshumanisation #esclavage #choc_en_retour

  • le Marais Wiels à Bruxelles, source : Nous ne sommes pas seuls
    https://twitter.com/N_n_s_p_s/status/1380523128154165248

    Le Marais Wiels, pour réensauvager la ville
    https://www.franceinter.fr/emissions/c-est-bientot-demain/c-est-bientot-demain-du-dimanche-14-novembre-2021

    Reprise de terre est une dynamique qui s’est constituée depuis plus d’un an pour « Reprendre et libérer » des terres face à ceux qui les détruisent et les accaparent, une rencontre a eu lieu cet été sur la ZAD de NDDL pour inventer des tactiques foncières, politiques et juridiques pour contrer l’accaparement des terres par le productivisme et organiser la vie autour de communs qui prennent en compte tous les êtres qui habitent un lieu. Geneviève Kinet du collectif de défense du Marais Wiels y était conviée.

    En 2008, derrière le bâtiment dit Métropole, construit en 1892 par l’architecte Gédéon Bordiau, de l’eau est apparue à la suite de forages effectués lors de travaux de fondation pour la construction de bureaux par JCXImmo. Ces travaux furent abandonnés. Un marais s’y est créé attirant l’attention des riverains ...

    Le Marais Wiels depuis le troisième étage du Brass - Centre Culturel de Forest.
    https://cdn.radiofrance.fr/s3/cruiser-production/2021/11/5bdcf062-ec46-41a1-ae4f-753897dcec6d/640_le-marais-wiels-a-forest-20211109-123828.webp

    En novembre 2020, le site du « Marais Wiels » a été acheté par la Région de Bruxelles-Capitale, une évolution très positive et une étape importante pour espérer une pérennisation et une valorisation du « marais ». Mais l’intention de la Région de Bruxelles-Capitale, est également de construire sur le site 70 à 80 logements tout en conservant seulement une partie du « marais ».

    LE MARAIS WIELS : LE TERRAIN DES POSSIBLES !
    https://www.ieb.be/Le-Marais-Wiels-le-terrain-des-possibles

    Parfois, il suffit d’un coup de pelleteuse, un projet immobilier stagnant et la nature se réinvite dans des paysages bétonnés. Depuis 2007, un marais et sa roselière s’étendent patiemment sur la friche des anciennes brasseries Wielemans Ceuppens à Forest. Des riverains en ont fait un terrain d’engagement, et le promoteur JCX Immo a été contraint de revoir son projet et n’a pas pu y construire ses bâtiments de logements. Comment les riverains se sont-ils organisés ? Quelle a été la genèse de leur lutte ? Quelles furent leurs motivations, leurs inspirations ? Geneviève Kinet, du groupe QuartierWielsWiijk revient sur plusieurs années d’action auprès d’un petit bout de nature en ville.

    Marais Wiels
    https://fr-fr.facebook.com/groups/816164325164124

    #ensauvagement #écologie_urbaine #reprise_de_terre

  • Pour les philosophes Léna Balaud et Antoine Chopot, « l’écologie est porteuse d’une charge révolutionnaire »
    https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/08/06/pour-les-philosophes-lena-balaud-et-antoine-chopot-l-ecologie-est-porteuse-d

    Pourquoi la crise écologique est-elle, selon vous, celle d’une mise au travail de la Terre ?

    Cela peut tout d’abord sembler un peu étrange de dire que les plantes et les animaux, ainsi que les diverses énergies, rivières, forêts, zones humides, océans, sont, eux aussi, mis au travail pour le capital. Toutefois, que serait ce monde de la marchandise – qui repose essentiellement sur la poursuite du profit pour le profit – sans une certaine mobilisation de tout un « travail gratuit », au-delà de la sphère marchande reconnue comme telle ? Sans la captation du CO2 par la photosynthèse des blés cultivés et des sapins de Douglas ? Sans la capacité reproductive des poules et des truies ? Sans l’épuration des eaux par les zones humides et les plantes hygrophiles ? L’enrôlement de toutes ces puissances d’agir ainsi que leur vitalité sont en réalité indispensables pour maintenir à flot l’économie de croissance.

    Or, après cinq siècles de mobilisation et de dégradation radicale de pratiquement tous les milieux de vie, la Terre s’épuise : nous sommes définitivement sortis d’une ère où les pouvoirs capitalistes et productivistes pouvaient compter sur une – relative – docilité des vivants et des écosystèmes, appropriables gratuitement ou à bas coût. Par ses enquêtes sur ce qui fait que notre monde tient, l’écologie est porteuse d’une charge révolutionnaire, car elle fait remonter à la lumière toute la toile des « acteurs fantômes », et exige de les prendre en considération comme acteurs des luttes.

    Nous ne sommes pas seuls. Politique des soulèvements terrestres (Seuil).

    #livre #écologie #mise_au_travail_du_vivant #alliances_interspécifiques #Léna_Balaud #Antoine_Chopot

  • Chronik sur Twitter : « Débat (à partir de 24mn) entre Béligh Nabli, co-fondateur de Chronik, et chevenement sur l’ambiance délétère qui pèse sur le #débat public et la vie democratique : #République, ’’ #islamogauchisme'', #ensauvagement, #roman national... » / Twitter
    https://twitter.com/Chronikfr/status/1319904648598294528

    Votre instant politique du vendredi 23 octobre 2020 - France Info - 23 octobre 2020 - En replay
    https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/franceinfo/votre-instant-politique/votre-instant-politique-du-vendredi-23-octobre-2020_4153727.html

  • Caisses de grève sur Twitter : ""#Ensauvagement" Ce mot utilisé à tort et à travers par l’extrême-droite d’opposition et de gouvernement, est employé pour la première fois par Aimé #Césaire pour désigner les effets dévastateurs du #colonialisme sur les colons eux-mêmes. Il évoquait « l’ensauvagement » de l’Europe." / Twitter
    https://twitter.com/caissesdegreve/status/1309182427810725888

    https://video.twimg.com/ext_tw_video/1309182095445626881/pu/vid/720x720/hUZlJvZs0i9eUiFw.mp4?tag=10

  • Le « style tardif » de la #biopolitique. #Pandémie et #sélection – CONTRETEMPS
    https://www.contretemps.eu/biopolitique-pandemie-covid-selection-brossat

    Mais il n’en est pas moins, dans les conditions où il demande au malade de rester chez lui ou, au contraire, l’encourage à se rendre à l’hôpital, l’agent d’une décision (d’un partage) où sont en jeu des questions de vie et de mort – où il statue sur le partage entre ceux que l’institution (l’hôpital comme figure de l’État ayant en charge la santé des sujets formant une population donnée, ici) prend en charge pour tenter de les faire vivre en dépit de la pandémie, de sauver et, à l’inverse, ceux qu’elle abandonne à leur destin (« surveillez votre température et, en cas de problèmes respiratoires, appelez votre médecin traitant »). Ce geste est bien celui d’une sélection puisque le médecin urgentiste va être conduit à ouvrir ou fermer les portes des unités de soin dédiées au covid en prenant en compte, outre les symptômes décrits, le profil général de la personne – les personnes âgées sont régulièrement invitées à rester chez elles, les pensionnaires des EHPAD y sont le plus souvent consignés.

    Il n’est donc pas exagéré, dès lors que sont en jeu des questions de vie et de #mort, de parler de fracture, un partage placé sous le régime du terrible et dont l’objet est la prise en charge du vivant par le pouvoir médical, la puissance étatique plus généralement.

    Ce partage sans appel n’est pas sans rappeler, quand même, dans la mesure précisément où le terrible en est le régime, la façon dont les pouvoirs traditionnels statuent sur la vie et la mort des sujets qui leur sont soumis, le droit du glaive, l’association indissoluble entre l’exercice du pouvoir et la mort – l’inscription de cet exercice dans un horizon de mort[4]. Le médecin des urgences qui assigne le patient infecté et en danger de mort à résidence, chez lui, sans accès aux soins, c’est quand même un peu la figure grise, sinistre, d’une souveraineté imprésentable qui, ici, tranche dans le corps commun non pas en faisant mourir, en faisant couler le sang, mais en pratiquant une sorte d’abandon actif, en laissant mourir par absence de soins.

    Ce geste dont la signification ne cesse, dans l’après-coup, de faire l’objet de tout un travail de camouflage et de maquillage, on le retrouve, sous une forme à peine moins brutale, dans l’opération du partage, au fort de l’épidémie, entre ceux-celles que les pouvoirs publics considèrent comme exposables envers et contre tout (ceux qui sont astreints à continuer à travailler, souvent sans protection, souvent en fonction de considérations où l’intérêt économique l’emporte sur celui de la vie commune, par opposition à ceux qui sont placés sous un régime général de retrait et de protection – celui du confinement.

    Dans les deux figures du partage ici évoquées, tout semble bien se passer comme si la fracture biopolitique n’était pas seulement ce qui survient au gré de circonstances catastrophiques imprévues, mais plutôt comme un inavouable principe dynamique de la prise en charge du vivant par les gouvernants dans nos sociétés. La production du geste du partage entre la fraction de la population dont le « droit à la vie » sera, envers et contre les circonstances désastreuses de l’épidémie, défendu et celle qui est abandonnée à son destin peut être interprétée de deux façons : en première approche, comme l’effet inopiné de la catastrophe face à laquelle l’autorité manifeste son incurie, débordée par les circonstances d’un fléau « trop grand pour elle », à la hauteur duquel elle échoue piteusement de se tenir. Mais le lecteur attentif de Foucault, notamment du chapitre V de La volonté de savoir, « Droit de mort et pouvoir sur la vie », sera porté à ausculter d’un peu plus près cette vérité se présentant comme factuelle. Certes, remarque Foucault, la relation du pouvoir à la mort se transforme profondément avec l’avènement des pouvoirs modernes. Ceux-ci ne mettent pas en jeu le droit de vie et de mort comme le fait, traditionnellement, le pouvoir souverain – droit de « faire mourir ou de laisser vivre ». En effet, explicite Foucault, sous un régime de pouvoir moderne, il s’agit de

    produire des forces, les faire croître, les ordonner plutôt que […] les barrer, les faire plier ou les détruire. Le droit de mort tendra dès lors à se déplacer ou du moins à prendre appui sur les exigences d’un pouvoir qui gère la vie et à s’ordonner sur ce qu’elles réclament[5].

    • Quand les plus hautes autorités de l’État ont eu recours en France à l’image de la guerre pour évoquer la lutte contre l’épidémie, il fallait donc l’entendre aussi de cette façon : c’est la guerre, l’ennemi viral a envahi notre territoire de façon telle que tout le monde, désormais, se trouve exposé au risque de la mort. Dans cette situation où il nous faut faire face à un danger vital, n’attendez pas de nous, les gouvernants, nous vous protégions tous autant que vous êtes et quelle que soit votre condition. C’est la guerre et il nous va donc falloir opérer des choix et consentir à des sacrifices. La définition des critères selon lesquels nous ferons ces choix et consentirons ces sacrifices nous appartient à nous seuls et ne saurait, bien sûr, être rendue publique et revendiquée – tant ce passage d’un régime du gouvernement des vivants à un autre suppose de contraventions et transgressions éthiques de ce qui demeure le saint Graal normatif et axiologique du discours démocratique et de l’universalisme humaniste et humanitaire qui demeurent nos tables de la loi…

      #laisser_mourir #société_d'abandon #ensauvagement

  • Ensauvager et #ensauvagement, des mots épouvantail | L’écume du discours
    https://ecumedudit.hypotheses.org/1866

    Ce qui concerne la sylva, le sauvage, s’oppose au domus, le domestiqué, qui, changeant d’échelle, deviendra le « civilisé » (Descola 2004). Le sauvage et le civilisé se pensent en réciprocité. La sauvagerie hante l’inconscient collectif et fait redouter un retour à un état primaire. De cette crainte jaillit le syntagme « l’ensauvagement de la France » (en écho à « l’ensauvagement de l’Europe » de Césaire), face à une montée présumée de violences, face à la montée de diverses violences urbaines, en particulier celles liées au mouvement des Gilets jaunes. Depuis 2017, le verbe ensauvager fleurit dans certains titres d’une presse souvent extrémiste, où l’idée sous-jacente est toujours le passage d’un état considéré comme supérieur à un état inférieur, apparenté à celui d’un monde sauvage et animal.

    On retrouve le verbe ensauvager dans le titre d’un billet de Riposte, La France s’ensauvage et se délite, à cause des immigrationnistes, publié le 31 juillet 2018 dans lequel foisonnent les termes alarmants (s’écroule, s’effondre, s’éclate, menacée), autant de mises en garde sur un péril qui menacerait la France

    • Plus récemment, le terme est mentionné par l’historienne Mona Ozouf qui parle d’« ensauvagement du langage » en relation au mouvement des gilets jaunes, en se référant à la Révolution française et au livre de Victor Klemperer sur la langue du IIIème Reich : « l’ensauvagement du langage non seulement annonce mais prépare, fabrique même l’ensauvagement des actes ».

      On retrouve le verbe ensauvager dans le titre d’un billet de Riposte, La France s’ensauvage et se délite, à cause des immigrationnistes, publié le 31 juillet 2018 dans lequel foisonnent les termes alarmants (s’écroule, s’effondre, s’éclate, menacée), autant de mises en garde sur un péril qui menacerait la France :

      Depuis que ces gens-là gouvernent, la France s’écroule. Elle s’effondre ! Elle s’éclate en ethnie. La France est menacée par les bandes, et à terme, par une libanisation. (Riposte, [en ligne])

      Le verbe ensauvager n’est pas repris dans l’article mais est précisé par les reformulations anaphoriques (« incivilités », refus d’obéissance aux forces de l’ordre, des agressions) et divers exemples prélevés dans la presse :

      Le tissage textuel du dérivé ensauvagement avec ces termes (fauve et racaille) est facilité par le fait que l’adjectif dont il est issu (sauvage) s’applique aussi bien à l’animal qu’à l’homme (distinction lexicographique).

      L’utilisation dans les titres d’articles du mot ensauvagement permet de qualifier les exemples égrainés dans les articles. Il évite de thématiser sur les auteurs des délits ou même sur les victimes, ce qui serait le cas avec d’autres substituts éventuels, comme délinquance.

      Dans un colloque intitulé « De la délinquance à l’ensauvagement ? », Marine Le Pen mentionne que la cité, dont elle rappelle l’étymologie (« civis »), n’est plus « synonyme de civilisation, de courtoisie » mais est devenu « un monde auquel on accole le terme d’incivilité » et où « la violence qui y régnait a évolué en ultra violence. » Le mot ensauvagement fait planer une menace, celle d’un monde qui se « décivilise », d’un monde qu’il faudrait policer, comme le suggère la photographie représentant des policiers (voiture et motards) qui illustre l’éditorial intitulé « Les violences gratuites augmentent, le monde s’ensauvage » (site de Sud Radio, mars 2019). L’ensauvagement serait tel que seul le recours à la police pourrait endiguer ce retour de barbarie.

      #langage #extrême_droite #racisme #illégalisme #déviance #insécurité