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  • En Algérie, le « carré féministe » essaye de s’imposer dans la marche
    4 avril 2019 Par Sabrina Kassa
    https://www.mediapart.fr/journal/international/040419/en-algerie-le-carre-feministe-essaye-de-s-imposer-dans-la-marche

    Depuis trois semaines, des voix féministes cherchent à se faire entendre en Algérie, considérant que le changement « du système » passe aussi par une reconnaissance des droits des femmes. Malgré les réactions hostiles qu’il suscite, un « carré féministe » descendra dans la rue vendredi pour revendiquer « l’égalité ».

    Alger (Algérie), de notre envoyée spéciale.- Comme chaque vendredi matin, depuis le 22 février, Alger se prépare à aller manifester. L’hélicoptère tourne en rond au-dessus de la Grande Poste, les vendeurs de drapeaux s’installent rue Didouche-Mourad et, devant les magasins restés fermés, des bouteilles d’eau sont en libre accès.

    En cette matinée du vendredi 29 mars, les premiers manifestants commencent à affluer, mais la foule ne sera au rendez-vous qu’en début d’après-midi, après la grande prière.

    Alors que la ville est encore calme, des féministes algériennes et tunisiennes discutent chez l’écrivaine et militante, Wassyla Tamzaly. « En Tunisie, on est dans la déprime, c’est la contre-révolution. On est venues ici pour s’enivrer du sang nouveau de la rue. Si l’Algérie réussit, ça sauvera tout le Maghreb », ose espérer la sémillante Khadija Chérif, ex-présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD).

    Autour de la table, il y a aussi la comédienne Adila Bendimerad, non pas pour son engagement féministe, mais parce qu’elle est une des figures féminines du mouvement à Alger depuis qu’elle organise des rassemblements avec des artistes, ouverts au public, chaque lundi après-midi, devant le Théâtre national algérien. La réunion commence par son témoignage.

    « Le 22 février, j’ai marché jusqu’à la place du 1er-Mai. C’était formidable, c’était comme un accouchement. Nous n’étions pas beaucoup de femmes, il y avait seulement des artistes, des militantes et des féministes. Je suis partie de Belcourt. Dans les petites ruelles, c’était mystérieux, les gens marchaient sans se parler. Ils n’avaient pas le look de manifestants. Et là, juste après un virage, comme par miracle, j’ai découvert une marée humaine silencieuse. On s’est mis à marcher sans se parler, ni se regarder. On n’avait pas l’habitude de manifester ensemble. J’étais avec une amie, au milieu de cette marée. Les femmes étaient à leur balcon, en pyjama. »

    « Le 1er mars, nous étions plus nombreuses, mais ce n’était pas encore massif. En revanche, avec mes amies, nous avons massivement communiqué sur les réseaux sociaux. C’était un petit mensonge pour susciter le désir et pour que les hommes se disent : “Moi aussi je veux voir ma femme, mes sœurs et mes filles dans la marche.” Et puis le 8 mars est arrivé, les femmes sont descendues massivement, et encore plus le 14. Les gars des stades n’aiment généralement pas les youyous, mais là ils en redemandaient. Et maintenant nous sommes devenues indispensables… »

    À ce moment-là de son récit, elle est coupée net par Fadila Boumendjel Chitour du réseau algérien Wassila, un collectif né en 2000 pour défendre l’égalité et dénoncer les violences faites aux femmes : « Je te trouve bien optimiste ! Il ne faut pas confondre les icônes et la réalité. Depuis toujours, quand on cherche le consensus, il y a deux sujets qui posent problème : le culte et les femmes. Ce ne sera pas facile d’intégrer la question de l’égalité dans le mouvement… »

    Les autres féministes l’approuvent et regrettent que les revendications sur le Code de la famille ne soient apparues que le 8 mars. Seule Adila Bendimerad persiste dans son optimisme : « Ce mouvement répare les femmes. Elles sont dehors, ça va nous permettre de recruter pour la cause ensuite. »

    Forte de son expérience tunisienne, Yosra Fraous, l’actuelle présidente de l’ATFD, revient à la charge : « Le peuple, ça dure un temps, après on redevient une population avec des femmes, des LGBTI, des pauvres… C’est maintenant qu’il faut travailler les liens entre les dominés. Sinon la déception risque d’être forte. Les femmes vont dire : “Vous nous avez utilisées pour aller dans le rue, et maintenant vous nous laissez tomber.” Il faut revendiquer nos droits tout de suite. »

    Une posture qu’approuve entièrement Nadia Ait Zaï du Ciddef, le Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme, qui a fait du combat pour l’égalité dans l’héritage une de ses obsessions, depuis les années 1990.

    « On doit surtout se mettre d’accord sur notre projet et ne pas s’arrêter à des droits formels, outre le Code de la famille [qui inscrit dans la loi que les femmes sont des mineures à vie et que l’époux est le seul détenteur de l’autorité parentale], c’est la pratique du pouvoir qui pose problème. Le régime l’a monopolisé et a utilisé les hommes pour tout verrouiller. Et en même temps, il a communiqué sur les droits des femmes. Aussi les gens du peuple pensent que Bouteflika nous a tout donné alors qu’il n’a cédé que des miettes. Pour beaucoup d’hommes, notre liberté les gêne. Ils se sentent atteints dans leur dignité. »

    Des féministes tunisiennes et algériennes réunies chez Wassyla Tamzali, le vendredi 29 mars, avant la sixième grande marche. © SK Des féministes tunisiennes et algériennes réunies chez Wassyla Tamzali, le vendredi 29 mars, avant la sixième grande marche. © SK

    Wassyla Tamzali enchaîne : « Les gens qui habitent à l’étranger me demandent souvent si les islamistes sont en embuscade et s’ils risquent de rafler la mise. Il faut comprendre que le mouvement islamiste a été étêté [– été quoi ? demande Adila Bendimerad]. Oui, le pouvoir a coupé leurs têtes, mais il a repris leurs idées. Mon souci, c’est qu’aujourd’hui, ceux qui se disent révolutionnaires ont complètement intégré le statut actuel de la femme. »

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    « Quant aux femmes, elles aussi, elles sont très nombreuses à l’avoir accepté, par commodité, pour survivre. Il faut accepter l’idée qu’une partie de la population va évoluer doucement et que cela va nécessiter un travail en profondeur sur les mentalités. Et de notre côté, nous devons faire évoluer notre discours pour allier nos revendications sur les droits des femmes à ceux sur la justice sociale. »

    Il est midi, c’est l’heure de rejoindre la manifestation, les Tunisiennes sortent leur drapeau, les Algériennes le leur. La rue Didouche-Mourad est déjà bondée. De nombreux manifestants arrêtent la délégation tunisienne pour être pris en photo avec elle.
    L’histoire d’un corps à corps dans le carré féministe

    Direction le très contesté « carré féministe », installé devant le portail de la Faculté centrale, au bas de la rue Didouche-Mourad.

    Ce « carré » n’est pas une expression spontanée, il résulte de l’initiative de nombreuses féministes aguerries, parmi lesquelles, entre autres, Fatma Oussedik, Fatma Boufenik, dont la déclaration du 16 mars a été reproduite sur le blog Mediapart de Jean-Marc B. C’est la deuxième fois que ces féministes manifestent le vendredi, et elles suscitent déjà des discussions enflammées sur les réseaux sociaux.

    Celles qui tiennent « le carré » sont jeunes, étudiantes pour la plupart et sont considérées comme « radicales » parce qu’elles ont décidé de manifester pour la fin du régime, et aussi, pour l’égalité (moussawat) entre les hommes et les femmes.

    Quand la délégation menée par Wassyla Tamzali arrive devant la Faculté centrale, la rue est déjà compacte. On entend crier « Silmiya, silmiya… » (« pacifique »). Mais cette fois-ci, le mot d’ordre du mouvement, répété avec force, n’est pas adressé aux forces de l’ordre, mais par des manifestants qui veulent faire descendre la tension.

    Les féministes du « carré » viennent tout juste de s’installer et d’accrocher leurs banderoles (aidées en cela par des jeunes hommes) sur les grilles du portail de la Faculté et déjà les voilà engagées dans des discussions houleuses.

    Trois types de réactions s’expriment. Il y a ceux qui disent calmement : « Ce n’est pas le moment ! Nous sommes là pour faire dégager le système, pas pour revendiquer des droits particuliers. » Sur le même registre, mais sur un ton plus agressif, certains leur demandent de partir. « Vous n’avez rien à faire là, c’est de la provocation, vous êtes en train de diviser le mouvement, ce n’est pas un problème que l’on peut régler maintenant. »

    Et puis il y a ceux, en rage, qui leur hurlent dessus (les femmes hurlent aussi) pour les déloger de force en les aspergeant d’eau, et en les bousculant. Très rapidement, des garçons grimpent à la grille pour décrocher leur banderole, où le mot « moussawat » (égalité) est écrit.

    Les féministes dorénavant regroupées devant le portail crient à l’unisson « Djezair, horia, dimocratia » (Algérie, liberté, démocratie). Face à elles, les hommes hurlent dans leur direction : « FLN dégage ». Elles répliquent, en reprenant le même message « FLN dégage, FLN dégage », en agitant les bras dans leur direction.

    La tension monte. Il n’est plus question de message, mais d’un corps à corps où l’enjeu consiste à ne pas céder l’espace. Un garçon grimpe sur la grille pour remettre leur banderole. Un autre arrive, hilare, avec un cachir (symbole de la trahison) attaché au bout d’une perche, pour les humilier.

    À ce moment-là, plusieurs hommes, restés près des féministes pour les protéger, leur demandent de s’engager dans la marche. « Partez, s’il vous plaît, sinon on va être obligés de se battre… » Le carré féministe décide de marcher, il aura tenu un plus d’une heure devant la Faculté.

    Discussions houleuses dans le carré féministe, le vendredi 29 mars. © SK Discussions houleuses dans le carré féministe, le vendredi 29 mars. © SK

    Wassyla Tamzaly et les autres féministes tunisiennes sont déjà parties. Seule Adila Bendimerad suit la marche pendant près d’une heure. « Je n’avais pas prévu de manifester avec elles. Ce n’est pas ma manière de faire, je préfère m’imposer mine de rien, sans revendiquer pour ne pas braquer les hommes récalcitrants. Mais quoi que l’on pense de leur démarche, ce n’est pas normal qu’elles se fassent agresser. Elles sont contre le système elles aussi… »

    Elle reconnaît aussi avoir eu peur. « Ce qui s’est passé est le signe d’une violence latente. Cela révèle là où l’on en est. Dans la mêlée, un type m’a dit : “Mais si la femme a des droits, comment je vais faire pour me marier.” C’est déprimant. Je me sens un peu trahie… »

    Le « carré féministe » défile dans la marche du 29 mars, rue Didouche-Mourad, à Alger. © SK Le « carré féministe » défile dans la marche du 29 mars, rue Didouche-Mourad, à Alger. © SK

    Le féminisme en délibération

    En fin de journée, alors que la manifestation touche à sa fin, Adila Bendimerad et Fadila Boumendjel Chitour du réseau algérien Wassila rejoignent les jeunes femmes du « carré » dans leur local, à 500 mètres de la place Audin, sur la route menant à la présidence (la Mouradia).

    Elles ont prévu de faire un Facebook live le lendemain pour expliquer ce qui s’est passé et rappeler leur démarche et leurs revendications. Elles chantent pour se donner du courage et s’installent en cercle autour d’une petite table pour écrire leur communication.

    Elles sont interrompues par les gaz lacrymogènes qui montent de la rue, où un face-à-face entre des manifestants jetant des pierres et des policiers s’est déroulé durant 20 minutes, montre en main, des premières pierres des manifestants à la charge des policiers, jusqu’au nettoyage des rues par les comités de quartier en gilets oranges. Les jeunes femmes suivent tout cela derrière leurs fenêtres, téléphones en main, pour filmer la scène.

    Cinq minutes plus tard, une fois l’émotion retombée, elles reprennent avec calme et discipline leur réunion, non mixte, en vue d’écrire ensemble un communiqué.

    C’est un pur moment de délibération collective, à l’image de ce qui se passe un peu partout à Alger, dans les rues, les parcs et les places publiques.

    Tous les sujets sont sur la table, même celui de la pertinence du maintien du carré féministe. « Il faut absolument que la semaine prochaine nous soyons plus nombreuses pour que personne ne puisse remettre en cause notre légitimité », insiste Intissar Bendjabellah, une étudiante de Constantine. L’ensemble de l’assemblée approuve. Fadila Boumendjel Chitour les rassure : « La chose positive, c’est que nous avons créé le débat, entre les hommes aussi. C’est ça aussi l’intérêt du carré féministe. »

    Et en effet, le lendemain, tout le monde parle, dans les réseaux sociaux, la presse nationale, internationale et les espaces publics de ce qui s’est passé avec les féministes, celle du « carré », mais aussi de l’intervention d’un autre groupe de jeunes femmes qui ont collé des affiches dans la rue pour dénoncer le Code de la famille. En confondant souvent les deux initiatives.

    Prise de parole sur la Constitution, lors du troisième débat organisé par Nabni, le samedi 30 mars, au parc de la Liberté. © SK Prise de parole sur la Constitution, lors du troisième débat organisé par Nabni, le samedi 30 mars, au parc de la Liberté. © SK
    En marge du troisième débat organisé par Nabni (lire le compte rendu de l’acte II), au parc de la Liberté, sur les avantages et les inconvénients de s’appuyer sur la Constitution pour réfléchir à la transition, une discussion s’engage sur le carré féministe avec Hakim Ouhadj, 37 ans, venu avec Yasmine, son épouse, et Tarik, son frère. Tous condamnent les agressions subies par les féministes, mais Hakim considère que la démarche est « maladroite » :

    « Nous sommes à un tournant historique, dit Hakim. Le peuple se reparle, les jeunes s’intéressent à la politique partout dans le pays. Il y a toutes sortes de sujets en débat, dans la justice, les syndicats des grandes entreprises, etc. Aujourd’hui, incroyable, il y avait même un rassemblement contre la souffrance animale devant la Grande Poste. Mais le vendredi, c’est particulier, nous sommes tous unis autour d’un même objectif : faire dégager le système. Aussi, il n’y a pas de place pour les revendications particulières. Et puis, le sujet est tellement énorme, qu’il vaut mieux en reparler quand on aura fait sauter ce régime. Maintenant c’est trop tôt. »

    « Il faut se rendre compte que, moi par exemple, je ne peux même pas faire les papiers de mon fils », intervient Yasmine qui, à la différence de son mari, précise qu’elle se « passionne depuis peu pour la Constitution et les discours politiques ».

    « Oui, bien sûr, reprend Hakim, sans parler du fait que les femmes ne peuvent pas sortir dans la rue comme elles veulent, fumer une cigarette en public… Et je n’ai même pas parlé de la question de l’héritage. Mais voilà, dans la société actuelle, la proportion est de 80 % de conservateurs pour 20 % de progressistes. Il va falloir prendre le temps, expliquer tout ça dans le détail, l’histoire de cette domination des hommes, les conséquences du Code de la famille… Si on fait le forcing, les islamistes vont se sentir offensés dans leur chair et ça va tout bloquer. Il va falloir dix à quinze ans pour installer la démocratie, et délier les langues… »

    Yasmine soupire quand on glisse que quinze ans, c’est long…

    « Bon, oui, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, c’est vrai, c’est dégueulasse d’être une femme en Algérie ! », lance Hakim.

    « Je pense que ça prendra moins de temps, glisse Tarik. Une fois que nous aurons engagé la transition, chacun va revendiquer ses droits. Il faut juste que l’on reste unis jusqu’au départ du système. »

    Si la plupart des féministes et beaucoup de « femmes du peuple », selon Intissar Bendjabellah du carré féministe, ont apporté leur soutien, il y a aussi des militantes qui considèrent le sujet « nuisible ».

    Thiziri Dehbia Maames, engagée de longue date dans différents collectifs politiques, ne cache pas son agacement : « Tout le monde aujourd’hui veut parler des femmes ! C’est énervant. Moi, ça ne m’intéresse pas de parler du Code de la famille, en ce moment. Je défends une ligne politique, je veux que le hirak reste uni pour faire dégager le régime. Tous les sujets sociétaux, corporatistes et identitaires n’ont pas lieu d’être aujourd’hui. En plus, on a adopté la mixité dans le mouvement, il est de fait progressiste. »

    « Un carré féministe est pour moi complètement rétrograde dans ce contexte. Il faut arrêter maintenant ! Cela dit, il n’y a aucune raison de les agresser, moi j’irai leur parler vendredi prochain, car par l’intermédiaire des réseaux sociaux, c’est impossible, chacun se renvoie des caricatures. D’habitude, c’est moi qui passe pour la féministe de service. Aujourd’hui, je me fais traiter d’antiféministe, c’est le comble ! »
    Les agressions et les menaces se multiplient

    Mais loin des espaces organisés, les féministes qui s’engagent dans ce combat s’exposent désormais à une violence inouïe.

    Le mardi 2 avril, Sonia Gassemi s’est fait bousculer pendant la manifestation des étudiants à Alger parce qu’elle tenait une pancarte où on pouvait lire : « On ne peut pas libérer le pays tant que les femmes ne sont pas libérées. » Puis, elle a été de nouveau chahutée, lors du quatrième débat devant le Théâtre national, organisé par Adila Bendimerad, en fin de journée.

    La comédienne a dû élever la voix (« la première fois de ma vie », explique-t-elle, troublée) pour exiger que l’assistance laisse parler Sonia Gassemi.

    Post Facebook de Sonia Gassemi, mercredi 3 avril. © DR Post Facebook de Sonia Gassemi, mercredi 3 avril. © DR

    Plus inquiétant encore, le mercredi 3 avril, en fin de journée, un Algérien basé à Londres a appelé dans une vidéo sur Facebook à attaquer à l’acide les féministes qui manifestent. « Les filles de “Houriyati” [ma liberté, allusion aux féministes], si vous venez vendredi, coller des affiches, hurler sur les gens, et dire que vous cherchez la liberté de la femme, l’acide va vous manger ! », a-t-il menacé.

    Une pétition internationale a aussitôt été lancée en vue de porter plainte. L’homme s’est alors fendu d’une nouvelle vidéo pour s’excuser. D’autres menaces de ce type se sont ensuite multipliées.

    Adila Bendimerad a écrit ce message sur Facebook, jeudi 4, à midi :

    Facebook de la comédienne Adila Bendimerad, jeudi 4 avril. © DR
    À la veille du septième vendredi de marche du 5 avril, le carré féministe veut toujours aller manifester. Mais « nous avons peur ! », reconnaît Intissar Bendjabellah.

    #femmes #féminisme #lutte #violence_masculine

  • #erreurs_médicales en #Tunisie : #vide_juridique, impunité et omerta

    Avec un dispositif juridique insuffisant, un gouvernement qui traîne à adopter et soumettre au législateur un projet de loi et une omerta corporatiste, la crise du secteur de la #santé en Tunisie ne cesse de s’accentuer, notamment en favorisant l’impunité des erreurs médicales. Des proches de patients victimes témoignent.

    À ce jour, il n’y a pas de lois sanctionnant les erreurs médicales en Tunisie. En cas de #décès d’un patient par négligence médicale, faute d’une loi spécifique, les poursuites judiciaires se font conformément à l’article 217 du Code pénal portant sur l’homicide involontaire. Il punit de « deux ans d’emprisonnement et de 700 dinars d’amende, l’auteur de l’homicide involontaire commis ou causé par maladresse, imprudence, négligence, inattention ou inobservation des règlements ». Mais la question dépasse cette éventualité puisqu’il y a des erreurs médicales qui n’entraînent pas de décès. « Une erreur médicale est l’exécution d’une action non-conforme à l’action prévue, ou l’application d’un plan incorrect », ainsi est-elle définie par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Il s’agit donc d’un cadre juridique insuffisant pour certains dont Sara qui a perdu sa mère en 2016. D’après elle, l’anesthésiste a confondu deux seringues lors d’une opération, mais a gardé le silence au lieu d’informer le médecin en charge.

    Insuffisances du dispositif juridique

    « Lors de l’admission de ma mère à l’hôpital, le médecin nous a assuré que c’est une opération sans danger et qu’au bout d’une heure, elle sera de nouveau en bonne santé mais ce n’était pas le cas. Ce qui nous a poussés à chercher son dossier pour découvrir qu’il y a eu une erreur médicale. Mais on ne pense pas que les poursuites que nous avons engagé nous rendraient justice », nous confie Sara. Les erreurs médicales récurrentes durant les dernières années ont poussé le ministère de la Santé en collaboration avec le Conseil national de l’Ordre des Médecins et l’Association des Jeunes Médecins à élaborer un projet de de loi dont Nawaat a eu exclusivement une copie.

    L’incrimination de l’erreur médicale et l’indemnisation du patient sont les principaux apports du nouveau projet de loi actuellement en examen par le ministère de la Santé. Le projet a été finalisé le 25 janvier 2018 mais n’a pas encore été soumis à l’Assemblée des Représentants du Peuple. « Je pense qu’il n’a même pas été adopté au niveau du conseil ministériel. J’espère qu’il ne tardera pas à l’être car cette loi portant sur la responsabilité médicale et paramédicale est d’une importance capitale pour les patients ainsi que pour la sérénité du milieu médical », déclare le député Souhail Alouini, président de la commission de la santé et des affaires sociales à l’Assemblée des Représentants du Peuple. « J’ai eu le projet de loi pour lecture après la fin des travaux de la commission ministérielle et je pense que c’est un excellent travail. Concernant la caisse de dédommagement, je pense qu’il faudra trouver un système plus efficace car la formule adoptée ne sera pas suffisante et la participation des assurances doit être incluse, même pour le secteurs public », estime cet élu, également médecin.

    Déficit de communication et crise de confiance

    Au-delà du traitement clinique, un volet de la prise en charge médicale est généralement négligé en Tunisie, celui de la communication avec les patients et leurs familles. « Une meilleure communication dans la relation médecin-patient améliore habituellement le suivi des traitements, les résultats cliniques et la qualité de vie des patients. Mais cette relation est plutôt conflictuelle en Tunisie. Les médecins oublient souvent l’importance de créer un lien de confiance avec le patient ou ses parents, ce qui renforce le manque de confiance dans le corps médical », relève Amina Ben Hamoud, médecin diplômée de l’école de médecine de l’Université Jiao-tong, Shanghai. Et d’ajouter : « Il est très important d’accorder plus d’attention au rôle du patient dans des décisions médicales qui le concernent, puisque ça contribue à améliorer sa satisfaction, diminuer son anxiété et, par conséquent, éviter les erreurs médicales ».

    Parmi les témoignages concernant la communication avec les médecins, celui de Dorsaf Bedoui est le plus symptomatique. Son père, Belgacem, a été hospitalisé le 24 janvier 2016 et est décédé le lendemain à 66 ans. « C’est vrai que mon père n’allait pas bien mais nous n’avions pas d’autres choix que de faire confiance à son médecin et à la clinique. On ne s’attendait pas à ce qu’il nous quitte. Il fallait changer le stent qu’il avait depuis 2012 en urgence », se souvient Dorsaf, avant d’essuyer une larme et poursuivre : « Malheureusement, il est mort parce qu’il était admis dans l’une des cliniques impliquée dans l’affaire des stents périmés. Nous n’avons pas porté plainte tout simplement, parce qu’on sait que ça ne ramènera pas mon père en vie ».

    Omerta corporatiste

    Pour sa part, Dr Issam El Amri, président de l’Association Tunisienne d’Aide aux Victimes d’Erreurs médicales (ATAVEM), dénonce l’inexistence de quelconque recensement des erreurs médicales en Tunisie permettant d’estimer l’ampleur et la gravité du phénomène. Toutefois, il a relevé que le nombre de plaintes reçues par l’association a considérablement augmenté depuis près de 2 ans, surtout contre des médecins pratiquant la chirurgie esthétique, expliquant que de tels actes sont souvent pris en charge par des chirurgiens non spécialistes. Mohamed, 45 ans, a affirmé que l’ATAVEM est d’une grande aide. « J’ai perdu ma fille âgée de 5 ans en juillet 2018, je ne savais pas vers qui me tourner. Elle avait juste une simple fièvre au début. On était dans un hôtel, alors on a opté pour le médecin de l’hôtel. Il nous a assuré que tout va bien avant de lui prescrire une ordonnance avec des médicaments. Mais le soir elle n’arrêtait pas de pleurer et son état s’est détérioré. Alors, j’ai contacté le médecin de nouveau qui nous a proposé de la ramener à une clinique. Mais c’était trop tard. En route, elle a rendu l’âme », nous a-t-il confié.

    Bien que la sécurité du patient doive être la priorité des médecins, dans certains cas, les membres du corps médical soutiennent inconditionnellement leurs collègues. Ce soutien est souvent justifié par les conditions dans lesquels ils travaillent. De quoi empêcher un traitement du problème et prolonger l’impunité. « Une infirmière s’est tout simplement trompée de la dose à prescrire de chimiothérapie à ma sœur âgée de 35 ans, une dose huit fois supérieure à la prescription », nous a confié Lamia Jerbi. Et d’ajouter : « L’hôpital a tout fait pour cacher cette erreur. C’est vraiment dégoûtant. Ça a coûté à ma sœur sa vie. Depuis, notre famille a du mal à faire confiance aux médecins ».

    http://nawaat.org/portail/2018/10/05/erreurs-medicales-en-tunisie-vide-juridique-impunite-et-omerta

  • Augmenter le prix des carburants … Pourquoi faire ? | Nawaat - Tunisia
    http://nawaat.org/portail/2013/12/05/augmenter-le-prix-des-carburants-pourquoi-faire
    Med Dhia Hammami poursuit sur Nawaat son investigation très informée concernant la boite noire des subventions et taxes sur l’énergie en Tunisie

    Lors d’une rencontre organisée vendredi 29 novembre 2013 aux Berges du Lac par l’ATPG (Association Tunisienne du Pétrole et du Gaz), le Secrétaire d’état aux énergies et aux mines, Nidhal Ouerfelli, a présenté des chiffres importants sur la subvention de l’énergie. En effet, il a dévoilé à l’audience le pourcentage de subvention de certains produits pétroliers par rapport à leurs prix de revient. Selon Ouerfelli, l’essence est subventionné à 14% de son prix de revient. Sauf que ce même produit est taxé à 24% ! Cela veut dire qu’au final, l’État n’est pas vraiment en train de subventionner l’essence. Bien au contraire ! Il est en train d’en tirer profit …

    Et il critique les contradictions de la politique du FMI qui appelle à une augmentation des prix des carburants, au risque que le renchérissement des couts pénalise l’investissement et donc la croissance.
    Voir son précédent article : http://nawaat.org/portail/2013/11/19/tentative-dimmersion-dans-la-boite-noire-des-subventions-de-lenergie/#comment-157017
    #Tunisie
    #énergie

  • #Tunisie : Une plateforme en ligne pour dénoncer les abus de la police · Global Voices en Français
    http://fr.globalvoicesonline.org/2012/07/10/115027

    Yezzi [qui signifie “assez” en dialecte tunisien], est une “carte en ligne de surveillance de la police en Tunisie ” destinée à répertorier et à dénoncer les abus de la police, que ce soit des faits de corruption, des abus physiques, sexuels, jusqu’au racisme et aux menaces de mort. La plateforme a été lancée par l’Association tunisienne des libertés numériques, qui déploie les nouvelles technologies pour créer des plateformes interactives telles que Yezzi, de façon à “contribuer à la construction d’une société démocratique libre et ouverte en #Tunisie”.

    Basé sur la plateforme Ushahidi, Yezzi est destiné à collecter les témoignages de violence envoyés par mobile, web, email et SMS, et les placer sur une Google Map. Yezzi utilise le concept de crowdsourcing au service de la cartographie sociale en mobilité, combinaison d’activisme social, de journaliste citoyen et d’information géographique…
    Nous pensons que la transparence peut aider à résoudre bien des problème ainsi qu’à mieux les appréhender.


    #violences_policières #cartographie