De la place Tahrir jusque dans les rues de Pampelune : quand la crise s’exprime sur le corps des femmes
Ces dernières semaines nous ont remplies d’images choquantes. De la place Tahrir, au Caire, aussi bien que dans les rues de Pampelune, nous avons vu des femmes agressées par une foule d’hommes, tripotées, violées, humiliées. Dans un cas, c’était une foule manipulée à des fins politiques ; dans l’autre, plus prosaïquement, un groupe d’ivrognes. Mais tous étaient convaincus d’exercer un droit ancestral sur le corps des femmes, tous sentaient qu’à travers la possession de ces corps, ils affirmaient leur puissance et leur importance, voire leur plaisir, attestant ainsi de leur identité ou blessant leurs ennemis…
Ces images ne sont pas des réminiscences du passé. Bien au contraire, elles nous parlent plutôt d’une menace pour l’avenir. Au Caire, les viols sont destinés à terroriser les femmes et à les expulser de la place : sans elles il n’y aura pas de révolution . De leur côté, les exactions machistes des fêtes de San Fermin démontrent comment la violence contre les femmes demeure latente, et comment une impulsion peut naître des masses fragmentées et livrées à elles-mêmes. Le système, leurs régimes et leurs gouvernements, ont et auront toujours recours à une telle violence, en l’attisant ou en la couvrant, avec l’objectif de nous soumettre. C’est la lecture qu’il s’agit de faire de certains événements, présentés souvent comme des « dommages collatéraux » ou incidents, certes regrettables, mais sans grande importance.