• Le città visibili

    Dove inizia il cambiamento del Paese.

    Nelle città di tutto il mondo stanno cambiando gli abitanti, i loro desideri e le loro priorità: la casa, lo spazio pubblico, il modello di sostenibilità ambientale, il modo di lavorare.

    In Europa, come negli Stati Uniti, esiste una visione più o meno condivisa del modo in cui rendere le città più sostenibili, più giuste, più belle.

    Ed è una visione che si confronta con tante difficoltà, con le abitudini e i conservatorismi non solo della politica e dell’impresa, ma anche dei singoli cittadini: rompere gli equilibri è faticoso.

    Pierfrancesco Maran, assessore del Comune di Milano alla Mobilità, all’Urbanistica e ora alla Casa, racconta la sua esperienza sul campo in queste pagine che affrontano le sfide e i nodi della trasformazione di una metropoli moderna, tra nuova identità e riscoperta delle tradizioni, all’insegna dell’innovazione nella progettazione del verde, dell’edilizia, della qualità dell’aria, del turismo e dei grandi eventi, della valorizzazione delle periferie e dell’economia della conoscenza.

    Una riflessione concreta di grande attualità sull’oggi e sul domani dei luoghi del cambiamento attraverso cui passa il futuro del Paese.

    Le parole di Francesco Costa

    «Come sono le città oggi e come diventeranno domani. Chi sono le persone che le abitano, come stanno cambiando le loro vite e i loro lavori. Pierfrancesco Maran, uno dei protagonisti della trasformazione di Milano degli ultimi anni, racconta difficoltà, opportunità, contraddizioni che vivono le aree urbane in questo periodo di grandi scossoni sociali, con lo spirito di chi cerca sempre soluzioni nuove. Una guida al presente delle città per essere pronti al prossimo futuro.»

    La necessità di comprendere i bisogni di chi abita le città

    «Siamo così saturi di immagini e notizie da far fatica a distinguere quelle importanti, a prenderci il giusto tempo per riflettere e analizzare, a volte siamo addirittura socialmente obbligati a esplicitare una nostra opinione su fatti complessi, prima ancora di averla completamente formata. Negli ultimi mesi, anche grazie a questo libro, ho potuto dedicare tempo per riflettere, per comprendere i bisogni di chi abita le città, per ragionare sulle opportunità di domani, studiare qual è lo spirito del tempo degli abitanti della città, nativi e nuovi arrivati.»

    Il futuro delle città

    «Nelle città di tutto il mondo stanno cambiando gli abitanti, i loro desideri e le loro priorità: la casa, lo spazio pubblico, il modello di sostenibilità ambientale, il modo di lavorare. In Europa, come negli Stati Uniti, esiste una visione più o meno condivisa del modo in cui rendere le città più sostenibili, più giuste, più belle. Ed è una visione che si confronta con tante difficoltà, con le abitudini e i conservatorismi non solo della politica e dell’impresa, ma anche dei singoli cittadini: rompere gli equilibri è faticoso.»

    https://www.solferinolibri.it/libri/le-citta-visibili

    #livre #villes #urban_matter #changement #soutenabilité #Pierfrancesco_Maran

  • Acquitté, Mimmo Lucano rêve de propager le modèle d’accueil de son village à travers l’Europe

    Lourdement condamné en septembre 2021 pour « association de malfaiteurs aux fins d’immigration irrégulière », l’ancien maire calabrais Mimmo Lucano a été presque totalement blanchi par la justice le 12 avril. Il salue une « #victoire_morale » et se présente aux élections municipales et européennes qui se tiendront en juin.

    L’ancienL’ancien maire de Riace garde le sourire, malgré le véritable « périple judiciaire » qu’il a dû traverser ces dernières années. Domenico Lucano, que tout le monde surnomme « Mimmo », insiste : sa propre personne ne compte pas. Il regrette surtout que l’image de Riace, petite commune de Calabre où il vit, et dont il a été le maire entre 2004 et 2018, ait été entachée par les accusations dont il a fait l’objet.

    À travers son acquittement récent, et quasi total, il estime que l’accueil de l’autre est enfin reconnu « comme une solution et une renaissance », notamment pour les terres désertées par la population. « C’est avant tout une victoire morale », souligne-t-il. Ce modèle vertueux d’accueil et de solidarité, ce « Village global » qu’il a contribué à développer au fil des ans, Mimmo Lucano aimerait le voir élargi à toute l’Europe, à l’heure où celle-ci tend plutôt à se barricader.

    Pour tenter d’y parvenir, il a choisi de se présenter aux prochaines élections municipales, à Riace, qui se tiendront en même temps que les élections européennes, pour lesquelles il est également candidat sur une liste d’alliance entre les Verts et la gauche italienne. « Ce qu’on voudrait, c’est une nouvelle Europe qui deviendrait le salut du monde. Pas celle des barbelés, dont les politiques ont provoqué la mort de dizaines de milliers de personnes », dit-il. Entretien.

    Mediapart : Vous sortez d’un sacré feuilleton judiciaire…

    Domenico Lucano : Oui. Un périple judiciaire. C’est mon histoire, mais c’est surtout celle d’une petite communauté, celle de Riace. Un petit bout de la périphérie européenne, avec sa mer Méditerranée, une sorte d’autoroute des pays arabes vers l’Europe. Mais c’est aussi la mer de la tragédie du monde. La Méditerranée a malheureusement changé de couleur, passant du bleu, du vert, au rouge, la couleur du sang. Le sang de beaucoup d’hommes et de femmes qui ne sont pas arrivés au bout de leur chemin. La mer est devenue un piège à leur tentative de bonheur. Elle a pris la couleur de la mort. Au cœur de l’histoire de Riace, il y a surtout un combat, devenu très médiatique, pour l’accueil de l’autre et pour un idéal politique différent.

    Beaucoup de réfugiés afghans fuyant les talibans sont arrivés en Calabre. Je pense aussi à cette tragique nuit d’hiver, le 26 février 2023, durant laquelle les secours ne sont pas venus. Le ministère de l’intérieur a organisé l’arrivée de la douane plutôt que celle des gardes-côtes, qui avaient pourtant les moyens de les sauver. Quatre-vingt-quatorze personnes ont perdu la vie, après avoir passé cinq jours en mer, dont beaucoup d’enfants. En 2022, l’actuel ministre de l’intérieur a utilisé ces mots terribles s’agissant des migrants : il s’agit de « charges résiduelles ». Le gouvernement italien fêtait l’anniversaire de Salvini pendant que les familles pleuraient leurs morts. C’est sans doute le moment le plus déplorable. Il ne sert à rien d’être parmi les grandes puissances mondiales ou de surveiller sa croissance économique quand on est capables d’un tel cynisme face à la vie humaine. La droite a montré son vrai visage.

    La droite et l’extrême droite ?

    Je crois qu’il n’y a pas de différence en Italie. « Extrême » est un adjectif, mais la droite est le lieu commun de la déshumanisation. On a vu différentes tentatives du ministère de l’intérieur pour empêcher les migrants de débarquer en Italie. Le paradoxe, c’est de constater qu’un gouvernement indigne, qui s’illustre par son inhumanité, grimpe dans les sondages. Faire face à ce gouvernement en Italie, en usant d’une parole libre, ne provoque en retour que des coups de matraque. C’est du jamais-vu. Il y a une dérive de la droite en Italie.

    Ce contexte politique vous a aussi valu une lourde condamnation en 2021 – 13 ans de prison et 500 000 euros d’amende, pour « association de malfaiteurs aux fins d’immigration irrégulière ». Comment l’avez-vous vécue ?

    Le 4 octobre 2018, à l’aube, j’ai vu des voitures arriver chez moi pour m’arrêter. Cela a marqué le début d’une histoire hallucinante, qui a duré presque sept ans. Quand j’ai été condamné en première instance le 30 septembre 2021, le sentiment qu’il s’agissait d’un procès politique s’est vite propagé en Italie. On m’a contraint à m’éloigner de Riace durant onze mois, alors que j’avais donné ma vie pour cette terre. Il y a eu une manifestation d’ampleur à Rome, un ex-sénateur a lancé une collecte de fonds destinée à régler l’amende dont je faisais l’objet.

    La collecte a rencontré un succès fou. Mais je lui ai dit que je n’en voulais pas. Je voulais simplement continuer d’accueillir les réfugiés à Riace, et on a construit le « Village global », avec une crèche pour 12 enfants immigrés et plein d’activités. On a tout fait pour continuer de faire exister ce monde-là. J’ai donc vécu cette condamnation avec sérénité, parce que j’ai pu profiter de la solidarité de la population italienne et du reste du monde, qui se raccrochait à la seule perspective de la fraternité.

    Je suis conscient que le fait qu’un petit village de Calabre puisse devenir un exemple pour l’accueil des personnes exilées a beaucoup gêné. Le modèle « Riace » a fait peur au système néolibéral. Mais l’ennemi n’est pas l’étranger ou celui qui lui vient en aide : ce n’est autre que cette nouvelle vague de fascisme qu’il y a en Europe et dans le monde, qui ne cherche qu’à fermer les frontières et à créer des forteresses. Je regrette d’avoir vu après tant d’années de propagande une forme d’égoïsme s’installer dans l’esprit des gens, tel un consensus politique.

    Comment vous sentez-vous aujourd’hui, après cette réhabilitation par la justice ?

    Je vais bien. Deux de mes enfants sont à Rome, le troisième habite avec mon épouse, et je suis seul à Riace. La plupart de mes proches ont vécu l’acquittement comme une libération. Au niveau local, il y a eu une solidarité immédiate, y compris de la part de personnes qui ne partageaient pas ma vision politique. Mais le plus merveilleux dans cette fin de feuilleton, ce n’est pas l’acquittement en soi, ce sont les motivations des juges. Ces derniers ont attendu 90 jours pour les rendre publiques et signifier au reste de monde qu’on ne touchera pas au message politique pour lequel je me suis battu.

    Ils ont rétabli la vérité et confirmé que je n’avais pas pensé à profiter une seconde du système d’accueil que j’avais mis en place à Riace, ni que j’avais pu m’enrichir par ce biais. Ce n’est donc pas un acquittement technique ou juridique. C’est un acquittement moral. Et pour la première fois dans l’histoire des migrations, l’immigration en Italie peut enfin être regardée sous une lumière totalement opposée à celle proposée par certains politiciens. L’accueil de l’autre est enfin reconnu comme une solution et une renaissance. C’est avant tout une victoire morale, et cela vaut plus que tout.

    Vous avez fait le choix de revenir en politique, en vous présentant aux municipales à Riace mais aussi aux européennes, sur la liste des Verts et de l’Alliance de gauche (Alleanza Verdi e Sinistra) – élections qui se tiendront toutes deux les 8 et 9 juin prochains. Est-ce que votre acquittement a joué dans votre décision ?

    Non, car je n’ai jamais perdu ce désir d’engagement politique. La politique, pour moi, se résume à l’espoir, et je n’ai jamais été fatigué à l’idée de continuer d’espérer. Dès le départ, le Village global a été conçu comme un laboratoire politique au niveau local. Cela a d’ailleurs été l’opportunité de multiples réunions, prises de décision collectives et autres activités communes. C’est dans cette démarche que nous avons donc voulu réunir la gauche au-delà du Parti démocrate (Partito Democratico), dont Elly Schlein est la secrétaire.

    Ça n’a pas été facile. Les responsables du parti n’en ont pas tenu compte, alors on a trouvé une coalition a gauche du Parti démocrate. Les Verts et l’Alliance de gauche italienne m’ont demandé si je voulais participer aux européennes. Et avec tous les camarades de Riace, on a dit oui. C’était une envie partagée, parce que les positions qu’ils défendent contre la guerre, en faveur de l’accueil des exilés ou encore pour une loi pour le salaire minimum en Italie correspondaient à mes choix politiques. Un jour, j’aimerais qu’il y ait un panneau « Village de l’accueil » un peu partout dans les communes d’Europe !

    Mais force est de constater que l’on observe plutôt une politique de rejet en Europe…

    À Riace, on a réussi à l’échelle d’une toute petite réalité. Un village de quatre cents habitants est désormais connu pour sa politique d’accueil. À l’échelle européenne, nous ne serons peut-être plus là pour observer ce changement de paradigme. Mais je suis persuadé que d’une petite chose peut naître une grande chose. Je suis heureux que figure sur notre liste la candidate Ilaria Salis, arrêtée par Viktor Orbán en Hongrie pour son engagement contre le fascisme. Nous avons une histoire similaire, elle se bat pour le respect des droits humains. Lorsque j’ai vu les images d’elle à la télévision, la montrant menottée, j’ai été fier de la savoir à mes côtés dans cette aventure au niveau européen.

    Le pacte migratoire européen a été adopté dans la douleur il y a peu. Êtes-vous inquiet de voir cette politique de repli concrétisée à l’échelle européenne à travers ces textes ?

    Ce pacte est absurde. Je n’en partage pas les objectifs, évidemment. On voit partout des tentatives d’affaiblir le droit d’asile, y compris en Italie, ou de créer des sortes de voies de déportation vers des pays tiers comme l’Albanie, où le respect des droits humains n’est pas garanti. C’est triste quand on voit ce qu’on a été capables de faire à notre petite échelle. Je pense que la droite souffre d’un syndrome de la peur de l’être humain. C’est ce qu’on observe en Italie mais aussi en Europe. Ce qu’on voudrait, c’est une nouvelle Europe qui deviendrait le salut du monde. Pas celle des barbelés, dont les politiques ont provoqué la mort de dizaines de milliers de personnes.

    Pourquoi vous présenter à deux élections, à deux échelles différentes ?

    C’est une question redoutable (rires). Je ne veux pas devenir un bureaucrate. Je mettrai la même conviction à l’échelle européenne et je ne ferai de concession à personne : les profits de la politique ne m’intéressent pas. Et j’ajouterai que paradoxalement, je suis d’accord avec la manière dont Matteo Salvini m’a défini un jour, lorsqu’une personne lui a demandé ce qu’il pensait de moi. Il a répondu : « Il vaut zéro. » Ça me convient assez bien, je considère que je ne suis personne. Ce qui est sûr, c’est que j’ai à cœur de poursuivre mon engagement au niveau local et européen. En Italie, la loi permet d’être à la fois maire et député européen.

    Alors, bien sûr, les possibilités sont multiples : je peux être élu maire de Riace, être élu député européen ou les deux, ou pas élu du tout. Je continuerai dans tous les cas à développer le modèle Riace, et j’aimerais élargir ce modèle d’accueil à d’autres communes en Italie, et à d’autres États en Europe, un modèle en faveur de l’accueil qui permet aussi de contrer le déclin démographique. Et pour aller plus loin, j’aimerais également créer une collectivité de communes qui partagerait une monnaie unique, pour nous permettre de sortir de ce néolibéralisme, qui détruit notre économie et notre démocratie, tout en valorisant le travail fourni au sein de la communauté.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/040524/acquitte-mimmo-lucano-reve-de-propager-le-modele-d-accueil-de-son-village-

    #Riace #Mimmo_Lucano #Domenico_Lucano #accueil #réfugiés #migrations #Italie #Calabre #justice #acquittement #entretien #interview #solidarité #criminalisation_de_la_solidarité #villes-refuge #périple_judiciaire #condamnation #réhabilitation #libération #acquittement_moral #engagement_politique

    –—

    Ce fil de discussion est la suite de celui-ci :
    11 octobre 2023, verdict en cour d’appel pour le #procès contre #Mimmo_Lucano, ancien maire de #Riace
    https://seenthis.net/messages/1020950

    signalé par @olaf ici :
    https://seenthis.net/messages/1052451

    ping @_kg_

  • #Journal du #Regard : Avril 2024

    https://liminaire.fr/journal/article/journal-du-regard-avril-2024

    https://www.youtube.com/watch?v=-qlWr7mGGIE

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions Nous ne faisons qu’apparaître dans un monde soumis comme nous au pouvoir du temps. Dans le silence qui suit la fin du signal de départ. Dans un seul et unique instant. Non pas suites sans principe de (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Marseille, #Voyage, #Cimetière, #Artaud (...)

  • A Paris, quand des immeubles entiers sont convertis en apparthôtels de luxe
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/04/20/a-paris-quand-des-immeubles-entiers-sont-convertis-en-apparthotels-de-luxe_6

    .... le modèle tourne avec des coûts bien moindres que dans l’hôtellerie. « Par rapport à un hôtel classique, on a des besoins en personnel divisés par trois. On peut être rentable avec moins de mètres carrés », explique Xavier O’Quin, cofondateur d’Edgar Suites, l’une des entreprises les plus en vue de ce petit monde des #apparthôtels, avec plus de 600 unités réparties dans une vingtaine d’immeubles. Pas d’espaces communs, pas de salle de petit déjeuner, un accueil réduit, des procédures qui profitent à fond de la digitalisation, un ménage seulement à la demande…
    Ce jour-là, Xavier O’Quin nous fait visiter un hôtel particulier du XVIIe siècle, près des Halles, qui appartenait jusqu’en 2020 au barreau de Paris, et qu’il a découpé, en 2022, en onze appartements mansardés. Certains offrent une belle vue sur l’église Saint-Eustache. « Vous voyez, il y a des plantes, des livres dans la bibliothèque, du mobilier vintage. L’idée, c’est de se sentir dans un vrai appartement parisien », explique ce diplômé d’un master of business administration à HEC. En 2021, sa société a levé 100 millions d’euros auprès de BC Partners, ce qui lui a permis de racheter plusieurs immeubles. Parmi eux, un bureau de 2 500 mètres carrés dans le 15e arrondissement – l’ex-siège de la marque de vêtements Caroll –, qui ouvrira bientôt avec une cinquantaine d’appartements hôteliers. D’autres projets sont en cours à Levallois-Perret, Clichy, Châtillon (Hauts-de-Seine)…

    https://justpaste.it/fd069

    #Paris #tourisme #rente_foncière #luxe #industrie_du_luxe #Ville_de_Paris

  • L’urbicide, ou « la volonté politique de destruction de la ville »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/17/l-urbicide-ou-la-volonte-politique-de-destruction-de-la-ville_6228257_3232.h


    Des bâtiments détruits dans la bande de Gaza, en novembre 2023. LEO CORREA / AP [thèse iconographique : "dramatisez pas, il en reste !"]

    Apparu pour la première fois en 1968 dans le contexte des transformations urbaines aux Etats-Unis, le concept s’illustre avec une ampleur inégalée à Gaza, où des quartiers entiers ont été anéantis.
    Par Valentine Faure

    Histoire d’une notion. Les villes peuvent-elles, comme les humains, mourir ? Selon le centre d’études satellites de l’ONU, en date du 29 février 2024, 88 886 bâtiments ont été touchés à Gaza. Soixante et un pour cent des bâtiments hospitaliers, 60 % des lieux de culte et 61 % des écoles ont été endommagés ou détruits. Des quartiers entiers ont été anéantis. A Gaza, la notion d’urbicide – du latin « urbs » pour « ville », et « cida » pour « frapper, tuer » – s’illustre avec une ampleur inégalée.

    Sa définition est cependant floue. « On pourrait définir le projet d’“urbicide” par la volonté politique de destruction de la #ville », écrit Véronique Nahoum-Grappe dans la revue Tous urbains (Presses universitaires de France, 2015). L’urbicide vise l’anéantissement de tout ce qui meurt en même temps que s’effondre « la ville où l’ennemi vit, bouge, se nourrit, invente, aime et se dispute, c’est cela qu’il faut annihiler, rendre nul, vide, abrasé, rasé et reconstruit sous la mode nouvelle du conquérant ».
    Le concept englobe celui de « domicide », qui se rapporte à la destruction planifiée et délibérée d’un logement. En octobre 2023, Balakrishnan Rajagopal, rapporteur spécial à l’ONU sur le droit à un logement convenable, demandait que le domicide soit reconnu crime contre l’humanité. Car une maison, écrit-il dans le New York Times, « est bien plus qu’une structure : c’est un dépôt d’expériences passées et de rêves futurs, de souvenirs de naissances, de décès, de mariages et de moments intimes avec nos proches, au milieu de nos voisins et d’un paysage familier. L’idée de maison apporte du réconfort et donne un sens à notre vie. Sa destruction est la négation de la dignité et de l’humanité d’une personne ». Or, pour l’instant, regrette Balakrishnan Rajagopal, l’accusation de domicide – à l’instar de celle d’urbicide, qui n’est pas non plus mentionnée par le droit international et humanitaire – « est en grande partie un jugement moral ».

    « Rénovation urbaine »
    C’est dans un contexte très différent que le terme d’urbicide a été évoqué pour la première fois. En 1968, dans un article du New York Times sur la destruction du patrimoine industriel des villes américaines, l’architecte Ada Louise Huxtable l’emploie pour décrire « la mutilation aveugle au nom de la rénovation urbaine ».
    Pendant les années 1990, le philosophe marxiste Marshall Berman reprend le terme pour qualifier l’urbanisme violent de Robert Moses, surnommé « le Haussmann de New York », connu pour avoir rasé les quartiers insalubres aux ruelles étroites, parmi lesquels son quartier d’enfance du Bronx, afin de construire les larges avenues de la ville moderne que l’on connaît. « De l’Antiquité à nos jours, l’expérience de voir sa ville en ruine est l’une des scènes primitives les plus terribles : c’est l’urbicide », analyse le philosophe.

    Par la suite, Bogdan Bogdanovic, architecte et ancien maire de Belgrade, utilise à son tour le mot pour évoquer le « meurtre rituel » des villes – Sarajevo, Mostar ou Vukovar – pendant la guerre en ex-Yougoslavie. « On se souviendra de nous, les Serbes, comme des pillards de villes, des Huns de l’après-guerre, écrit-il en 1993. L’horreur ressentie par l’Occident est compréhensible : pendant des siècles, il a lié les concepts de “ville” et de “civilisation”, les associant même au niveau étymologique. Il n’a donc pas d’autre choix que de considérer la destruction des villes comme une opposition flagrante et gratuite aux valeurs les plus élevées de la civilisation. »

    « Le terme prend alors un autre sens, note Brent Patterson, historien de l’architecture et des formes urbaines. Pendant la guerre en ex-Yougoslavie, la ville est ciblée en tant qu’endroit cosmopolite. C’est aussi le patrimoine qui est visé », qu’il soit austro-hongrois ou ottoman, comme lors de la tragique destruction du vieux pont de Mostar, la ville où « l’Orient et l’Occident se rencontrent ». Car « l’urbain est caractérisé par l’hétérogénéité, relève Martin Coward, auteur d’Urbicide. The Politics of Urban Destruction (« urbicide. Les politiques de destruction urbaine », Routledge, 2008, non traduit). L’urbicide est donc une attaque contre les bâtiments en tant que conditions de possibilité de l’hétérogénéité ». Contre ce que fait le génie de la ville, bien au-delà des objectifs militaires.

    Refus de permis de construire
    Les guerres modernes se déroulant en grande partie dans des villes, les destructions se sont multipliées (à Alep, Grozny, Marioupol…). Le conflit à Gaza s’inscrit dans cette lignée de guerres où la ville n’est plus un champ de bataille mais une cible, selon le spécialiste du Moyen-Orient Peter Harling, qui y observe toutefois « quelque chose d’unique en matière de pourcentage de tissu urbain détruit ».
    L’anéantissement en cours se double, en Cisjordanie, d’une forme d’« urbicide lent », selon la formule de la chercheuse polonaise Dorota Golanska, compte tenu de l’érection de colonies israéliennes illégales et du refus systématique d’accorder des permis de construire aux Palestiniens.
    On dit qu’après la destruction de Carthage les Romains ont voulu stériliser le sol en répandant du sel et en passant la charrue pour que jamais rien n’y repousse. Une ville morte peut-elle néanmoins renaître ? « Les bâtiments les plus anciens ont une capacité extraordinaire à se renouveler », remarque Peter Harling. Mais de cette zone à l’urbanisation récente, chaotique, faite de béton, « il n’y aura pas grand-chose à récupérer ». Seulement des gravats à décontaminer et à déblayer pour achever l’urbicide.

  • De la statistique au terrain
    https://metropolitiques.eu/De-la-statistique-au-terrain.html

    Comment anticiper la #vacance des logements et comment lutter contre ? À partir d’une étude de terrain à Montluçon, Charline Sowa et Hugo Bruyant montrent la complexité de cette question et les difficultés des élus pour y répondre. Le #logement vacant, un objet à étudier au-delà des chiffres La vacance dans les parcs de logements n’est pas un phénomène nouveau. Pour autant, l’analyse de ce phénomène très répandu reste un exercice complexe, dont les résultats peuvent rester partiels (Arab et Miot 2021 ; #Terrains

    / #habitat, vacance, ruralité, #villes_moyennes, #décroissance_urbaine, #élus_locaux, logement

    #ruralité
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_sowa-bruyant.pdf

  • Les territoires des émeutes
    https://laviedesidees.fr/Les-territoires-des-emeutes

    Le haut niveau de #ségrégation urbaine constitue le meilleur prédicteur des violences. La différence la plus marquante entre 2023 et 2005 est l’entrée en scène des villes petites et moyennes, où les adolescents de cités d’habitat social s’identifient aux jeunes des banlieues de grandes métropoles.

    #Société #jeunesse #banlieue #révolte #urbanisme #gilets_jaunes
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240412_emeutes.pdf

    • Conclusion

      Le retour sur les émeutes de #2005 a permis de mettre en évidence à la fois des continuités et des changements par rapport à celles de #2023. Si de façon générale, les communes les plus défavorisées ont de plus fortes probabilités de connaître des émeutes, c’est surtout la ségrégation des situations sociales les plus précaires et des immigrés dans des quartiers spécifiques (#QPV) qui apparaît comme un élément de contexte crucial. À profil social et urbain équivalent, avoir un QPV augmente de façon très significative la probabilité de connaître des émeutes. De plus, cette #ségrégation_sociale et ethnique s’accompagne d’une forte #ségrégation_scolaire dont nous avons pu mesurer également l’impact : plus elle est importante, plus les émeutes sont intenses et violentes.

      Les quartiers en question sont ceux directement concernés par la #politique_de_la_ville (QPV, #PNRU, #NPNRU) depuis plusieurs décennies. Si des changements sont indiscutables sur le plan de l’amélioration du cadre de vie des habitants et plus particulièrement des #conditions_de_logement, un grand nombre de ces quartiers continuent de concentrer une large part de la jeunesse populaire d’origine immigrée, celle la plus touchée par la #relégation, les #discriminations et les #violences_policières, et donc celle aussi la plus concernée par les émeutes. Si la #mixité_sociale et ethnique s’est sensiblement améliorée dans certains quartiers, d’autres demeurent des espaces de très forte #homogénéité_sociale et ethnique, que l’on retrouve dans les #écoles et les #collèges. Ceux où les interventions de l’#ANRU ont été moins intenses ont même vu le nombre de ménages pauvres augmenter. En Île-de-France, la quasi-totalité des communes qui avaient connu des émeutes en 2005, pourtant concernées par la politique de la ville, en ont connu également en 2023.

      Notre approche socio-territoriale met d’autant plus en évidence les limites d’une analyse au niveau national, que les émeutes de 2023 se sont diffusées dans un plus grand nombre de petites villes et villes moyennes auparavant moins touchées par ces événements. Cette plus grande diversité territoriale est frappante lorsque l’on compare les banlieues des très grandes métropoles, à commencer par les banlieues parisiennes, aux #petites_villes et #villes_moyennes. Le poids du #logement_social, de l’immigration, la suroccupation des logements, le niveau de #pauvreté, mais aussi la façon dont ces dimensions se rattachent aux #familles_monoparentales et nombreuses, renvoient à des réalités différentes. Pourtant, dans tous les cas, la ségrégation joue un rôle déterminant.

      Cette approche contextuelle ne suffit pas à expliquer l’ensemble des mécanismes sociaux à l’œuvre et ce travail devra être complété à la fois par des analyses plus fouillées et qualitatives, ciblées sur les réseaux sociaux, la police et les profils des protagonistes, mais aussi des études de cas renvoyant aux différentes configurations socio-territoriales. Des études qualitatives locales devraient permettre de mieux comprendre comment, dans les différents contextes, les dimensions sociales et ethno-raciales interagissent lors des émeutes. Cela permettrait par exemple de mieux saisir l’importance de la mémoire des émeutes dans les quartiers populaires des banlieues des grandes métropoles, sa transmission et le rôle des réseaux militants et associatifs. Dans le cas des petites villes et des villes moyennes, la comparaison avec le mouvement des Gilets jaunes apporte un éclairage particulièrement intéressant sur l’intersection et la différenciation des formes que peuvent prendre la colère sociale et le ressentiment.

      #émeutes #violence #villes #urban_matter #violences_urbaines #banlieues #ségrégation_urbaine #violences #statistiques #chiffres

  • Ligne de chemin de fer, ceinture verte, développement de la voiture individuelle
    http://carfree.fr/index.php/2024/04/11/ligne-de-chemin-de-fer-ceinture-verte-developpement-de-la-voiture-individuel

    Lisons ou re-lisons Mumford ! Dans son livre majeur publié en 1961 « La Cité à travers l’Histoire » (trad. de : The City in History, its Origins, its Transformations and its Prospects), Lewis Lire la suite...

    #Alternatives_à_la_voiture #Fin_de_l'automobile #Livres #Marche_à_pied #Ressources #Transports_publics #Vélo #banlieues #campagne #histoire #périurbanisation #planification #société #trains #transports #transports_en_commun #urbanisme #usa #ville

  • Un mal qui répand la terreur
    http://carfree.fr/index.php/2024/04/04/un-mal-qui-repand-la-terreur

    Ce n’est pas de la peste qu’il s’agit, mais de l’automobile. On sait ce qu’elle prend de vies humaines en holocauste et l’on commence à réaliser ce que sa tyrannie Lire la suite...

    #Destruction_de_la_planète #Fin_de_l'automobile #archéologie #architecture #bordeaux #clamart #Colombes #courbevoie #histoire #Ivry #paris #parkings #paysage #société #suresnes #toulouse #urbanisme #ville

  • Buvons !
    https://laviedesidees.fr/Bihl-histoire-populaire-bistrots

    Cafés révolutionnaires, caboulots des faubourgs, cabarets aux bals éclatants, brasseries ouvertes toute la nuit : le bistrot possède une riche #Histoire qui nous parle de divertissements et de séditions, mais aussi de la solitude des zones aujourd’hui enclavées. À propos de : Laurent Bihl, Une histoire populaire des bistrots, Nouveau Monde éditions

    #ville #santé #peuple #culture_populaire
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240401_bistrots.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20240401_bistrots.docx

  • #Journal du #Regard : Mars 2024
    https://liminaire.fr/journal/article/journal-du-regard-mars-2024

    https://www.youtube.com/watch?v=-qlWr7mGGIE

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions Nous ne faisons qu’apparaître dans un monde soumis comme nous au pouvoir du temps. Dans le silence qui suit la fin du signal de départ. Dans un seul et unique instant. Non pas suites sans principe de (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Paris, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Canal, #Jardin, #Seine (...)

  • La #ville-passerelle
    https://laviedesidees.fr/Judith-Herrin-Ravenne

    Passerelle entre l’Empire romain tardif et le haut #Moyen_Âge, charnière entre l’Orient romain et les royaumes de l’Ouest, Ravenne a été davantage qu’une capitale : une entité politique au croisement de plusieurs mondes. À propos de : Judith Herrin, Ravenne. Capitale de l’Empire, creuset de l’Europe, Passé composés

    #Histoire #urbanisme #empire #Double_Une
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/202403_ravenne.docx

  • How children visualise cities of today and tomorrow

    How do children see urban inequalities and the transformation of cities? What would they change in their neighbourhoods? What kind of cities do they wish for? periferiasdibujadas is an ongoing project that works collaboratively with other groups to createspaces for children in different places across Europe to research, narrate and intervenein their urban contexts. The children’s images explore issues affecting cities today,such as access to housing, racism, gentrification and the impact of tourism, and showtheir visions for more liveable and just cities.

    https://padlet.com/periferiasdibujadas/how-children-visualise-cities-of-today-and-tomorrow-vjw8kyzgxbka5io0
    #enfants #enfance #villes #cartographie #cartoexperiment #cartographie_sensible #cartographie_participative #quartiers #periferiasdibujadas #tourisme #racisme #gentrification #habitat #Albayzín #Grenade #Espagne

    ping @reka

  • Vers un habiter écologique en #Chine ?
    https://metropolitiques.eu/Vers-un-habiter-ecologique-en-Chine-2009.html

    Au-delà des discours officiels sur le tournant écologique de l’urbanisme en Chine, quelle est sa portée réelle dans les projets mis en œuvre et dans les #pratiques_habitantes ? Martin Minost éclaire ces enjeux au regard du quartier de Thames Town, à #Shanghai. Les préoccupations écologiques s’affichent depuis le milieu des années 2000 dans les politiques chinoises d’urbanisation. Dans la vague du concept politique de « civilisation écologique » introduit par le président Hu Jintao en 2006 et de #Terrains

    / Shanghai, Chine, #ville_nouvelle, #transition_écologique, pratiques habitantes, #cité-jardin

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_minost.pdf

  • #Journal du #Regard : Février 2024
    https://liminaire.fr/journal/article/journal-du-regard-fevrier-2024

    https://youtu.be/28yB3hwxWpk?si=KfmRvnVBL24O8W9Y

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions Nous ne faisons qu’apparaître dans un monde soumis comme nous au pouvoir du temps. Dans le silence qui suit la fin du signal de départ. Dans un seul et unique instant. Non pas suites sans principe de (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Paris, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Canal, #Louvre (...)

  • Qu’est-ce qu’urbexer ?
    https://laviedesidees.fr/Qu-est-ce-qu-urbexer

    Les explorations urbaines font l’objet d’un intérêt sans cesse croissant auprès du grand public, notamment des jeunes. Mais derrière ce succès, de quoi ces immersions participent-elles ?

    #Société #ville #enquête
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240227_urbex.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20240227_urbex.docx

  • Comment la société française a appris à mépriser les « paysans » et leurs « #patois »

    Les manifestations récentes par lesquelles le monde agricole français a fait entendre ses protestations et ses revendications ont, une fois de plus, fait apparaître des différences profondes, voire des fractures, entre le monde rural et le monde urbain et plus encore entre des images valorisantes de l’urbanité et dévalorisantes de la ruralité.

    La France moderne a été construite depuis Paris, lieu de la puissance politique, en développant un sentiment de supériorité de la capitale sur « la province » (le singulier est significatif) et des villes (supposées modernes) sur les campagnes (supposées arriérées). Au lieu d’être fédérale, vu sa diversité, « la France est un pays dont l’unité a été construite à coups de cravache […] par l’autorité de l’État central », selon Jean Viard.

    Les normes sociales valorisées ont donc été celles, urbaines, de la ville-capitale érigée en phare de l’État hypercentralisé. On le voit, par exemple, dans le fait qu’en français le mot urbain a le double sens « de la ville » et « poli, courtois » et que le mot paysan a le double sens de « rural, agricole » et « rustre, grossier ». Ce mode de relation est clairement confirmé par une analyse sociolinguistique plus large, comme on va le voir ci-après. En effet, la sociolinguistique a pour but d’étudier principalement deux choses : les effets de l’organisation d’une société sur les langues qu’on y parle et ce que la place faite aux langues révèle de l’organisation de cette société.
    Paris, ses bourgeois et leur langue érigés en modèle

    C’est en effet la langue de la capitale qui a été imposée notamment à partir de la Révolution française à l’ensemble des populations progressivement rattachées à la France. Elle est considérée comme la langue « normale » en France. Et c’est le français des classes supérieures parisiennes qui a été prescrit comme modèle d’expression. Ainsi le grammairien Vaugelas définissait-il ce « bon français » en 1647 :

    « La façon de parler de la plus saine partie de la Cour […] Quand je dis la cour, j’y comprends les femmes comme les hommes, et plusieurs personnes de la ville où le prince réside. »

    La prétendue supériorité universelle du français, par opposition à toutes les autres langues et d’autant plus aux « patois régionaux », affirmée dès 1784 par le pamphlétaire Rivarol, est régulièrement reprise dans les discours étatiques jusqu’à aujourd’hui, par exemple par le président de la République lui-même lorsqu’il inaugure une cité qui cultive les mythes sur la langue française.

    Tout au long du XIXe siècle, la construction de la nation française passe par cette vision de la langue française, que l’école de la IIIe République (1870-1940) est chargée de mettre en œuvre de façon particulièrement offensive.

    En 1951, le phonéticien Pierre Fouché poursuit cette vision suprémaciste de la langue de Paris et de ses classes dominantes en établissant pour l’enseignement une norme de prononciation du français sur le modèle d’une « conversation soignée chez des Parisiens cultivés ».
    Les « patois pauvres et corrompus » des campagnes « provinciales »

    Quant aux autres langues de France, comme on les appelle depuis 1999, elles ont, à l’inverse, été disqualifiées par le nom de « patois » au départ méprisant, par l’association au seul monde rural et à une arriération prétendue. L’origine du mot « patois » est discutée, mais il est très probable qu’il vienne du verbe « patoiller » qui veut dire soit « marcher dans la boue, barboter, patauger », soit « gesticuler, parler en faisant des signes avec les mains ». Dans les deux cas, c’est un terme péjoratif à l’origine.

    Or, tout ceci est doublement faux : ces langues étaient aussi celles des villes (à Marseille par exemple le provençal était la langue générale jusque dans les années 1920) et d’intellectuels (Frédéric Mistral, licencié en droit, a reçu le prix Nobel de littérature pour son œuvre toute en provençal).

    Mais les préjugés sont fondés sur un aveuglement pour ne voir que ce que l’on veut voir. Ainsi, on lit dans l’Encyclopédie (1765) :

    « Patois : Langage corrompu tel qu’il se parle presque dans toutes les provinces : chacune a son patois ; ainsi nous avons le patois bourguignon, le patois normand, le patois champenois, le patois gascon, le patois provençal, etc. On ne parle la langue que dans la capitale. »

    Le Dictionnaire de Furetière (1690) précisait :

    « Langage corrompu et grossier tel que celui du menu peuple, des paysans, et des enfants qui ne savent pas encore bien prononcer. »

    À la création de la 1ere République française, ses responsables considéraient ainsi que dans les provinces on parlait « ces jargons barbares et ces idiomes grossiers » à « éradiquer » (Rapport Barrère, publié en 1794). Pourquoi ? Parce que « nous n’avons plus de provinces et nous avons encore environ trente patois qui en rappellent les noms » dont « deux idiomes très dégénérés » et parce que « l’homme des campagnes, peu accoutumé à généraliser ses idées, manquera toujours de termes abstraits » à cause de cette « inévitable pauvreté de langage, qui resserre l’esprit » disait le Rapport Grégoire (publié en 1794). Il ajoutait « les nègres de nos colonies, dont vous avez fait des hommes, ont une espèce d’idiome pauvre », ne mesurant pas le racisme linguistique de son propos.

    Le mépris des provinciaux, des ruraux et de leurs langues, alimentés par ces préjugés conjugués, a été sans borne. Il a culminé au XIXe siècle sous la forme d’un véritable racisme, dont celui contre les Bretons ou les Méridionaux, bien attesté.

    À l’époque l’étude scientifique des langues n’existait pas encore. La sociolinguistique, qui se développe à partir des années 1950-1970, a montré par la suite que toutes les langues sont égales (y compris celles dites « patois ») : aucune n’est supérieure ou inférieure à une autre en raison de ses caractéristiques proprement linguistiques. Ce sont les hiérarchisations sociales qui se reflètent en hiérarchisation des langues ou de leurs variétés locales ou sociales particulières.

    Hélas, comme on l’observe trop souvent et encore plus à l’époque des « fake news », les connaissances scientifiques ont du mal à remplacer les croyances répandues dans l’opinion publique. C’est d’autant plus le cas quand il s’agit de langues en France, pays où a été instaurée une véritable religion nationale de la langue française accompagnée d’une sorte d’excommunication des autres langues.

    En conséquence, cette conception est encore présente de nos jours. Le Trésor de la Langue française (CNRS) la décrit ainsi :

    « Patois : Parler essentiellement oral, pratiqué dans une localité ou un groupe de localités, principalement rurales. Système linguistique restreint fonctionnant en un point déterminé ou dans un espace géographique réduit, sans statut culturel et social stable […]. Langage obscur et inintelligible. Synonymes : baragouin, charabia, jargon. »

    Le « plouc » et son parler aussi méprisés l’un que l’autre

    Aujourd’hui encore, le stéréotype du « plouc » est fortement voire principalement constitué de caractéristiques linguistiques (“phrase, accent, prononciation, langue”), comme le montre l’étude de Corentin Roquebert, qui conclut :

    « On peut relever l’association forte entre des catégories et des objets plus ou moins valorisés socialement, ce qui favorise l’expression d’un jugement social positif ou négatif sur une population : le beauf comme personnage raciste et sexiste, le hipster branché et cool qui n’aime pas le mainstream, la prononciation et l’accent du plouc. »

    Les préjugés glottophobes contre des « patois » supposés employés (uniquement) par des « paysans » sont toujours là. Et même quand les « paysans » et autres « provinciaux » ont finalement adopté le français, bon gré mal gré, on continue à stigmatiser les traces de leurs “patois” dans leurs façons de parler français : mots locaux, expressions, tournures, et surtout accent…

    Le pseudo raisonnement, fondé sur des préjugés, est circulaire : les « patois » ne sont pas de vraies langues puisqu’ils sont parlés par des « paysans »/les « paysans » sont des rustres puisqu’ils parlent « patois ». Les deux stéréotypes négatifs projetés simultanément sur les « paysans » et sur les « patois » (ou les « accents » qu’il en reste), associés les uns aux autres, se renforcent réciproquement et produisent un mépris de classe renforcé.

    https://theconversation.com/comment-la-societe-francaise-a-appris-a-mepriser-les-paysans-et-leu

    #mépris #France #fracture #rural #urbain #villes #campagnes #ruralité #dévalorisation #province #ville-capitale #centralisme #sociolinguistique #langue #bon_français #patois_régionaux #langues_régionales #Rivarol #mythe #nation #Etat-nation #Pierre_Fouché #préjugés #aveuglement #racisme_linguistique #préjugés #racisme #hiérarchisation #plouc #accents #mépris_de_classe

    • Le rapport de domination, en France, entre la capitale et le reste du pays est un fait difficilement contestable. Comme l’indique ce texte, cela se voit notamment par l’obligation, dictée par le pouvoir central d’État, établi à Paris, d’adopter sur tout le territoire la même langue. Pour autant, cet héritage centralisateur ne me semble pas être la seule explication dans la construction d’une idéologie de classe méprisante à l’encontre du monde paysan.

      On pourrait croire, en lisant ce texte, que le pays se résumait à un clivage entre Paris et « la province », cette dernière étant assimilée au « monde paysan », or le pays a compté quand même nombres de grandes villes sur le territoire, qui ont constitué autant de métropoles locales dont l’importance dans le développement du capitalisme en France a été tout aussi déterminante que celle de Paris. Ce n’est pas pour rien qu’aujourd’hui, le concept politique de « métropole » fait vibrer nombre de représentants de la classe dominante en Europe, y compris en France (et en Île-de-France).

      Témoignage personnel anecdotique : une partie de ma famille est nantaise et j’ai été frappé de constater à quel point les expressions de mépris anti-paysan, quasi-raciste, revenaient dans les propos de mes oncles et tantes. Cela dépasse de loin ce que j’ai entendu, en comparaison, à Paris, en tous cas, pour cette génération-là.

  • « La redevance à la Ville de Paris a quadruplé » : les mauvais comptes de la tour Eiffel épinglés par ses employés  Charles Plantade - Le figaro

    Le monument emblématique de la capitale est fermé ce lundi en raison d’une grève de ses salariés, qui dénoncent le modèle économique « trop ambitieux et intenable » imposé par la Mairie au péril de l’édifice.
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    À l’origine de cette grève reconductible, les syndicats CGT et Force Ouvrière dénoncent « la gestion actuelle qui mène tout droit la Société d’exploitation de la Tour Eiffel (Sete) dans les pires difficultés ». En cause, un modèle économique considéré comme « trop ambitieux et intenable » imposé par la Mairie de Paris, l’actionnaire ultra-majoritaire avec 99% du capital de l’entreprise. À l’occasion du centenaire de la mort de Gustave Eiffel, le 27 décembre dernier, les syndicats du personnel avaient déjà tiré la sonnette d’alarme et bloqué l’édifice toute une journée.
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    Monument en danger
    Une situation compliquée à laquelle s’ajoute une augmentation progressive de la redevance versée par la Sete à la Ville. Celle-ci est passée successivement de 8 millions d’euros de 2018 à 2021, puis à 16 millions d’euros en 2022 et « devrait quadrupler pour atteindre 50 millions d’euros : une somme beaucoup trop élevée par rapport aux frais des travaux », expliquent au Figaro des représentants syndicaux Force Ouvrière.
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    Inquiétudes et consensus
    Et à la Dame de Fer d’en pâtir : malgré les 128 millions d’euros investis depuis 2019, « de nombreux points de corrosion sont visibles, symptômes d’une dégradation inquiétante du monument », constatent les représentants syndicaux, pour qui les moyens mobilisés « ne permettent pas d’assurer la pérennité du monument ». Si la Sete prévoit bien une augmentation de 20% du prix des billets pour compenser, le « modèle de base n’a pas été changé », déplorait un représentant CGT à l’AFP.

    Source : https://www.lefigaro.fr/social/la-redevance-a-la-ville-de-paris-a-quadruple-les-mauvais-comptes-de-la-tour

    #paris #ps #anne_hidalgo #hidalgo #ville_de_paris #monument

  • These Philadelphians got rid of their cars in the last year. They haven’t looked back.

    “Now that I’m forced to walk, I’m seeing the city more than I did before," said one newly carless resident. She used to pay about $400 a month on her car payment and insurance.

    Dajé Walker’s Hyundai Elantra was stolen from a Brewerytown parking lot in July, only to be found a week later on the side of a local highway.

    The car that Walker had driven for three years was “in shambles,” Walker said, and the insurance company deemed it a total loss.

    “I had that existential crisis moment where I was like, ‘Do I need a car or do I want a car?’” she said.

    Around the same time, Walker, 28, got a new, completely remote job as a project manager. The news sealed her decision: She took the insurance payout of about $15,000, putting some of the money in savings and using the rest to move from Brewerytown to Old City, and never looked back.

    She no longer has to set aside $300 a month for her car payment and another $100 for insurance. When she recently moved to Old City, she didn’t have to worry about securing a convenient and safe parking spot, which can cost at least $250 a month at private lots.

    The benefits of Walker’s new lifestyle aren’t just financial, though — they’re mental and physical, too.

    “My car, it was a complete crutch,” Walker said. “Now that I’m forced to walk, I’m seeing the city more than I did before.”

    She feels like she’s “seeing the sun more often” on regular walks to judo class, City Fitness, and social gatherings, she added. For outings farther away that require taking the bus, “it’s more time for me to be zen or read a book on the way there.”

    After a surge in car-buying statewide at the height of the pandemic, there are signs that some Philadelphians like Walker have made the decision to do away with their cars in recent years, bucking larger trends.

    In 2022, more than 638,000 passenger vehicles were registered in the city, about 24,000 fewer cars than were registered here a year prior, according to the most recent state data. That represents a 3.6% decline in registered vehicles over a period when the city’s population decreased 1.4%, the largest one-year drop in 45 years.

    The latest registration data was captured before the price of car ownership skyrocketed.

    In 2023, drivers who owned a new car paid more than $12,000 a year on average, a more than 13% increase from the prior year, according to AAA, which accounted for the costs of car payments, gas, maintenance, and insurance.

    In the last year, car insurance premiums nationwide have far outpaced inflation, increasing 20% on average. Philadelphia-area residents told The Inquirer last month that they’ve recently been quoted rates as much as 100% higher than what they were previously paying. A recent Bankrate report found Philadelphia-area residents paid $4,753 a year on average, and the region saw the largest increase of 26 major metro areas last year in terms of average comprehensive coverage costs.

    What you gain by going carless

    So far across the country, the increased cost of car ownership “does not appear to affect whether people are buying or what people are buying,” said Greg McBride, chief financial analyst at Bankrate. “A much longer-term trend is that American consumers have increasingly been moving away from smaller compact vehicles to larger SUVs and trucks.”

    Philadelphia, meanwhile, is consistently ranked among the metro areas with the lowest car ownership and is known for being one of the best cities to live in without a car (though historically not all neighborhoods have the same access to public transit).

    Some residents like Walker also cited a psychological cost to car ownership in the city. Even before she became one of the tens of thousands of residents who had their cars stolen last year, she was constantly worried about her car. And residents who choose to park on the street — which is free in some areas and $35 a year in others — may have a difficult time finding an open spot depending on the neighborhood and what time of day they’re coming home.

    Of course, the ease of driving and parking in the city is all relative.

    “Philly is really hard to have a car,” said Pascale Questel, 30, a copywriter who moved to Brewerytown from Florida three years ago. Every time she walks her dog, she checks on her Honda, which she parks on the street, and her Hyundai Elantra was stolen last year.

    Last year, Leo Walsh, 31, of West Philadelphia, sold his Subaru Forester, a car he said he felt like had become “an extension of me.” He had even lived out of it three months on a solo cross-country road trip.

    He suddenly realized he was resorting to driving at the smallest inconvenience, including for trips to Trader Joe’s a couple miles away or on rainy days when he didn’t feel like biking or walking to the trolley.

    He didn’t end up getting any money for his car — it was a 2004 and needed work — but he is saving on insurance, gas, and maintenance. And there’s an “unquantifiable” benefit, too: how it feels every day to see the faces of passersby as you bike past them, or to end your commute by thanking a conductor instead of slamming your car door shut, alone.

    “I have fallen more in love with the city now, just biking and getting to know all the streets,” said Walsh, who works for Jawnt, a technology company that provides transit benefits for some city employers. “You just don’t get that in a car. You’re in your little bubble.”

    https://www.inquirer.com/business/get-rid-of-car-sales-ownership-philadelphia-20240209.html
    #voitures #villes #urban_matter #piétons #Philadelphie #USA #Etats-Unis #marche #coût #santé #TRUST #Master_TRUST

  • Cycling is ten times more important than electric cars for reaching net-zero cities

    Globally, only one in 50 new cars were fully electric in 2020, and one in 14 in the UK. Sounds impressive, but even if all new cars were electric now, it would still take 15-20 years to replace the world’s fossil fuel car fleet.

    The emission savings from replacing all those internal combustion engines with zero-carbon alternatives will not feed in fast enough to make the necessary difference in the time we can spare: the next five years. Tackling the climate and air pollution crises requires curbing all motorised transport, particularly private cars, as quickly as possible. Focusing solely on electric vehicles is slowing down the race to zero emissions.

    This is partly because electric cars aren’t truly zero-carbon – mining the raw materials for their batteries, manufacturing them and generating the electricity they run on produces emissions.

    Transport is one of the most challenging sectors to decarbonise due to its heavy fossil fuel use and reliance on carbon-intensive infrastructure – such as roads, airports and the vehicles themselves – and the way it embeds car-dependent lifestyles. One way to reduce transport emissions relatively quickly, and potentially globally, is to swap cars for cycling, e-biking and walking – active travel, as it’s called.

    Active travel is cheaper, healthier, better for the environment, and no slower on congested urban streets. So how much carbon can it save on a daily basis? And what is its role in reducing emissions from transport overall?

    In new research, colleagues and I reveal that people who walk or cycle have lower carbon footprints from daily travel, including in cities where lots of people are already doing this. Despite the fact that some walking and cycling happens on top of motorised journeys instead of replacing them, more people switching to active travel would equate to lower carbon emissions from transport on a daily and trip-by-trip basis.
    What a difference a trip makes

    We observed around 4,000 people living in London, Antwerp, Barcelona, Vienna, Orebro, Rome and Zurich. Over a two-year period, our participants completed 10,000 travel diary entries which served as records of all the trips they made each day, whether going to work by train, taking the kids to school by car or riding the bus into town. For each trip, we calculated the carbon footprint.

    Strikingly, people who cycled on a daily basis had 84% lower carbon emissions from all their daily travel than those who didn’t.

    We also found that the average person who shifted from car to bike for just one day a week cut their carbon footprint by 3.2kg of CO₂ – equivalent to the emissions from driving a car for 10km, eating a serving of lamb or chocolate, or sending 800 emails.

    When we compared the life cycle of each travel mode, taking into account the carbon generated by making the vehicle, fuelling it and disposing of it, we found that emissions from cycling can be more than 30 times lower for each trip than driving a fossil fuel car, and about ten times lower than driving an electric one.

    We also estimate that urban residents who switched from driving to cycling for just one trip per day reduced their carbon footprint by about half a tonne of CO₂ over the course of a year, and save the equivalent emissions of a one-way flight from London to New York. If just one in five urban residents permanently changed their travel behaviour in this way over the next few years, we estimate it would cut emissions from all car travel in Europe by about 8%.

    Nearly half of the fall in daily carbon emissions during global lockdowns in 2020 came from reductions in transport emissions. The pandemic forced countries around the world to adapt to reduce the spread of the virus. In the UK, walking and cycling have been the big winners, with a 20% rise in people walking regularly, and cycling levels increasing by 9% on weekdays and 58% on weekends compared to pre-pandemic levels. This is despite cycle commuters being very likely to work from home.

    Active travel has offered an alternative to cars that keeps social distancing intact. It has helped people to stay safe during the pandemic and it could help reduce emissions as confinement is eased, particularly as the high prices of some electric vehicles are likely to put many potential buyers off for now.

    So the race is on. Active travel can contribute to tackling the climate emergency earlier than electric vehicles while also providing affordable, reliable, clean, healthy and congestion-busting transportation.

    https://theconversation.com/cycling-is-ten-times-more-important-than-electric-cars-for-reaching
    #vélo #cyclisme #voitures_électriques #villes #urban_matter #transport