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  • Permanence d’une idéologie postulant l’impossibilité de lutter contre la pauvreté

    Dans l’introduction à son livre Portrait du pauvre en habit de vaurien. Eugénisme et darwinisme social, publié avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, Michel Husson souligne l’articulation entre les champs académique et militant, « un discours critique doit tenir les deux bouts de la chaîne ».

    Il interroge et cela sera le fil directeur de son livre : « comment une société peut-elle tolérer de mettre à l’écart une proportion de « surnuméraires », pour reprendre l’expression de Robert Castel, elle-même empruntée à Marx ? ». Il décide passer en revue « les discours de légitimation de l’existence de « surnuméraire » dans leurs formes historiques successives ».

    Un des objectifs du livre est de montrer que les différentes « théories » sur les pauvres ou les chômeurs/chômeuses ont en commun « le fait de vouloir rendre les chômeurs (ou les pauvres) responsable de leur sort ». L’auteur présente le sommaire de son livre, la permanence de constructions idéologiques et leur résurgence périodique, les fils reliant les thèses darwinistes (voire eugénistes) à cette science « lugubre » nommée économie…

    note sur : Michel Husson : Portrait du pauvre en habit de vaurien
    Eugénisme et darwinisme social

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/08/22/permanence-dune-ideologie-postulant-limpossibi

    #politique

    • Extrait
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      « Dans une nation libre où il n’est pas permis d’avoir des esclaves, les plus sûres richesses consistent à pouvoir disposer d’une multitude de pauvres laborieux. C’est une pépinière intarissable pour les flottes et les armées. Sans ces sortes de gens, on ne jouirait d’aucun plaisir et on n’estimerait point ce qu’un pays produit […] Pour rendre la société heureuse et pour que les particuliers soient à leur aise, lors même qu’ils n’ont pas de grands biens, il faut qu’un grand nombre de ses membres soient ignorants, aussi bien que pauvres. » (p. 42).

      Michel Husson note que cette idée se retrouve pleinement justifiée par Hayek deux cent cinquante ans plus tard :

      « Mandeville a pour la première fois développé tous les paradigmes classiques du développement spontané de structures sociales ordonnées : du droit et de la morale, du langage, du marché, de l’argent et des connaissances technologiques » (p. 43).

      Si les pauvres sont aussi indispensables à l’aisance des riches, il ne faut surtout pas augmenter les salaires ; mieux vaut créer des emplois de domestiques. Marx ironisera sur cette thèse du ruissellement qui n’a pas encore dit son nom, mais qu’on trouve explicitement chez Malthus ou chez un autre pasteur (décidément !), Joseph Twonsend. Sans parler des réminiscences actuelles chez les Patrick Artus, Pascal Lamy et… Emmanuel Macron (p. 53-54).
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      Source première : https://alencontre.org/economie/le-mepris-de-classe-pour-ceux-qui-ne-valent-rien-le-dernier-livre-de-mic