voit bien que son garde-manger est presque complètement vide. Bon, faut pas qu’elle se la raconte, hein, même indigente si elle le voulait bien en raclant bien le fond de son porte-monnaie elle trouverait certainement les 2,98 nouveaux nouveaux francs nécessaires à l’achat de ses quatre cents grammes de Soleil Vert®, ce n’est pas vraiment ça le problème ; le problème c’est que pour ce faire il faudrait qu’elle pousse son déambulateur jusqu’au temple commercial, que là-bas il va y avoir du bruit, qu’il va y avoir des gens, que l’agitation stérile et le brouhaha vont lui flanquer la nausée, qu’elle va tacitement être obligée de répondre au « Bonjour » de la caissière en contrat précaire, que la vulgarité du pestacle d’Homo Consommaticus va décupler ses envies de fin du monde — bref, la perspective de crever la dalle toute seule dans son coin lui est moins pénible que celle de fréquenter ses contemporain(e)s.
Finalement ça va, elle n’est pas très difficile à contenter.