Nicole Garreau

Poétesse sans talent et dictateuse sans vergogne

  • n’en disconvient pas, cher journaliste de l’ORTF : en français, le genre des noms de villes étant soumis à des règles assez floues, l’usage du féminin ou du masculin est un peu laissé au bon vouloir de la personne qui s’exprime ; on a coutume de prétendre que le féminin prévaut dans le registre littéraire et le masculin dans la langue parlée mais rien n’est gravé dans le marbre — « Paris brûle-t-elle ? » eût été grammaticalement tout aussi correct que « Paris brûle-t-il ? », Naples peut indifféremment être italienne ou italien, Bruxelles est masculin dans les chansons de Michel Delpech et féminine dans celles de Dick Annegarn, parfait, personne n’y trouve rien à redire.

    Mais il en va tout autrement lorsque le nom d’une ville contient un déterminant ! « Le Cap », « Le Havre » ou « Le Creusot » appellent obligatoirement un accord au masculin tandis que « La Haye », « La Bourboule » ou « La Ciotat » en appellent évidemment un au féminin ! Ainsi, concernant la brûlante actualité proche-orientale, vous ne pouvez pas annoncer crânement que « Pour l’instant, Le Caire reste muette » (sic) ! Certes, vous arguerez non sans raison que la sénescente Garreau est complètement hors-sujet, que la langue française n’était pas le thème de votre chronique, que ça ne change rien au fond de votre propos et que le conflit israélo-palestinien est une chose suffisamment grave pour que l’on ne s’arrête pas à une faute grammaticale, mais depuis que Camus l’a déclaré nous savons tou(te)s que « Mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde ». Et puis franchement, avez-vous un quelconque intérêt à heurter les oreilles d’une vieille auditrice ?

    Enfin bon, au moins ça lui fournit une matière première pour sa ronchonnerie matutinale.

    #LaRateAuCourtBouillon.