François Isabel

Ni dieu, ni maître, nirvana

  • Soupçons de traite d’êtres humains, mineurs, gardes à vue… Ce que l’on sait de l’avion immobilisé dans la Marne - Le Parisien
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    Les plus de 300 passagers indiens d’un avion en provenance de Dubaï et à destination du Nicaragua sont toujours retenus à l’aéroport de Vatry, où ils devaient faire une simple escale technique.

    Le mystère est toujours épais, mais les informations commencent à arriver. Depuis jeudi soir, un Airbus A340 de la compagnie roumaine Legend Airlines est immobilisé à l’aéroport de Vatry (Marne), à 150 km à l’est de Paris. En cause, un « signalement anonyme » faisant état d’un possible trafic d’êtres humains, selon le parquet de Paris.

    L’appareil devait initialement ne faire qu’une escale technique en France sur son trajet entre Dubaï et Managua (Nicaragua), mais les 303 passagers ne sont pas encore repartis.

    Qui sont les passagers ?

    L’avion transportait 303 Indiens. Parmi eux se trouvent « 13 mineurs non-accompagnés, ainsi que des mineurs accompagnés », a indiqué la protection civile ce samedi. Un chiffre qui n’a pas encore été confirmé par les autorités.

    Certains sont même très jeunes, puisqu’un bébé de 21 mois était à bord. Le plus âgé des mineurs est âgé de 17 ans.

    Où se rendait l’avion ?

    L’avion est parti de Dubaï et devait rejoindre le Nicaragua après une escale à l’aéroport de Vatry, uniquement destinée à ravitailler l’Airbus et renouveler l’équipage.

    Selon une source proche du dossier, les passagers indiens, probablement des travailleurs aux Émirats arabes unis, pourraient avoir planifié de se rendre en Amérique centrale afin de tenter ensuite d’entrer illégalement aux États-Unis ou au Canada. L’autre hypothèse, sur laquelle l’enquête va se pencher, est que ces personnes aient été embarquées à bord de l’avion pour être déplacées à des fins d’exploitations.

    Pourquoi a-t-il été immobilisé ?

    Les autorités ont reçu un « signalement anonyme » selon lequel ses passagers indiens de l’avion étaient « susceptibles d’être victimes de traite des êtres humains » en bande organisée.

    L’enquête, menée par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), vise à « vérifier si des éléments viendraient corroborer » les soupçons de traite d’êtres humains, selon le parquet. « La Direction nationale de la police aux frontières (notamment l’Oltim, Office de lutte contre le trafic illicite de migrants), la gendarmerie des transports aériens et la brigade de recherche de Vitry-le-François ont été co-saisies et procèdent aux auditions et vérifications des conditions et objectifs de transport des passagers », a également précisé le parquet.

    Où sont les passagers ?

    Les 303 passagers indiens de ce vol étaient toujours confinés dans le hall d’accueil de l’aéroport de Vatry ce samedi matin, a constaté un journaliste de l’AFP. Ils y demeurent depuis jeudi soir, la zone ayant été transformée par arrêté préfectoral en zone d’attente pour étrangers.

    Par ailleurs, deux des passagers étaient en garde à vue vendredi soir. L’équipage - composé de 15 personnes pour la liaison Dubaï-Vatry et de 14 ou 15 pour le trajet Vatry-Managua - a pu quitter les lieux. « Tous les membres de l’équipage ont été auditionnés et autorisés à repartir librement, et à rentrer chez eux s’ils le souhaitent », a fait savoir ce samedi Liliana Bakayoko, qui se présente comme l’avocate de la compagnie aérienne.

    Comment les passagers sont-ils pris en charge ?

    Des lits individuels ont été mis à disposition des passagers dans l’aéroport de Vatry, tout comme des toilettes et des douches. La distribution de trois repas par jour est assurée, avance la préfecture de la Marne. Par ailleurs, une zone « famille » a été installée « pour assurer l’intimité parent-enfant », poursuit la même source.

    La loi prévoit que s’il arrive en France par avion et que l’embarquement vers son pays de destination lui est refusé, un étranger peut être maintenu en zone d’attente pendant quatre jours maximum par la police aux frontières. Ce maintien peut ensuite être prolongé de huit jours par un juge des détentions et de la liberté (JLD), puis de huit jours supplémentaires à titre exceptionnel. Au maximum, en fonction des recours, le maintien en zone d’accueil peut atteindre 26 jours.

    Que dit la compagnie ?

    L’avion immobilisé appartient à Legend Airlines, une petite compagnie roumaine dont la flotte est composée de quatre avions, dont deux A340-313.

    Liliana Bakayoko, qui se présente comme l’avocate de Legend Airlines, a assuré à l’AFP que « la compagnie estime qu’elle n’a rien à se reprocher, n’a commis aucune infraction et se tient à disposition des autorités françaises ». L’entreprise compte « se porter partie civile si des poursuites sont initiées par le ministère public, ou porter plainte » dans le cas contraire, a-t-elle ajouté.