• Léon Daudet, fils d’Alphonse, lui-même écrivain significatif, leader du Parti Royaliste de France, donna un jour dans son « Action Française » un compte rendu sur le Salon de l’Automobile, lequel compte rendu, même si ce n’était pas dans ces termes, finissait par l’équation : « L’automobile c’est la guerre ». Au fondement de cette surprenante association d’idées se trouvait la pensée d’une croissance des expédients techniques, des cadences, des sources d’énergie, etc. qui ne trouvent dans notre vie privée aucune utilisation sans reste, complète, adéquate, et qui tendent pourtant de manière pressante à trouver leur justification. Ils se justifient en tant qu’ils renoncent à un jeu d’ensemble harmonieux, et cela dans la guerre qui, avec ses destructions, fournit la preuve que la réalité sociale effective n’était pas mûre pour se faire de la technique un organe, et que la technique n’était pas assez forte pour dompter les énergies sociales élémentaires. Sans aucunement approcher de trop près la signification des causes de guerre économiques, on peut affirmer ceci : la guerre impérialiste est précisément déterminée, dans ce qu’elle a de plus dur et de plus fatal, par la contradiction béante entre les gigantesques moyens de la technique d’un côté, et son infime éclaircissement moral de l’autre.