François Isabel

Ni dieu, ni maître, nirvana

  • Les variations du champ magnétique enregistrées dans des briques mésopotamiennes | Pour la Science
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    Un des épineux problèmes de l’archéologie est la datation absolue, c’est-à-dire l’attribution à un objet ou à un événement d’un repère temporel précis. Malheureusement, les données utilisées pour cette datation absolue sont parfois peu précises, notamment pour des époques reculées où les textes historiques sont rares ou absents. Ces imprécisions expliquent entre autres la grande marge d’erreur (jusqu’à 150 ans) dans les chronologies des règnes des rois mésopotamiens aux IIIe et IIe millénaires avant notre ère. Le carbone 14 n’est pas d’un grand secours car les méthodes associées ont une précision de 200 ans à cette période et elles ne s’appliquent que sur la matière organique. Pour affiner les datations archéologiques, Matthew Howland, de l’université d’État de Wichita, aux États-Unis, et ses collègues proposent de faire appel à la variation du champ magnétique terrestre.

    Lorsqu’elles se forment, les roches magmatiques contenant des minéraux ferromagnétiques enregistrent la direction et l’intensité du champ magnétique terrestre à leur époque de formation : on parle d’« aimantation thermorémanente ». C’est le cas lors de la cristallisation des roches volcaniques mais aussi… lors de la cuisson des objets en terre cuite ! Les briques en terre cuite sont fabriquées à partir de matériaux argileux contenant des oxydes de fer, qui acquièrent une aimantation thermorémanente quand elles refroidissent dans le four depuis des températures au-dessus de 600 °C. Ces éléments de construction ont été utilisés dans les cités mésopotamiennes dès le Ve millénaire avant notre ère, notamment pour les bâtiments religieux, élitaires ou devant résister à l’érosion. Les noms des rois qui régnaient au moment de la fabrication de ces briques y sont parfois inscrits, ce qui permet souvent de les dater approximativement.

    Parmi plus d’une centaine d’objets en terre cuite, l’équipe de Matthew Howland a sélectionné 32 briques datant de la fin du IIIe au milieu du Ier millénaire avant notre ère, retrouvées sur plusieurs sites archéologiques irakiens. À partir des inscriptions (relatives à douze rois différents) et des mesures de l’aimantation des briques, ils ont précisé la courbe de variation de l’intensité du champ magnétique terrestre en Mésopotamie en fonction du temps, en la calant sur une des chronologies des dynasties mésopotamiennes exploitées par les archéologues. Comme les briques ont changé d’orientation au cours de leur histoire, il était impossible d’en tirer parti pour étudier la direction du champ magnétique terrestre.

    Grâce à cette courbe, les chercheurs ont confirmé que la Mésopotamie, comme d’autres régions du monde au même moment (Europe, Chine…), avait connu une période de forte intensité géomagnétique entre 1050 et 550 avant notre ère, avec des variations très rapides (notamment sous le règne du fameux Nabuchodonosor II, entre 604 et 562 avant notre ère) : l’anomalie du Levant à l’âge du Fer. De plus, la résolution de cette courbe, qu’il faut encore affiner, et l’utilisation des règnes permettraient à l’avenir une plus grande précision (de l’ordre de la décennie) dans la datation de terres cuites archéologiques en y mesurant l’intensité de l’aimantation thermorémanente.

    • La porte d’Ishtar aurait été construite 15 ans après la conquête de Jérusalem par Babylone - Sciences et Avenir
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      Pour dater les objets du passé, les archéologues disposent de technologies plus ou moins précises. L’une d’entre elles, encore balbutiante, est l’archéomagnétisme, qui vient de révéler son potentiel sur des briques de terre cuite dans le cadre d’une étude tout juste publiée dans la revue PLoS ONE. En mesurant l’intensité du champ magnétique conservé dans plusieurs briques de la porte d’Ishtar, l’une des portes d’entrée de Babylone, une équipe internationale de chercheurs a réussi à affiner les datations des différentes phases de sa construction.

      On pensait en effet que l’ouvrage, commandé par le roi Nabuchodonosor II – qui régna de 605 à 562 avant notre ère –, avait été réalisé en plusieurs temps, et que son achèvement aurait même pu avoir eu lieu après sa mort. Toutes les briques analysées auraient toutefois été cuites du vivant du souverain, en 569 avant notre ère, ce qui pourrait remettre en cause la signification présumée de l’édifice, censé célébrer la conquête de Jérusalem par Babylone en 586 avant notre ère.