Nicole Garreau

Poétesse sans talent et dictateuse sans vergogne

  • se demande si en physiologie ou en psychiatrie ça porte un nom spécifique, ce curieux état de conscience d’Homo Empletticus, vous savez, quand tou·te·s ces petit·e·s-bourgeois·es surnourri·e·s se retrouvent à zoner dans un temple commercial, quand leurs regards ne se fixent sur personne, qu’iels se voient sans se regarder, quand iels déambulent tel·le·s des zombies entre le rayon des pizzas industrielles et celui des yaourts fluorescents, qu’iels ne semblent agir que par automatisme, que leurs visages n’expriment rien.

    On ne saurait bien sûr parler d’état « d’éveil » ou de « pleine conscience », loin s’en faut, pourtant ce n’est quand même pas tout à fait un sommeil ou un coma non plus — le cerveau ne fonctionne pas mais le corps bouge. La Garreau qui a toujours des références sur tous les sujets se souvient qu’il y a longtemps de cela elle avait rencontré une dame qui était restée bloquée sous acides, et elle se dit qu’au niveau des symptômes physiques visibles c’était ce qui se rapprochait le plus d’un·e client·e de magasin poussant son chariot empoisonné.

    En tout cas même pour les dix à douze minutes qui lui restent à vivre la vieille punkàchienne espère ne jamais faire partie de l’humanité : ce serait vraiment trop la honte.