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  • La guerre aux pauvres commence à l’école : sur la morale laïque, entretien avec Ruwen Ogien
    http://www.questionsdeclasses.org/?La-Guerre-aux-pauvres-commence-a-l

    Questions de classe(s) - Avec La Guerre contre les pauvres commence à l’école : sur la morale laïque (Grasset, 2013, 168 p., 14,50 €) vous nous proposez un livre « sur » l’actualité qui s’ouvre en montrant que ce retour prôné par Vincent Peillon est tout sauf original et qu’il s’inscrit à la fois dans la nostalgie de l’école d’antan et dans le mouvement de revanche contre « l’esprit 68 » déjà porté par ses prédécesseurs. La nouveauté serait surtout que Vincent Peillon pourrait réussir à convertir la gauche (...)

    • L’idée qui se répand à nouveau, comme si on revenait au XIXe siècle, c’est que si vous êtes riche, c’est que vous le méritez, et que si vous être pauvre, c’est de votre faute. Vous ne vous levez pas assez tôt, vous ne cherchez pas un emploi avec suffisamment de persévérance, vous préférez être assisté, et ainsi de suite.

      On cherche de plus en plus massivement à « blâmer la victime ». C’est ce que j’appelle la guerre intellectuelle contre les pauvres.

      Cette guerre aux pauvres s’exprime aussi dans les tentatives d’expliquer la situation des plus défavorisés par des déficits moraux des individus, plutôt que par les effets d’un système social injuste à la base, et d’une redistribution des bénéfices de la coopération sociale et économique qui ne permet pas de compenser les handicaps initiaux.

      À mon avis, le retour de la morale à l’école exprime aussi cette philosophie, Mettre l’accent sur la nécessité de la morale à l’école permet de diminuer l’importance du facteur social dans l’explication de la violence et de l’échec scolaire. C’est en ce sens qu’on peut dire du retour de la morale à l’école qu’il est un nouvel épisode dans la guerre intellectuelle contre les pauvres, visant, comme les précédents, à les rendre responsables des injustices qu’ils subissent. S’ils échouent, c’est parce qu’ils sont immoraux

    • Ah merci, je comprends plein de choses avec ce texte. Par exemple pourquoi les enseignants refusent de me répondre quand je questionne sur une école au service des entreprises qui obligent les enfants à aller dans les ateliers d’Airbus pendant les heures de cours puis à rattraper ce temps perdu les mercredis après-midi. Ou bien quel est le pourcentage d’enfants qui passent en lycée pro, quels sont les décideurs ou quel est l’algorithme du robot qui trie, et sur ce chiffre, quant il existe, combien viennent des cités. Ou pourquoi les enfants qui ont moins de 7 de moyenne sont abandonnés à leur sort au second trimestre.
      La réponse, quand elle existe, invariablement me renvoie à l’individu, au parcours du produit scolarisé que j’ai enfanté, le seul qui est censé m’intéresser.