Le Monde diplomatique

Mensuel critique d’informations et d’analyses

    • Les contrats précaires et la faiblesse des rémunérations brouillent la frontière entre salariat et bénévolat, instaurant un flou dans la relation entre travailleur aidant et usager aidé. « On ne peut pas être plus précaires que le public qu’on accueille », résume un membre de l’intersyndicale d’Emmaüs. Le consentement au travail pas ou peu rémunéré au nom d’un engagement militant s’explique par la conviction de faire vivre une « autre économie ». Or cette croyance s’avère de moins en moins fondée. De nombreuses enquêtes (7) font ainsi apparaître l’importation des pratiques du management privé au sein de l’ESS, à travers le recrutement de jeunes diplômés généralement issus d’écoles de commerce.

      Article de l’ordre du constat et non de l’analyse des causes. Or, le glissement du fonctionnement des associations d’un truc gentiment social à un truc méchamment marchand ne doit rien au hasard ou à l’air du temps, c’est une stratégie délibérée de mise en concurrence, de marchandisation et de laboratoire de la précarisation de la main d’œuvre par le glissement des subventions de fonctionnement, éliminées pour être remplacées par des subventions à la précarité croissante des salariés : http://blog.monolecte.fr/post/2007/01/03/le-precariat-contre-le-salariat

      Donc, privées du soutien des subventions des collectivités, les associations doivent trouver le fric ailleurs : sur le dos des salariés, en consommant des emplois aidés et par définition jetables et en « montant en gamme dans les prestations », afin d’être rentables. Ainsi, des associations jeunesse ou culture qui avaient pour vocation d’ouvrir de nouveaux horizons aux familles défavorisées ont lentement augmenté leurs tarifs, jusqu’à se retrouver prestataire de la classe moyenne, en concurrence directe avec le secteur marchand !