Je raconte régulièrement ma prise de bec avec mon directeur de recherche qui m’avait balancé qu’il regrettait que je ne consacre pas assez de temps à mon travail pour faire grandes choses.
Ce à quoi, je lui avait répondu très sèchement que je n’avais pas quelqu’un comme sa femme pour déléguer les tâches ingrates.
Qu’en dehors de la Fac, de la Bibli, des TP et du terrain, il me fallait trouver du temps pour faire les courses, me faire à bouffer, laver le linge, gérer les factures, l’administratif (y compris les LOOOONGUES files d’attente à la CAF), me tenir propre et en bonne santé, etc. Et encore, on partageait les tâches assez équitablement avec mon compagnon.
Là, mon directeur de recherche, assez désarçonné par la verdeur de ma réplique, m’avait avoué que depuis son mariage, sa femme (elle-même brillante chercheuse) avait tout abandonné pour consacrer sa vie à 100% au confort et à la réussite de monsieur. Elle s’occupait absolument de tout, y compris son emploi du temps, les fringues prêtes à être enfilées le matin (pour ne pas perdre de temps à chercher, assortir), bagagerie en cas de déplacement, gestion des gosses pour ne pas déranger le grand homme, portage des repas dans le bureau pour ne pas interrompre le travail et même la relecture des ses cours, conférences, abstracts, épreuves de bouquins (ben oui, elle était en plus compétente), gestion des relations extérieures et familiales, absolument tout.
Parce que j’avais fait ma soupe au lait devant sa remarque, il s’était rendu compte qu’il n’avait aucune autre charge mentale que sa réussite professionnelle. Je lui ai fait remarquer que c’était là un luxe inabordable pour une femme, parce que même le plus dévoué des compagnons ne s’effacerait pas à ce point-là… et surtout, que je ne pouvais pas souhaiter que quelqu’un doive faire ça pour moi…