• Lettre à mes amis

    http://blog.nkb.fr/lettre-a-mes-amis-2

    Si vous avez grandi dans les années 1990 en France, comme moi, vous avez été acheter du riz en 1992 pour les enfants de Somalie (c’était le gouvernement qui organisait un truc pareil, à l’époque).12 Vous avez éprouvé de la compassion pour les enfants de Sarajevo trois ans plus tard et vous avez été très en colère en 2002 quand Le Pen est arrivé au deuxième tour.

    L’enfant somalien qui a sans doute mangé du riz que vous avez amené à l’école en 1992, il a la trentaine aujourd’hui et, si il n’est pas mort, il essaye de venir en Europe ou au moins il y pense. Et pourtant, nos gouvernements - parfois les mêmes personnes que celles qui nous ont demandé d’aller acheter du riz en 92 ! - sont prêts à laisser ce Somalien crever en Méditerranée. Ou plutôt, en Libye, car là on est sûr que son cadavre ne va pas venir s’échouer sur une plage italienne et pourrir nos vacances.13 A Calais, on a même interdit de lui donner à manger !14

    Les valeurs défendues par nos gouvernements sont passées, en une vingtaine d’années, de l’humanisme le plus naïf à un cynisme meurtrier.15 Pour moi et pour chacun d’entre nous, il faut faire un choix. Est-ce que vous restez aux côtés du gouvernement ? Ou est-ce que vous restez fidèle aux principes avec lesquels vous avez grandi ?
    ...
    Essayez de vous dissocier activement de ceux qui propagent des valeurs de haine. C’était peut-être marrant d’utiliser des insultes basées sur la couleur de peau ou l’orientation sexuelle quand on était au collège, où on évoluait dans un environnement culturellement divers à une époque ou l’antiracisme était la politique officielle. En se traitant de “pédé” ou de “négro”, on sortait de ce qui était permis, on transgressait. Maintenant que nous sommes entre blancs (l’école républicaine a bien fait son travail de ségrégation) et que la politique officielle est de stigmatiser les Musulmans, les Noirs et les Roms, on ne peut plus rire de ces stéréotypes de la même manière. Trouvez des alternatives.20
    ...
    Pensez à long terme. Rien de ce que vous pouvez faire ne va endiguer la peste brune. Elle a déjà atteint les organes vitaux aux États-Unis et en France. Elle ne s’arrêtera que lorsqu’elle aura bouffé tout ce qu’elle pouvait. Comme à ce moment là, il y a des chances pour que les sociétés basées sur l’agriculture ne fonctionnent plus, vu que le climat ne le permettra plus,22 il y aura tout à réinventer. C’est bien pour ça qu’il faut conserver les valeurs auxquelles on tient à l’abri des assauts du gouvernement actuel et futur. Si ce plan vous botte, espérez pas y arriver seuls. Rejoignez des associations ou des mouvements qui s’y attèlent. Pas des “marcheurs” qui vous mettent le même vomi dans de nouvelles boîtes et vendent ça comme si c’était du caviar,23 non, mais plutôt des initiatives qui savent ce qu’elles défendent même si elles ne savent pas où elles vont. Allez aux manifs de Pulse Of Europe (tous les dimanches après-midi) et à la Marche pour les Sciences. Et, mais alors vous n’imaginez pas à quel point ça me fait mal au cul de l’écrire, pensez à une institution qui a souvent été en porte-à-faux avec le gouvernement : l’église.24 Si vous êtes cathos, regardez du côté des Jésuites (ne vous trompez pas de porte, l’église catholique ne manque pas de courants puants). Le pape Francis est le plus humaniste des chefs d’état en exercice en Europe. Ça en dit long sur l’état de déchéance morale où l’on se trouve, et c’est une chance à ne pas rater.

    Si vous m’aviez dit un jour que je terminerais une lettre en conseillant de se rapprocher des Jésuites,25 je ne vous aurais pas cru. J’aurais eu tort.

    #gouvernance #opposition #lettre #opposant