Articles repérés par Hervé Le Crosnier

Je prend ici des notes sur mes lectures. Les citations proviennent des articles cités.

  • Un singe photographe peut-il prétendre au droit d’auteur ? La justice ne tranchera pas - Pop culture - Numerama
    http://www.numerama.com/pop-culture/288913-un-singe-photographe-peut-il-pretendre-au-droit-dauteur-la-justice-

    Encore une histoire d’argent sur le dos du domaine public

    Le droit ne tranchera donc pas cette question.

    Peut-être que la justice allait trancher en constatant que faute d’auteur, et donc de droits rattachés à cette qualité, le selfie de Naruto doit être totalement libre de droits et dont librement exploitable par quiconque le souhaite, aussi bien à titre gratuit que commercial. On ne le saura jamais, deux parties n’ayant a priori aucun droit sur l’affaire ayant trouvé un accord extra-judiciaire.

    En effet, l’association de défense des animaux Peta (People for the Ethical Treatment of Animals) a annoncé lundi 11 septembre qu’un accord à l’amiable a été trouvé avec le photographe Christian Slater, qui avait découvert la présence de ce cliché étonnant en remettant la main sur son appareil. Dans cette affaire, Peta s’était mobilisée pour défendre les intérêts du singe devant les tribunaux américains.

    25 % des revenus générés par la photo iront à des organisations de protection de la vie animale

    « Christian Slater a accepté de donner 25 % de tout revenu futur provenant de l’usage ou de la vente du selfie du singe à des organisations caritatives qui protègent l’habitat de Naruto [le nom du singe, ndlr] et des autres macaques de son espèce en Indonésie », lit-on dans le communiqué. Donc, les éventuels gains générés par le photographe avant l’accord ne sont pas couverts.

    Cette conclusion a quand même de quoi étonner, dans la mesure où les deux parties concernées ne sont techniquement pas en mesure de prétendre avoir des droits sur la photo :

    Et si je ne touche pas les réglages de mon iPhone, est-ce que Apple peut demander des droits d’auteur ?

    #Domaine_public #Selfie #Macaque #Scandale

    • Je vois pas trop le rapport avec Apple ou Canon ou Kodak . Concretement, c’est un vilain troll de la part de PETA. C’est extrêmement préjudiciable pour le respect des droits des photographes. Je vais paraitre corporatiste pour la 1ere fois de ma vie, mais il y a tellement d’attaques actuellement spécifiquement sur les photographes, que ça devient fatiguant ... Concrétement, sans le photographe, il n’y aura pas eu de photo . Dans certaines créations photographies artistiques ( par exemple chez David La Chapelle ou Pierre et Gilles ) , ce n’est pas forcement le photographe qui declenche . L’acte photographique ne peut pas se resumer à appuyer sur un bouton.

    • En fait, cette histoire est longue, et le jugement (ou plutôt son absence) n’est qu’un des rebondissements.

      Totalement d’accord pour penser que PETA n’est mue que par l’argent, et participe d’un détricotage du domaine public.

      La première décision avait été prise par le Bureau du Copyright auprès de la Library of Congress qui avait estimé que la prise de vue étant réalisée par un non-humain ne pouvait relever de la loi sur le droit d’auteur.

      On aurait pu/du en rester là, ce qui aurait conservé la qualité d’auteur aux humains (donc aux photographes). Nul doute que l’ambiguïté et l’intéressement de PETA va avoir des conséquences graves, à la fois sur les photographes et sur le domaine public.

      Il y a une différence entre l’installation des artistes cités et le hasard de la prise de vue du macaque. En ce sens, le jugement qui fait apparaître les « réglages » comme susceptibles de procéder de la création d’une oeuvre est évidemment très dangereux. Nous utilisons de plus en plus des appareils qui en réalité ne nous appartiennent pas, mais sont sous la double responsabilité du producteur et de l’usager. L’exemple des voitures Tesla pour lesquelles la firme a débloqué un système permettant aux usagers de Floride de mieux fuir l’ouragan est significatif.

      On va donc voir de plus en plus de procès qui porteront sur l’indépendance de l’usager par rapport aux réglages et configurations « d’usine ». Ce qui ne sera pas sans conséquence sur la création des artistes photographes.

      Le deuxième danger pour les photographes (professionnels) est que l’acceptation du fait que le droit d’auteur puisse s’appliquer à des non-humains. Cela va ouvrir la porte à donner des droits d’auteur aux systèmes automatiques : caméras de surveillance, photos des satellites (NASA comme ESA ont considéré qu’il s’agissait bien d’un domaine public), et en « débat » les oeuvres « crées » par des intelligences artificielles.

      Faire passer tout sous le chapeau du droit d’auteur est dangereux, tant pour la société (existence d’un domaine public qui est sans cesse réduit comme peau de chagrin) et pour les auteurs eux-mêmes (dont les photographes).

    • @hlc oui mais la maitrise du matériel ou d’une technique n’est pas ce qui definis une pratique photographique. C’est pas de l’artisanat. On a longtemps dit que la photographie d’art devait se resumer à du noir et blanc à la chambre photographique. On peut utiliser des outils sans les comprendre.

    • Je pense que cet affaire est surtout l’occasion de se poser la question du statut des non-humains dans ce système souvent abusé du droit d’auteur. Je ne sais plus ou j’ai lu l’argument qu’en fait le macaque en question a eu un rôle dans la photographie dans le sens ou voyant son reflet dans l’objectif, il a sourit et que sans ce sourire la photo n’aurait pas eu cette célébrité. Il y a d’autres cas, par exemple dans les pratiques de performance, le cirque etc... ou cette question de la place du non-humain comme auteur est en question, et le PETA n’a pas grand chose avoir là dedans. Là, évidemment ça tombe sur un photographe dont le droit d’usage et de rémunération de leur travail est extrêmement malmené. Je n’arrive pas à croire que le droit d’auteur soit le bon moyen d’assurer aux photographes la juste rémunération à laquelle ils ont droit. Ce qui est du droit d’auteur en tant que tel, celui inaliénable de celui qui crée, il est souvent sujet à des controverses juridiques dans les cas d’un travail collectif. D’une certaine manière, sur cette affaire du selfie, le photographe aurait pu aussi envisager la question dans ce sens. @izo tu parles de travaux collectifs où un auteur est reconnu en photographie, d’une certaine manière c’est comme au cinéma. Qu’il y ait un auteur, n’empêche pas au rôle de chacune des personnes qui permettent l’existence de l’œuvre finale d’être reconnu d’un côté (par exemple en nommant ces rôles) et rémunéré de l’autre.

    • Je suis d’accord avec tout ça. Je trouve ça dommage que l’on malmene le droit d’auteurs lié à la photographie dans ce contexte. Il est urgent de reformer le droit d’auteurs mais c’est dommage de taper sur les plus « faibles » :)