• Vu et revu Holy motors, formidable.

    Projection Publique » Holy M, 2
    http://blog.slate.fr/projection-publique/2012/07/04/retour-sur-holy-motors-de-leos-carax

    C’est impossible à expliquer à qui n’a pas vu le film, cette fluidité du mouvement qui ne cesse de mener le film et son protagoniste de l’avant, en même temps que sont radicalement disjointes situations et ambiances, en même temps que mutent sèchement l’intensité de chaque épisode, et la distance à un réel qui ne cesse jamais d’être là. D’être là comme l’alpha et l’oméga de la fiction, en même temps que comme un état parmi d’autres des propositions d’imaginaire, de croyance, de fantaisie – et bien sûr de souvenirs d’autres films. D’où l’humour du film. Sa cruauté. Sa tristesse aussi.

    Certains plans de Holy Motors portent la marque d’un surdoué du cinéma. Cela importe à peine. Certains cadres magnifient des visages et des corps de femme comme rarement des films en furent capables. Certains moments entrebâillent sur une violence et une tendresse irradiant de Denis Lavant, à en donner le vertige. En y repensant, cela revient très fort, la puissance des images, la folie du travail, du combat et du sexe sur fond vert, la montée dans la nef noire de la Samaritaine avec Kylie Minogue, cette jeune femme au chevet du vieillard mourant, la fulgurance d’un coup de flingue à la terrasse du Fouquet’s, cet absolu de l’humain enregistré par Etienne-Jules Marey dès l’aube du cinéma et à jamais, une infernale et sublime piéta au fond de l’égout, avec érection torse et corps surnaturel enrobé dans l’étoffe dont sont faits les songes. La paix, pourtant. La paix, là, loin des machines, et d’une société machinalement machiniques.

    • Ben, pour filer la métaphore culinaire pour moi c’était plutôt le grand menu dans un trois étoiles. J’ai plus ou moins aimé chaque plat, mais le tout était supérieur à la somme des parties.
      A propos de parties, Lavant aurait dit à la télé que c’est vraiment la sienne.

    • @monolecte tu veux dire qu’il faudrait que tu le revois pour savoir si c’est vraiment celle de Denis Lavant ?

      Sinon je dois dire que ta métaphore culinaire est assez parlante en ce qui me concerne pour ce film. C’est curieux Holy Motors est un film qui m’a fait un peu le même effet, quand il est sorti, que Jusqu’au bout du monde de Wim Wenders, en en sortant, il y a vingt ans ou presque, je me suis dit que c’était pas mal quand même toute cette réflexion sur les images, c’était il y a vingt ans, cela parlait déjà de la numérisation des images, et puis il n’y a pas longtemps, j’ai eu l’occasion de le télécharger et là, quelle horreur !, cela avait vraiment très très mal vieilli. Et je me demande si ce n’est pas cela qui attend ce dernier film de Carax, un vieillissement prématuré. Et pourtant dans le vieux film de Wenders j’ai aimé cette idée que l’on puisse se droguer avec ses propres rêves enregistrés et dans celui-là de Carax, l’idée que nous soyons tous en représentation pour d’autres qui sont eux mêmes en représentation pour nous.