ARNO*

Geek dilettante habitant une belle et grande propriété sur la Côte d’améthyste

  • Stains : le préfet met en demeure le maire de retoucher la fresque contre les violences policières
    https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/le-prefet-met-en-demeure-le-maire-de-stains-de-retoucher-la-fresque-contr

    Le préfet de Seine-Saint-Denis, Georges-François Leclerc, a annoncé ce lundi après-midi, après avoir reçu une délégation du syndicat de police Alliance en marge d’une manifestation à Bobigny, qu’il allait mettre en demeure le maire (PCF) de Stains Azzedine Taïbi de retirer la mention « policières » de la fresque réalisée dans sa commune en hommage à George Floyd et Adama Traoré.

    Le préfet de Seine-Saint-Denis accède ainsi au souhait des policiers, ulcérés par cette œuvre murale représentant les portraits des deux hommes avec la mention « Contre le racisme et les violences policières ».

    Après, je doute que la « mise en demeure » soit même vaguement légale. Je suis persuadé que le maire peut lui dire de se la rouler et de la ranger au frais en attendant qu’un tribunal invalide cette saloperie.

    • J’imagine que la mise en demeure est basée sur l’article L2215-1 du code général des collectivités territoriales :

      La police municipale est assurée par le maire, toutefois :
      1° Le représentant de l’Etat dans le département peut prendre, pour toutes les communes du département ou plusieurs d’entre elles, et dans tous les cas où il n’y aurait pas été pourvu par les autorités municipales, toutes mesures relatives au maintien de la salubrité, de la sûreté et de la tranquillité publiques.
      Ce droit ne peut être exercé par le représentant de l’Etat dans le département à l’égard d’une seule commune qu’après une mise en demeure au maire restée sans résultat

      https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006070633&idArticle=LEGIART

    • Oui, c’est aussi ce que je me suis dit. Et c’est tout à fait parlant : parce que c’est qui, ici, qui menace de troubler l’ordre public, sinon les syndicats de flics eux-mêmes ? Il est tout de même assez saugrenu d’arguer de la menace du trouble à l’ordre publique, alors qu’ici très clairement, ceux qui menacent de foutre le bordel, ce sont les flics eux-mêmes…

      Ce qui malgré cela ne résout pas le problème de la légalité. Le préfet ne peut décréter qu’une peinture politique, inaugurée en présence du maire lui-même, trouble l’ordre public. La liberté d’expression, et surtout l’expression d’opinions politiques, est elle aussi protégée dans ce pays.

    • https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/06/la-fresque-la-phrase.html

      La fresque ou la phrase. Ce que l’on veut garder. Ce que l’on veut effacer ou recouvrir. Ce dont on veut se souvenir. Ce qui reste et ceux qui ne sont plus là. Ce ne sont que des mots. Mais ils sont essentiels. Comme sont essentiels les noms de Georges Floyd et d’Adama Traoré. Comme est légitime et nécessaire l’interrogation sur les violences policières, deux autres maux. Effacer des mots c’est effacer des réalités. N’effaçons rien de ce que nous sommes. Parce que nous sommes la somme de nos mots. Et que chaque respiration est une humanité en devenir. La contraire de l’étouffement. We can breathe. Nous qui pouvons respirer librement le devons encore davantage en partage à celles et ceux pour qui chaque respiration est un risque.

      Et si la démocratie est en effet un exercice de rendu public, dans cette démocratie là, chaque publication est aussi une respiration. Et doit pouvoir le rester.