La prévention et la responsabilité, c’était nous - Mon blog sur l’écologie politique
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Comparaison entre les écolos radicaux et au final leur cible pollueurs en voiture « et qui assument », les deux utilisant les mêmes arguments.
« Oui mais au final personne n’est tombé malade. » En effet, il est possible que personne ne tombe malade suite à ce séminaire. Mais cela désavoue-t-il feue notre vision du risque et du principe de précaution ? La dernière fois que j’ai regardé, c’est les élites productivistes qui étaient riscophiles, qui se satisfaisaient que des catastrophes nucléaires aient eu lieu ailleurs mais pas en France pour prédire que ça n’arriverait jamais chez nous (quand bien même nous avons fait l’expérience d’incidents mineurs et très nombreux). Ces hommes bourgeois qui nous gouvernent ont été élevés dans des milieux protégés, ils ont bénéficié toute leur vie d’une belle assurance (matérielle et morale), ils prennent des risques dont ils sont les derniers à subir les éventuelles conséquences. Ils chient depuis des décennies sur le principe de précaution et moquent les craintes excessives des écologistes – quand bien même elles finissent inéluctablement par être justifiées et quand bien même l’« heuristique de la peur » qui les fonde serait bien plus fine que les caricatures qui en sont faites.
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Ce principe de précaution ne semble plus une vision partagée de l’écologie politique. Dans les milieux écologistes que je fréquente, cette dernière année nous avons annulé des rencontres, nous en avons organisé certaines avec un niveau élevé de réduction des risques et d’autres sans aucun geste de précaution (ni aération, ni port du masque, densité de participant·es élevée). Nous n’étions visiblement pas tou·tes sur la même ligne. Sans surprise, ce sont les endroits où aucune mesure n’a été prise qui ont contaminé leurs participant·es, pas les autres. À ma connaissance personne n’en est mort·e directement, il n’a été question que de sales crèves, de semaines passées au lit, de toux qui durent des semaines, d’isolement et de dépression. Et de contribution à la circulation d’une maladie qui a tué plus de 100 000 personnes dans le cours d’une année, soit deux fois plus que la pollution de l’air. On s’en fout ? On s’en fout, disent certain·es, ces personnes sont majoritairement vieilles et elles ont eu une belle vie (manière de dire qu’elles sont désormais improductives). Maintenant c’est aux enfants et aux jeunes qu’il faut penser et ils doivent apprendre la liberté absolue de rester le nez à l’air même si papi doit en crever. Qu’importe que ce qui fait notre humanité, ce soit le soin aux personnes vulnérables. On a trouvé des restes humains qui montrent que des groupes préhistoriques s’encombraient de vieux inutiles qui marchaient avec difficulté mais aujourd’hui, jusque dans les discours écologistes, la vie de ces personnes semble de trop.
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J’entends bien que les comportements puérils sont une réaction à une gestion autoritaire, vexatoire, violente, inhumaine, cynique, inéquitable, monarchique et pour toutes ces raisons peu efficace de la crise sanitaire. Mais nous n’avons pas à entrer dans un jeu qui justifie l’autoritarisme de papa Macron. Quand on ne souhaite pas être infantilisé·e, le meilleur moyen est justement de ne pas se comporter comme un enfant (dès qu’on ne nous enferme plus chez nous, c’est le retour des sans masque dans le métro et les lieux publics fermés, comme si nous ne comprenions que la trique). Le meilleur moyen est de s’administrer soi-même, de reconquérir son autonomie. J’ai la faiblesse de penser que celle-ci ne peut être que collective. Et qu’elle passe par une information de qualité, par la délibération et par la prise en compte dans nos arbitrages des plus fragiles d’entre nous, économiquement, physiologiquement et psychologiquement, sans postuler que nous sommes tou·tes un membre de la petite bourgeoisie protégée, en parfaite santé et dans la force de l’âge.
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