• Aide aux victimes : au 116 006, 6 minutes et pas une de plus pour dire sa détresse
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    Scandaleux : le ministère de la Justice, dans le cadre de son appel d’offres pour la prise en charge du numéro vert d’écoute, prévoit de limiter le temps des conversations à six minutes. Au-delà, l’association qui reçoit votre appel pourra faire l’objet d’une pénalité financière.

    Si vous êtes en situation de détresse et qu’il vous vient à l’idée d’appeler le numéro vert dédié aux victimes, ne vous éternisez pas en explications. Le ministère de la Justice vient de lancer un appel d’offres pour la prise en charge du 116 006. Le texte prévoit une limitation du temps des conversations, fixée à… six minutes. Au-delà, l’association qui reçoit votre appel pourra faire l’objet d’une pénalité financière.
    45 000 appels par an

    Jusqu’à aujourd’hui, la règle était déjà de limiter 80 % des appels à moins de six minutes, les autres pouvant atteindre vingt minutes. Avec ce nouvel appel d’offres, ces derniers ne devraient plus dépasser neuf minutes. Et, au-delà, l’association verrait son financement restreint.

    Voir aussi : Violences sexuelles. Ces 3500 témoignages qui contredisent Marlène Schiappa

    « Le gouvernement entend mesurer l’écoute des victimes comme si c’étaient des personnes qui prenaient contact avec le service après-vente d’une entreprise, c’est choquant », s’est insurgé dans le JDD Jérôme Bertin, de l’association France Victimes, qui recueille environ 45 000 appels par an de personnes en détresse. « Ces critères de temps sont élaborés par des gestionnaires déconnectés du terrain simplement pour limiter le montant du marché public. »
    Dupont Moretti plaide le manque de discernement

    Une victime de harcèlement, de viol ou d’agression devrait donc en un temps limité expliquer sa situation. Le receveur de l’appel, lui, devrait dans le même temps rassurer la personne, répondre à ses questions, l’orienter et l’informer sur ses droits. Pour Jérôme Bertin, ces contraintes violent les principes de la législation européenne sur le droit d’accès à l’aide des victimes.

    Voir aussi : Violences conjugales. « La prochaine sortira les pieds devant »

    Interpellé, le ministre de la Justice, Éric Dupont Moretti, a plaidé le manque de discernement de son cabinet. « Nous lui avons demandé de suspendre le marché public (…) et nous avons déposé un recours administratif », indique le directeur général de France Victimes. On ne sait pas combien de temps prendra cette procédure d’annulation.