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j’écris des trucs là parfois http://rebellyon.info

  • La mécanique des lettres
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    9. La situa­tion des fac­teurs me rap­pelle celle des ouvriers à domi­cile qu’on trans­for­mait en ouvriers d’usine. Est-ce la même chose d’être fac­teur que d’être un opé­ra­teur de l’Usine La Poste, dis­tri­buant le cour­rier pré­paré par des machi­nes dans un loin­tain centre de tri (PIC) ? Être « contre la casse du métier de fac­teur », est-ce que ça ne signi­fie pas défen­dre ce métier, à com­men­cer par son auto­no­mie ? Le fac­teur, c’est quelqu’un qui connaît les gens par leur nom, qui rend des ser­vi­ces. C’est impor­tant d’être en contact avec les col­lè­gues, et avec les clients. On ne veut pas être de sim­ples dis­tri­bu­teurs de cour­rier mais connaî­tre les tour­nées et les clients ; si on veut bien que les machi­nes nous sim­pli­fient la vie, on ne veut pas deve­nir leurs escla­ves (et là, je ne sais pas si cette pos­ture est illu­soire, parce que le piège des machi­nes est assez tordu, et qu’il est facile d’y tomber). La robo­ti­sa­tion, c’est consi­dé­rer les acti­vi­tés pro­duc­ti­ves comme une corvée, vou­loir s’en débar­ras­ser, vou­loir réduire la quan­tité de tra­vail néces­saire. Or, ne serait-il pas plus logi­que d’admet­tre que cer­tains métiers sont néces­sai­res (oui, on veut rece­voir notre cour­rier tous les jours) et que pour les exer­cer on veut les ins­crire dans d’autres choses pour qu’ils ne soient pas vécus comme des cor­vées ? Quand on voit le sens de son tra­vail, qu’on trouve le moyen de s’y impli­quer, d’y mettre de soi, c’est ça qui le rend sup­por­ta­ble. Et je dis que le métier de fac­teur fait partie de ces acti­vi­tés qu’il faut conser­ver, donc qu’il faut rendre sup­por­ta­bles. Qu’il faut enchâs­ser dans le social.