• Extrême droite : le pouvoir accélère sur le boulevard du pire
    par Ellen Salvi, 4 avril 2023
    https://www.mediapart.fr/journal/france/040423/extreme-droite-le-pouvoir-accelere-sur-le-boulevard-du-pire

    Un rugbyman argentin tué en plein Paris par des militants d’extrême droite. Pas un mot de Gérald Darmanin. Des élu·es menacés de mort ou de viol pour avoir défendu un projet d’accueil de réfugié·es à Callac (Côtes-d’Armor). Pas un mot de Gérald Darmanin. Le Planning familial de Gironde ciblé par des tags haineux. Pas un mot de Gérald Darmanin.

    Des militants antifascistes agressés dans le centre-ville de Poitiers (Vienne). Pas un mot de Gérald Darmanin. Le maire de Saint-Brévin-Les-Pins (Loire-Atlantique) victime d’un incendie volontaire, après des semaines de menaces. Pas un mot de Gérald Darmanin. Une future mosquée dévastée à Wattignies (Nord). Pas un mot de Gérald Darmanin. Des étudiant·es attaqué·es par des commandos baptisés « Waffen Assas ». Pas un mot de Gérald Darmanin.

    La liste des silences du ministre de l’intérieur est longue. S’agissant d’un homme qui communique plus vite que son avatar Twitter, elle est aussi très bavarde.

    [...]

    Gérald Darmanin dit n’importe quoi. Ses propos à l’emporte-pièce sont vénéneux. Ses stratégies politiques aussi grossières que malhonnêtes. Sa façon d’opposer le « bon sens du boucher-charcutier de Tourcoing » aux études statistiques, ridicule et démagogique. Pourtant, nous aurions tort de nous focaliser sur sa seule personne.

    Après tout, le ministre de l’intérieur ne fait que copier – assez médiocrement d’ailleurs – la méthode au « Kärcher » de son mentor Nicolas Sarkozy dans l’espoir de connaître le même destin politique. Dans un autre contexte, nous pourrions balayer le sujet en arguant que le devenir de Gérald Darmanin n’intéresse que lui.

    La dépolitisation de l’espace public

    Mais le problème est en réalité beaucoup plus sérieux. Car le fait que le ministre de l’intérieur se vautre aussi fréquemment, et surtout sans jamais être recadré, dans ce que Christiane Taubira avait qualifié de « déchets de la pensée humaine », en dit long sur le rôle qu’il joue au sein de l’écosystème macroniste et les visées d’un pouvoir qui a transformé le cynisme en art de vivre.