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    Le jour où DSK est devenu Président
    Par Jack Dion
    Et si Nafissatou Diallo n’était pas rentrée dans la suite 2803 du Sofitel de Manhattan, le 14 mai 2011 ? C’est à partir de cette hypothèse rocambolesque que David Desgouilles a planté le scénario de son livre Le bruit de la douche, un roman digne d’un essai politique écrit comme un thriller. Pour le coup d’essai de ce blogueur, membre de la rédaction de Causeur, c’est un coup de maître.
    Dès lors que DSK échappe à l’engrenage infernal, les cartes du jeu politique sont rebattues. L’ancien directeur général du FMI devient logiquement le candidat PS à la présidentielle. Prêt à tout pour arriver à ses fins, il prend comme conseillère politique une jeune franc-comtoise (comme Desgouilles) dénommée Anne-Sophie Myotte. Formée à l’école Montebourg, cette militante socialiste est convaincue que la souveraineté est la mère des batailles, et que Sarkozy peut être battu grâce à un positionnement a priori invraisemblable de la part d’un personnage comme DSK.
    Banco ! L’un des hommes qui symbolisent le virage social-libéral du PS devient Président de la République, en 2012, en défendant une ligne aux antipodes de celle en vigueur chez les Solfériniens. C’est un peu comme si François Hollande avait appliqué la partie oubliée de son discours du Bourget et ne s’était pas couché devant Angela Merkel. Né d’une improbable PMA idéologique, le DSK new look va se heurter à la Troïka, et résister. On n’en dira pas plus pour laisser au lecteur de déguster le livre, jusqu’à la pirouette finale.
    David Desgouilles a de l’humour à revendre, une plume à laquelle il vaut mieux ne pas se frotter, et une parfaite connaissance des pratiques en vigueur dans ce petit monde mediatico-politique où la fin justifie tous les moyens. Il n’en fallait pas moins pour donner corps romanesque et crédibilité politique à cette uchronie ravageuse.
    * Le bruit de la douche, David Desgouilles, Michalon, 254 p, 17€.

  • Jean-Luc Mélenchon, l’homme à abattre

    http://www.marianne.net/jean-luc-melenchon-homme-abattre-100231958.html

    Le Mélenchon bashing est devenu un sport très prisé dans l’univers politico-médiatique, au point que l’on finirait presque par s’y habituer, comme on s’habitue aux giboulées de mars ou à la neige à Noël. Dernier exemple en date : la prise de position du coleader du Front de gauche sur l’assassinat de l’opposant russe Boris Nemtsov. Celle-ci lui a valu un procès en sorcellerie de la pire espèce, menée par ses ennemis déclarés, ses vrais faux amis politiques et une cohorte de Fouquier-Tinville de sous-préfecture.

    Certes, comme à son habitude, Jean-Luc Mélenchon n’y est pas allé avec le dos de la cuillère à bortsch. Mais est-ce une raison pour le clouer au pilori de l’infamie ? Pour qui sait lire, l’essentiel de son (long) propos vise à refuser une russophobie ambiante décuplée par l’affaire ukrainienne, dans laquelle il voit un risque de dérive guerrière périlleuse. Certains ont réduit ce propos circonstancié à une diatribe anti Nemtsov fantasmagorique doublée d’un hymne à Poutine imaginaire.

  • Le peuple méprisé et la démocratie bafouée
    Par Jack Dion

    Doucement, mais sûrement, les gens ordinaires, le peuple, ont été expulsés des sphères du pouvoir et comme effacés du paysage. Ce mépris a engendré une situation explosive, estime Jack Dion, dont la France ne pourra se sortir qu’en échappant aux élites mondialisées.

    Voici peu, L’Obs titrait sur « la jeune garde du président ». L’hebdomadaire proposait une photo digne du film « Les damnés » de Visconti. On y voyait des jeunes loups propres sur eux posant dans un décor suranné. Leur point commun ? Ils sont jeunes, socialistes, et formatés par leur passage à l’ENA. C’est la victoire de la gauche telle que l’a rêvée Terre Nova, proche du PS : idéologiquement rangée et socialement élitiste. Les deux vont de pair, d’ailleurs.

    On ne saurait imaginer plus beau symbole de ce que j’appelle « Le mépris du peuple » dans un ouvrage qui vient de paraître (1), avec comme sous titre : « Comment l’oligarchie a pris la société en otage ». On nous parle de démocratie, on nous chante les droits de l’homme, on nous vante les progrès supposés de la mixité. Mais qu’en est-il ?

    La réalité est celle d’un pays où le peuple a été expulsé de toutes les sphères du pouvoir. Il y a un siècle et demi, la Commune de Paris permettait à des gens de peu d’accéder aux plus hautes responsabilités. Parmi les 90 élus, on retrouvait toute la diversité sociale de l’époque. C’est à eux que l’on doit l’esquisse d’un droit du travail, l’enseignement laïc et obligatoire ou la mobilisation des femmes. Aujourd’hui, on serait en peine de trouver des ouvriers ou des employés parmi les députés et les sénateurs.

    Les élites ont les mêmes origines, fréquentent les mêmes lieux, et pensent à peu près la même chose sur tout (ou presque).

    Ainsi, dans l’équipe Hollande, Emmanuel Macron, ex banquier chez Rothschild, cohabite avec la conseillère de l’Elysée Laurence Boon, ex chef économiste chez Barclays France, puis chez Bank of America et ancienne membre du conseil d’administration du groupe Pinault. Voilà comment un président ennemi déclaré de la finance se retrouve entouré d’enfants de la banque. Les oligarques du CAC 40 font la pluie et le beau temps dans l’économie, comme en témoigne l’affaire Alstom. Les médias sont sous l’emprise d’une caste qui se répartit les postes comme on s’échange le sel et le poivre lors d’un repas de famille…

    La réalité est celle d’un pays où tout ce qui vient du peuple est ignoré, méprisé, caricaturé, diabolisé, et rejeté au nom du « populisme » honni. Une épuration soft a dégagé le terrain social au profit d’une élite mondialisée qui se joue des alternances - un jour la droite décomplexée, un autre la gauche complexée – pour emmener le bateau France vers les eaux glacées du modèle anglo-saxon, sous la férule d’une Europe pour qui les nations n’existent plus.

    Dans une France qui se réclame des droits de l’homme et du citoyen, et dont l’histoire est celle des révoltes populaires, le peuple se voit ainsi réduit à pointer aux abonnés absents. Un système de monarchie républicaine permet de gouverner en ne représentant qu’une infime minorité de la population. Bref, tout ce qui vient de la France d’« en bas », comme on dit, est suspect, voire subversif. Même la notion de souveraineté populaire est jugée attentatoire à la nouvelle doxa.

    Curieusement, cette forme d’éradication de classe s’opère dans une relative indifférence. Peu de voix s’élèvent contre l’exclusion méthodique des couches populaires. Désormais, quand on les évoque, on les associe d’office au FN, sans se demander pourquoi et comment il y a plus d’ouvriers qui s’abstiennent ou votent FN plutôt que PS ou Front de Gauche. On les caricature, on les insulte, on les traite de racistes ou de xénophobes, comme si le peuple, dès lors qu’il échappait à l’emprise idéologique des élites, avait vocation inéluctable à tomber dans les bras de Marine Le Pen.

    Cette situation est proprement explosive. Un pays qui n’est pas à l’écoute de son peuple est un pays qui se meurt. On songe à la fameuse formule de Brecht évoquant avec humour la nécessité de changer de peuple au cas où il serait trop rétif. Quand il y a une telle fracture entre la France d’en haut et celle d’en bas, entre les élites et les milieux populaires, la mèche est allumée.

    Au lieu de se focaliser sur un Front Républicain inopérant face au FN, il est urgent de régénérer la démocratie et de renouveler la politique, étant entendu que l’un ne va pas sans l’autre.

    (1) « Le mépris du peuple, comment l’oligarchie a pris la société en otage », Jack Dion, Les Liens Qui Libèrent, 152 pages, 15,50€

    (Texte publié par "L’Humanité-Dimanche" du 26 février 2015)

  • Jack Dion : « Nul ne proteste contre l’expulsion méthodique des couches populaires »
    http://comptoir.org/2015/01/26/jack-dion-nul-ne-proteste-contre-lexpulsion-methodique-des-couches-populai

    En français, le mot « peuple » reste ambigü et peut, tour à tour, prendre un sens sociologique (la « plebs » romaine ou les classes populaires), politique (le « demos » grec ou l’ensemble des citoyens) ou culturel (l’« ethnos » grec ou le peuple identitaire). Cette ambiguïté n’expliquerait-elle pas la méfiance à l’égard de ce mot et des connotations identitaires qu’il peut emmener ?
    Quel que soit le sens (les trois se mélangent, d’ailleurs), le fait est que le mot « peuple » fait peur aux élites, toutes tendances confondues. La preuve en est que le peuple, au sens large du terme, a disparu de toutes les sphères de pouvoir, qu’il s’agisse des instances politiques, du monde du travail ou des médias. Dans ces différentes structures, il est soit ignoré, soit méprisé, voire les deux à la fois. Comme je le rappelais dans mon livre, à deux exceptions près, les députés issus du monde ouvrier ont disparu de l’Assemblée nationale. Au pays de la Commune de Paris, c’est un sacré retournement de situation. Le plus étonnant, c’est que cette forme d’éradication de classe s’opère dans une totale indifférence. On nous abreuve de débats sur les vertus de la « mixité », mais nul ne s’émeut de la disparition de la mixité sociale alors que cette dernière, si elle était mise en œuvre, ouvrirait la porte à toutes les autres. Mais c’est une question taboue. Nul n’en parle. Nul ne proteste contre l’expulsion méthodique des couches populaires. Désormais, quand on les évoque, on les associe d’office au Front national, sans se demander pourquoi et comment il y a plus d’ouvriers qui votent FN plutôt que PS. On les caricature, on les insulte, on les traite de racistes ou de xénophobes, comme si le peuple, dès lors qu’il échappait à l’emprise idéologique des élites, avait vocation inéluctable à tomber dans les bras de Marine Le Pen.

  • Lutter contre la « séparation » sociale
    http://blogs.mediapart.fr/blog/yves-faucoup/220115/lutter-contre-la-separation-sociale

    Peu m’importe de savoir si le mot « apartheid » est approprié. Certains préfèrent jouer les exégètes pour mieux dissimuler leur inaction, et finalement leur acceptation de fait d’une exclusion que tout un système favorise. Exclusion, certes, de la grande masse des immigrés, relégués à la périphérie. Et exclusion des populations pauvres. Je présente ici Le mépris du peuple, ouvrage de Jack Dion, ainsi que l’appel lancé par plusieurs personnalités : Maintenant, construisons la fraternité. 

    Social en vrac n°36

  • "Le Monde" lance une fatwa contre Syriza
    http://www.marianne.net/monde-lance-fatwa-contre-syriza-210115.html

    Il faut saluer la persévérance du Monde pour décrédibiliser Syriza, le parti de gauche alternative, à la veille des élections législatives grecques. C’est du travail de pro. Pour le journal de déférence aux marchés, l’enjeu se résume à un choix cornélien : soit Syriza perd et l’austérité continuera, soit il gagne et l’austérité devra continuer.

    Voilà. Ce n’est ni manichéen ni diabolique, comme il se doit pour un grand journal.

    Reprenons. Le 5 janvier, Le Monde titre : « Une éventuelle victoire de Syriza ne sortirait pas la Grèce d’une spirale de l’échec » (pourquoi voter alors ?). Le lendemain, c’est : « Grèce : Merkel et Hollande fixent les règles du jeu avant les élections » (bis repetita).

    Autre angle d’attaque le 7 janvier : « L’euro miné par la Grèce et la déflation » (ce ne serait pas plutôt la Grèce qui est minée ?). Explication en forme de sous titre : « Les marchés craignent une sortie de la Grèce de l’euro » (hypothèse pourtant rejetée par Syriza). Le même jour, en ouverture des pages économiques : « La Grèce reste le talon d’Achille de la zone euro » (laquelle zone, comme on sait, n’a pas de problème).

  • Les plus pauvres vivent d’abord dans les villes-centres
    http://www.inegalites.fr/spip.php?page=analyse

    Les 10 % les plus pauvres des villes-centres touchent au plus 4 400 euros par an pour une personne [1], contre 9 700 euros dans les couronnes des grandes aires urbaines [2]. L’Insee livre une étude [3] qui éclaircit grandement le débat sur les niveaux de vie en France.

    Les communes rurales isolées sont celles où le revenu médian est le moins élevé (16 800 euros par an), avec presque 20 % de moins que dans les couronnes périurbaines des grandes aires urbaines, territoires les plus aisés (20 500 euros). Avec 18 200 euros, les villes-centres occupent une position intermédiaire. Le milieu rural isolé est en partie composé de ménages d’agriculteurs âgés avec de faibles retraites du fait de l’inactivité (officielle) des femmes. Les couronnes périphériques sont le plus souvent occupées par des ménages des couches moyennes plutôt aisées qui disposent d’un niveau de vie leur permettant d’accéder à une propriété individuelle et de quitter les banlieues.

  • "Exhibit B" : la cabale des censeurs
    http://www.marianne.net/Exhibit-B-la-cabale-des-censeurs_a243258.html

    On peut ne pas apprécier Exhibit B, l’installation-spectacle de l’artiste sud-africain Brett Bailey, qui a fait scandale au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis et subit le même sort au Centquatre, à Paris, où elle est programmée. On peut ne pas goûter ce retour en forme de coup de poing sur les zoos humains de l’époque coloniale, à travers une exposition de tableaux vivants qui ont vocation à donner encore plus de force à la dénonciation d’un temps où les Noirs étaient réduits à l’état d’animaux.

    Ce que l’on ne peut pas, en revanche, sauf à tomber dans le procès d’intention pur et simple, c’est traiter Brett Bailey de raciste et demander l’interdiction de son spectacle sous prétexte qu’il met en scène des individus dans des situations humiliantes. A ce compte, il faudrait censurer les Temps modernes, de Chaplin, pour prolophobie. Or, certains n’hésitent pas à se muer en Savonarole d’opérette pour prendre d’assaut Exhibit B et demander la tête de Brett Bailey. Ils lui dénient carrément le droit d’évoquer le sort réservé aux Noirs en raison de la blancheur de sa peau.

  • Le scandale Moscovici ou la magouille pour les nuls

    http://www.marianne.net/Le-scandale-Moscovici-ou-la-magouille-pour-les-nuls_a242377.html

    priori, tout devait rouler comme sur un skate. Pour cause de fidélité à François Hollande, Pierre Moscovici était transféré du gouvernement (où il fut d’une rare nullité) à la Commission de Bruxelles (où il sera surveillé de près). Ce fût compliqué à obtenir.

    Certains – on les comprend – eurent du mal à admettre que l’échec patenté méritait promotion. D’autres se demandèrent s’il était opportun d’aller apporter la caution du PS à une Commission qui ne jure que par l’orthodoxie. Mais les obstacles furent levés les uns après les autres.

    Ne restait plus qu’un problème : comment faire pour empêcher une législative partielle dans la 4ème circonscription du Doubs, celle où Pierre Moscovici fut toujours élu d’extrême justesse et où le « hollandisme récessionnaire » laisse un boulevard au candidat du FN. On imagina alors un système aux petits oignons.

  • De quoi l’affaire Zemmour est-elle le symbole ?
    http://www.marianne.net/De-quoi-l-affaire-Zemmour-est-elle-le-symbole_a242247.html

    S’il a beaucoup de succès à droite, Eric Zemmour est aussi l’adversaire rêvé de la gauche molle. Il est le contre-feu idéal des adeptes du Blairisme à la française, qui en font un épouvantail pour retrouver une virginité éthique perdue. Pour rameuter dans les chaumières de gauche, c’est une divine surprise. Voilà enfin l’oiseau rare, le Diable qui fait oublier les abandons et les compromissions.

    L’impétrant, il est vrai, a de quoi faire lever les cœurs et émouvoir les esprits. C’est le réac dans toute sa splendeur, un exemplaire assez rare de la droite dure, un macho comme on n’en fait plus, un type qui rêve de l’époque où les femmes étaient à la cuisine et les maris au bordel, un pilier de comptoir capable de faire d’une chanson de Michel Delpech la Bible de la décadence, un homme pour qui un homo n’en est pas un, un adepte du droit du sang qui voient dans les étrangers arrivant en France la naissance potentielle d’« un peuple dans le peuple », un identitaire contrarié se prenant pour un élève de Finkielkraut, un nostalgique du pouvoir fort et de la France éternelle.

  • BNP-Paribas : l’empire américain dicte sa loi et Fabius implore la clémence
    http://www.marianne.net/BNP-Paribas-l-empire-americain-dicte-sa-loi-et-Fabius-implore-la-clemence_

    Quand la Russie demande à l’Ukraine de régler ses dettes pour les livraisons de gaz, les grands mots fusent : « impérialisme », « racket », « scandale ». Mais quand les Etats-Unis prétendent sanctionner BNP-Paribas — et peut-être d’autres banques françaises d’ici peu — sans aucun prétexte juridique recevable en droit international, il n’y a plus personne.

    On entend à peine Laurent Fabius. Il est vrai que ce dernier est trop occupé à recevoir au Quai d’Orsay les présentateurs météo de la télévision pour les alerter sur la grave question du réchauffement climatique. Tout à la préparation de cette rencontre décisive pour l’avenir de la planète, le ministre des Affaires Etrangères a juste trouvé le temps d’émettre un commentaire digne de l’élève demandant pardon à son maître, tête baissée et mains dans le dos.

    Voici ce que Laurent Fabius a déclaré sur France 2 : « S’il y a eu faute, il est normal qu’il y ait une sanction mais la sanction doit être proportionnée et raisonnable ». On est à la limite de la tempête diplomatique dans un verre d’eau. C’est pathétique.

  • Traité transatlantique : moins on en parle, mieux ils se portent

    http://www.marianne.net/Traite-transatlantique-moins-on-en-parle-mieux-ils-se-portent_a238930.html

    Interrogée sur BFM Business, Fleur Pellerin y est allé de ses regrets publics à propos du non-débat sur le traité transatlantique de libre-échange négocié entre les Etats-Unis et l’Union européenne. « Je fais un mea culpa au nom de la classe politique dans son ensemble », a déclaré la secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, avant d’ajouter : « On aurait dû faire davantage de pédagogie parce que nous n’avons pas expliqué suffisamment un certain nombre de chose sur ce traité ».

    Un Ostréiculteur de l’IIe de Ré nous parle des Alliances Locales.

    Voilà qui s’appelle battre sa coulpe sur la poitrine d’autrui.

    Primo, on ne voit pas au nom de quoi Fleur Pellerin s’arroge le droit de parler au nom de « la classe politique » en cette affaire. Jusqu’à preuve du contraire, seul le président de la République a donné mandat à la Commission de Bruxelles pour négocier au nom des 28 membres de l’Europe. Les autres partis ne sont nullement concernés. Ils ont été mis devant le fait accompli sans même qu’on ne leur demande leur avis sur la question, pas plus à l’Assemblée nationale qu’au Sénat.

  • Pourquoi le massacre d’Odessa a-t-il si peu d’écho dans les médias ?
    http://www.marianne.net/Pourquoi-le-massacre-d-Odessa-a-t-il-si-peu-d-echo-dans-les-medias_a238616

    Imaginons que ce qui s’est passé à Odessa, le 2 mai, ait eu lieu à Maïdan, à Kiev. Imaginons que des révoltés ukrainiens cernés par les partisans de l’ancien régime se soient réfugiés dans la maison des syndicats et que cette dernière ait été incendiée par des forces hostiles, sous les yeux d’une police impassible. Imaginons que l’on y ait retrouvé une quarantaine de cadavres calcinés.

    Que se serait-il passé ? L’émotion aurait été à son comble dans les capitales occidentales. Les gouvernements auraient crié au meurtre de masse commis par des sbires de Ianoukovitch. Ils y auraient vu la preuve manifeste de mœurs barbares dans une ville si près de l’Union européenne, à quelques heures de vol de Paris. Des intellectuels de renom auraient aussitôt pris l’avion pour Kiev afin de crier leur solidarité. BHL aurait déjà choisi sa chemise blanche spécial média. Des pétitions circuleraient. L’Europe condamnerait. Laurent Fabius invoquerait les valeurs universelles bafouées.

  • Des listes féministes aux européennes, ça sert à quoi ?

    Par Jack Dion

    Des féministes ont décidé de profiter des élections européennes pour donner un écho à leurs revendications. On peut les comprendre. Dans un pays où il a fallu attendre 1944 pour que les femmes aient le droit de vote, on peut trouver saumâtre qu’elles n’aient pas plus de place dans les institutions. Ajoutons que la situation dans nombre de pays membres de l’Union Européenne mériterait que l’on tirât la sonnette d’alarme avec insistance.
    Encore faut-il le faire de manière responsable, sans se tromper d’ennemi. Or, les défenseuses des droits des femmes ont décidé de présenter des listes consacrées à 100% à la question féministe dans sept des huit circonscriptions, tombant ainsi dans les pires travers du communautarisme sexué à rebours, illustré notamment par les Chiennes de garde, initiatrices de la démarche.
    Faut-il en conclure que l’on ne peut être homme et défenseur des causes féministes ? Ou que toutes les femmes, a contrario, le sont d’office, y compris celles qui ont intégré les clichés machistes ? Cela signifie-t-il que toutes les autres listes sont à mettre sur un pied d’égalité sur le sujet ? Et pourquoi pas des listes gays au nom de la lutte contre l’homophobie ?
    Les initiatrices de la liste dite féministe ont expliqué avoir beaucoup hésité sur la stratégie à suivre. Dommage qu’elles n’aient pas prolongé l’exercice un plus longtemps.
    (Cet article a été publié dans Marianne)

  • Préférence ethnique à la Corse

    Par Jack Dion

    La Corse serait-elle un territoire perdu de la République ? La question se pose après l’adoption par l’Assemblée locale d’un statut digne de la préférence ethnique chère à Marine Le Pen : la préférence corse. Pour devenir propriétaire d’une maison ou d’un logement dans l’île, il faudrait y vivre depuis au moins cinq années. Seule exception : les corses du continent, en raison des liens du sang. Bref, il y a les corses de souche et les autres.
    Il s’agit d’une véritable gifle à la République et à la notion d’égalité entre les citoyens héritée de la Révolution. Qu’une telle conception ait été défendue à la fois par les indépendantistes, ce n’est pas nouveau. Que ces derniers aient été relayés par les représentants locaux du PRG est plus surprenant. Jusqu’à plus ample informé, le PRG, emmené par l’ineffable Paul Giacobbi, député de Haute-Corse et président du conseil exécutif de la collectivité territoriale de Corse, est un parti membre de la majorité gouvernementale. Voici peu, Manuel Valls se faisait fort d’être soutenu par les députés PRG à l’Assemblée. On s’étonne qu’il n’ait pas encore soufflé mot d’une telle entorse aux principes républicains.
    Officiellement, il s’agit de lutter contre la flambée des prix et la spéculation immobilière dans l’île de beauté. Le prétexte est louable, et le souci respectable. Mais en quoi le tri ethnique protègerait-il contre une dérive qui se joue des ADN ? Qui oserait prétendre que tout Corse descendant en ligne directe du Paoli est immunisé contre la dérive spéculative ? Que dirait-on si l’île de Ré, qui souffre des mêmes dérives, proposait un statut semblable aux non rétais d’origine ? Que dirait-on si l’on réservait l’emploi sur le continent à ceux qui ne sont pas natifs des îles qui composent la France ?
    En vérité, on cache sous de faux prétextes une approche xénophobe, afin de protéger des réseaux locaux qui entendent régenter le business de l’immobilier. On justifie ainsi une approche quasiment raciste excluant une catégorie de Français avec des raisonnements similaires à ceux qui ont conduit à l’éclatement de l’ex Yougoslavie.
    Certes, chacun sait qu’une telle décision est une violation de la Constitution et qu’elle sera jugée comme telle. Mais il est toujours dangereux de jouer avec les allumettes de l’identité. Jusqu’à preuve du contraire, la Corse c’est la France, avec ses droits et ses devoirs. Cela ne lui enlève rien de son histoire, de sa spécificité, et de ses traditions. Mais cela suppose que ses élus en soient dignes.
    (Cet article a été publié dans Marianne)

  • L’honneur perdu de Michel Platini

    Par Jack Dion

    Mais quelle mouche a piqué Michel Platini ?
    A un mois de la coupe du monde de foot au Brésil, le président de l’UEFA (Union Européenne des Associations de Football) n’a rien trouvé de mieux que d’appeler les habitants de ce pays à remiser le maillot de la colère social au vestiaire, à ranger les crampons de la protestation dans le sac de sport, et à rentrer gentiment chez eux pour regarder les matchs à la télé, voire à se déplacer pour acheter des billets pour ceux qui en ont les moyens. En pleine vague de violence, le propos est d’une opportunité douteuse.
    Dans la novlangue de l’ex gloire du ballon rond, cela donne : « Les Brésiliens, il faut qu’ils se mettent dans l’idée de recevoir les touristes du monde entier et que pendant un mois, ils fassent une trêve…Ils sont là pour montrer la beauté de leur pays. S’ils peuvent attendre un mois avant de faire des éclats sociaux, ce serait bien pour l’ensemble du Brésil et la planète football ». Fin de l’exhibition d’un homme qu’on a connu mieux inspiré.
    Au Brésil, le foot n’est pas un sport, mais une religion. Ceux qui le pratiquent et qui l’aiment sont originaires des favelas, là où l’on subit le match de la misère et de l’humiliation au quotidien, là où des gangs font régner la terreur. Leur proposer de faire la grève de la dignité au nom du foot, c’est leur demander de marquer un but contre leur camp. C’est un match perdu d’avance.
    (cet article a été publié dans Marianne)

  • En finir avec le manichéisme infantile

    Par Jean-François Kahn

    A l’évidence, on n’en a tiré aucune leçon. Il y a neuf ans, les Français étaient invités à ratifier ou à rejeter le traité constitutionnel européen. Les grands médias, massivement favorables au « oui » – et j’en étais – défendirent leur choix, qui correspondait à une honorable conviction, de façon tellement univoque, tellement agressive, tellement peu ouverte aux arguments de l’autre, tellement binaire, que le « non », d’abord donné vaincu, l’emporta largement. Il y aurait eu alors quelques questions à se poser. On s’en garda bien. On se contenta d’injurier, après coup, ceux qui avaient mal voté. Et, d’ailleurs, on fit adopter ce que les Français avaient refusé sans, cette fois, leur demander leur avis. Est-on conscient à quel point, ce faisant, on a porté un coup terrible à l’esprit civique et grossi les rangs des abstentionnistes comme ceux des électeurs du Front national ?

    C’est à un phénomène comparable que l’on assiste aujourd’hui. La sphère médiatique, au sens le plus large, fait preuve, à propos des événements d’Ukraine, de Crimée et de Russie, d’un tel binarisme, d’un tel simplisme, d’un tel infantilisme, que l’on assiste à une autre aberration : le retournement pro-Poutine d’une bonne partie de l’opinion. Cela fait des années que l’on perçoit cette déplorable évolution : une approche de plus en plus bichromique, bicolore et, incidemment, néoconservatrice, des grandes questions internationales, un partage du monde entre des gentils qui ne peuvent se conduire que de façon séraphique et des méchants qui ne constituent qu’un ramassis de Belzébuth : un manichéisme de plus en plus puéril qui n’est pas étranger à la redoutable désaffection du public envers ce qui devrait constituer le coeur et l’âme de la démocratie : les médias.

    Cette régression a atteint, ces derniers jours, un record. Dans certains reportages, les bons deviennent tous beaux et les mauvais tous laids. Ceux-ci sont de jeunes athlètes au regard lumineux, ceux-là de vieux chnoques alcooliques au regard terne. Ce qui s’écrit ou se dit dans les médias russes se dit de façon quasi identique chez nous, mais à l’envers. Des « correspondances » deviennent des éditos au vitriol, des reportages d’ardentes professions de foi. Ce qui n’est pas, parfois, sans rappeler la presse communiste des années 1950. Laquelle parlait des Etats-Unis.

    Allons plus loin : si comparer Poutine à Hitler (certains ont osé) est d’une confondante idiotie, l’homme s’apparente plus, en effet, à un nouveau tsar qu’à un démocrate moderne. On peut à cet égard se demander, d’ailleurs, pourquoi Eltsine, lui qui était bien pire, bénéficia d’une telle indulgence : parce qu’une Russie en voie de quart-mondialisation plaisait ? Or, si un envoyé spécial à Berlin, du temps du nazisme, avait systématiquement décrit, pour complaire, une Allemagne dévaluée, dévalorisée, minable, aux abois, il aurait, fût-ce inconsciemment, péché à la fois contre l’objectivité journalistique et contre la cause du camp démocratique. A-t-on le droit de poser cette question : un pays où la plupart des éditoriaux, parlés ou écrits, paraissent avoir été rédigés par Bernard-Henri Lévy (membre du Conseil de surveillance du Monde) constitue-t-il un exemple de pluralisme ?

    Oui, la brutalité avec laquelle a été bousculée, en Crimée, la légalité internationale est inadmissible. Mais pourquoi, lorsque les nouvelles autorités de Kiev ont décidé, dans un premier temps, d’abolir le statut de la langue russe dans les territoires russophones, nos médias n’ont-ils pas mis en garde contre cette décision provocatrice et aventureuse ? Pourquoi le non-respect de l’accord signé par les ministres européens, dont Fabius, à Kiev n’a-t-il suscité dans les médias aucun regret ? Pourquoi aucune prise de distance à l’égard de certains propos extrémistes (c’est une litote) tenus par les leaders radicaux de la révolution de Maïdan, alors que ces outrances faisaient évidemment le jeu de la Russie, qui les a instrumentalisés ?

    INTÉGRITÉ TERRITORIALE OU DROIT DES PEUPLES À DISPOSER D’EUX-MÊMES

    Oui, la majorité des révoltés de Maïdan étaient des démocrates dégoûtés par une gouvernance absolument calamiteuse. Mais pourquoi Stepan Bandera (1909-1959), cet antisémite fanatique qui combattit aux côtés des Waffen-SS et qu’exalte l’aile radicale du mouvement, est-il désormais présenté pudiquement chez nous comme un « nationaliste controversé » ? Dans ce cas, il ne fallait pas appeler au boycottage de l’Autriche parce que le parti de Haider avait été intégré au gouvernement. Il est temps de rompre avec une incohérence qui confine au zozoïsme.

    Il y a deux principes aussi défendables l’un que l’autre. Le premier, c’est le respect de l’intégrité territoriale des nations. En fonction de quoi, une sécession de la Crimée, même votant son rattachement à la Russie, est incontestablement condamnable. L’autre principe est le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. En fonction de quoi l’OTAN est intervenue militairement pour aider le Kosovo à s’émanciper de la Serbie, ce que souhaitait la majorité de sa population. Les deux principes étant souvent contradictoires, il convient, en droit international, de privilégier une fois pour toutes l’un ou l’autre. Soit l’intégrité territoriale, soit le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

    Ce qui, en revanche, n’est pas soutenable, c’est de se réclamer de l’un de ces principes les jours pairs et de l’autre les jours impairs. Par exemple, proclamer illégale une sécession de la Crimée, même si ses habitants l’appellent majoritairement de leurs voeux, après avoir fait une guerre pour permettre la sécession du Kosovo, parce que ses habitants l’appelaient majoritairement de leurs voeux. Il est éminemment respectable, et sans doute juste, de stigmatiser le jeu russe qui a consisté à encourager le mouvement sécessionniste en Crimée.

    Mais il est étrange que parmi les plus virulents censeurs se trouvent ceux qui, depuis des décennies (ce fut parfois à leur honneur), soutiennent toutes les luttes sécessionnistes : au Biafra, au Bangladesh, dans le sud du Liban, en Tchétchénie, au Kurdistan ou ailleurs, quand ils n’ont pas affiché leur sympathie pour la cause basque ou irlandaise. Des sanctions pour imposer un respect du droit international ? Chiche ! Mais Chypre ? Mais les territoires palestiniens ?

    Ce sont toutes ces contradictions et incohérences qui affaiblissent la position occidentale face à Poutine. Mieux eût valu les pointer à temps que de noyer toute complexité dans l’hystérie.

  • Faut-il brûler le soldat Benoît Hamon ?
    http://www.marianne.net/Faut-il-bruler-le-soldat-Benoit-Hamon_a237384.html

    Mine de rien, Benoît Hamon a commis un crime de lèse majesté. Le ministre a en effet osé évoquer le « coût du capital » pour expliquer que les investissements des entreprises étaient plombés par les dividendes versés aux actionnaires. A ses yeux, il s’agirait même d’une anomalie française qui expliquerait en partie le décrochage par rapport à l’Allemagne, pays où la course aux dividendes a été sérieusement ralentie ces dernières années.

    Mazette. Pour un peu, certains demanderaient la tête de Benoît Hamon. Du temps de l’Inquisition, il aurait déjà été brûlé en place publique. C’est qu’on ne rigole pas avec ces choses là depuis que le PS s’est converti à la religion du marché, qu’il brandit l’Evangile selon Saint Pierre (Gattaz), et qu’il a fait du coût du capital une maladie honteuse à éradiquer au plus vite.
     

    Certes, Benoît Hamon ne dit pas ça par hasard, comme s’il avait soudain trouvé son chemin de Damas. Comme il y a du remaniement dans l’air, sans doute pense-t-il déjà à son avenir. Reste qu’il a entièrement raison.

  • From Washington to Moscow, everyone is lying about what’s happening in Ukraine

    Putin’s statement about the crisis was full of distortions and manipulations. But in an unusual paper meant to expose them, the U.S. State Department offered its own share of inaccuracies and half-truths.
    Haaretz 6 mars 2014

    By Ariel Danieli | Mar. 6, 2014 | 10:50 PM | 3

    The U.S. State Department on Thursday accused Russian President Vladimir Putin of lying about what is happening in Ukraine, and particularly regarding the circumstances leading to Russian military intervention in the Crimean Peninsula.

    The paper the Americans issued is unusual in the diplomatic sphere, and refers to Putin’s statement two days ago to correspondents at his residence. It contains 10 points, about which, the State Department says, Putin lied. But apparently in some of the paragraphs they weren’t entirely accurate on the other side of the Atlantic either. They issued a version that suits U.S. interests. Especially grating, Washington ignored extreme right-wing elements in the new government in Kiev.

    In Paragraph 3 the Americans seem to be choosing a very specific interpretation of the situation as it developed in Kiev late last month. “Mr. Putin says: ‘The opposition did not implement the February 21 agreement with former President Viktor Yanukovych.’ The facts: ‘The agreement presents a plan according to which the parliament must reinstate the 2004 constitution, as well as returning the country to a system that strengthens the legislative branch. Yanukovych was supposed to sign the legislation within 24 hours and to bring the crisis to an end peacefully. He refused to meet his commitment, and instead packed up the contents of his home and fled, and left behind evidence of extensive corruption,’” said the document.

    In effect, there was chaos in the Ukrainian capital, and a substantial percentage of the anti-Russian opposition demonstrators rejected the agreement formulated by the warring parties with the mediation of the European Union. The developments from the moment of the signing until Yanukovych’s flight and his ouster from parliament is not entirely clear, nor is it clear why mention of his ostensible corruption is relevant to the question of the legitimacy of removing him by force.

    In addition, the protest leaders still recognized him as president on February 25, and only said that he “is not actively leading the country as of now.”

    In Paragraph 4 the Americans deal with the legitimacy of the new government, and with Putin’s claim that Yanukovych is still Ukraine’s legitimate leader. The document of the State Department in Washington notes that on March 4 Putin himself said that the ousted president “has no political future,” and that his party, the Party of Regions, voted in favor of removing him and installing the new government, and that the parliament in Kiev confirmed the swearing in of the government by a huge majority of 82 percent.

    But the Obama administration ignored Paragraph 111 in the Ukrainian constitution, which states that parliament can oust the president only if he committed a crime. The initiation of an impeachment process must be approved by two-thirds of the legislators, with 75 percent of MPs voting in favor of the ousting itself. Those votes were not held, and therefore ratification of the new government, even with 82 percent support, was passed in contradiction of the constitution.

    In Paragraph 8 the State Department wrote: “Mr. Putin says: ‘There were mass attacks against churches and synagogues in southern and eastern Ukraine.’ The facts: ‘The religious leaders in the country and activists who favor freedom of religion said that there were no attacks against churches. All the leaders of the Church in Ukraine support the new political leadership and called for national unity. Jewish organizations in southern and eastern Ukraine reported that there was no increase in anti-Semitic incidents.”

    We found no evidence of attacks against churches in Ukraine, but in Haaretz we have already reported on a fear in the Jewish communities of an increase in anti-Semitism, as well as several incidents in which extreme right-wing gangs intensified their activity against synagogues and Jewish institutions. Our correspondent in Crimea, Anshel Pfeffer, reported that Jews were beaten in Kiev and a synagogue was destroyed there, and similar incidents occurred in the city of Zaporozhye in southeast Ukraine and in the Crimean capital of Simferopol.

    Despite that, many pointed to the fact that Russia is trying to defame the new government in Kiev by portraying it as extremely rightist, anti-Semitic and Nazi in its entirety, and some people even wondered whether those incidents weren’t Russian provocations, in order to arouse opposition to the new government. Whatever the case, it can’t really be said that there were no anti-Semitic incidents at all in southeast Ukraine.

    In the last paragraph, Paragraph 10, the United States claimed that Putin is lying about the fact that the Ukrainian parliament is influenced by extremists and terrorists. The Americans claim that the Rada (parliament) is the institution most representative of the Ukrainian public, and that extreme-right organizations that were involved in the clashes in Independence Square are not represented in it.

    But the actual situation differs significantly from the picture Washington is trying to paint. It’s true that legislators from the pro-Russian parties voted in favor of the new government, but we cannot ignore the fact that many of their members fled from Kiev, so that it is hard to claim that the parliament provides optimal representation for the pro-Russian east. In addition, the far-right party Svoboda (Liberty) received 38 seats in the legislature in the most recent elections, and its members espouse extreme anti-Semitic and nationalist views.

    In addition, the party received five portfolios in the new government, including justice minister and deputy prime minister. “The Right Sector, a small organization, armed and more extreme, which espouses a pro-Nazi ideology and is opposed to joining the EU, is not represented in parliament, but its leader Demytro Yarosh declared recently that his organization and Svoboda share many views and values," the paper stated. Incidentally, Yarosh was appointed in late February as the deputy head of the National Council for Defense and Security.

    In Paragraph 6 the Americans tried to contradict the words of the Russian president to the effect that ethnic Russians in Ukraine live in fear of the new government in Kiev, and stated that there are no reliable reports on that. They also presented the fact that the interim president of Ukraine, Oleksandr Turchynov, refused to approve a law limiting the use of the Russian language in the country, but forgot to mention that prior to that parliament had approved the law.

  • Ceux qui voient l’Ukraine avec les lunettes de la guerre froide
    http://www.marianne.net/Ceux-qui-voient-l-Ukraine-avec-les-lunettes-de-la-guerre-froide_a235802.ht

    Le premier mot qui vient à l’esprit, quand on pense à l’Ukraine, c’est : assez ! Assez de sang versé. Assez de répression d’un pouvoir qui semble considérer que le char peut remplacer le dialogue. Assez de provocations aveugles - de part et d’autre. De ce point de vue, l’Europe est fondée à demander des comptes au président Yanoukovitch ; l’Onu à demander le retour au calme ; et les grands esprits à prôner la solidarité. Mais à condition de ne pas regarder Kiev avec des lunettes déformantes. 

    Or, à lire ce qui s’écrit sur l’Ukraine, tout est simple, trop simple. Il y a les Bons, qui animent la révolte, « pro-Européens », tous forcément animés d’une flamme démocratique éternelle, et il y a les Méchants, ceux d’en face, soutiens du président Yanoukovitch, suspectés d’être des marionnettes de Poutine, l’incarnation du diable.

  • François Hollande ou le néolibéralisme de démission
    http://www.marianne.net/Francois-Hollande-ou-le-neoliberalisme-de-demission_a235132.html

    On a connu naguère les affrontements gauche/droite, avec des débats projets contre projets qui n’échappaient ni à la démagogie ni à la surenchère, encore moins à la déception post-électorale. Maintenant qu’entre la gauche et la droite de gouvernement il y a autant de différence qu’entre un banquier ami de François Hollande et un banquier ami de Nicolas Sarkozy, les enjeux sont moindres mais pas les batailles de pouvoir.

    Pour s’en convaincre, il suffit d’analyser le paysage après la conférence de presse du Président de la République. A la grande satisfaction des journalistes, qui avaient dû s’endormir au soir de son élection, François Hollande a revendiqué son étiquette «  social-démocrate  ». Il paraît que cet exercice relève de la clarification nécessaire. Faut-il en conclure que les choix opérés par le gouvernement depuis juin 2012 étaient de gauche  ? A ce compte-là, Mitterrand était quasiment subversif.

  • Les patrons ne connaissent pas la crise
    http://www.marianne.net/Les-patrons-ne-connaissent-pas-la-crise_a233715.html

    La bonne nouvelle est venue du Figaro : « Les patrons du CAC 40 ont diminué leur rémunération ». Fichtre. Va-t-on devoir organiser des collectes de solidarité pour permettre aux grandes familles de passer l’hiver ? Grâce à Dieu (et au veau d’or), on n’en est pas là.

    Résumons les données fournies par le cabinet Proxinvest, et présentées de façon fort intéressée par le Figaro, où l’on n’oublie jamais que le patron s’appelle Serge Dassault. Pour la troisième année consécutive, la rémunération totale des PDG des 120 premiers groupes cotées à la Bourse a augmenté en 2012 (+ 6 %). Chez ces gens-là, la crise est une aubaine. Le salaire moyen d’un patron d’une grande entreprise est de 2,84 millions d’euros par an, soit 236 000 € par mois, autrement dit 197 Smic mensuel. Par parenthèse, ce sont les mêmes qui viennent expliquer que le « coût du travail » est insupportable. Visiblement, leur salaire n’est pas concerné.

  • Le fantasme de la France raciste
    http://www.marianne.net/Le-fantasme-de-la-France-raciste_a233620.html

    On se croirait revenu à l’époque de « SOS Racisme  » qui permit à Harlem Désir de s’imaginer un destin national. Il ne manque que BHL à l’appel, mais rien n’est perdu. En attendant son éventuel renfort, des voix étreintes par l’angoisse expliquent que la France est devenue une plaie pour la civilisation en raison de sa xénophobie congénitale. 

    Le Parisien pose la question  : «  La France devient-elle raciste  ?  » La réponse induite est positive, forcément positive. Le même jour, Libération donne la parole à Christiane Taubira et s’empresse d’expliquer que «  la parole xénophobe se libère en France  ». La veille, Harry Roselmack, journaliste vedette de TF1, lançait dans  Le Monde  : « Me voilà ramené à ma condition nègre  ». Et d’ajouter cette sentence définitive : «   La France raciste est de retour  ». Bref, l’hexagone serait l’équivalent européen des Etats-Unis de la ségrégation raciale des années 50. 

    Il serait temps de revenir sur terre. Qu’il y ait une recrudescence des manifestations de racisme, comme toujours en période de crise, nul n’en doute. Qu’il faille les condamner avec la dernière vigueur, c’est l’évidence même. Que les heures sombres du Sarkozysme, avec son instrumentalisation de l’identité nationale, aient ouvert des vannes que l’on croyait fermées à jamais, c’est certain. Que le traitement infligé à Christiane Taubira par quelques voix haineuses soit une offense à la ministre et à la République, on ne le dira jamais assez. Par parenthèse, on regrettera que les dirigeants politiques de tous bords n’aient pas réagi plus tôt.

  • Manuel Valls, les Roms, et le bal des faux culs *

    http://www.marianne.net/Manuel-Valls-les-Roms-et-le-bal-des-faux-culs_a232513.html

    Curieux pays, que celui où le débat public se polarise sur les Roms, soit de 15.000 à 20.000 personnes, autrement dit l’équivalent d’une ville moyenne. Mais cela suffit pour que l’éditorialiste du Figaro puisse titrer : « La France sur un volcan ». Petit volcan mais fumées inquiétantes et laves abondantes, donc. En comparaison, celui du chômage et de la misère semble éteint. Tous les chemins de la démagogie mènent aux Roms.
    Curieux pays où un ministre de l’Intérieur nommé Manuel Valls reprend des formules qui ne sont pas sans rappeler celles qu’il reprochait naguère à Nicolas Sarkozy, en espérant sans doute en retirer un bénéfice politique – pourtant incertain. Du bouc émissaire au Rom émissaire, il n’y a qu’un pas.