• Santé Publique France, 25/03/2021 :
    • décès covid à l’hôpital : 225 (cvh : 198)
    • hospitalisations covid : 27 036 (+160)

    franche baisse des décès,
    les admissions en réanimation toujours à la hausse, de même que les hospitalisations

    l’incidence dans les métropoles est presque partout repartie à la hausse (exceptions : Nice, Nancy et Brest)
    Paris frôle les 600 pour 100 000 (597), Rouen (437), suivie de Lille (431), va bientôt dépasser Nice, toujours à un niveau très élevé (446) malgré la forte baisse

  • Au-delà de la vocation artistique : un recrutement sexuellement différencié des candidat-e-s à une carrière de plasticien-ne ?
    Mathilde Provansal

    https://journals.openedition.org/edso/1821

    Les artistes plasticiennes disparaissent du sommet des palmarès artistiques et continuent d’occuper une position dominée dans le monde de l’art contemporain. Pourtant, elles représentent près de la moitié de la population des artistes plasticien-ne-s (Gouyon & Patureau, 2014) et surtout elles sont majoritaires dans les écoles d’art depuis une trentaine d’années (Segré, 1993 ; Sotto, 2012). Nous analysons ici la mise en place de différenciations sexuées dans les parcours professionnels en privilégiant l’analyse d’un moment particulier qui précède l’entrée dans la carrière artistique, à savoir le recrutement au sein d’une école d’art. L’observation des oraux d’admission en première année de l’École des Arts Plastiques a permis de faire ressortir les critères des membres du jury pour départager les « ayant droit » à une carrière artistique et les outsiders. Nous montrons que les femmes font face à des représentations sexuées qui vont jouer très tôt sur leur passage en école d’art en vue d’une carrière artistique.

    • Ce qui fait mal ce que rien n’ait bougé en plus de 30 ans. Après une prépa, j’ai passé les concours des arts décos, des beaux arts, olivier de serres, duperré et la femis (2 ans de suite), ça se ressemble beaucoup trop comme processus de protection de l’entre soi bourgeoisisme moisi des pédants parisiens racisme et phallocratie y sont les maitres mots. Se hisser à la dernière épreuve, soit l’oral devant un jury, avec des vieux cons qui te jugent mal parce que ton parcours n’est pas aussi riche que le leur, à 17 ans c’est juste un peu normal, ou « parce qu’on ne veut pas des glandeurs des beaux arts ici » ou « pourquoi n’avez vous pas dit que votre grand-père était xxx on vous aurait fait entrer » etc.
      Bon, à l’ENSBA Paris mine de rien, je pense que plus de 60% des étudiant·es étaient des femmes, mais aucun atelier n’avait comme professeur·e une femme, sauf à la fin de mes études (1990) Abramovic et encore, en professeure invitée. Seule femme dont je me souvienne, Mathilde Ferrer du C.I.D (mais sans atelier).

  • La valeur d’une vie

    Bientôt les pauvres n’auront plus le droit de parler, les vieux de vivre et les jeunes de chanter. Une alliance inédite entre la science, la rationalité économique et le néolibéralisme autoritaire prépare des monstres que nous ne soupçonnons pas. Cette alliance nous accommode au pire, dont le renoncement aux valeurs et principes qui fondent le vivre ensemble et notre humanité.

    La gestion politique de la #crise_sanitaire est une machine à discriminer. Elle élève au carré les #inégalités sociales et économiques, de classe et de genre, et aujourd’hui les inégalités devant le #droit_à_la_santé et à la vie. Ces inégalités étaient insupportables avant la pandémie. Elles sont aujourd’hui la cause d’un effondrement social, économique et tout simplement moral. Si des études sérieuses (voir celle de l’INSEE ici) montrent que le virus « creuse les inégalités », ce sont avant tout les politiques néolibérales qui causent en priorité la mort des personnes âgées et des plus pauvres, l’exposition et la fragilisation des ouvriers, quand les classes sociales les plus favorisées traversent la pandémie avec infiniment moins de risque.

    Les choix politiques du gouvernement en matière de gestion de la crise sont passés successivement du mensonge d’Etat aux errements criminels, des errements à la bureaucratisation inefficace, de la bureaucratisation à la rationalisation impuissante, et désormais de la rationalisation au contrôle des corps. Cette dernière étape nous fait entrer dans la plus vertigineuse des dystopies. Des hommes politiques et des médecins ont pu concevoir d’interdire la parole dans les transports en commun. Alors que l’impératif sanitaire de la distance (physique et sociale) crée des pathologies de masse, il faudrait encore que les pauvres et le jeunes s’imposent le silence dans les transports en commun. Pourquoi donc l’Etat n’a-t-il pas pris depuis mars 2020 les dispositions qui auraient permis à chaque personne qui prend un bus, un tram ou un métro de bénéficier gratuitement d’un masque FFP2 ? Au lieu de cela on interdit aux plus défavorisés et aux jeunes de porter leur masque artisanal, sans prévoir une campagne et des moyens de protection pour quelques millions de personnes. Le problème n’est pas que l’Etat néolibéral de Macron et Castex serait maladroit, commettrait des erreurs à répétition, improviserait et jonglerait dans les difficultés de gestion d’une crise effroyable – même si ce peut être le cas -, le problème est qu’ils assomment systématiquement les pauvres, les jeunes et les vieux. Ce qui est effroyable, ce n’est pas le virus en lui-même, c’est le capitalisme qui le gère et en développe les conséquences. Parmi celles-ci, il en est une qui doit nous alarmer. La remise en cause du droit à la vie.

    Depuis le début de cette pandémie chaque jour qui passe accroît notre tolérance à l’insupportable. L’insupportable m’a été donné à entendre dans la bouche d’un Chef de service de l’Hôpital Bichat qui s’exprimait au journal de 13h de France-Inter ce dimanche 24 janvier 2021. On peut l’entendre ici, à 12mn et 40 secondes. Les propos de ce médecin ont créé en moi un choc. Un choc d’une grande violence. Ce choc a été provoqué par la rencontre entre la mémoire, l’historicité et la culture d’un côté, et de l’autre une parole médicale, autorisée et publique appelant à choisir la mort de nos aîné.es - et associant ce choix à un « courage » politique. Voici la transcription exacte des propos tenus par ce médecin, qui évoque des alternatives à un reconfinement général :

    « Soit faire des confinements sur des populations extrêmement à risque, soit admettre que ce qu’on vit après 80 ans c’est du bonus.

    Est-ce qu’aujourd’hui est-ce qu’on peut encore s’autoriser ces bonus ?

    Je pense qu’il faut prioriser les jeunes générations, les forces actives de la société, les PME.
    Je pense qu’il faut qu’on fasse des choix qui sont difficiles. » Il parle d’une « vision globale du courage. »

    Il convient de bien comprendre la portée de ces propos. Une portée incalculable et qui échappe certainement, du moins en partie, à celui qui les tient.

    Tout d’abord le médecin use d’un lexique de gestionnaire et fait entrer la question de la valeur d’une vie dans une rationalité comptable : le « bonus », les « forces actives », « s’autoriser » et « les PME ». C’est ici le point de vue d’un gestionnaire du vivant, à savoir très exactement ce qu’ont produit vingt années de massacre managérial et de rationalisation comptable dans les hôpitaux publics.

    Ensuite le médecin, qui est un très bon communiquant – comme tout excellent gestionnaire –, prend soin de surfer sur l’opposition au confinement, le soutien à la jeunesse et à l’économie pour nous arracher un consentement (« admettre ») au moyen d’une question rhétorique (« est-ce qu’on peut encore s’autoriser »), mais jamais au moyen d’un raisonnement ou une démonstration. Car il faudrait demander à ce Chef de service comment il explique que la fin du bonus des plus de 80 ans aiderait en quoi que ce soit à sauver la jeunesse. Quel est son raisonnement ? Pourquoi prioriser les jeunes générations devrait-il conduire à sacrifier nos aîné.es ? Le souci de tous n’exige-t-il pas de travailler au bien de la jeunesse comme à celui des aîné.es ? L’imposition d’un choix, soumis à un impératif totalement subjectif et irrationnel (« il faut », « il faut ») ne serait-il pas ici un moyen de résoudre la situation proprement tragique des personnels hospitaliers et des médecins en première ligne : diminuer la charge sur les hôpitaux par un consentement à laisser mourir les aîné.es dans les Ehpad ou à leur domicile, ce qui s’est produit massivement lors deux premiers confinements ? Le discours est ici celui d’un accommodement avec le pire. La banalisation de la transgression de tous les codes de déontologie et des éthiques médicales est en route. J’invite qui n’aurait pas en mémoire le Serment d’Hippocrate à le relire où à en prendre connaissance : https://www.conseil-national.medecin.fr/medecin/devoirs-droits/serment-dhippocrate . Vous pourrez aisément lister les principes sur lesquels le médecins’assoit. Et les articles du Code de déontologiequ’il appelle à transgresser.

    Enfin il faut vraiment être attentif à ceci que le médecin ne parle pas ici de la question très sensible du choix que font collectivement des équipes médicales confrontées à l’impossibilité de prendre en charge tous les patients. Choix codifié par des règles précises. Il nous parle de tout autre chose : d’un choix à faire pour la société, un choix politique et social, « difficile » et « courageux », une « vision globale ». On se dit alors que cet homme est prêt à entrer en politique ou bien au CA de SANOFI. Car, le médecin, comme bien de ses collègues arpentant les radios et les plateaux de télévision, sort non seulement de la morale, de l’éthique médicale, de la déontologie, mais il sort aussi tout simplement de sa profession (ce qui est une faute), pour s’instituer en manager du politique. C’est ce à quoi on assiste massivement depuis bientôt un an : la fabrique de l’opinion et l’administration politique de la crise sanitaire par les nouveaux managers de la science et une classe très particulière de médecins-experts qui ne font pas honneur à une profession, laquelle est, avec tous les soignants, dans les plus grandes difficultés et qui paye un tribut considérable à cette pandémie.

    Ce déportement de la parole médicale vers le politique, au nom d’une expertise et de l’autorité scientifique, concerne directement la communauté de recherche et d’enseignement.. Allons-nous laisser les nouveaux managers de la science, au demeurant rigoureusement incultes, avilir toutes les règles de l’éthique médicale et de l’intégrité scientifique en les laissant proférer à longueur de journée, énormités, mensonges, contre-vérités, sophismes, paradoxes et dans le cas qui nous occupe une monstruosité absolue, laquelle parvient à rencontrer du crédit chez un nombre significatif de collègues et de citoyens, dont la raison aura certainement été mise à mal par les temps très durs que nous traversons ?

    Bien sûr ce médecin n’est pas le tout de l’Hôpital. Il ne le représente pas. Il n’est pas la vie vivante des soignants qui se battent pour sauver autrui, quel qu’il soit, sans aucune discrimination. Il n’est pas l’infirmière qui se prend le Covid parce qu’elle n’a pas de FFP2. Qui est donc ce médecin, qui est cet homme pour appeler à supprimer les « Èves octogénaires » de Baudelaire ? À en finir avec le bonus, la chance et le bonheur d’être vivant à 80 ans ? Et pourquoi pas 75 ? ou 85 ? ou 90 ? J’aimerais inviter ce médecin, non pas à lire « Les petites vieilles » de Baudelaire, mais simplement à ouvrir une histoire de l’art ou de la littérature (ou même de la science), et à rechercher les œuvres qui ont été créées par des artistes qui avaient plus de 80 ans. Je pourrais l’inviter à considérer les « bonus » de Pierre Soulages ou Bernard Noël. Et ce « bonus » incroyable du sourire de sa propre grand-mère.

    La question qu’il nous revient de nous poser aujourd’hui est double : accepte-t-on de laisser passer, une fois, deux fois, trois fois, le discours de ce médecin jusqu’à la banalisation du Mal, jusqu’à se complaire dans le plus abject des cynismes, au risque de sortir de l’humanité ? Et plus fondamentalement : quelle est la valeur d’une vie ? Quelle valeur accordons-nous à une vie humaine ? Spinoza exposait cette conception de la vie humaine dans son Traité politique : « … une vie humaine, qui n’est pas définie par la seule circulation du sang, et d’autres choses qui sont communes à tous les animaux, mais surtout par la raison, la vraie vertu et la vie de l’Esprit »*.

    Pascal Maillard

    *La traduction est de Henri Meschonnic dans Langage, histoire une même théorie, Verdier, 2012, p.78, chapitre 5. "L’humanité, c’est de penser libre". Ce chapitre est la reprise d’une communication faite au colloque Qu’est-ce que l’humanité organisé à Toulouse les 8-17 mars 2004.

    https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/260121/la-valeur-d-une-vie
    #droit_à_la_vie #coronavirus #covid-19 #pandémie #néolibéralisme #néo-libéralisme #contrôle_des_corps #discriminations #capitalisme #vieux #jeunes #choix #médecine #politique #éthique

  • « J’échoue généralement à être mère et femme » | Slate.fr
    http://www.slate.fr/grand-format/femme-mere-maternite-parents-enfants-famille-photos-festival-200187

    « Être mère, c’est faire tout à toute vitesse et manquer de temps pour se régénérer réellement, raconte la photographe polonaise Karolina Ćwik. Mais la maternité, c’est aussi un immense amour, une tendresse inestimable et un soin mutuel irrépressible. » Son travail intitulé Don’t look at me (« Ne me regarde pas »), s’interroge sur la conjugaison de la féminité et de maternité. Il est programmé en ligne dans le cadre du festival Circulation(s), du 13 mars au 2 mai 2021.

    via @mona c’est splendide ce truc. C’est presque comme si je voyais pour la première fois un taf réel sur l’enfantement / la maternité.

  • La « troisième voie » du gouvernement français, un pari risqué pour contrôler l’épidémie de Covid-19
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/03/24/la-troisieme-voie-du-gouvernement-francais-un-pari-risque-pour-controler-l-e

    Pour les épidémiologistes, la campagne vaccinale ne va pas assez vite dans un contexte épidémique inquiétant.

    « Freiner sans enfermer », « Dedans avec les miens, dehors en citoyen »… Les éléments de langage du gouvernement pour décrire les nouvelles mesures appliquées depuis le 20 mars pour maîtriser l’épidémie de Covid-19 en France sont à l’image du manque de lisibilité de la stratégie actuelle. A trop vouloir ménager l’ensemble des acteurs de la crise, le risque est de n’obtenir aucun résultat satisfaisant sur le plan sanitaire, craignent les épidémiologistes. « Il est difficile de prendre des décisions qui soient comprises de tous, et on obtient des solutions qui ne satisfont personne », résume Yves Buisson, président de la cellule Covid-19 de l’Académie nationale de médecine.

    La stratégie actuelle de la « troisième voie », pour reprendre la formule du chef du gouvernement, Jean Castex, ne répond à aucune des trois options recommandées par les épidémiologistes – le « vivre avec », la circulation minimale ou le « zéro Covid ». « Le gouvernement français n’a pas de stratégie explicite : on ne sait pas où il veut aller », analyse Antoine Flahault, professeur de santé publique et directeur de l’Institut de santé globale (université de Genève). A la fin octobre 2020, le président Macron affichait pourtant un objectif clair : atteindre une circulation minimale du virus en atteignant la barre des cinq mille nouveaux cas de contamination quotidiens. « Sauf qu’on n’y est jamais arrivé, et cet objectif est depuis passé à la trappe », rappelle l’épidémiologiste.

    Le cas de la France n’est pas une exception en Europe. Si les Britanniques, les Irlandais et les Portugais connaissent une forte décrue épidémique après des mesures de confinement strict et prolongé, en Allemagne, en Italie, en Suisse, en Belgique ou encore au Danemark, « on a un peu partout des dirigeants dans un entre-deux, qui n’est plus le “vivre avec”, mais pas encore la circulation minimale », observe le professeur Flahault.

    La situation épidémique a pourtant de quoi inquiéter. Au niveau national, le taux d’incidence est de 308 nouvelles contaminations pour 100 000 habitants par semaine, avec une forte hétérogénéité territoriale. La plupart des départements d’Ile-de-France et des Hauts-de-France dépassent les 400 et la Seine-Saint-Denis, particulièrement, connaît un pic à 693. Donnée inquiétante, le taux d’incidence des plus de 80 ans repart légèrement à la hausse après des semaines de baisse dues en partie à l’impact de la vaccination chez cette population prioritaire.

    • Avec le variant britannique, « une nouvelle épidémie est née »

      « Aujourd’hui, la situation sanitaire en Ile-de-France est comparable à celle de la deuxième vague, mais en pire : le taux d’hospitalisation depuis les urgences sur les pathologies habituelles hors Covid est élevé, l’épuisement des équipes est également plus important, et il n’y a pas de renforts en provenance de la province, explique Renaud Piarroux, épidémiologiste à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière. Par ailleurs, avec le variant britannique, les transferts sont souvent impossibles, car les malades sont très instables. »

      Lire aussi Confinement : Emmanuel Macron accusé d’avoir « perdu son pari »

      Cette tension à l’hôpital risque de durer, car les gens qui se contaminent aujourd’hui pourraient se retrouver en réanimation dans les trois à quatre prochaines semaines. « On s’attend à ce que la situation hospitalière soit plus compliquée à gérer que lors des deux premiers confinements », anticipe le docteur Piarroux, regrettant que le gouvernement n’ait pas pris de décision plus tôt : « Il aurait fallu freiner fort en janvier avec un confinement, allonger les vacances d’hiver et imposer le #télétravail chaque fois que possible. »

      Le tableau actuel est également très noir pour Arnaud Fontanet. Membre du conseil scientifique, il a plaidé, mardi, sur BFM-TV, pour une extension à de nouvelles régions des mesures de restriction prises dans les seize départements reconfinés. « Ces mesures seraient très pertinentes dans des régions qui, aujourd’hui, sont encore dans un état à peu près maîtrisé, mais qui, d’ici trois à quatre semaines (…), vont se retrouver dans une situation critique », estime l’épidémiologiste de l’Institut Pasteur.

      « Le variant anglais a complètement changé la donne, avec sa transmissibilité et sa létalité accrues (…), une nouvelle épidémie est née », estime M. Fontanet. Selon lui, ce variant représentera « 90 % [des nouveaux cas] fin mars, 100 % en avril »_ [c’est déjà 100% dans le 93, ndc]. Pour le moment, il en représente plus des trois quarts (75,9 %, selon les chiffres de l’agence de sécurité sanitaire Santé publique France, portant sur la période du 13 au 19 mars).

      Le pari de la vaccination

      Désormais, au-delà des mesures de restriction, l’exécutif parie avant tout sur la vaccination pour espérer parvenir à une situation d’équilibre au cours du printemps. Le ministère de la santé espère passer le cap des 400 000 injections par jour à la fin de la semaine, afin d’atteindre l’objectif des dix millions d’adultes ayant reçu au moins une dose de vaccin d’ici à la mi-avril. Et ce, malgré les retards de livraison d’ores et déjà annoncés par AstraZeneca, qui n’aura, au mois de mars, honoré qu’un quart des volumes de doses prévus dans son contrat avec les Etats membres de l’Union européenne.
      Pour le moment, la couverture vaccinale n’est pas encore suffisante pour espérer réduire massivement les hospitalisations. Au 22 mars, 9,5 % de la population totale a reçu au moins une injection et 3,7 % les deux, selon le ministère de la santé.

      Lire aussi Covid-19 et restrictions en Europe : les nouvelles comparaisons approximatives de Jean Castex

      « On réclame depuis longtemps d’accélérer la #campagne_vaccinale, car c’est grâce à la vaccination qu’on pourra sortir de l’épidémie. Mais cette stratégie seule ne suffit pas, il faut aussi contenir les contaminations », plaide Mylène Ogliastro, vice-présidente de la Société française de virologie. « Si on lâche la pression sur la maîtrise des contaminations, on crée des circonstances favorables à l’émergence de nouveaux #variants_résistant aux vaccins », explique la virologue. Les virus suivent en effet les lois de l’évolution des espèces : ils mutent en permanence, et certaines de ces variations peuvent se révéler avantageuses, favorisant leur résistance ou leur reproduction.

      « Si un confinement strict se met en œuvre en France, on a la possibilité de revenir à un été serein, mais, pour ça, il faudrait avoir une stratégie autre que celle de contenir l’épidémie bon an mal an, et des objectifs clairs », acquiesce le professeur Flahault.

      « D’abord une responsabilité individuelle »

      « Ce qui est compliqué, c’est le timing », complète Rodolphe Thiébaut [l’idiot utile de l’article, ndc], professeur de santé publique à Bordeaux. Sous-entendu, plus on attend, plus cela nécessitera que les restrictions soient fortes. La stratégie actuelle est donc « risquée » si on se place au seul plan du contrôle de l’épidémie, mais imposer un confinement strict à une population lasse et épuisée psychologiquement au bout d’un an, « est plus difficile et plus complexe » [L’habituelle légitimation du "pari" par l’opinion]
      .
      « On revient à cette nécessité de compréhension et de pédagogie où c’est d’abord une responsabilité individuelle et de bon sens de chaque citoyen. Et il n’y a sans doute rien de plus difficile… », souligne l’épidémiologiste. D’où le choix du gouvernement de recourir à ce que le professeur Thiébaut et ses confrères nomment une « santé publique de précision », en confinant certains territoires, mais pas d’autres.

      Lire aussi Confinement : le gouvernement renonce aux attestations pour les petits déplacements en journée

      Il faudra encore attendre quelques semaines avant de savoir si le pari du gouvernement sera payant, selon Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie et biostatistique à l’Ecole des hautes études en santé publique, à Rennes. _« On ne mise pas que sur le confinement. L’arrivée des beaux jours et l’avancée de la vaccination vont peut-être compenser la moindre efficacité de ce confinement. Il faut attendre deux à trois semaines pour voir si l’incidence continue d’augmenter », conclut-il.

      Ce soir ça claironne que, oui, il faut être dehors mais les rassemblement de plus de 6 personnes sont interdits. On va pouvoir montrer que c’est pas le bordel, non mais ! et distribuer des amendes.

      Pour ce qui est de la « pédagogie » et de la « compréhension », on a toujours pas entendu ou lu le mot aérosol ailleurs qu’à la marge (experte ou non).

      #covid-19 #crise-sanitaire #pari

    • L’épidémie de Covid-19 ne fait qu’empirer, mettant en péril la « troisième voie » d’Emmanuel Macron
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/03/24/la-troisieme-voie-d-emmanuel-macron-menacee-par-la-saturation-des-reanimatio

      Jean Castex a reconnu que la possibilité existe de « durcir » les mesures « en fonction de l’évolution de la pandémie » et de la saturation des hôpitaux. Une évolution devrait être décidée jeudi : l’élargissement des restrictions à l’Aube, le Rhône et la Nièvre.

      Jean-François Delfraissy fuit les médias depuis qu’il a recommandé en vain, fin janvier, de recourir à un nouveau confinement national. Après coup, le président du conseil scientifique soupirait devant un proche : « Chaque mot que je prononce, en ce moment, c’est une tuerie… » « Si nous continuons sans rien faire de plus, nous allons nous retrouver dans une situation extrêmement difficile, comme les autres pays[Le Vietnam ?], dès la mi-mars » , alertait alors l’immunologiste, qui se montrait inquiet de la diffusion du variant britannique du Covid-19, plus contagieux que la souche originelle du virus. Une sortie publique qui avait suscité la polémique, Emmanuel Macron souhaitant à tout prix éviter de remettre la France sous cloche.

      Les graphiques : comment les contaminations évoluent-elles dans votre département ?

      Près de deux mois plus tard, pourtant, « les faits lui donnent totalement raison », estime le sénateur écologiste de Paris Bernard Jomier, président de la mission d’information du Palais du Luxembourg sur la gestion de la crise sanitaire. « L’exécutif l’a dénigré et a écarté ses préconisations », a regretté l’élu dans un tweet, le 18 mars. C’était au soir de l’annonce du premier ministre, Jean Castex, d’un confinement allégé dans 16 départements pour répondre à ce qu’il qualifie de « troisième vague ». Depuis, la situation ne fait qu’empirer, mettant en péril la « troisième voie » du gouvernement, dont l’objectif est de « freiner sans enfermer ».

      Lire notre récit : « C’est kafkaïen » : dans les coulisses du cafouillage au sommet de l’Etat sur le « vrai-faux » confinement

      Mercredi 24 mars, le directeur de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch, a envoyé un courriel au ton alarmiste à ses équipes. « Nous n’avions pas connu un nombre d’entrées [dans les services de l’AP-HP] aussi haut en vingt-quatre heures depuis la première vague », a-t-il souligné dans ce message, rendu public sur le compte Twitter de l’institution [673 admissions hier : https://seenthis.net/messages/907670#message907861].

      Avec plus de 4 600 patients placés en réanimation au total, la France se rapproche du pic de la deuxième vague, qui était de 4 903 malades, le 16 novembre 2020. « Nous ne tiendrons pas longtemps à ce rythme ou pire s’il continue de s’accélérer. Je ne vois pas d’autres options qu’un vrai confinement », a prévenu, mercredi, Rémi Salomon, président de la commission médicale de l’AP-HP. « On est dans le mur. Il fallait freiner avant. C’est plein comme un œuf. Le prochain mois va être infernal », a déploré, pour sa part, sur France Inter, Jean-François Timsit, chef du service de réanimation de l’hôpital Bichat, à Paris.

      Après avoir indiqué pendant des mois qu’il voulait à tout prix préserver de l’engorgement les services de réanimation, l’exécutif compte aujourd’hui se laisser un peu de temps avant de recourir à un éventuel tour de vis supplémentaire. « On a besoin de quinze jours pour vérifier si les mesures prises sont efficaces sur les territoires concernés », a soutenu Emmanuel Macron, mardi, lors d’un déplacement à Valenciennes (Nord). Recours au télétravail [Ou ça ? ndc], limitation des rassemblements privés à son domicile… « Si ces mesures sont pleinement appliquées, elles auront un effet », a voulu croire le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, qui s’est exprimé, mercredi midi, à l’issue du conseil des ministres.


      YOAN VALAT / EPA VIA AFP

      « Pas de totem » [quand au nombre de malades et de morts, juste quelques tabous dont l’aérosolisation]

      Au cours de l’après-midi, Jean Castex a néanmoins évoqué la possibilité de « durcir » [contre qui cette fois ?] les mesures « en fonction de l’évolution de la pandémie ». « Nous avons un devoir de nous adapter, comme nous l’avons toujours fait », [sic] a assuré le premier ministre lors des questions au gouvernement au Sénat, évoquant « une troisième vague particulièrement violente ». (...) Le ministère de l’intérieur a par ailleurs rappelé que les rassemblements de plus de six personnes en extérieur sont interdits sur tout le territoire sauf dans certaines situations comme les manifestations déclarées par exemple, mais l’interdiction est stricte dans les 16 départements en très forte tension virale.

      Reste une question cruciale en suspens, celle des écoles. Depuis plusieurs jours, le nombre de contaminations explose dans les établissements scolaires, posant l’éventualité de nouvelles restrictions, voire d’une fermeture pure et simple. « Nous n’excluons pas que les écoles doivent refermer », a affirmé Gabriel Attal, mercredi, dans un entretien au quotidien régional L’Union. « Tout est possible, pas de totem », confirme un conseiller de l’exécutif. Une telle décision représenterait un véritable camouflet pour le chef de l’Etat, qui a fait du maintien de l’ouverture des écoles un marqueur politique dans sa gestion de la crise sanitaire. « Tout est toujours possible mais ce n’est pas le choix que l’on fait là », élude un proche de M. Macron.

      Pendant ce temps-là, Jean-François Delfraissy est sorti de sa réserve : il était interrogé, mercredi matin, par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale en vue de son renouvellement comme président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Ce qui ne l’a pas empêché de prendre un détour par la case Covid-19, ce « virus qui nous domine », selon lui. « Cette crise n’est pas finie. Les vaccins vont nous sortir en partie de cela, pas complètement. On a une vision d’atterrissage qui pourrait être l’été » [létale ?], a-t-il estimé, avant de se montrer pessimiste sur l’état moral d’une société secouée par un an de pandémie : « Fondamentalement, ce qui nous manque en ce moment, c’est le climat de confiance. La confiance vis-à-vis de la science, vis-à-vis du politique. » Et peut-être, aussi, entre la science et le politique.

      Entre l’accélération de la circulation du virus et l’arrivée des test dans les écoles, voilà qu’ils finissent par trébucher grave sur le "cas mouflets" :

      Delphine_V*, TZR un jour, TZR toujours. Prof d’HG lancée dans la coopération, académie de Versailles. Passionnée et curieuse de tout. #ICEM #HG2DPF, touiteur

      Hier c’était journée dépistage au collège. Aujourd’hui c’est fermeture.

    • Oui, c’est ce qui se dit par ailleurs, notamment suite à la « fuite » de Guérini qui se serait indigné que Blanquer ait menti sur les chiffres des tests. D’aucuns en concluent que Blanquer va prochainement servir de fusible.

    • « L’équivalent d’un crash d’avion chaque soir » : les morts du Covid-19 s’accumulent, l’indifférence s’installe
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/03/25/covid-19-les-morts-s-accumulent-l-indifference-s-installe_6074385_3232.html

      Le coronavirus aura bientôt tué 100 000 personnes en France. Pourtant, le gouvernement ne veut pas prendre de mesures trop strictes, et n’agit que dos au mur. Un consensus inavoué s’est instauré pour tolérer des centaines de décès quotidiens.

      Analyse. C’est une sorte de mystère. Depuis le début du mois de décembre 2020, l’épidémie de Covid-19, qui s’était un peu calmée, est repartie de plus belle, en particulier en région parisienne. En trois mois et demi, le nombre de nouveaux cas recensés sur sept jours y est passé de 100 à 560 pour 100 000 habitants. Au fil des semaines, tous les seuils d’alerte ont été franchis. L’Ile-de-France est devenue la région où le virus circule le plus activement. Les hôpitaux sont saturés. Les services de réanimation débordent. Les morts s’accumulent. Bientôt près de 100 000 dans l’ensemble du pays depuis l’apparition du virus, selon les chiffres officiels.

      Et pourtant, rien ne se passe, ou si peu. Le dos au mur, Jean Castex a fini par annoncer, jeudi 18 mars, de nouvelles mesures de freinage dans les 16 départements les plus touchés, dont toute l’Ile-de-France et les Hauts-de-France. Trois départements ont été ajoutés mercredi 24 mars. Mais à peine le premier ministre avait-il achevé sa déclaration au ton grave que les Français réalisaient à quel point le tour de vis était en réalité modeste. Cette fois-ci, pas de « confinement », mot récusé par le gouvernement. Pas de télétravail obligatoire, pas de fermeture des écoles ni des lycées, pas d’obligation de rester chez soi, pas d’attestation nécessaire pour sortir dans la plupart des cas, ni de limitation de durée. Le couvre-feu est au contraire retardé d’une heure.

      Freinage limité

      Au bout du compte, ce « confinement aéré » aboutit essentiellement à réduire les déplacements entre régions et à fermer des magasins supplémentaires. Relativement peu, en réalité, puisque les coiffeurs, les fleuristes, les chocolatiers, les libraires et les vendeurs de voitures ont été considérés comme de « première nécessité » et autorisés à rester ouverts. Résultat : le trafic automobile dans Paris, bon indicateur de l’activité, n’a reculé que d’environ 5 % par rapport à la période précédente. Freinage limité, donc.

      Le gouvernement revendique lui-même cette « approche pragmatique » , qui entend lutter contre le Covid-19 tout en évitant de trop peser sur l’économie et le moral des Français. Plutôt que de vouloir éradiquer l’épidémie, comme le premier confinement y était pratiquement parvenu, et comme de nombreux scientifiques le réclamaient, l’exécutif accepte depuis des mois de laisser circuler le virus. Misant sur une future vaccination de masse, il refuse les mesures trop dures, ne suit pas les recommandations du conseil scientifique, et ne muscle – mollement – son dispositif qu’en dernier recours, lorsque l’épidémie commence à échapper à tout contrôle.
      Entre 250 et 350 par jour en moyenne depuis le début de 2021, c’est l’équivalent d’un crash d’avion chaque soir. Un crash discret, qui ne fait plus la « une »

      Clairement, Emmanuel Macron estime que la France doit pour le moment « vivre avec » le virus, selon sa propre formule. Cela signifie aussi vivre avec les malades. Et les morts. Entre 250 et 350 par jour en moyenne depuis le début de 2021. L’équivalent d’un crash d’avion chaque soir. Un crash discret, qui attire de moins en moins l’attention et ne fait plus la « une ». Non seulement il n’amène pas le gouvernement à agir drastiquement, mais cette approche modérée, qui ne donne pas la priorité absolue à l’urgence sanitaire, n’est guère contestée, si ce n’est par des médecins comme le généticien Axel Kahn. Le conseil scientifique le constate dans sa dernière note, datée du 11 mars : « La lassitude a gagné nos concitoyens et nos soignants. Une certaine indifférence face aux chiffres des décès s’installe ».

      D’où vient cette « indifférence » face à la mort ? D’une forme d’accoutumance, sans doute. D’autant que, depuis le début de la deuxième vague, le nombre de décès attribués au Covid-19 a rarement dépassé 500 par jour, alors qu’il avait culminé au-delà de 1 000 au printemps 2020. Dans la durée, la vague actuelle se révèle néanmoins beaucoup plus meurtrière que la première, qui n’avait tué « que » 30 000 personnes. En outre, le Covid tue avant tout des personnes âgées, fragiles, dont l’espérance de vie était limitée. Certaines d’entre elles « seraient de toute façon décédées » d’une autre cause, relève une étude publiée par l’Institut national d’études démographiques (Ined) le 17 mars.

      Pas de lobby des endeuillés

      Au-delà, un parallèle peut sans doute être établi avec le chômage. En 1994, Denis Olivennes avait publié dans Le Débat un article resté fameux sur « La préférence française pour le chômage ». L’ex-conseiller de Pierre Bérégovoy (1925-1993) y avançait l’hypothèse que le chômage de masse constaté en France ne relevait pas d’une fatalité, mais « d’une préférence collective, d’un consensus inavoué ». « Les syndicats, par construction, représentent les intérêts des actifs occupés ; le patronat gère la paix sociale dans ses entreprises en négligeant les intérêts des chômeurs ; le gouvernement dialogue avec les partenaires sociaux et soigne un électorat composé d’actifs occupés et d’assurés sociaux », expliquait-il. Personne ne représentant les chômeurs, le pays avait opté, selon lui, pour le pouvoir d’achat des actifs, au détriment du nombre d’emplois.

      Il est tentant, aujourd’hui, d’esquisser une analyse du même type pour le Covid. Là aussi, le gouvernement, les syndicats et le patronat discutent en permanence des choix à effectuer pour piloter la crise économique et sanitaire. Les fleuristes, par exemple, ont souligné qu’« ils font la moitié de leur chiffre d’affaires pendant cette période de printemps », un argument repris par le ministre de l’économie Bruno Le Maire. Et là encore, les principales victimes ne sont pas dans la boucle. Pas de syndicats des malades, pas de fédération des morts, pas de lobby des endeuillés. Leurs voix ne sont guère portées que par les médecins et les scientifiques, dont les messages, parfois discordants, peinent à être entendus. Cette absence de relais contribue sans doute au « consensus inavoué » actuel, selon lequel la France, comme d’autres pays, tolère un « plateau haut » de malades, et un nombre de morts qui aurait paru inacceptable il y a peu.

      Ce journal a beau être ce qu’il est (...), ça fait longtemps qu’il publie des éléments critiques (par exemple sur les discordances entre conseil scientifique et gouvernement, ou même en documentant ce qui s’est passé dans les hôpitaux) sur un ton "neutre" et poli.

      Ici, il reprend l’image du crash d’avion qui a court depuis des mois, par ailleurs, il laisse de plus en plus à d’autres le soin de dire les choses de façon très étayée avec une netteté :

      C’est comme rouler en voiture vers un mur et affirmer qu’en freinant le plus tard possible on gagnera du temps.

      https://seenthis.net/messages/908051

      #acceptabilité

  • #Covid-19 : « En France, vous perdez sur tous les tableaux, vous avez les morts et la crise »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/03/24/covid-19-en-france-vous-perdez-sur-tous-les-tableaux-vous-avez-les-morts-et-

    Pour Devi Sridhar, professeure de santé publique à l’université d’Edimbourg, les stratégies du Brésil, de la Suède et de la France face à la pandémie de Covid-19, « si différentes soient-elles, ne sont pas raisonnables ».

    A 36 ans, l’Américaine Devi Sridhar occupe la chaire de #santé_publique de l’université d’Edimbourg. Depuis le début de la pandémie de Covid-19, elle conseille le gouvernement écossais dans sa politique sanitaire. Grâce à des mesures de restriction plus longues, l’Ecosse est parvenue à « écraser » la courbe des contaminations, explique-t-elle dans un entretien accordé au Monde, jugeant que les options retenues par le Brésil, la Suède ou la France « ne sont pas raisonnables ».

    Quelle est la situation en Ecosse actuellement ?

    Elle est bonne mais fragile. Au total, 48 % des adultes ont reçu au moins une dose de vaccin et la campagne accélère. Notre espoir est d’avoir immunisé tous les adultes d’ici à la mi-juillet. Ensuite, nous regarderons ce qu’il en est des enfants, si des vaccins sont disponibles et sûrs. En parallèle, il y a une grande pression pour alléger les restrictions, car tous les indicateurs vont dans le bon sens.
    Hier, pour la première fois depuis des mois, nous n’avons enregistré aucun mort. Le secteur économique voudrait tout reprendre normalement. Nous leur demandons d’être patients : nous allons alléger pas à pas les restrictions, d’ici au 26 avril. Nous avons commencé, en vérité. Mais nous ne voulons pas repartir trop vite et subir une troisième vague. C’est un moment de transition délicat mais encourageant.

    Le calendrier est-il déjà établi ?

    Oui, et annoncé. Fin février, nous avons rouvert les écoles maternelles et élémentaires, début mars l’enseignement secondaire, avec des effectifs réduits de 50 %. Début avril, nous réautoriserons toutes les activités extérieures et, fin avril, ce sera le retour à la normale, y compris les rassemblements intérieurs. Mais nous suivons les chiffres de très près pour nous assurer que ce calendrier est compatible avec l’évolution de l’épidémie. Nous vaccinons, nous testons en masse et nous suivons le virus dans les eaux usées pour confirmer ce recul.

    Quelle a été la particularité de l’approche écossaise ?

    Elle s’est mise en place en avril 2020. Jusque-là, nous suivions la position anglaise. Mais, quand le gouvernement britannique a indiqué qu’il voulait juste aplatir la courbe, nous avons estimé que nous pouvions faire mieux que ça : l’écraser. Et nous l’avons fait, grâce à des mesures de restriction plus longues. Le virus avait à peu près disparu d’Ecosse l’été dernier. Pendant un mois, plus aucun mort, plus d’hospitalisations. Mais, en août, le tourisme a repris, sans quarantaine. Et la deuxième vague est arrivée. Lentement d’abord. En octobre et novembre, tout était encore ouvert, la situation semblait maîtrisée. Mais, avec le variant B.1.1.7, à la fois plus contagieux et plus sévère, nous avons été contraints de mettre en place un confinement dur.

    Nous sommes parvenus à faire redescendre les chiffres. Et l’enjeu est de les maintenir à ce niveau tout en ouvrant peu à peu avec tous les outils disponibles. La vaccination, les tests, massifs et de toute nature, le traçage des cas contacts. Avec une nouveauté : des restrictions draconiennes sur les voyages. Nous avons retenu la leçon. Toute personne arrivant de l’étranger subit une quarantaine dans un hôtel, quel que soit le pays de provenance. Notre seul problème, c’est que l’Angleterre ne suit pas la même approche. Un visiteur peut arriver à Londres et prendre le train. C’est notre talon d’Achille. L’Europe continentale, avec ses frontières terrestres, connaît bien ce problème.

    Quel a été le rôle de la science dans vos choix ?

    Nous nous sommes constamment appuyés sur les preuves scientifiques. Les connaissances sur le virus, sur l’état de la population, sur les mesures susceptibles de nous protéger : les masques, la distance, l’ouverture des fenêtres, la ventilation. Nous avons fait des études, mais aussi essayé de profiter de ce que les autres pays faisaient, notamment en Asie. C’est une approche humble mais essentielle. Comme pour le vaccin : nous pouvons construire des modèles massifs sophistiqués, c’est très bien, ou alors profiter de l’exemple israélien, du Chili, des Etats-Unis. Ne pas avoir peur d’apprendre des autres : ne pas répéter leurs erreurs et se servir de leurs réussites.

    Avez-vous été surpris par l’apparition du variant britannique ?

    Nous savions que les pathogènes évoluaient, bien sûr. Et que cette évolution irait vers un virus plus transmissible. Mais nous espérions que cela s’accompagnerait d’une moindre sévérité. Un variant qui se répandrait et donnerait un simple rhume, c’était notre rêve. Ce n’est pas ce qui s’est passé. Nous avons eu la chance d’avoir plusieurs semaines de retard sur le sud de l’Angleterre, où le B.1.1.7 est apparu. Nous avons tout de suite vu que la contagiosité avait augmenté et, compte tenu de la situation hospitalière, la virulence ne semblait pas moindre. Alors nous avons décidé de confiner rapidement. Personne n’aime confiner. On en connaît les dégâts. Mais, s’il faut confiner, mieux vaut le faire vite, fermement, et en sortir vite. Et grâce à ça nos services hospitaliers n’ont jamais été sous pression comme en Angleterre.

    Comment jugez-vous la réaction de l’Europe continentale, notamment de la France, face au variant ?

    Etonnamment lente. Il suffisait de regarder l’Angleterre et de se dire qu’on ne voulait pas subir la même chose. Mais les gouvernements semblent incapables de faire ça. Aujourd’hui, nous devrions tous regarder ce qui se passe au Brésil, pas pour suivre leur politique catastrophique mais pour savoir comment réagir quand un variant réinfecte d’anciens malades, frappe des personnes plus jeunes et pourrait échapper en partie à certains vaccins. En France, il y a cette idée de préserver l’économie en restant ouvert aussi longtemps que possible. C’est comme rouler en voiture vers un mur et affirmer qu’en freinant le plus tard possible on gagnera du temps. Vous perdez sur tous les tableaux : économique et sanitaire. Vous avez les morts et la crise.

    Il n’y a que deux manières efficaces de combattre cette pandémie. Soit le modèle de l’élimination complète, celui choisi par les pays d’Asie, l’Australie, la Nouvelle-Zélande : le virus n’est plus là, vous pouvez attendre tranquillement l’arrivée des vaccins, votre économie roule et vous surveillez le moindre retour de flamme. Soit vous vaccinez massivement et aussi rapidement que possible votre population, comme Israël et les Etats-Unis le font. Les autres options, celles du Brésil, de la Suède ou de la France, si différentes soient-elles, ne sont pas raisonnables.

    La France défend également un maintien résolu des écoles ouvertes. Qu’en pensez-vous ?

    La question est délicate. Nous savons que les enfants doivent rester à l’école, qu’en cas de fermeture les dommages sont massifs. Mais il faut aussi protéger les enseignants et les familles. Notre modèle a été de maintenir le virus hors de l’école. Nous y sommes largement parvenus en fermant les classes au premier cas. Jusqu’à un certain point. Je ne crois pas que l’on puisse conserver les écoles ouvertes dans les périodes de circulation très élevée. Même si les enfants transmettent moins que les adultes, ils vont se contaminer entre eux, contaminer leurs familles, et risquent de mettre en péril les enseignants.

    Vous défendez pourtant une approche de santé publique fondée sur le principe : « les enfants d’abord »…

    Au début de l’épidémie, on a dit que les enfants ne seraient pas trop affectés par la pandémie. Dès mars, il m’a semblé évident qu’au contraire ils seraient massivement touchés. Ce sont les plus vulnérables, à bien des points de vue, et ils n’ont pas de lobby pour les défendre. Pas de voix, pas d’intérêts économiques évidents. Aux Etats-Unis, on a fermé les écoles tout en laissant les bars et les restaurants ouverts. C’est insensé. La France n’a pas fait ça, il faut vous en faire crédit.

    En Ecosse, les responsables politiques ont admis que les écoles devaient fermer en dernier et rouvrir en premier. Plus largement, nous avons toujours allégé les restrictions d’abord pour les enfants. Même au plus haut de la crise, les enfants de moins de treize ans pouvaient jouer dehors, car le jeu est essentiel à leur développement et le risque que nous leur faisions courir était minime. Pourquoi alors les punir ? Au même moment, les adultes ne pouvaient se rassembler à plus de deux. Mais à l’intérieur, avec ce nouveau variant, le risque nous apparaissait trop élevé, pour les enfants et pour les professeurs. Alors nous avons fermé les écoles, en maintenant des activités extérieures.

    Faudra-t-il vacciner les enfants ?

    Oui, je le crois. D’abord pour les variants. Si le virus circule parmi les enfants, nous courrons le risque de voir apparaître des variants plus virulents, notamment pour eux. Par ailleurs, les enfants font parfois des formes sévères ou des Covid longs, même si c’est rare. Enfin, pour stopper toute circulation et atteindre les 85 % ou 90 % de couverture vaccinale nécessaire à l’immunité collective, il va falloir toucher les plus jeunes. Nous vaccinons bien les enfants contre la grippe, pourquoi pas contre le Covid ?

    En France, nous ne vaccinons pas les enfants contre la grippe…

    Vraiment ? Ici, on le fait à l’école. Ils sont les vecteurs du virus, même si les victimes finales sont les personnes âgées. Pour le Covid, il faudra évidemment s’assurer qu’on a bien un vaccin sûr et efficace. Mais, quand ce sera le cas, on les vaccinera.

    Pourquoi les gouvernements occidentaux ont-ils si mal géré la crise, comparativement aux pays asiatiques ou africains ?

    D’abord on s’est trompé de modèle, pensant que le virus allait agir comme la grippe, un pathogène que l’on n’arrête pas. Quand on a vu que les pays asiatiques parvenaient à le stopper, on n’a pas trop su comment faire. C’est un virus très rusé. Trop sévère pour vivre avec sans mettre en péril nos systèmes sanitaires, mais pas assez pour nous faire peur et entraîner une réponse massive et coordonnée.
    De plus, il frappe les plus âgés, les plus pauvres, les obèses, les malades. Pour le combattre, les jeunes et les gens bien portants doivent faire des sacrifices qui profiteront aux plus vieux et aux plus fragiles. En Asie, c’est une évidence. Ça ne l’est pas pour nous. Doit-on sacrifier les plus âgés ? Ici, nous nous sommes posé la question. Là-bas, c’était impensable. Ils savent que le tissage entre générations et entre conditions constitue la trame de notre tissu social. Pour l’avoir oublié, nous avons payé très cher.

  • (@tintin - Urgent. Qui peut enregistrer ce docu et le mettre à dispo ? Il n’est visible que jusqu’à ce soir minuit. Merci !) //edit 26/03 : Merci pour vos retours ! y’a d’autres docus sur France3 qui sont supers//

    Le sous-sol de nos démons
    La France en Vrai - Midi-Pyrénées -
    en streaming - Replay france 3 Midi-Pyrénées | France tv
    https://www.france.tv/france-3/nouvelle-aquitaine/l-heure-d/2289237-la-france-en-vrai.html

    aussi là sans inscription :
    https://www.francetelevisions.fr/le-club/evenements-exclusifs/avant-premiere-le-sous-sol-de-nos-demons-5075

    disponible jusqu’au 26.03.21
    société
    52 min
    2019
    tous publics

    réalisé par Baptiste de Cazenove, Olivier Laban-Mattei
    (non ! Fanny Fontan et écrit avec Feriel Alouti)
    plus que 5h

    A l’hôpital Lapeyronie de Montpellier, tous les jours Magali écoute les récits de pédophiles et pédocriminels, au sein du CRIAVS (Centre de ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles). Tous les jours, Mathieu tente de convaincre, en dehors du centre, de l’importance de mettre en place un numéro unique pour pédophiles et éviter les passages à l’acte. Les consultations et les groupes de paroles que Magali anime se trouvent à l’intérieur de l’hôpital. Dans un huis-clos caché aux yeux de tous, des hommes malades et pour la plupart condamnés pour des crimes sexuels, atterrissent ici. Au sous-sol de l’hôpital, au bout de longs couloirs, dans des pièces fermées, parfois obscures, ils ont l’obligation d’être suivis.

    #CRIAVS #pédocriminalité

  • Histoire psychanalyse racisme _

    "Philosophe venu tardivement à la psychanalyse, il a évolué pendant un quart de siècle dans les colonies avant d’entamer un processus de « décolonisation de soi » coïncidant avec une tentative de décrire l’envers inconscient de la scène coloniale : sa cruauté mais aussi ses fragilités intimes, donnant à penser leurs effets de longue durée tant chez les anciens colonisés que chez les anciens colonisateurs.
    En redonnant une visibilité à ce trajet, ses échos, ses critiques et ses reprises, les auteurs explorent à partir de la mécanique du démenti les ressorts inconscients du racisme. Se dessine ainsi une histoire mineure de la psychanalyse française, qui avait affaire à la question raciale avant même que Fanon s’en saisisse ouvertement, et que Lacan annonce, une fois le cycle des décolonisations achevé, que « le racisme a bien de l’avenir ». "

    La vie psychique du racisme - Livio BONI, Sophie MENDELSOHN - Éditions La Découverte
    https://www.editionsladecouverte.fr/la_vie_psychique_du_racisme-9782348066702

  • handicap mobilisations catégorisations

    « En effet, durant les années 1970 4, les attentes des personnes handicapées évoluent, elles revendiquent le droit de participer à la vie sociale et de contrôler leur vie, elles contestent les pratiques et les politiques existantes qui les excluent au lieu de les inclure et font d’elles des sujets passifs soumis à la décision des professionnels. Elles critiquent la conception médicale et individuelle du handicap définissant celui-ci comme le résultat d’une déficience individuelle, devant être compensée. Elles s’opposent à la vision négative du handicap, faisant de celui-ci une tragédie personnelle. Dans les pays anglo-saxons, elles se rassemblent dans des mouvements et se mobilisent contre la discrimination, pour la défense de leurs droits, pour une société accessible et inclusive. Ces mouvements proposent des modèles alternatifs de définition du handicap, notamment le modèle social du handicap, base de leur action politique qui vise à transformer la société (et non plus à adapter l’individu) 5. Ainsi, durant les années 1970 et 1980, sous l’impulsion d’acteurs de plus en plus divers, la notion de handicap telle qu’elle a été définie au cours du 20ème siècle, les pratiques et les politiques auxquelles elle est liée, sont au centre de débats, internationaux et nationaux, qui conduisent à un éclatement des modèles de définition du handicap »

    http://scielo.isciii.es/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0211-95362008000100016

  • "Face aux agressions masculines, Lucie Delarue propose une éthique de la sororité, une « camaraderie de la douleur5 », qui transparaît dans sa poésie où l’expérience féminine devient un secret partagé entre des femmes alliées comme des sœurs de douleur"

    sororité éthique féministe littérature XXe

    https://lesparleuses.hypotheses.org/1063

  • "À notre époque, l’idée originelle vient des milieux du soin. Pour ces praticiens, ces groupes visent à offrir un espace d’écoute et d’échanges à des personnes partageant une condition similaire qui est pour elles une source de traumatisme et de désocialisation imposée. On parle ici de trouble psychique, traumatisme vécu, ou de problèmes de comportement qui affectent leurs proches. Le point de départ c’est donc un traumatisme engendré par une discrimination subie. La thèse de départ vient de Jacob Levy Moreno, psychiatre américain. Il ouvre la voie aux « thérapies de groupe ». C’est le premier à utiliser cette expression dans un ouvrage publié en 1932. On peut résumer la méthode par une citation : « L’interaction entre les membres, leurs relations mutuelles, sont d’une signification plus considérable que l’interaction avec le thérapeute. » Dans les années 1940, le psychologue Kurt Lewin, rescapé des camps nazis, fonde la notion de « dynamique des groupes ». Il s’appuie sur les théories qui considèrent le tout comme différent de la somme des parties qui le composent."

    -non-mixité-Groupes de parole
    https://melenchon.fr/2021/03/23/defendre-lunef-cest-lutter-contre-lobscurantisme