Monolecte 😷🤬

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • Pourquoi le “Suprématisme Blanc” n’est pas un phénomène marginal : un livre d’Alexander L. Hinton – Outside Dana Hilliot
    https://outsiderland.com/danahilliot/suprematisme-blanc

    L’arrivée au pouvoir de Donald Trump et la radicalisation de nombreux membres du Parti Républicain, le succès rencontré par l’ « alt-right » aux États-Unis et l’activisme des militants d’extrême droite (et notamment le trauma causé par le défilé des suprématistes blancs dans les rues de Charlottesville en août 2017) ont suscité selon l’auteur des analyses très insuffisantes dans la littérature politique. Plutôt que d’y voir l’activisme de groupes marginaux, voire d’individus isolés et dérangés mentalement, ou aux biographies dramatiques, A.L. Hinton explique comment les politiques erratiques, le racisme structurel, la promotion de l’exceptionnalisme américain et la conviction que les États-Unis sont parvenus à une société sans distinction de couleur ont détourné l’attention des racines profondes de la violence suprématiste blanche dans le passé brutal des États-Unis, et ce depuis la colonisation et l’esclavage. Nos institutions (et ça vaut évidemment pour l’Europe, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, etc.) sont structurées par le racisme – il faut être aveugle et sourd (ou raciste) pour ne pas en être persuadé : les politiques migratoires honteuses en Europe suffiraient à le démontrer, et l’exploitation coloniale (et son cortège de massacres, de viols, de camps d’internement et de génocides) ne s’est pas achevée avec la « décolonisation ». Le choc et la dénonciation de l’horreur nazie n’a absolument pas mis un terme à l’antisémitisme, et la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, ou l’inscription du génocide aux Nations Unis la même année n’ont pas changé grand-chose aux structurations racistes des rapports Nord-Sud (et de la considération au sein même des sociétés démocratiques occidentales des « racisés de l’intérieur »).

    Le terreau qui voit pousser ces excroissances radicales partout dans les pays occidentaux est encore on ne peut plus présent. Dans l’extrait du livre de A.L. Hinton que je traduis ici, il est rappelé que ces mouvements, aussi groupusculaires soient-ils, peuvent rapidement, si les circonstances s’y prêtent, s’amplifier et donner lieu au pire.

    • Commentaire sur Mastodon de @danahilliot@climatejustice.social

      Je crois qu’un certain nombre de gens essaient de « mesurer » ce qui se passe (chez nous mais aussi chez nos voisins, et à vrai dire dans la plupart des régimes à peu près démocratiques) 😞 Mais que cette compréhension demande un minimum de culture politique (laquelle culture a été ruinée en partie par des décennies de dépolitisation néolibérale)

      Pour ce qui est de la répression des mouvements socio-écologiques, il s’agit d’une lutte du pouvoir (dans sa forme néolibérale quasiment hégémonique actuellement dans le monde) contre l’émergence de tout récit alternatif (la vieille formule de Thatcher : « there is no alternative » ou la sortie de G.W. Bush : « notre mode de vie n’est pas négociable », impliquent la « silentisation » de la critique - ce qui pose du coup un sacré problème concernant la démocratie - et constitue une tragédie dans la perspective de la lente catastrophe qu’est le dérèglement climatique)

      Quant à l’émergence, bel et ben audible et visible, du récit radicalement xénophobe, raciste, plus ou moins fasciste, suprématiste blanc, et immunitaire (comme dirait Roberto Esposito), elle n’est que l’écume qui accompagne la déferlante xénophobe, raciste, etc.. des politiques européennes en matière de non-hospitalité et de néocolonialisme : ces droites décomplexées, qui édifient désormais sans aucun scrupule un continent forteresse parsemé de camps d’internement (pas seulement à ses frontières). Ce décalage vers l’extrême droite de gouvernants supposés au centre droit (élus comme tels en tous cas), libère ces groupes radicaux en quelque sorte, qui ont toujours été là (chaque génération produit ce genre de groupes en fait : parce que le suprématisme racial demeure un mouvement de fond comme l’a très bien analysé pour les USA Alexander L. Hilton :

      https://outsiderland.com/danahilliot/suprematisme-blanc

      ça n’a rien de marginal en réalité.
      ).
      Ils sont les idiots utiles des gouvernements dans la mesure où leur extrémisme fait passer les politiques xénophobes européennes pour un ensemble de mesures rationnelles, inévitables et modérées ("il n’y a pas d’alternatives")

      Ce qui devient inaudible, là aussi, ce sont les récits rappelant les devoirs d’hospitalité, la solidarité internationale (notamment envers les pays du sud), la responsabilité des pays du nord dans les dominations dans l’histoire globale (notamment coloniale et néocoloniale). C’est d’ailleurs là où les deux répressions se rejoignent comme le voit très bien chez nous quelqu’un comme Didier Fassin par exemple : les militants « climatiques » et « humanistes » se retrouvent (et se retrouveront de plus en plus au fur et à mesure de l’avancée de la catastrophe climatique) sur les questions de justice environnementale (les « socio-ecological relationship ») - et dans cette résistance aux gouvernants néolibéraux qui veulent les réduire au silence.

      Je crois que tout cela (je résume vraiment) est bien compris (et s’articule fort bien à la logique de l’hyper-capitalisme global). Et absolument sinistre, dramatique, et bientôt tragique.