• C’est un non-sens que de punir un peuple pour la corruption de ses dirigeants : le peuple en a été la première victime.

    Concernant la Grèce, on ne peut pas comprendre la situation actuelle sans tenir compte de ces deux faits :

    1) À la base, l’Union Européenne est un projet politique et non économique. Les accords sur le charbon et l’acier, sur l’énergie atomique étaient avant tout des prétextes à la constitution d’un bloc anticommuniste dans le contexte de la guerre froide. Ceux qui s’étonnent de l’entrée de la Grèce dans l’Euro ont oublié la géopolitique de l’époque. La Grèce, coincée entre la Yougoslavie, l’Albanie et la Bulgarie, sans frontière physique avec un autre pays de la Communauté, était une position hautement stratégique jusqu’en 1991. Face à cet enjeu les tripotages des comptes étaient de peu d’importance. Tous les dirigeants européens - modernes Tartuffes - et pas seulement les dirigeants grecs les ont couverts à l’époque. D’autant plus que cette position stratégique était le motif de dépenses militaires considérables, donc de marchés juteux.

    2) Verrouillage politique, népotisme, clientélisme et corruption sont des symptômes qu’on retrouve à des degrés divers dans tous les pays. Y compris la France. Ils sont toutefois beaucoup plus évidents dans les pays sous domination étrangère (au sens large : il peut s’agit de domination par un état étranger, ou par des entreprises étrangères). Or l’enjeu géostratégique que représentait la Grèce - on y revient - a prévalu très largement et très longtemps sur les besoins et aspirations des citoyens grecs. Ces derniers ne sont ni plus ni moins fondamentalement honnêtes, sérieux et travailleurs, que les autres citoyens européens.

    Qu’on ne s’y trompe pas : la quasi-faillite de l’État en Grèce n’est pas l’oeuvre du peuple grec. Celui-ci a tout-à-fait raison de refuser de payer une dette qui n’est pas la sienne. S’il était malgré tout obligé de le faire, ce serait un précédent catastrophique pour les autres peuples européens.

    FMI, BCE, UE, bas les pattes devant le peuple grec !