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j’écris des trucs là parfois http://rebellyon.info

  • Lucy Parsons – « Aux vagabonds » (Traduction) | groupe Pavillon Noir

    Aux vagabonds, aux chômeurs, aux déshérités, et aux miséreux.

    Aux trente-cinq milliers de personnes qui errent en ce moment même dans les rues de cette grande ville, les mains dans les poches, contemplant l’étalage de la richesse et du plaisir avec la résignation de ceux qui n’y prennent aucune part, à ceux n’ayant pas même assez pour se procurer de quoi apaiser les affres de la faim qui leur tenaille les entrailles. C’est à vous, et aux centaines de milliers de personnes partageant la même situation dans ce grand pays d’abondance, que je souhaite adresser ces mots.

    N’avez-vous pas bossé dur toute votre vie, depuis que vous fûtes en âge d’être utilisés dans la production de la richesse ? N’avez-vous pas trimé longuement, durement et laborieusement en produisant toutes ces richesses ? Et pendant toutes ces années de corvées, ne savez-vous pas que vous avez produit des milliers et milliers de dollars de richesses, dont vous n’avez possédé, ne possédez et, à moins que vous n’AGISSIEZ, ne posséderez jamais la moindre part ? Ne savez-vous pas, lorsque vous étiez attelé à la machine, cette machine attelée à la vapeur, alors que vous trimiez vos dix, douze ou seize heures par jour, que pendant tout le temps de toutes ces années, vous n’avez juste reçu du produit de votre travail que de quoi vous procurer la plus humble et grossière pitance nécessaire à votre survie ? Et que, lorsque vous avez voulu vous procurer quelque chose pour vous-même et vos familles, cela n’a jamais été que de la qualité la plus basse ? Que si vous vouliez vous rendre où que ce soit, vous deviez attendre jusqu’au dimanche, en ne gagnant si peu de votre travail implacable que vous n’osiez réellement vous arrêter un seul instant ? Et ne savez-vous pas que, malgré tous vos renoncements, vos privations, vos économies, il ne vous a pourtant jamais été permis de vous éloigner, ne serait-ce que quelques jours, des hurlements de la misère ? Et qu’au final, quand par caprice votre employeur a jugé profitable de prononcer l’artificielle pénurie en limitant la production, que les feux des fourneaux furent éteints, que le cheval de fer auquel vous fûtes attelés se reposa, que la porte de l’usine fut verrouillée, vous fûtes jetés sur la route comme des clochards, la faim à l’estomac et les haillons au dos ?

    http://fa86.noblogs.org/?p=2200

    • Je suis le clochard
      Sans genre, sans nombre
      Pas plus masculin que féminin
      Pas plus singulier que pluriel
      Je suis le clochard, tombé du ciel
      Le clochard aux nuits blanches
      Aux jours noirs
      On m’appelle Oxygène, grec comme Diogène !
      La figure la plus digne de tous les indignés
      J’ai tout bu, tout lu, tout vécu
      Jamais rien acheté, jamais rien vendu
      Juste volé l’eau et l’air
      Pour survivre sur cette maudite terre
      Y mettre le feu
      Pour que tous les damnés ouvrent les yeux
      Sur un nouvel art de vivre
      Qui consiste à se contenter de peu
      Juste une gorgée
      Pour voir scintiller l’étoile du berger
      pour tordre le cou aux sacro-saintes vérités
      Tout se vaut… donc rien ne vaut
      Le profit ne profite à personne…
      Le capital est sans intérêt
      Autrement dit, le sans intérêt est capital, le seul capital qui puisse décapiter tous les capitaines et nous rendre nos joies et nos larmes communes
      Pas de palais s’il vous plaît…
      Mais une petite chaumière pour remplir nos verres et les vider
      Vider nos cœurs et les remplir
      Ce clochard c’est l’être indigné
      Jetez vos armes, déchirez votre beau costume !
      Et dites adieu à vos coutumes
      On va rétablir la cité
      En ce moment, on meurt de faim au Soudan
      Des vieillards, des femmes et des enfants
      Et moi ça me donne envie de tuer quelqu’un
      Qui ?
      Je ne sais pas qui
      Mais lui, il le sait
      Puisqu’il s’agit de l’homme
      Une gorgée…
      Juste une gorgée
      Avant de lui apprendre à mourir !

      http://www.lejournaldepersonne.com/2011/07/le-manifeste-du-clochard