person:barbara stiegler

  • Barbara Stiegler : « Ce scrutin ne rend pas compte de ce qui s’est produit d’inouï en six mois » - Libération
    https://www.liberation.fr/politiques/2019/05/27/barbara-stiegler-ce-scrutin-ne-rend-pas-compte-de-ce-qui-s-est-produit-d-

    Quelle autre observation faites-vous ?
    Je constate que les résultats sortis des urnes ne rendent absolument pas compte de tout ce qui s’est produit d’inouï, de complètement inédit dans notre vie politique depuis six mois. Où est le mouvement des gilets jaunes dans les urnes ? Nulle part. Cette distorsion spectaculaire montre qu’il y a un dysfonctionnement majeur dans notre démocratie. Contrairement à ce qu’affirme le discours dominant, qui lui aussi remonte aux années 30, les citoyens ne se désintéressent absolument pas de la vie politique, bien au contraire. Mais tout se passe comme si la logique élective, élitiste et hyper-personnalisée des élections minait de l’intérieur le fonctionnement de nos démocraties, dans toute l’Europe et dans le monde.

    Le sursaut de participation n’est-il pas la conséquence d’une repolitisation liée aux gilets jaunes ?
    C’est un sursaut, comme vous dites, mais pas un bouleversement. La moitié du corps électoral s’abstient. C’est très grave. L’élection reste marquée par l’abstention. On ne voit rien émerger de nouveau alors que la richesse de la vie démocratique, que j’observe dans ma vie de citoyenne, s’est révélée depuis six mois. Partout, à l’hôpital, dans l’éducation, dans les classes populaires, les gens sont obsédés par des questions d’ordre politique. Mais cela ne se traduit pas dans l’élection.

  • Barbara Stiegler : « Ce scrutin ne rend pas compte de ce qui s’est produit d’inouï depuis six mois » - Libération
    https://www.liberation.fr/politiques/2019/05/27/barbara-stiegler-ce-scrutin-ne-rend-pas-compte-de-ce-qui-s-est-produit-d-

    Quelle autre observation faites-vous ?

    Je constate que les résultats sortis des urnes ne rendent absolument pas compte de tout ce qui s’est produit d’inouï, de complètement inédit dans notre vie politique depuis six mois. Où est le mouvement des gilets jaunes dans les urnes ? Nulle part. Cette distorsion spectaculaire montre qu’il y a un dysfonctionnement majeur dans notre démocratie. Contrairement à ce qu’affirme le discours dominant, qui lui aussi remonte aux années 1930, les citoyens ne se désintéressent absolument pas de la vie politique, bien au contraire. Mais tout se passe comme si la logique élective, élitiste et hyperpersonnalisée des élections minait de l’intérieur le fonctionnement de nos démocraties, dans toute l’Europe et dans le monde.

    "hyperpersonnalisée". C’est ce qui nous tue, à gauche. On n’en veut pas de l’hyperpersonnalisation. Mais il faut en passer par là pour pouvoir en changer. Mais on ne l’aime pas la grosse voix. Et quand c’est une nana, on ne l’aime pas non plus de toute façon. (je rigole (jaune) de ce que Aude Lancelin est en train de se prendre dans la gueule, après Chikirou, au Média)

    Le sursaut de participation n’est-il pas la conséquence d’une repolitisation liée aux gilets jaunes ?

    C’est un sursaut, comme vous dites, mais pas un bouleversement. La moitié du corps électoral s’abstient. C’est très grave. L’élection reste marquée par l’abstention. On ne voit rien émerger de nouveau alors que la richesse de la vie démocratique, que j’observe dans ma vie de citoyenne, s’est révélée depuis six mois. Partout, à l’hôpital, dans l’éducation, dans les classes populaires, les gens sont obsédés par des questions d’ordre politique. Mais cela ne se traduit pas dans l’élection.

    Oui, les GJ n’existent pas, ils sont minoritaires. C’est partout ce que les inners pensent.

    Que vous inspire le score de la droite ?

    Comme c’est le cas depuis longtemps, la droite est largement majoritaire, et j’additionne ici LREM, Les Républicains (LR) et le RN.

    L’extrême droite est largement majoritaire. Analyse partagée :-)

    Le bon résultat des écologistes donne-t-il un signe d’espoir à gauche ?

    J’ai vu mille percées des écologistes depuis que je suis née et cela n’aboutit jamais à rien. Attention à ne pas surévaluer leur résultat à chaud. Le score du parti écologiste témoigne à peine de l’aspiration populaire considérable, partout dans le monde, pour que la gauche et toute la vie politique se recomposent autour de l’écologie, de la santé, de l’avenir du vivant.

    Les gauchistes sont tellement obnubilés par la grosse voix effrayante du gars qui se crève le Q à porter ces 3 axes politiques qu’ils ne voient pas que le programme de la FI est exactement sur ces axes depuis 10 ans.

    • Découverte ! Le public, John Dewey

      Article de 2008, Joëlle Zask, premier point d’entrée sur lequel je tombe.
      Le public chez Dewey : une union sociale plurielle
      http://journals.openedition.org/traces/753

      La citoyenneté est une institution problématique. Au cours de l’histoire, le citoyen se voit tiraillé entre deux exigences : participer ou acquérir les compétences requises pour juger correctement des affaires communes. Le but de cet article est de montrer que seul un accord social fondé sur la pluralité des voix peut assurer une coordination entre ces deux exigences. On trouve dans la philosophie de John Dewey un bon exemple de combinaison entre le fait de prendre part et celui de développer une opinion publique véritable : le « public » est présenté comme une communauté d’enquêteurs. Afin d’insister sur l’originalité de cette conception, on distinguera le « public » des formes d’union fondées sur l’identité de leurs membres, tels la « masse » ou le « peuple ».

    • Avant d’oublier je relève que Barbara Stiegler parle de l’idéologie du sport comme d’un problème centrale dans la mentalité d’aujourd’hui. Non seulement il y a l’idée de compétition mais aussi le dépassement de soi, culture de la performance. On ne prend plus le temps de rien et les moments de « repos » ne sont tolérés que pour augmenter la productivité de soi-même. Exemple la médiation, on en préconise pour devenir plus efficace au travail.

    • #néolibéralisme #libéralisme

      Walter Lippmann (1889 - 1974)

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Walter_Lippmann

      Barbara Stiegler:

      Le cap et la pédagogie – à propos du néolibéralisme et de la démocratie

      https://aoc.media/analyse/2019/01/24/cap-pedagogie-a-propos-neoliberalisme-de-democratie

      (demande de s’enregistrer)

      [...]

      Le cap, d’abord. Non pas laisser faire, comme dans le libéralisme classique, mais imposer à la société la direction qu’elle doit suivre. Cette direction, c’est celle de son adaptation progressive à la division mondialisée du travail. Et sa destination finale, c’est celle d’un grand marché mondial régi par des règles loyales et non faussées, dans lequel devront désormais prévaloir, non plus des rapports brutaux de prédation où les plus gros continueraient de dévorer les plus petits (la fameuse « loi de la jungle »), mais les règles d’arbitrage d’une compétition fair play où, comme dans le sport, tous doivent avoir les chances égales de faire valoir leurs capacités et de révéler leurs talents. Ce que les nouveaux libéraux comprennent, dans le sillage de la crise de 1929 et à la suite de la décennie noire qui lui succède, c’est que le marché ne se régule pas tout seul. C’est qu’il n’y aucune main invisible qui harmonise spontanément la lutte des intérêts, et qu’il faut donc impérativement en appeler à la main des États, architectes et arbitres de ce nouveau marché à construire. Dans son analyse « à chaud » des premiers néolibéralismes de gouvernement à la fin des années 1970 au Collège de France (Naissance de la biopolitique), Michel Foucault l’avait déjà très bien compris.

      On pourra objecter, et on aura raison que, une fois parvenus au pouvoir, les néolibéraux n’hésitent pas à favoriser la concentration des richesses. Mais cette hybridation permanente avec l’ultra-libéralisme, qui laisse faire la formation des monopoles au nom d’un hypothétique « ruissellement » des fortunes sur tout le reste de la société, n’est pas la dimension la plus originale ni la plus intéressante de sa doctrine. Elle relève plutôt du compromis ou de la concession prétendument réaliste avec les forces en place. Ce qu’il y a de véritablement nouveau dans le néo-libéralisme, ce qui constitue le cœur de son utopie, c’est que le cap qu’il entend imposer à toutes les sociétés, est celui d’une compétition juste, qui inclut et qui doit inclure tous les individus. L’idée, c’est que tous sans exception, y compris les plus modestes et les plus vulnérables – malades, chômeurs, handicapés, démunis –, soient remis en selle pour participer à la course. Le cap, c’est que tous puissent, avec un maximum d’égalité des chances, participer à la grande compétition pour l’accès aux ressources et aux biens, désormais théorisés par les économistes comme des « ressources rares ». Alors se dégagera une hiérarchie juste entre les gagnants et les perdants, résultat toujours provisoire qu’il s’agira à chaque fois de rejouer, une fois encore comme dans le sport, afin qu’aucune rente de situation ne s’installe et que la compétition soit indéfiniment relancée.

      [...]

  • Les injonctions du #néolibéralisme
    https://www.franceculture.fr/emissions/la-suite-dans-les-idees/la-suite-dans-les-idees-du-samedi-26-janvier-2019


    Pour comprendre certaines injonctions récurrentes du discours politique contemporain, la philosophe Barbara Stiegler a mené l’enquête aux origines du néolibéralisme, du côté notamment de Walter Lippmann. Elle dialogue en seconde partie avec la romancière Gaëlle Obiégly.