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  • Exil à Calais : fin de partie ? La Brique - 13 mars 2017 - Hala Zika, Riton, Momo, Louis

    Octobre 2016, la destruction du bidonville de Calais et l’expulsion de ses habitant.es se déroulent dans le « calme » sur fond d’état d’urgence et de surenchère électoraliste. Le spectacle « humanitaire » est à son comble, savamment mis en scène par le gouvernement avec le concours d’une foule de journalistes convoquée et accréditée pour l’occasion. Cette destruction est l’épilogue d’une stratégie plus globale déployée depuis plusieurs mois sur le territoire visant à criminaliser les réfugié.es. Les dispositifs territoriaux, juridiques et policiers se referment aujourd’hui sur celles et ceux qui n’ont pas accepté la solution de l’État comme sur tou.tes les autres qui sont monté.es dans les bus à destination des « centres d’accueil et d’orientation » (CAO). Reportage sur les cendres encore fumantes des
    camps de la lande de Calais.

    La Peugeot 106 Key West tourne à plein régime. 90 km/h sur la rocade portuaire. Ça tremble dans tous les sens. Le car-ferry de Calais est à portée de vue. À droite, un mur de béton. À gauche, un mur de béton (en attente de végétalisation – côté route seulement, faut pas déconner). Quatre mètres de haut sur un kilomètre de long édifiés au frais de l’État britannique pour le compte de Vinci. Coût total de l’opération : trois millions d’euros. Derrière nous, un utilitaire blanc, deux mecs dedans et une flamme bleu blanc rouge qui orne la plaque d’immatriculation. Belle escorte, on se marre. On les promène un peu avant d’aller garer la caisse à distance de la lande de Calais. La zone est bouclée par les keufs1 et interdite d’accès au nom d’une disposition permise par l’état d’urgence – histoire de s’assurer de la servitude des uns et de la mise à l’écart des autres.


    Très vite, on se retrouve face aux bleus : « Bonjour, il se passe quoi par là-bas ? – Rien, c’est une zone logistique. – Et comment on se rend sur la jungle ? – Vous êtes accrédités ? – Non. – Alors, circulez. Et, soyons clairs, vous allez essayer de passer plus loin, par les petits bosquets, mais sachez que l’entrée sur le site est passible de six mois d’emprisonnement et de 7500 euros d’amende ». On continue par le sud, croisant les armures positionnées à tous les accès, avant de se replier au café des Dunes où on vide une bière en traînant l’oreille au milieu des journaleux : « C’est vachement calme, tu vois, je m’attendais pas à ça, je croyais que c’était pire que ça, ici. Franchement, on n’est pas à plaindre, c’est super bien organisé quand même ». Une table plus loin, un vidéaste balance sans ambages à une jeune collègue : « Tu vois, nous, on est là pour construire des récits, on est là pour mettre en image les actions des forces de l’État ». Difficile d’être plus clair. La pilule de l’État est passée goulûment... avant d’être chiée telle quelle sur toutes les chaînes de télévision.

    Zone à détruire
    L’analyse de ce qui a été visé dans la destruction du campement ne semble pas traverser l’esprit des canardeux qui nous entourent. Excès de zèle teinté de cynisme, quand on sait ce que sont en train de vivre au même moment les réfugié.es à quelques centaines de mètres de là.

    La suite : http://labrique.net/index.php/thematiques/immigration/856-exil-a-calais-fin-de-partie

    #Immigration #Calais #exil

  • Quand l’État administre le désastre La Brique - Riton, Hala Zika - 23 novembre 2016

    Depuis sa création en 2007, La Brique analyse régulièrement la situation des réfugié.es bloqué.es sur le littoral du nord de la France. Au fil des années, nous avons recueilli dans nos colonnes leurs paroles et réalisé des reportages sur leurs conditions d’accueil déplorables, et sur la surenchère sécuritaire qu’illes subissent. Nous avons choisi de dénoncer dans ces pages1 la manière dont les gouvernements – à droite comme à gauche – s’emploient depuis quinze ans, au travers de dispositifs logistiques alliant le sécuritaire à l’humanitaire, à maintenir les réfugié.es dans la non existence.

     

    Hiver 2002 : Sangatte est sur tous les écrans, dans tous les esprits, sur toutes les lèvres. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, entérine la fermeture définitive du centre d’accueil de la ville. Celui-ci a vu passer en trois années près de 68 000 personnes, forcées à l’exil par les guerres de l’ancienne Yougoslavie. Quinze ans plus tard, Sangatte demeure le sinistre emblème de la violence des politiques d’immigration européennes et de l’incapacité de l’État français à apporter une réponse humaine à la présence des réfugié.es sur son territoire. Peu avare de triomphalisme, Sarkozy déclare alors : « Nous mettons fin à un symbole d’appel d’air de l’immigration clandestine dans le monde ». Les mots sont choisis, tournent en boucle à la télévision, l’appel d’air est un symbole, l’immigration y est désignée comme clandestine. C’est un mensonge, bien assis sur le fantasme de l’invasion massive. Derrière cela se cache l’idée de surnuméraires à dissoudre en dehors d’un monde porté par le triomphe de l’exclusion et de l’indifférence. C’est aussi évacuer un peu vite l’idée que la fixation des réfugié.es sur les verrous de l’Europe – Calais, Lesbos, Ceuta, Lampedusa, etc. – est d’abord et avant tout la traduction d’une interdiction arbitraire à la liberté de circulation. Mais c’est là une autre bataille, que les militants et les militantes associé.es de près ou de loin au réseau No Border se sont engagé.es à conduire. Sur le terrain, la conséquence de cette décision à visée politicienne est dramatique. Elle force des milliers de réfugié.es à errer sur le littoral sans aucune ressource et à trouver refuge dans les squats, les « jungles » et autres campements disséminés dans les plis des territoires du nord de la France. En quinze ans, rien n’a changé, ou si peu.
     
    L’exil devient criminel

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    La suite : http://labrique.net/index.php/thematiques/hors-canard/851-quand-l-etat-administre-le-desastre
    #Lille #La_Brique #Calais #Réfugiés #Camps #violence_sociale

  • Pour un droit à la folie | Riton et Hala Zika
    http://labrique.net/index.php/thematiques/lutte-des-classes/830-pour-un-droit-a-la-folie

    Chaque jour, on attache, on enferme, on violente des personnes malades. Ce ne sont pas des actes isolés, mais la banalisation d’une violence organisée par un État où la mise à l’écart des indésirables est depuis longtemps devenue la norme. État des lieux de la dérive sécuritaire et gestionnaire de la psychiatrie, face à laquelle des alternatives ont depuis longtemps prouvé leur pertinence. Parmi elles : la clinique de La Borde où, sans raison médicale, on est allés passer quelques jours. Source : La Brique