Community managers à Mediapart, nous sommes en grève !

/community-managers-mediapart-nous-somme

  • Grèves sur mesure pour travailleurs du numérique
    https://www.arretsurimages.net/articles/greves-sur-mesure-pour-travailleurs-du-numerique

    Comment rendre visible et efficace son choix de faire grève quand on travaille dans le numérique ? Question que se posent plusieurs acteurs du secteur désirant s’impliquer dans le mouvement social contre la réforme des retraites. Plusieurs textes sont apparus ces derniers jours pour entrevoir des pistes, et des initiatives, pour l’instant éparses, commencent à se mettre en place. Dont celle de deux community managers de Mediapart.

    Comment rendre sa grève visible quand on travaille derrière un ordinateur et qu’un robot prend le relais quand on s’absente ? C’est la question que se sont posés deux community managers de Mediapart, Cécile et Gaëtan, déterminés à joindre leurs voix à celles des grévistes luttant pour le retrait du projet de réforme des retraites. Bien sûr, faire grève permet de se rendre disponible pour grossir les rangs des manifestations. Mais les deux CM voulaient que leur absence au travail soit immédiatement visible. Problème : à Mediapart, comme dans de nombreux médias lorsque les CM (qui se chargent à Mediapart de tous les contenus, textes et vidéos, postés sur les réseaux sociaux, mais aussi de la modération des commentaires, de la veille sur les réseaux sociaux, de l’analyse d’impact des publications) sont absents, un programme poste automatiquement les articles et certains billets de blog sur Twitter et Facebook.

    "Du coup, on ne se rend pas vraiment compte quand on n’est pas là, indique Gaëtan, l’un des deux CM grévistes, à Arrêt sur images. On pourrait bien sûr couper l’automatisation des publications, mais sur Twitter par exemple, si Mediapart ne publie rien, les gens vont voir d’autres tweets, et il faudrait plusieurs jours pour qu’on se rende vraiment compte de notre absence." Des réflexions nées des journées du 5 et du 12 décembre, durant lesquelles les deux CM étaient déjà en grève, mais en grève quelque peu frustrante : "On s’est dit qu’on perdait des journées de salaire pour rien, qu’on ne dérangeait personne en arrêtant le travail", déplore Gaëtan. Alors avec sa collègue, ils réfléchissent, en vue de la troisième grande journée de mobilisation, le 17 décembre, à la meilleure forme. Avec une difficulté supplémentaire : les deux CM souhaitent aussi que le mouvement social soit couvert, notamment par Mediapart, et que cette couverture soit relayée sur les réseaux sociaux.

    Occuper son outil de travail

    Finalement, c’est vendredi 13 décembre, à la machine à café, que la solution est trouvée : les publications Facebook et Twitter seront bien postées en automatique. Mais accompagnées de deux éléments : une mention précisant que les CM sont en grève, et un lien vers un texte publié sur un blog de Mediapart expliquant leur démarche.

    https://api.arretsurimages.net/api/public/media/tweet-bon-mediapart/action/show?format=public&t=2019-12-17T15:47:05+01:00
    https://blogs.mediapart.fr/community-managers-en-greve/blog/161219/community-managers-mediapart-nous-sommes-en-greve

    Dans ce texte, les CM expliquent : "Nous sommes des travailleurs du web, nous refusons la réforme des retraites et nous voulons le faire entendre en exerçant notre droit de faire la grève." Avant de proposer leur méthode : "Dans cette société du flux, du clic, du calcul, il ne suffit pas de couper ou d’arrêter : il faut occuper les circuits, les canaux, les espaces, il faut prendre la place."
    "En réfléchissant à ce que l’on pouvait faire, on a pensé aux ouvriers en grève qui occupent leurs usines, leur outil de travail, détaille Gaëtan à ASI. Nous avons voulu faire la même chose : occuper nos outils." Mais quand les ouvriers investissent leur usine, il y a généralement une personne qui ne goûte guère à la méthode : le patron. Comment "l’occupation" a été acceptée à Mediapart ? "Nous en avons d’abord discuté avec la troisième CM et le chef de la communication, qui ne font pas grève mais qui soutiennent la démarche. Puis avec notre délégué CGT, nous nous sommes demandé si c’était vraiment légal. Il nous a dit qu’un salarié qui occupe ses outils de travail s’expose à des sanctions. Mais dans notre cas, c’est avec le gouvernement et non notre patron que nous créons un rapport de force." Edwy Plenel est donc mis au courant de la démarche dans le week-end. Le fondateur de Mediapart n’y voit pas d’inconvénient, au point de relayer lui-même la démarche sur Twitter.

    https://api.arretsurimages.net/api/public/media/edwy-relaie-greve/action/show?format=public&t=2019-12-17T19:22:56+01:00

    "A Mediapart, on a la chance de pouvoir le faire, mais ce n’est pas le cas partout. On a contacté les CM d’autres rédactions, ils nous ont dit « on aimerait bien vous suivre, mais chez nous c’est pas trop possible », poursuit Gaëtan. Donc on se dit que c’est à nous de susciter la réflexion."

    OpenEdition suspend son site

    L’initiative des CM de Mediapart n’est pas la seule des travailleurs du numérique. Ainsi, un manifeste est apparu le 5 décembre, ainsi qu’un compte Twitter dédié : "on est la tech". Dans leur texte, les signataires prônent l’utilisation des machines, de l’automatisation et de l’informatique non pour jeter de plus en plus de salariés dans le chômage, mais pour libérer du temps pour tous, notamment pour... partir en retraite plus tôt. Autre initiative, plus isolée : le site de publication scientifique OpenEdition a choisi de rendre tous ses sites inaccessibles, le 17 décembre, décision prise en assemblée générale. La page d’accueil provisoire affiche les raisons de cette suspension volontaire.

    https://api.arretsurimages.net/api/public/media/openeditiongreve/action/show?format=public&t=2019-12-17T17:57:33+01:00

    Rendre des sites web inaccessibles, au moins provisoirement, une méthode de lutte efficace pour les métiers du numérique ?
    Un autre texte, signé par des développeurs, des chercheurs, des informaticiens, envisage la lutte du point de vue de leur profession. Publié le 8 décembre sur le site L’Indiscipline, et relayé par Lundi matin, le texte explique que la dématérialisation de nombre de secteurs de l’économie rend la grève "classique" moins efficace qu’avant. S’adressant aux "collègues informaticiens et informaticiennes travaillant dans les administrations et les grandes entreprises", les signataires leur rappellent que "ce qui permettrait un réel rapport de force serait une action concernant le blocage ou le ralentissement de procédures dématérialisées, ou la manifestation d’un soutien sans bien sûr « saboter » quoi que ce soit".

    https://lundi.am/Appel-a-nos-collegues-informaticiens-et-informaticiennes

    L’un des signataires, développeur web indépendant diplômé d’une école d’ingénieurs, explique à ASI ce qui, à ses yeux, empêche le monde du numérique de s’impliquer efficacement dans la grève. "En tant que développeur, si on veut avoir un impact, il ne suffit pas de s’arrêter de travailler, il faudrait faire tomber, ou ralentir le site de sa boite, ou, si on est indépendant, d’un client." Une décision qui va au-delà de la simple grève, et nécessite une plus grande prise de risque des personnes impliquées. Et qui va, selon le développeur interrogé par ASI, à l’encontre des valeurs de la plupart des développeurs, très peu syndiqués et trop soucieux d’être le plus efficaces possible pour saboter leur propre travail dans un objectif militant. La réflexion ne fait que commencer.

  • Community managers à Mediapart, nous sommes en grève ! | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/community-managers-en-greve/blog/161219/community-managers-mediapart-nous-sommes-en-greve

    Comment faire valoir ses droits à l’ère de l’économie du numérique et de la précarisation des emplois ? Comment participer à la démocratie quand on est travailleur du web ? Comment faire vivre la grève à l’heure du télétravail, de l’uberisation, de l’automatisation ?

    C’est toute l’économie du web et des algorithmes qu’il faut questionner. Nous y sommes continuellement soumis dès lors que nous sommes connectés, au travail ou pas. Non seulement le grève n’est plus visible, mais nos données continuent d’être aspirées par les réseaux sociaux et plates-formes d’achat en tout genre. En clair, même pendant la grève, nous continuons à enrichir les bases de données des GAFA, à commander sur Amazon, à prendre un Uber ou une trottinette électrique, et à utiliser des lignes de métro automatisées. Pourquoi pas discuter d’une grève « de la connexion » ou d’une « grève de nos données » ?

    #GreveGenerale #OnEstLaTech

  • Community managers à Mediapart, nous sommes en grève !

    https://blogs.mediapart.fr/community-managers-en-greve/blog/161219/community-managers-mediapart-nous-sommes-en-greve

    Nous sommes des travailleurs du web, nous refusons la réforme des retraites et nous voulons le faire entendre en exerçant notre droit de faire la grève. Nous voulons que cette grève ait aussi un impact sur l’économie du numérique. Nous savons que c’est difficile, que cela peut nous mettre en difficulté avec notre employeur, que cela a un coût et que chaque jour de grève est une perte de salaire supplémentaire. C’est pourtant notre seul moyen de pression, nous n’en avons pas d’autre, et nous trouvons insupportable de ne pas pouvoir l’exercer correctement. Alors ce weekend, nous avons réfléchi à des solutions pour pallier l’inefficacité de la grève.

    /.../
    Community Managers En Grève

    #Greve_Generale #Reforme #Retraite #tech #greves_invisibles #Droit_de_Greve #c'est_comment_qu'on_greve