RESTAURER LA LIBERTÉ DU TRAVAIL, par Pierre Sarton du Jonchay

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    Le contrat de #travail souffre de la même déformation cognitive que le contrat financier : confusion entre l’objet et le sujet, entre la réalité matérielle, sa conceptualisation et la finalité des sujets. La confusion se concrétise dans la monnaie qui dans une matérialité unique paraît absorber toutes les dimensions du travail et de la finance. La déformation cognitive s’exprime dans l’incapacité où la monnaie nous a amenés de différencier la finalité de la matérialité : une fois attribué un prix en monnaie à quelque chose, nous tendons à croire que ce quelque chose contient les finalités que nous poursuivons. Nous enfermons nos finalités sans limite dans la matérialité monétaire qui peut tout recouvrir. Comme l’ #argent ne fait pas le bonheur, il est tout simplement devenu le bonheur.

    Si la monnaie est remise à sa place comme outil de conceptualisation de la valeur dans les limites de la matière, le salaire, comme le crédit, s’analysent tout autrement. Le salaire est déjà la mesure de la valeur du travail distinct de son sujet. Historiquement, le salaire apparaît quand l’homme devient le sujet de son travail, quand le travail devient un objet conceptuel distinct de son sujet, quand il devient concevable de posséder le travail sans posséder son sujet, quand l’homme peut travailler sans être un esclave. Avec le salaire, l’homme peut acquérir la valeur de son travail auprès d’un autre sans se vendre lui-même. Le salaire est le crédit du travail entre l’employeur et le travailleur : le travailleur n’est plus légalement la propriété de l’employeur.

    L’abolition morale de l’ #esclavage objectivise le problème de la valeur du travail. Entre le producteur de travail et l’employeur de travail, qui ne sont pas nécessairement distincts, se pose la question de la variabilité de la valeur du travail d’un sujet dans le temps. L’objet travail n’est pas une fin en soi. Sa finalité est de répondre au besoin du sujet ; du sujet du travail et du sujet acheteur de l’objet du travail. Ces besoins varient dans le temps et il en va donc de même de la valeur du travail qui les satisfait. La question est inévitablement posée de répartir la variabilité de la valeur travail entre le sujet du travail et le sujet de l’objet du travail. C’est ici que se distinguent et se différencient l’employeur et le salarié dans un régime de liberté de travailler et de la valeur libre du travail.