Langage inclusif : pour le cerveau, le neutre n’est pas neutre

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  • Langage inclusif : pour le cerveau, le neutre n’est pas neutre | CNRS Sciences humaines & sociales
    https://www.inshs.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/langage-inclusif-pour-le-cerveau-le-neutre-nest-pas-neutre

    Dans un second temps, la même expérience a été reproduite en utilisant cette fois le point médian. Les résultats obtenus indiquent que le déséquilibre de temps de traitement entre le masculin et le féminin était alors totalement éliminé : la présence explicite des marques masculine et féminine force le cerveau à considérer les deux alternatives.

    Cette étude éclaire à quel point le cerveau est profondément affecté par le biais de genre dans le langage : il tend à présupposer le masculin même face à des phrases n’employant pas le masculin générique. La stratégie de re-féminisation qui fait apparaître les formes masculines et féminines des mots (par exemple, « Françaises, Français ») apparaît donc la plus efficace pour susciter des représentations mentales équilibrées.

    L’étude signalée depuis https://seenthis.net/messages/1023926
    https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2023.1256779/full

    #macronnerie

    • L’article s’en tient exclusivement à la langue française... Il aurait tout de même été intéressant de voir en anglais où le neutre tend vers le féminin (the sister-ship of Titanic) et dans les langues à 3 genres distincts (allemand, russe), les langues slaves distinguant en plus l’animé du non animé (les animaux faisant partie des animés, en russe, quand on voit un animal inconnu on ne demande pas « qu’est-ce que c’est ? » mais « qui est-ce ? »). Le Sorabe, lui, distingue 9 genres : M, F, N pour animés humains, animés animaux et non animés. Et dans les langues non indo-européennes, il y a des situations encore plus compliquées.

    • @rodolphe

      On parle d’écriture inclusive en france et je ne vois pas le problème si justement cette étude basée sur deux expériences se font sur la compréhension du genre à la lecture de phrases en français. C’est un choix intéressant car le français est une langue spécifique pour la distinction de genre, l’histoire du français (cf Eliane Viennot) est un long travail d’invisibilisation du féminin au profit du masculin opéré par les institutions. Comment étudier la colonisation d’un espace de langage, si celui-ci n’est pas circonscrit minutieusement à sa langue, ici la france de l’académie francniaise si glorieuse de bannir tout féminin de ses mots mais fière des lettres non prononcées à chacun.

      Par contre je vois nombre d’hommes qui en profitent pour expliquer l’inclusivité dans d’autres langues et c’est un peu problématique. Ne pas vouloir saisir l’enjeu politique français actuel du langage inclusif est-il si pénible ? Est-ce qu’être allié des féministes est si difficile ?

      Etude effectuée par

      1- Laboratoire de Psychologie et NeuroCognition, Université Grenoble Alpes, CNRS, Grenoble, France
      2- Laboratoire Lidilem, Université Grenoble Alpes, Grenoble, France
      3- Laboratoire des Systèmes Perceptifs, Département d’Études Cognitives, École Normale Supérieure, Université PSL, CNRS, Paris, France

      https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2023.1256779/full

      J’ai trente-quatre étudiants en cours, dont seulement sept sont des étudiants

      [I have thirty-four studentsMASC in my class, only seven of whom are studentsMASC]

      The resolution of this kind of ambiguity relies on various cognitive mechanisms, including world knowledge, context, and pragmatic cues. However, previous research suggests that the ambiguity is typically resolved to the disadvantage of the feminine gender, with the masculine generic favoring the activation of masculine-specific representations. For instance, in Experiment 1 of Gygax and Gabriel (2008), French-speaking participants had to decide, as fast as possible, whether the person referred to by a kinship term (e.g., un frère [a brother] or une sœur [a sister]) could be part of a group described by a role noun in the masculine generic form (e.g., musiciens [musiciansMASC]). The results revealed a strong bias toward male kinship terms, indicating that male kinship terms were more readily associated with role nouns written in the masculine form. Similarly, when asked to estimate the percentage of women in a group described by a generic masculine term, participants consistently selected gender ratios below 50%, despite the role nouns being non-stereotyped in terms of gender (Tibblin et al., 2023). Moreover, studies have shown that the use of generic masculine language in questionnaires can impact the self-reported efficacy of female respondents (Chatard-Pannetier et al., 2005; Vainapel et al., 2015). Wilson and Ng (1988) used a priming paradigm to manipulate the perception of gender in ambiguous photographs through short sentences presented beforehand. The results indicated that the use of masculine generic language in the sentences biased perception toward male faces. Together, the findings from these experiments, as well as other studies mentioned below, provide robust evidence supporting the notion that the use of masculine-generic forms automatically activates masculine-specific representations.