Le seul droit dont les Palestiniens n’ont pas été privés est le droit de rêver - International Solidarity Movement

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  • Le seul droit dont les Palestiniens n’ont pas été privés est le droit de rêver - International Solidarity Movement - ISM-France
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    Israël a réagi à l’ordonnance de la CIJ d’une façon typiquement dédaigneuse. Le ministre de la Sécurité nationale du pays, Itamar Ben Gvir, a qualifié la CIJ de « tribunal antisémite » et a affirmé que la Cour « ne cherche pas la justice, mais plutôt la persécution du peuple juif ». Curieusement, Ben Gvir a accusé la CIJ d’avoir été « silencieuse pendant l’Holocauste ». L’Holocauste mené par le régime allemand nazi et ses alliés contre les Juifs européens, les Roms, les homosexuels et les communistes s’est déroulé entre fin 1941 et mai 1945, lorsque l’Armée rouge soviétique a libéré les prisonniers de Ravensbrück, Sachsenhausen et Stutthof. La Cour internationale de justice a été créée en juin 1945, un mois après la fin de l’Holocauste, et a commencé ses travaux en avril 1946. La tentative israélienne de délégitimer la CIJ en l’accusant d’être restée « silencieuse pendant l’Holocauste » alors qu’elle n’existait pas encore, puis d’utiliser cette fausse allégation pour qualifier la CIJ de « tribunal antisémite » montre qu’Israël n’a pas de réponse à apporter face au bien-fondé de l’ordonnance de la Cour.
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    Malak Mattar, née en décembre 1999, est une jeune artiste palestinienne qui refuse d’arrêter de rêver. Malak avait quatorze ans lorsqu’Israël a mené son opération « Bordure protectrice » (2014) à Gaza, tuant plus de 2.000 civils palestiniens en un peu plus d’un mois – un bilan effroyable qui s’ajoute aux bombardements de ce territoire palestinien occupé, récurrents depuis plus d’une génération. La mère de Malak l’a encouragée à peindre comme un antidote au traumatisme de l’occupation. Les parents de Malak sont tous deux réfugiés : son père est originaire d’al-Jorah (aujourd’hui Ashkelon) et sa mère d’al-Batani al-Sharqi, l’un des villages palestiniens situés à la lisière de ce qui s’appelle aujourd’hui la bande de Gaza. Le 25 novembre 1948, le gouvernement israélien nouvellement formé a promulgué le décret nº 40, qui autorisait les troupes israéliennes à expulser les Palestiniens de villages tels qu’al-Batani al-Sharqi. « Votre rôle est d’expulser les réfugiés arabes de ces villages et d’empêcher leur retour en détruisant les villages… Brûlez les villages et démolissez les maisons de pierre » écrivaient les commandants israéliens.

    Les parents de Malak portent ces souvenirs, mais malgré l’occupation et la guerre en cours, ils essaient de doter leurs enfants de rêves et d’espoir. Malak a pris un pinceau et a commencé à imaginer un monde lumineux de couleurs vives et d’images palestiniennes, y compris le symbole du sumud (« résilience ») : l’olivier. Depuis son adolescence, Malak peint des jeunes filles et des femmes, souvent avec des bébés et des colombes, bien que, comme elle l’a dit à l’écrivain Indlieb Farazi Saber, les têtes des femmes soient souvent inclinées sur le côté. C’est parce que, dit-elle, « si vous vous tenez droite, bien droite, cela montre que vous êtes solide, mais avec une tête inclinée sur le côté, cela évoque un sentiment de cassure, une faiblesse. Nous sommes des êtres humains, nous vivons des guerres, des moments brutaux… l’endurance faiblit parfois ».


    Malak Mattar (Palestine), Deux jeunes filles de Gaza rêvant de paix, 2020.

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    En 2022, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient ((UNRWA) a publié un portrait de Malak, la qualifiant de « Picasso de Palestine ». Dans cet article, Malak déclare : « J’ai été tellement inspirée par Picasso qu’au début de mon parcours artistique, j’ai essayé de peindre comme lui ».
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    Il n’est pas surprenant qu’Israël ait ciblé l’UNRWA, en incitant, avec succès, plusieurs gouvernements clés du Nord à cesser de financer l’agence, qui a été créée par la résolution 302 de l’Assemblée générale des Nations Unies en 1949 pour « mener des programmes directs de secours et de travaux pour les réfugiés palestiniens ». Chaque année, un demi-million d’enfants palestiniens comme Malak étudient dans les écoles de l’UNRWA. Raja Khalidi, directeur général de l’Institut palestinien de recherche sur la politique économique (MAS), a déclaré à propos de cette suspension de financement : « Étant donnée la précarité de longue date des finances de l’UNRWA […] et compte tenu de son rôle essentiel dans la fourniture de services vitaux aux réfugiés palestiniens et aux quelque 1,8 million de personnes déplacées à Gaza, la réduction de son financement à un tel moment aggrave la menace qui pèse sur la vie des Palestiniens déjà exposés au risque de génocide. »
    [...]Les parents de Malak portent ces souvenirs, mais malgré l’occupation et la guerre en cours, ils essaient de doter leurs enfants de rêves et d’espoir. Malak a pris un pinceau et a commencé à imaginer un monde lumineux de couleurs vives et d’images palestiniennes, y compris le symbole du sumud (« résilience ») : l’olivier. Depuis son adolescence, Malak peint des jeunes filles et des femmes, souvent avec des bébés et des colombes, bien que, comme elle l’a dit à l’écrivain Indlieb Farazi Saber, les têtes des femmes soient souvent inclinées sur le côté. C’est parce que, dit-elle, « si vous vous tenez droite, bien droite, cela montre que vous êtes solide, mais avec une tête inclinée sur le côté, cela évoque un sentiment de cassure, une faiblesse. Nous sommes des êtres https://ismfrance.org/wp-content/uploads/2024/02/two-girls.jpghumains, nous vivons des guerres, des moments brutaux… l’endurance faiblit parfois ».