« C’est l’envie qui a pris le dessus... » : un militaire de 47 ans condamné pour une relation tarifée avec une collégienne

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    Un adjudant-chef des armées a comparu ce vendredi devant le tribunal de Valenciennes (Nord) pour recours à la prostitution d’une mineure de 14 ans. Il a écopé d’une peine de 2 ans d’emprisonnement avec sursis, et six mois ferme.

    Par Clara Seren-Rosso, envoyée spéciale à Valenciennes (Nord)
    Le 9 février 2024 à 21h57

    En toutes circonstances, je me conduis avec honneur, courage et dignité. C’est la seconde phrase du code d’honneur du soldat. Difficile aujourd’hui pour Jérôme C., 47 ans et adjudant-chef des armées, de s’en targuer. Il a laissé son galon d’or chez lui, et comparaît en jean délavé devant le tribunal de Valenciennes (Nord), pour sollicitation d’images pornographiques et recours à la prostitution d’une collégienne de 14 ans via un site de rencontres sur Internet et un réseau social. Et à la barre ce vendredi, d’honneur, de courage et de dignité, Jérôme C. en manque face au père de la victime.

    « Je ne comprends pas. C’est une enfant. Pourquoi ces gens ont accepté ? » Après dix mois d’enquête, le père d’Élodie (le prénom a été changé) veut des réponses. Le 11 avril 2023, sa femme et lui signalent à la gendarmerie que leur fille n’est pas rentrée du collège. Les données téléphoniques de l’adolescente permettent de la retrouver dans le Pas-de-Calais, chez l’un des treize hommes que les gendarmes arrêtent rapidement après la fugue. Comme Jérôme C., ils ont tous entretenu des relations sexuelles avec Élodie, tarifées ou non.

    « Elle fait jeune, sur les photos… »

    Peut-être son père obtiendra-t-il des explications des douze autres prévenus lors de leur audience le 25 avril prochain, car de l’adjudant-chef, il n’en aura pas. Même lorsque l’avocat de la famille, Me Grégory Frère, lui rappelle l’âge de sa propre fille au moment des faits : à peine un an de plus qu’Élodie. Même lorsqu’il dépose sous ses yeux des photos d’Élodie, en sweat, casque sur les oreilles, très jeune, indéniablement.

    « J’ai fait abstraction de tout, même de son visage. C’est l’envie qui a pris le dessus, j’étais dans le déni », bafouille le prévenu. Lors de leur « plan voiture » à 100 euros en février 2023, près de Bouchain (Nord), Jérôme C. pouvait-il ignorer qu’Élodie était mineure ? Les questions de son père et de leur avocat dépassent le prévenu, à qui la présidente ne parvient à arracher que des débuts de phrases. « Elle fait jeune, sur les photos… », reconnaît-il, les jambes flageolantes, en passant sa main dans ses cheveux blonds. Comme s’il s’en rendait compte tout à coup. La présidente lit pourtant des textos envoyés par le militaire quelques jours après sa relation sexuelle avec Elodie : « T’es à l’école ? », « Oublie pas de m’envoyer une photo de ton minou ». Réponse de l’adolescente : « Je peux pas, je suis en cours ».

    Pire, ces 1 077 messages, le prévenu semble ne plus savoir pourquoi il les a échangés avec Élodie. « Ah non, ça n’était pas sexuel ! », s’indigne-t-il, quand la présidente évoque le caractère pornographique des photos intimes qu’il demandait à la collégienne. « Vous allez nous dire que c’était à visée artistique ? », lance la juge, exaspérée. Pas de réponse. Des réponses, c’était pourtant ce qu’était venu chercher le père d’Élodie, stoïque sur le banc du premier rang. « Vous comprenez pourquoi le recours à la prostitution de mineurs est interdit Monsieur ? », tente la magistrate. « Je ne sais pas, je me suis perdu, c’est affreux », capitule le prévenu.
    « Son propre fils lui tourne aujourd’hui le dos ! »

    Tant bien que mal, et peut-être trop tard, son avocat tente de justifier les propos confus du militaire tout au long de l’audience : « Monsieur est sous anxiolytiques (…) il a peut-être eu quelques petits éléments d’égarement. » Et d’ajouter, en se tournant vers son client en larmes : « Son propre fils lui tourne aujourd’hui le dos ! » Mais malgré ses efforts, la défense n’attire pas la sympathie de la présidente. Et pour cause : l’adjudant utilisait un pseudo pour communiquer avec Élodie, un prénom, celui de son fils. Un « détail glauque » que s’empresse de rappeler la magistrate, avant de se retirer pour délibérer.

    « Le père d’Élodie espère juste que ses agresseurs aillent en prison », confie Me Frère. Jugement : dix-huit mois de prison avec sursis, et six mois ferme aménageables. À l’annonce de sa peine, Jérôme C. se tient à la barre, tête baissée. Le père de la victime, lui, regarde droit devant lui, sans sourciller malgré la déception. Honneur, courage et dignité. Trois valeurs qu’on reconnaît plus facilement au parent qu’à l’adjudant à l’issue de cette audience.