« Vous l’avez utilisée comme une serpillière » : à 18 ans, elle prostituait une ado de 15 ans

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    « À seulement 15 ans, elle a connu 31 jours de prostitution, 31 jours d’horreur à avoir sept ou huit personnes qui lui passent sur le corps au quotidien ! Vous vous rendez compte ? À 15 ans ! » En une phrase, Me Sandrine Aubry, l’avocate de Camille (les prénoms ont été modifiés) a tout dit de l’horreur qu’a subie sa jeune cliente. Entre le 16 décembre et le 15 janvier derniers, dans plusieurs hôtels de l’agglomération de Nancy (Meurthe-et-Moselle), cette mineure a dû se prostituer après être tombée sous la coupe d’Anthony et Hakim, 17 ans, hébergés dans le même foyer qu’elle à Bar-le-Duc (Meuse), et de Maëva, 18 ans, petite amie d’Hakim. Cette dernière était jugée ce lundi 12 février par le tribunal correctionnel nancéien pour proxénétisme aggravé.

    Dans cette mécanique savamment orchestrée qui a pris fin après une alerte du frère de la victime, Maëva, sans emploi, auparavant vendeuse en boulangerie, avait le rôle de la standardiste. Anthony et Hakim passaient les annonces sur le site Coco.fr en publiant des photos de Camille nue et Maëva fixait les rendez-vous à l’hôtel. « C’est Hakim qui me mettait la pression, j’ai fait une bêtise et je l’assume », répond la jeune prévenue, lorsque la présidente du tribunal lui demande d’expliquer ses agissements. « Vous-même, vous vous êtes prostituée ? » « Non, jamais je ne ferai ça ! » répond-elle sèchement. « Vous ne voulez pas le faire, mais cela ne vous dérange pas qu’une autre fille le fasse, qui plus est mineure ! » recadre la présidente. « Je ne savais pas qu’elle était mineure, elle avait des formes », tente de se justifier Maëva.

    « Abandonnée par sa mère, violée par son père »

    Les prestations sexuelles allaient de 100 euros pour 45 minutes, à 400 euros la nuit. Mais Camille ne récupérait qu’une bouchée de pain de cet argent, simplement de quoi pouvoir se nourrir. Elle était même obligée de dormir dans une voiture, en plein mois de décembre. C’est Maëva qui récupérait les billets, 1 590 euros ont été saisis par la police. « Je gardais l’argent pour mon bébé » justifie la jeune femme, annonçant être enceinte de deux mois. Une grossesse mise en doute par le parquet, en l’absence de certificat médical.

    Le tribunal insiste sur la gravité des faits, en revenant sur la définition même du proxénétisme. « Il s’agit de tirer profit de l’activité sexuelle, mais aussi d’aider et favoriser la mise en place de la prostitution. En l’occurrence, vous avez fait la standardiste, réservé l’hôtel, vous utilisiez votre carte bleue », insiste la présidente. « Camille était la victime idéale pour vous. Sensible, fragile avec un lourd passé, abandonnée par sa mère dans sa première année de vie, violée par son père », lance à Maëva, Me Sandrine Aubry. « Son meilleur ami dans ce centre, Anthony, a joué sur la corde sensible et a profité d’elle. Il n’y en a pas un pour relever l’autre dans cette histoire ! » poursuit l’avocate de la partie civile, qui enrage face au manque d’empathie de Maëva et à ses excuses peu convaincantes.

    « La seule chose qui vous impacte, c’est votre petite personne. Camille a été utilisée comme une serpillière ! Elle a même été testée avant d’être mise sur le marché », précise de son côté le parquet. Maëva est condamnée à un an de prison ferme, et un an avec sursis probatoire. Les deux autres protagonistes, mineurs, ont répondu de leurs actes devant le tribunal pour enfants, la semaine dernière. Hakim a écopé d’un an de prison ferme et Anthony de six mois en centre éducatif fermé.