suspense pour savoir si la ligne 14, « la ligne de vie des Jeux », sera pleinement opérationnelle

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  • Paris 2024 : suspense pour savoir si la ligne 14, « la ligne de vie des Jeux », sera pleinement opérationnelle
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    Le prolongement de ce métro automatique doit permettre de relier l’aéroport d’Orly au village olympique de Saint-Denis. La ligne vient d’être fermée pour deux semaines afin de procéder à des tests cruciaux.

    Par Emeline Cazi et Sophie Fay
    Publié aujourd’hui à 06h54, modifié à 09h30

    Si tout se passe bien, les voyageurs n’y verront que du feu. Lundi 26 février, après deux semaines d’arrêt complet, la circulation reprendra sur la ligne 14, exactement comme avant, entre les stations Saint-Ouen, au nord de Paris, et Olympiades, dans le sud. Mais, en réalité, tout aura changé. Le logiciel de pilotage automatique de la ligne, mis en service en 1998 par Siemens, aura été remplacé par un outil de nouvelle génération. « Le système actuel était encore très performant, mais insuffisant compte tenu du prolongement de la ligne, qui fonctionnera avec trois fois plus de matériel roulant qu’à son lancement », explique Stéphane Garreau, responsable pour la RATP de ce vaste chantier qui doit être livré avant les Jeux olympiques et paralympiques de 2024.

    La 14 va être doublement prolongée : de 1,5 kilomètre au nord, jusqu’à la nouvelle station Saint-Denis-Pleyel, et de 14 kilomètres au sud, jusqu’à l’aéroport d’Orly, avec sept nouvelles stations. « Ligne de vie des JO », selon Clément Beaune, l’ancien ministre délégué aux transports, elle reliera le village des athlètes à trois gares parisiennes (Bercy, gare de Lyon et Saint-Lazare), à l’aéroport d’Orly, et doublera les RER B et D pour rejoindre le Stade de France et le nouveau centre aquatique, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). L’enjeu est de taille : la finalisation technique de la ligne est une étape critique pour savoir si les Jeux de Paris seront une réussite ou non en matière de transport.

    L’ancien système de pilotage automatique permettait de faire rouler 35 trains en même temps, avec un intervalle serré : 105 secondes entre deux rames en heure de pointe. Le nouveau, avec une capacité de calcul beaucoup plus puissante, pourra en gérer 65 et, à plein régime, réduire l’intervalle à 80 secondes. Cependant, plusieurs étapes doivent encore être franchies avant l’ultimatum des JO.

    « Un sujet éminemment politique »

    « Livrer la 14, c’est une opération à tiroirs », reconnaît Stéphane Garreau. Il faut encore procéder à une dernière salve d’essais et finaliser le raccordement du tronçon sud au système de pilotage. Pour cela, le trafic sera à nouveau interrompu pendant les week-ends de mars, ainsi qu’une semaine, du 7 au 14 avril, et encore une autre, en juin. La date n’est pas encore arrêtée. Autant de jours et de soirées de galère pour les voyageurs.
    Lire le décryptage : Article réservé à nos abonnés Transports pendant les JO de Paris : les autorités rassurent mais les défis restent immenses

    S’ajoute à cela un dernier « tiroir » : la livraison de la gare Saint-Denis-Pleyel, un chantier mené par la Société des grands projets (SGP, ex-Société du Grand Paris). « Le passage de la commission de sécurité est prévu le 25 avril », souligne Bernard Cathelain, membre du directoire de la SGP. C’est la dernière étape avant la livraison : la gare est hors d’air, hors d’eau, les ascenseurs et les escalators, les systèmes de désenfumage et d’annonce fonctionnent. Néanmoins, pour l’instant, personne ne s’avance sur la date d’inauguration, en juin – « un sujet éminemment politique », explique la RATP. Et pour cause : le président de la République souhaiterait être présent.

    Pour les JO, la ligne 14 ne tournera pas avec l’intervalle promis de 80 secondes entre deux trains, même aux heures de pointe. Pour une raison simple : cet été, seulement 45 rames (dont six restent encore à livrer) seront en circulation, au lieu de 65 au maximum. Alstom a du retard dans les livraisons.

    Un savoir-faire « mis à l’épreuve »

    Au ministère des transports, Clément Beaune faisait le point toutes les deux semaines sur la production de l’usine de Valenciennes (Nord) avec le PDG, Henri Poupart-Lafarge. Ile-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports, qui finance le matériel roulant, refuse toutefois de polémiquer sur ce sujet : 45 voitures permettent de maintenir l’intervalle de 105 secondes en heure de pointe, ce qui suffira, selon ses prévisions, pour réussir les Jeux.

    Au total, les 72 rames de la 14 auront coûté 1 milliard d’euros à IDFM, c’est-à-dire à la région et aux collectivités territoriales d’Ile-de-France. La SGP, elle, a financé les 2,8 milliards d’euros de travaux et de tunnels. A terme, la ligne sera reliée, au nord, aux lignes 15, 16 et 17 du Grand Paris Express et, au sud, à la 15 et à la 18. Les aléas du chantier ne seront alors plus qu’un lointain souvenir.

    En 2016, à la station Porte-de-Clichy, deux fuites d’eau ayant transformé le chantier en « piscine » ont retardé les travaux d’une bonne année. Au sud, entre Le Kremlin-Bicêtre et Villejuif, il a fallu aborder avec délicatesse un sous-sol fragilisé par d’anciennes carrières. Mi-janvier 2024, Jean Castex, le PDG de la RATP, assurait « tout faire pour que la 14 soit prête ». « Des gens travaillent jour et nuit pour que les trains soient livrés, que les câbles soient en place, que les portes palières soient installées. C’est notre savoir-faire qui est mis à l’épreuve », ajoutait-il. Si le double prolongement de cette ligne avait été acté bien avant que Paris dépose sa candidature olympique, c’est l’impératif des Jeux qui a sauvé son calendrier.

    Emeline Cazi et Sophie Fay

    Dernière ligne droite avant l’ouverture de la grande foire mondiale du commerce et des marques.

    Tant de performances à réaliser pour valoriser les fleurons de l’industrie française et mettre en confiance les investisseurs !
    Tant de débauche de moyens financiers, de combustion d’énergie fossiles et de gaspillage pour promouvoir le patriotisme cocardier le plus outrancier.
    Tant de gonflette pour mettre en scène l’autocélébration capitaliste planétaire.

    Il n’y a pas de pire exemple que ces JO pour démontrer l’incapacité du capitalisme à remettre en cause, par lui-même, ses pulsions fondamentales. Alors on maquille le tout avec une bonne couche de Greenwashing et de promotion mensongère. Comment pourrait-on envisager que cela se passe autrement ?

    Et une fois qu’on s’est livré, avec tant de conviction, au dopage de l’idéologie compétitive, l’addiction est profonde. Ce qui est en jeu, avec cette débauche de moyens pour valoriser l’organisation de 2024, c’est de remporter la partie des jeux d’hiver de 2030.

    Ces JO restent ce qu’ils ont toujours été : la promotion de la puissance et de la domination du pouvoir totalitaire sur les peuples ; ces derniers n’ont pas leur mot à dire sur l’affaire. On leur promet qu’ils seront parqués, exclus, déportés, encore plus contrôlés et fliqués que d’habitude. Car il est essentiel que « tout se passe bien ».

    Avec la contribution active de la plupart des partis politique de France.