Sur l’assurance-chômage, le gouvernement prend peu de risques politiques

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  • Sur l’assurance-chômage, le gouvernement prend peu de risques politiques
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    (...) Massivement opposés à la réforme des retraites, les Français sont plus favorables à la nouvelle offensive du gouvernement contre les #chômeurs. Selon divers sondages, il y a une légère adhésion de la population au projet du gouvernement. Pour les opposants, le sujet n’est pas mobilisateur. Les syndicats n’ont ainsi jamais réussi à réunir beaucoup de monde dans la rue pour manifester contre une réduction des droits des chômeurs.

    « Il y a un consensus assez libéral pour ce genre de réforme, observe le politiste Luc Rouban. Deux tiers des Français pensent que les chômeurs pourraient trouver du travail s’ils le voulaient . » C’est d’ailleurs un point sur lequel insiste Gabriel Attal. Lors d’une réunion du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, le 2 avril, le premier ministre avait mis en avant l’absence de « raz de marée contre la réforme » dans les sondages, un signe selon lui « qu’il y a une forme de lucidité dans la société ».
    « Le gouvernement joue sur du velours, car la question du #chômage est désormais sous le radar des Français, analyse Frédéric Dabi, directeur général opinion de l’institut de sondage IFOP. Nous ne sommes plus à l’époque du chômage de masse. » D’autant plus que « la petite musique des pénuries de main-d’œuvre », argument prôné par l’exécutif pour justifier sa #réforme, « fait que l’opinion publique est convaincue que lorsqu’on veut trouver un emploi, on peut », ajoute le sondeur. Et pourtant, les tensions de recrutement existent aussi chez nos voisins européens avec des systèmes moins protecteurs pour les demandeurs d’emploi. « L’idée du “cancer de l’assistanat” [lancée en 2011 par Laurent Wauquiez, actuel président Les Républicains de la région Auvergne-Rhône-Alpes] a fait son œuvre, la bataille culturelle a un peu été gagnée sur ce point-là », estime M. Dabi.

    « Fort avec les faibles »

    Pour certains, il existe toutefois un risque politique pour le gouvernement, moins visible, qui concerne son action et sa capacité à agir. « Le danger est davantage de passer pour un gouvernement fort avec les faibles et faible avec les forts », souligne M. Dabi. Pour Antoine Foucher, ancien directeur du cabinet de Muriel Pénicaud lorsqu’elle était ministre du travail (2017-2020), l’opinion publique pourrait également y voir une forme d’impuissance de l’exécutif. « Comme le gouvernement n’a pas le courage de faire des réformes pour que le travail paie plus, ils en font pour que le chômage paie moins, mais ça ne trompe personne, juge-t-il. Ça donne l’illusion que le gouvernement gouverne alors qu’il a renoncé à gouverner et traiter les problèmes de fond du pays. »
    Pour tenter de sensibiliser l’opinion publique sur la question, la gauche veut démontrer que la seule justification de la réforme serait budgétaire. Le gouvernement s’en défend pourtant, et même Emmanuel Macron est monté au créneau pour dire à ses troupes que l’objectif n’est pas de faire des économies. « Ma priorité, c’est de faire en sorte qu’il y ait plus de Français qui travaillent », a répété Gabriel Attal, sur BFM-TV. Et le fait que la réforme ait été annoncée au moment où était rendu public le déficit budgétaire à 5,5 % du produit intérieur brut ne serait qu’une coïncidence.

    #travail