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  • Pendant la minute de silence
    La destruction de HLM se poursuit

    Enfin, dans ce titre nous exagérons un peu, ça n’a pas été exactement «  pendant  ».

    Ça été un peu avant, et « ça » promet de se poursuivre après si l’on n’y fait rien. Oui, la destruction du bâtiment dans lequel logent des familles syriennes réfugiées à Toulouse a commencé avant la minute de silence du 16 novembre et Habitat-Toulouse, propriétaire des murs, entend manifestement la poursuivre après.

    Regardez la photo.

    Ces femmes et hommes syriens, beaucoup d’âge mur, certains très âgés, ont tenu à manifester leur rejet total des attentats de Paris et leur soutien à toutes les victimes, le 16 novembre à midi, avec une minute de silence, en compagnie de leurs deux avocats. Il y a là beaucoup de courage (ils s’exposent à des représailles). Il y a là beaucoup de dignité.

    Maintenant regardez, au-dessus des têtes. Regardez le bâtiment. Il y a trois grands trous béants au côté gauche. Ce sont deux fenêtres et une porte fenêtre qui ont été arrachées pour, avec d’autres destructions, rendre l’appartement inhabitable. Par qui ? Pourquoi ?

    Par qui ? Mais par #Habitat-Toulouse, le bailleur supposé social.

    Pourquoi ? Parce qu’une famille, défendue par un autre avocat, ayant accepté de partir en CADA (centre « d’accueil » officiel de demandeurs d’asile), l’appartement s’est trouvé momentanément libre (il y pourtant tant de gens qui dorment à la rue !) et qu’Habitat a sauté sur l’occasion pour le détruire.

    Enlever des portes et des fenêtres dans un appartement, c’est, en plein hiver, fragiliser tous ceux qui sont autour au point de vue chauffage. Mais ça, le logeur supposé social s’en moque. Faire des trous dans la façade d’un immeuble, dans un quartier sensible, ça ne peut que contribuer au sentiment d’insécurité. Mais ça aussi, ou Habitat s’en moque, ou ça fait partie de sa stratégie. Il n’y a pas si longtemps, la Mairie (Moudenc) et Habitat (Biasotto, adjoint de Moudenc) dénonçaient le soi-disant mauvais état du bâtiment, ce dont ils voulaient tirer argument pour en chasser les occupants (voir l’encadré). Loin de l’améliorer, ce qui était facile (ce que les Syriens ont fait eux-mêmes d’ailleurs), c’est la voie de la dégradation que les deux compères ont choisi. Et pour que leur dégradation volontaire ne soit pas réparée, pour que l’appartement ne soit pas remis en état, Habitat paye jour et nuit des vigiles pour surveiller le début de ruine qu’il a ainsi créé

    Il n’y a la ni le moindre courage ni la moindre dignité.

    Ni beaucoup de franchise : rappelons qu’Habitat Toulouse avait lancé en référé (c’est-à-dire de toute urgence) une procédure d’expulsion à l’encontre des réfugiés Syriens. Ce procès honteux avait été finalement fixé au 6 novembre, au Tribunal d’instance. Il a été reporté séance tenante au 8 janvier 2016… à la demande d’Habitat Toulouse ! Manifestement, les arguments juridiques soulevés par les deux défenseurs de l’ensemble des familles syriennes menacées (Maitres Caséro et Avenas) donnent du fil à retordre à Habitat, qui trouve tout d’un coup que l’expulsion, en réalité, n’est pas si urgente que ça.

    Pendant ce temps, pendant que certains s’acharnent à détruire, la solidarité continue. Chacun, de près ou de loin, d’une façon ou d’une autre, peut y participer. Vous pouvez suivre l’actualité sur https://www.facebook.com/Cnt-ait-toulouse-officiel-186830011469841

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

  • MASSACRE DU 13 NOVEMBRE

    Le 7 janvier 2015, nous écrivions déjà que la situation en France était d‘une extrême gravité. C’est avec désolation que nous constatons qu’elle a empiré. Ce 13 novembre nous avons eu affaire à une attaque d’envergure de fascistes islamistes frappant lourdement des lieux fréquentés par un public populaire. C’est aux accents de l’inquisition que ces fanatiques, en plein Paris, ont tué et blessé gravement des centaines de personnes (désignées dans le communiqué de Daesch comme « idolâtres », et donc méritant, d’après eux, la mort). Soyons clairs, non seulement la CNT-AIT est aux côtés des victimes et de leurs familles, mais elle prendra toute sa modeste part dans la dure lutte qui s’annonce contre le fascisme, qu’il soit islamiste ou nationaliste.

    Cette lutte nous ne la mènerons certainement pas aux côtés des politiciens mais aux côtés de la population dans laquelle réside les véritables capacités d’émancipation. Nous avons eu encore un exemple de ces capacités ce samedi matin 14 novembre : alors que le pouvoir appelait chacun à se claquemurer prudemment chez lui et que les habituels « experts », toujours aussi ineptes, blablataient en boucle dans les médias, une foule de parisiens avec intelligence et courage s’est spontanément présentée dans les hôpitaux pour donner son sang. Aujourd’hui comme hier c’est dans la vie réelle - avec cette intelligence, avec cette solidarité qui la caractérisent - et à la base que se vaincra le totalitarisme quelque forme qu’il prenne.

    La découverte sur un des lieux du crime d’un passeport syrien constitue une grosse ruse de guerre. Il faut rappeler que les réfugiés syriens sont un obstacle majeur au développement de Daesch. En effet ils sont autant de témoins directs susceptibles de dénoncer, partout et face à qui que ce soit, les pratiques fascistes de Daesch : ils les ont vues, ils les ont subies. Glisser quelques barbouzes parmi les réfugiés, puis mettre clairement en scène cette infiltration en abandonnant sciemment un passeport syrien dans un endroit propice, voilà la ruse de Daesch pour tenter de discréditer ceux qui, par leurs témoignages, par leurs informations, par leur courage sont en mesure de contrecarrer son discours et son expansion. Mettre tous les Syriens dans un même sac, c’est tomber dans le piège que Daesch nous tend. C’est pourquoi il faut soutenir plus que jamais les réfugiés Syriens dans le cadre de la lutte antifasciste contre Assad et Daesch.

    Une autre ruse de guerre a été encore moins comprise. C’est « l’étonnante » conduite des kamikazes du stade de France. Elle a été moins commentée que l’histoire du passeport. Les rares fois où elle l’a été, les commentateurs ont laissé entendre qu’il s’agissait d’imbéciles incapables de se faire sauter là où il fallait, quand il le fallait. C’est sous-estimer gravement un ennemi qui a largement démontré son efficacité dans l’art du crime de masse. D’abord il est certain que les kamikazes ont agi sur ordre, ensuite s’il est toujours possible que l’un se soit « trompé », ce qui serait vraiment étonnant, c’est que les deux aient été dans la même erreur. Ce qui est arrivé n’a en fait rien de fortuit. En se faisant exploser à l’extérieur, au milieu du match (et ni avant ni après) ils ont mis leurs commanditaires en situation de suivre à la télé avec précision par qui, par où et comment on exfiltre le président de ce pays… et de comprendre comment on « gère » une foule immense captive dans un lieu... autant d’informations stratégiques.

    La mauvaise analyse de ces deux faits révèle une grave faiblesse polémologique de la sphère politico-médiatique, celle qui consiste à ne voir que ce que l’ennemi veut qu’on voit. Elle fait, ce faisant, preuve d’une aptitude certaine à être trompé par lui.

    SOLIDARITE CONTRE TOUS LES FACISMES !

    #CNT-AIT #Toulouse.

    https://www.facebook.com/Cnt-ait-toulouse-officiel-186830011469841

    En photo : le rassemblement ce midi dans le quartier des Izards à Toulouse des réfugiés syriens en solidarité avec les victimes de Paris

  • Du lait pour les enfants Syriens réfugiés à #Toulouse
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article772&artpage=3-3#outil_sommaire_2

    Août 2015 - Nous apprenons, bien tardivement, que des réfugiés Syriens se logeraient dans le quartier des Izards à Toulouse et qu’ils y survivraient péniblement. « Nous », à ce moment là, nous sommes dans notre camping militant, et c’est une copine qui apporte l’info. Elle l’a vue dans le journal local, La Dépêche.

    Après discussion, nous décidons d’aller à leur recherche dès que possible. Le 17 août nous parvenons à rencontrer R, un Syrien connaissant le français ainsi que quelques autres. Ils sont 42 familles à vivre dans une HLM, vouée à la démolition. Ils sont originaires, pour la plupart, de Homs, une ville complètement détruite par les bombardements.

    Ils nous racontent qu’au mois de juin, ils ont résisté à une tentative d’expulsion par des services rattachés ou proches de la mairie de Toulouse qui leur ont, au passage, coupé l’électricité. Maintenant, la nourriture vient à manquer. Quelque paquets de pâtes, voila leur maigres ressources, stockées dans leur local collectif. Et ils se trouvent seuls, bien seuls… les quelques aides qu’ils ont reçues ont été ponctuelles, leurs autres démarches n’ont pas abouti.

    Le samedi suivant, R. vient au local préciser la situation et surtout les besoins, nous réfléchissons ensemble. N’étant pas « spécialistes » de l’humanitaire, nous nous tournons « naturellement » vers des grandes associations connues de tous. Des compagnons de la #CNT-AIT appellent la Croix rouge, le Secours catholique… sans grand succès. Le Secours populaire nous demande de leur faire une liste des familles. On n’a pas encore tenté les restos du cœur. Le 24 août, nous y accompagnons 3 Syriens. Après avoir inspecté leurs papiers en long, en large et en travers, on leur répond tout bonnement qu’on ne peut rien pour eux, qu’ils ne sont pas inscrits, qu’ils ne dépendent pas de leur secteur,... Finalement, ils proposent un maigre colis d’urgence à chacun des 3 présents seulement, donc rien pour leurs enfants et conjoints restés à la maison et ce malgré notre insistance.

    Nous comprenons que ni les institutions associatives ni les services sociaux de l’Etat ne vont se bouger. Et nous, moralement, nous ne pouvons pas rester sans rien faire. Nos moyens humains et matériels ne nous permettent pas de faire tout ce qu’il faudrait. Nous décidons de centrer notre aide sur les enfants. Le 29 août, nous leur apportons une centaine de litres de lait et nous lançons une campagne avec le communiqué suivant  :

    «  Une quarantaine de familles de réfugiés Syriens sont arrivées à Toulouse. Elles se sont logées dans le quartier des Izards dans des HLM désaffectés, voués à la démolition. Il y a actuellement une soixantaine d’enfants et 6 bébés qui vivent là dans la plus grande précarité. Cette situation est la conséquence d’une crise humanitaire mondiale dont ces familles sont les premières victimes. A notre très modeste niveau, face à l’incurie des pouvoirs publics et à la mollesse des structures sociales (qui ont distribué quelques paquets de pâtes à ce jour), nous anarchosyndicalistes, avons commencé à organiser une solidarité concrète. La première urgence est alimentaire. Les enfants sont les premières victimes de la situation. C’est pourquoi nous avons commencé l’opération : «  Du lait pour les enfants Syriens réfugiés à Toulouse  ». Tous ceux qui veulent s’associer à cette démarche sont les bienvenus.  » http://seenthis.net/messages/403343

    Le 31 août, nous allons au Secours populaire avec la fameuse liste demandée (les familles étant d’accord), on nous affirme déjà les connaître, pour leur avoir fourni des bouteilles d’eau et des couvertures au mois de juin.

    De notre côté, les collectes commencent, la solidarité directe est là et ce sont des amis, bien sûr, mais aussi et surtout des gens ordinaires, des « vrais gens » (comme disent les « politiques ») qui répondent à cet appel en apportant leurs dons.

    Les 4, 5 et 6 septembre, nous livrons ce que nous avons collecté. Beaucoup de personnes leur apportent également directement des denrées alimentaires, des vêtements, des jouets et autres.

    D’autres collectes suivront les 8 et 9 septembre, dont une à la Fac du Mirail. Le soir même, nous ramenons une camionnette pleine de denrées alimentaires. Nous apprenons à notre arrivée, que le Secours populaire a finalement livré, pour la première fois, pas moins de 2,5 tonnes de nourriture aux familles. Bravo et tant mieux.

    En discutant avec les Syriens, nous apprenons que certaines familles ont reçu des avis d’expulsion, mais que ne sachant pas lire le français, elles avaient pensé que l’huissier, avec son caractère «  officiel », était venu pour les aider…

    Cynisme des politiciens, les premiers avis d’expulsion tombent le 3 septembre, le jour même où la photo du petit Aylan faisait le tour du monde et touchait le cœur de millions de gens. Manifestement, à Toulouse, les responsables politiques n’ont pas la même sensibilité que le reste de la planète…

    Début, alors, d’une bataille juridique, premier appel à la mobilisation pour défendre le droit de ces familles à vivre dignement dans l’immeuble qu’elles habitent jusqu’à ce que les institutions leur trouvent mieux. Premier procès le 11. Leur avocate, réussit à obtenir un report au 09 octobre. D’autre procès sont prévus le 18 et le 25 septembre pour d’autres familles. D’autres avis d’expulsion sont annoncés pour les autres… Après avoir fui la guerre, traversé les frontières au péril de leur vie et trouvé enfin un peu de répit dans cet immeuble désaffecté, voila que les pouvoirs publics s’acharnent à les menacer d’expulsion, à vouloir les jeter à la rue. Cette menace ne peut plus durer. Nous interpellons, par courriel, F. BIASSOTO adjoint au maire et président d’#Habitat_Toulouse (propriétaire de l’immeuble) le 10 sept. en ce sens. Nous demandons une annulation de ces procédures d’expulsion honteuses et inhumaines (comme pour toutes les expulsions locatives d’ailleurs). Nous ne lâcherons pas. Nous savons que beaucoup, vraiment beaucoup de personnes, à Toulouse, s’indignent de cette menace.

    Avec la nourriture et le logement, la «  chaleur humaine  » est capitale. Ce samedi 12 sept., nous avons organisé un goûter solidaire pour et avec les enfants Syriens. Une occasion de rencontrer les réfugiés, d’échanger avec eux pour tous ceux, nombreux, qui ont répondu présents, en participant à l’organisation, en apportant des gâteaux maison, des denrées alimentaires, des vêtements, des livres sur lesquels se sont jetés les enfants, ou tout simplement en passant un moment « ensemble ». Toutes et tous nous avons eu un bel après-midi, certains ont fait part de leur envie de s’investir dans le soutien en passant régulièrement sur le lieu, en donnant des cours d’alphabétisation et de français, d’autres réfléchissent à comment accueillir de futurs réfugiés. Nous avons abordé collectivement le problème des expulsions et l’importance de rester mobilisés, solidaires et vigilants à ce sujet.

    Il reste beaucoup à faire, toujours sur le plan alimentaire, toujours sur le plan du logement, mais aussi pour la scolarisation des enfants (les inscriptions en primaire devraient être finalisées ce lundi mais nous n’avons pas à ce jour connaissance d’avancées concernant les collèges) sans parler des « papiers » pour lesquels des démarches sont en cours dans la jungle administrative !

    La campagne de solidarité continue donc et continuera tant quelle sera nécessaire…

    Pour prendre contact et participer à la campagne courriel  : dulaitpourlesenfantssyriens@hotmail.com
    Pour être informé au jour le jour : https://www.facebook.com/Cnt-ait-toulouse-officiel-186830011469841/timeline (points de collecte, concerts de soutien...) ... et sur Seenthis : #dulaitpourlesenfantssyriens
    Pour soutien financier : chèques à l’ordre de CNT (7 rue St Rémésy Toulouse) en mentionnant «  Du lait pour les enfants Syriens »

    @anarchosyndicalisme ! n°146