/2019

  • « L’Etat doit considérer l’épidémie de cancers pédiatriques comme une urgence sanitaire »

    Face à l’émergence de cas groupés de cancers chez des enfants, la fondatrice d’un collectif de parents touchés par la maladie, un médecin et une toxicologue dénoncent, dans une tribune au « Monde », un « déni de reconnaissance bloquant la mise en place de mesures » effectives.

    Tribune. S’il est un invariant indiscutable en matière d’épidémie et de santé publique, c’est bien celui de ne pouvoir anticiper précisément leurs évolutions à moyen et long terme. En revanche, leurs prises en charge en urgence répondent à des standards éprouvés de médecine de catastrophe lorsqu’il n’y a ni traitement ni vaccin efficaces, avec un rôle prépondérant de la société civile directement affectée.
    Il en va de même en matière d’épidémie de cancers pédiatriques et des modalités d’action des personnes concernées. On estime en France à 2 500 le nombre de nouveaux cas et 500 décès par an. Par ailleurs, des statistiques de la Caisse nationale d’Assurance-maladie révèlent une augmentation de 18 % entre 2003 et 2019, chiffre largement sous-estimé du fait de biais méthodologiques de recensement. A Sainte-Pazanne, près de Nantes, on compte 25 enfants atteints de cancers depuis 2015 dont sept morts, pour un bassin de population d’environ 30 000 personnes. Il ne se passe pas six mois sans qu’un nouveau cas n’apparaisse.

    A Saint-Rogatien, 2 200 habitants près de La Rochelle, au moins six malades sont recensés dont un décès, entre 2008 et 2019. D’autres clusters, à savoir un nombre anormalement élevé d’enfants malades sur un territoire et une période donnés, ont été identifiés : 16 cas entre 2011 et 2020 sur Les Rousses, Prémanon, Morez et Longchaumois, quatre communes du Haut-Jura ; 11 entre 2018 et 2020 à Igoville et Pont-de-l’Arche, dans l’Eure. L’incidence de l’épidémie progresse ainsi, à bas bruit, en lien avec l’exposition chronique et le cumul de toxiques environnementaux dans les secteurs : hydrocarbures, perturbateurs endocriniens, pesticides, ondes électromagnétiques, radon, entre autres.

    Lenteur institutionnelle

    Dans le même temps, les traitements ô combien éprouvants pour les enfants et leurs familles laissent des séquelles à vie pour certains cancers quand d’autres demeurent incurables. Confrontés à une tension entre enjeux de santé publique et intérêts économiques privés et politiques, les familles et proches d’enfants malades se constituent en associations et collectifs pour organiser la défense du droit à la vie en bonne santé, mission de santé publique telle que l’a définie Charles Winslow en 1920, et que les autorités sanitaires peinent à prendre en charge : améliorer la connaissance du nombre réel de cas, identifier les origines des cancers et mobiliser des moyens pour les prévenir, en plus de les guérir.

    La lenteur institutionnelle à apporter des réponses adaptées sur les cancers pédiatriques interroge d’autant plus qu’il a été possible de développer, dans l’urgence, des outils épidémiologiques et de prise en charge pour faire face au Covid-19. On a su mettre à l’arrêt un pays en le confinant pour limiter les effets mortifères d’un virus incontrôlable. Sans aller jusqu’à de telles mesures, il faut des actions radicales pour sauver des vies exposées à de multiples facteurs cancérigènes, connus ou potentiels : tout retard en matière de prévention des cancers est une perte de chance sur le temps et la qualité de vie, et un défaut flagrant de mise en protection de nos enfants.

    Lors d’une épidémie de choléra en zone reculée, il est reconnu que les proches des malades sont les premiers à sauver des vies, bien avant l’arrivée des renforts nationaux et internationaux. Dans l’histoire du sida, les patients ont joué un rôle fondamental dans l’orientation des recherches thérapeutiques et l’accessibilité financière aux traitements. Début 2020, de nombreux acteurs de la société civile, profanes en matière de virologie, se sont impliqués dans la fabrication artisanale de masques et de gel hydroalcoolique, sur la base de tutoriels issus des réseaux sociaux, pour pallier la pénurie et autres insuffisances.

    Registre de cancers territorial

    Concernant l’épidémie de cancers pédiatriques, les besoins de connaissances et d’actions sont multiples, afin de mieux cerner sa dynamique et donc mieux la combattre. Tout d’abord, il semble difficile aujourd’hui d’avoir des chiffres exacts des cancers, pédiatriques ou chez l’adulte. Les autorités s’appuient sur des registres de cancers qui n’existent que dans 19 départements. Les chiffres nationaux sont issus d’une extrapolation de ces données, de surcroît non actualisées depuis plusieurs années.

    Comment, alors, avoir un système d’alerte ? Dans ces conditions, il devient périlleux d’établir une incidence précise de l’épidémie. Pour y remédier, il suffirait d’établir la tenue d’un registre de cancers territorial rapporté ensuite à une échelle nationale, à tenir à jour régulièrement, ce qui n’implique pas de connaissances et d’outils techniques sophistiqués. Ce système existe dans les pays scandinaves. Pourquoi ne pas le mettre en place en France et éviter la création de doutes voire d’obscurantisme épidémiologique ? Les familles d’enfants malades tentent d’établir un recensement du nombre de cas et demandent depuis longtemps la mise à jour de ces registres ainsi que leur accessibilité inconditionnelle, mais sans succès.

    Dénoncer l’incapacité des institutions sanitaires à remettre en question leurs connaissances et méthodes d’analyse est aussi un combat quotidien des familles. En effet, après avoir reconnu l’existence d’un cluster de cancers pédiatriques à Saint-Pazanne et ses environs en 2019, les autorités annoncent finalement l’absence de risque anormalement élevé en 2020. Aucune justification scientifique n’est apportée quant à l’exclusion de la cohorte de 12 cas sur 25 recensés par le collectif Stop aux cancers de nos enfants, faisant simplement état du fait que certains ont dépassé l’âge de 15 ans tandis que d’autres ont déménagé du secteur.

    Durant l’été 2019, des analyses dans l’école située au cœur de la ville et dans des logements révèlent des taux très supérieurs à la normale de lindane, de radon et de dieldrine, tous trois classés « cancérogène avéré ou probable pour l’humain » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), organisation sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette école se situe dans « l’épicentre » proche des câblages de lignes à haute tension, à quelques pieds sous terre dans la cour où gambadent enfants et enseignants, et à quelques mètres du site de l’ancienne usine de traitement du bois par des pesticides. A proximité se trouve aussi un poste de transformation électrique vers lequel convergent des récents parcs éoliens en service depuis 2015, le tout dans une zone d’agriculture, maraîchage et viticulture intensive.

    « Effet cocktail »

    Quatre-vingt-dix pour cent des cancers pédiatriques sont d’origine environnementale. Le cancer est une maladie multifactorielle. Pourtant, le protocole sanitaire se borne toujours à identifier une cause commune à tous ces cancers, comme si c’était une maladie infectieuse (un microbe égale une maladie), sans remettre en question les normes autorisées. Celles-ci sont variables d’un pays à l’autre, donc plus ou moins protectrices.

    De plus, la littérature scientifique étaye, depuis des décennies, l’impact des expositions chroniques cumulées au cours de l’état fœtal, enfance et adolescence, périodes de forte vulnérabilité vis-à-vis des perturbateurs endocriniens, des substances cancérigènes et autres stress physiques, chimiques et psychiques, récapitulés sous le terme d’« effet cocktail ».

    Les enfants malades et leurs familles rejettent l’image de victimes qu’on leur attribue et l’instrumentalisation qui en est faite par la puissance publique. Ce statut fait d’eux des sujets malchanceux, évoluant davantage dans le registre de l’émotionnel que dans celui de la raison scientifique, en défiance vis-à-vis d’acteurs politiques qui s’enquièrent moins d’actions de fond de protection que de discours teintés de compassion communicationnelle sans lendemain.
    Bien au contraire, ces acteurs de la société civile, souvent accompagnés de chercheurs bénévoles, prennent leur part sur le terrain : réalisation à leur frais d’enquêtes toxicologiques dans les cheveux de leurs enfants, actions de prélèvement d’eau sur différents points d’un secteur touché, tout est envisagé pour limiter le nombre de victimes.

    On l’aura compris, l’épidémie de cancers pédiatriques n’est pas une fatalité mais souffre d’un déni de reconnaissance bloquant la mise en place de mesures. Le vote de l’Assemblée nationale, vendredi 29 octobre 2021, contre l’avis du gouvernement, en faveur d’une rallonge de 20 millions d’euros afin d’abonder la création d’un fonds de recherche sur les cancers pédiatriques, est l’occasion de rappeler le besoin de financement de recherche des causes pour la prévention et la mise en protection des populations.

    Des études de sciences participatives de terrain incluant les collectifs de parents concernés doivent être conduites sur les territoires particulièrement touchés, où il y a urgence à agir. L’Etat français, garant des principes d’une démocratie sanitaire réactive, doit traiter cette épidémie comme une urgence sanitaire, de manière proportionnée et impartiale, et accompagner les démarches de santé environnementale, signe d’une justice sanitaire et sociale de notre temps.

    Marie Thibaud, fondatrice du collectif Stop aux cancers de nos enfants, membre du Collectif inter-associations pour la santé environnementale (CISE). Jean-François Corty, médecin, ancien directeur des opérations de l’association Médecins du monde, membre de l’Atécopol (Atelier d’écologie politique de Toulouse). Laurence Huc, toxicologue, directrice de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), membre de l’Atécopol.

    https://www.lemonde.fr/sante/article/2021/12/28/l-etat-doit-considerer-l-epidemie-de-cancers-pediatriques-comme-une-urgence-

    En France, le décompte des cas de cancer n’est effectué que pour 22 % de la population https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/01/22/cancers-aucune-donnee-pour-78-de-la-population-francaise_5412764_1650684.htm

    L’introuvable explication des cancers pédiatriques en France
    https://justpaste.it/5kpgy

    Les experts estiment « possible » un lien entre lignes à très haute tension et leucémies infantiles
    https://justpaste.it/5il1m

    #Cancer_pédiatrique

  • Une Vénus du paléolithique découverte à Amiens
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/12/04/une-venus-du-paleolithique-decouverte-a-amiens_6021702_1650684.html

    Des lieux les plus anodins, les archéologues sortent parfois les pièces les plus exceptionnelles. Ainsi de cette petite effigie paléolithique, exhumée cet été d’une fouille située à deux pas d’une zone d’activité commerciale (ZAC) de Renancourt, un quartier du sud-ouest d’Amiens (Somme), et présentée pour la première fois, mercredi 4 décembre, par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).

    Vieille de 23 000 ans environ, la « Vénus de Renancourt » n’est haute que de 4 centimètres, mais elle compte au nombre des rares statuettes féminines de la période gravettienne retrouvées en France. Elle complète une série de quinze autres effigies, mises au jour depuis 2014 sur le même site mais sous forme fragmentaire.

    Dernière de cette série exceptionnelle, la « Vénus de Renancourt » a été découverte en juillet « au dernier jour de fouilles, sur le dernier mètre carré fouillé », raconte Clément Paris.

    #Préhistoire #Archéologie

  • « Les données numériques des usagers, tout comme leur créativité, sont volées »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/11/30/les-donnees-numeriques-des-usagers-tout-comme-leur-creativite-sont-volees_60

    Pionnier du big data, le chercheur américain Michael Jordan critique la captation massive et incrémentale de données personnelles pour alimenter les algorithmes d’intelligence artificielle. Michael I. Jordan, professeur et chercheur en informatique à l’université de Californie à Berkeley, est l’auteur de travaux pionniers et majeurs en apprentissage statistique (machine learning en anglais). Il collabore avec les géants du numérique et a intensifié, depuis mars, ses relations avec Amazon. Votre (...)

    #Alibaba #23andMe #Google #DeepMind #Amazon #Facebook #Uber #algorithme #génétique #domination #BigData #GAFAM #publicité (...)

    ##publicité ##santé

  • La France mal classée pour l’espérance de vie en bonne santé (Sandrine Cabut, Le Monde, 19.02.2019)
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/02/19/la-france-mal-classee-pour-l-esperance-de-vie-en-bonne-sante_5425315_1650684

    Selon les dernières #statistiques Eurostat, portant sur l’année 2016, la France est sous la moyenne européenne dans ce domaine : l’#espérance_de_vie en bonne #santé est de 64,1 ans chez les femmes et 62,7 chez les hommes dans notre pays, alors que la moyenne en Europe est respectivement de 64,2 et 63,5 ans.

  • Dons de corps à la science : un charnier au coeur de Paris
    https://www.lefigaro.fr/actualite-france/dons-de-corps-a-la-science-un-charnier-au-coeur-de-paris-20191127

    Des milliers de corps étaient livrés à la pourriture et aux rongeurs en raison de la vétusté des lieux, ou vendus à des entreprises privées, selon L’Express.

    Les révélations font froid dans le dos : en plein coeur de Paris, à la prestigieuse faculté de médecine Paris-Descartes, le Centre du don des corps (CDC) s’est transformé en véritable charnier pendant « des décennies », et ce au moins jusqu’en 2018, révèle une enquête de L’Express mardi 26 novembre.

    #médecine

    • Outre les graves problèmes éthiques liés au respect dus aux morts, la vétusté des lieux a ainsi posé la question des conditions de travail déplorables des médecins .

      Pas d’inspection du travail ni de l’hygiène depuis plusieurs décennies.
      #travail #santé

      Un corps entier pouvait ainsi être vendu 900 euros, un membre 400 euros. Une tarification votée en 2011 par le conseil d’administration de l’université. Frédéric Dardel*, interrogé par L’Express, défend cette vente de dépouilles votée sous sa présidence : « Les corps représentent un coût marginal, il est normal que ceux qui les utilisent payent ». Selon un audit de KPMG, les organismes privés auraient ainsi contribué à 75% du chiffre d’affaire du CDC en 2013.

      Celleux qui les utilisent ce sont pas les étudiant·es en médecine ? Je croyait aussi que le corps humain ne pouvait pas faire l’objet de commerce en France

      En France, la philosophie du droit des contrats s’oppose au concept de vente d’organes, puisque le corps humain est légalement placé hors du commerce.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Vente_d%27organes

      « Élaboré par la doctrine jusnaturaliste, le principe d’indisponibilité du corps humain trouve, entre autres, sa consécration jurisprudentielle avec la prohibition de la maternité de substitution en 1991. »

      -- Borrillo 2011, p. 93-94

      Le principe d’indisponibilité du corps humain serait une règle non écrite mais dont l’existence est affirmée depuis 19754 par la Cour de cassation.

      En France, ce principe se rattacherait à la notion de dignité, inscrite dans le Code civil (art. 16 sq.5) depuis les lois de bioéthique de 19946 (alors que cette notion existe peu, par exemple, dans le droit américain7). Toutefois, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) avait formulé cette notion dès le début des années 19808.

      Le corps est ainsi affirmé par certains auteurs res extra commercium9. Le Code civil, antérieurement à la réforme de l’ordonnance du 10 février 201610, disposait ainsi :

      « Il n’y a que les choses qui sont dans le commerce qui puissent être l’objet des conventions. »

      -- Article 1128 ancien du Code civil11

      Les problèmes posés par la conception du corps comme chose, même comme une chose hors commerce, ont été soulignés par d’autres auteurs12,13. Cette prohibition a été remplacée par celle, plus générale, des contrats dont les stipulations dérogent à l’ordre public (formulation qui ne fait plus référence « aux choses ») :

      « Le contrat ne peut déroger à l’ordre public ni par ses stipulations, ni par son but, que ce dernier ait été connu ou non par toutes les parties. »

      -- Article 1162 du Code civil14

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Indisponibilit%C3%A9_du_corps_humain

      *Frédéric Dardel, président de Paris Descartes et aujourd’hui conseiller de la ministre de la recherche, Frédérique Vidal. Un marcheur blanc récompensé pour sa capacité alchimique à transformer les cadavres humains en or.

    • Frederic Dardel - responsable de ce scandale et couvert par la ministre de la dégradation des universités et de la recherche.

      extrait de sa fiche wikipédia

      Le 26 novembre 2019, la journaliste Anne Jouan, journaliste chevronnée,6,7 publie un article dans le journal l’Express intitulé : Don de corps à la science : un charnier au coeur de Paris8. L’Express évoque des photos datant de fin 2016, issues d’un rapport rédigé par le directeur du CDC et remis au président de l’université Paris-Descartes. Elles montrent « des cadavres par dizaines, au milieu d’un fatras indescriptible », des corps « démembrés », une tête qui « gît sur le sol ». Ce même rapport fait état « d’installations vétustes, inadaptées, ne respectant pas les obligations légales », de « chambres froides non hermétiques, avec des pannes à répétition » ou encore de « prolifération des souris, des mouches, avec ponte ». L’hebdomadaire assure que ce qu’il qualifie de « charnier » a existé « pendant plusieurs dizaines d’années », avec une « aggravation à partir de 2013 ».9

      Rapidement repris par d’autres journaux comme Le Point10, ou le Huffington Post11, le Figaro12 ou encore Le Monde13, la nouvelle fait l’effet d’une bombe. L’hôpital René Descartes décide de fermer en urgences son centre de don de corps resté ouvert jusqu’au lendemain de la parution de l’article14. L’administratrice provisoire de l’Université est Mme Maria Pereira da Costa15. En poste depuis deux mois seulement après l’éclatement du scandale, elle a pris la direction de l’Université par interim à la suite de la promotion de Monsieur Frédéric Dardel auprès du cabinet de la Ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation16.

      Selon la journaliste Monsieur Frédéric Dardel ne pouvait ignorer l’état dans lequel était le service de don des corps. Dans un article du 27 novembre 2019, le journaliste Idriss Aberkane accuse directement l’ancien président d’avoir orchestré ce centre en ayant pleine conscience de la situation. Le journaliste écrit alors : " On se croirait au Moyen Âge, par quelque commerce immonde du cimetière des Innocents, et Dardel de poursuivre, quand son service vend les morts, « comme je n’avais pas de moyens pour des travaux, j’étais embarrassé ». On ne peut que comprendre l’indignation de la Pr. Brigitte Mauroy, urologue et présidente démissionnaire, en 2017, du comité d’éthique du Centre du don des corps (CDC) de Paris-Descartes : « L’histoire se souviendra que vous avez fossoyé la plus grande structure anatomique de France. » Pour des faits aussi graves, et durables, ce n’est pas une mauvaise journée, ni une mauvaise année, mais une mauvaise présidence entre 2011 et 2019, pour le biologiste Frédéric Dardel, ancien polytechnicien, devenu depuis conseiller de la ministre Frédérique Vidal. L’homme a même été fait chevalier de la Légion d’honneur en 2015, quand il blanchissait déjà sous le harnais quatre ans dans le commerce des morts…"17.

      Au 28 novembre 2019, Monsieur Frédéric Dardel n’a pour l’heure par répondu aux accusations du journaliste.

      –-

      Le 30 juillet 2013, il est chargé avec Denise Pumain de réfléchir à l’institution qui prendra la succession de l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES) et de rendre un rapport sur le sujet pour les premiers jours de décembre 201324. Mais le rapport Dardel-Pumain, finalement publié le 24 janvier 2014, suscite l’étonnement car il s’appuie sur une version périmée de la loi relative à l’enseignement supérieur et à la recherche - sur l’application de laquelle il est censé fournir des préconisations - et paraît en retrait par rapport aux recommandations des Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche.
      –-
      En mai 2017, il se distingue en envoyant un courriel signé appelant ses étudiants à ne pas voter pour le Front national et à voter pour Emmanuel Macron, franchissant ainsi comme il le précise « une limite que je m’étais fixée en accédant à la fonction de chef d’établissement ».

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_Dardel#Scandale_du_charnier_de_Paris

      Je relève au passage qu’en mai 2017 un directeur d’université donne des recommandation de vote à ses étudiant·es alors qu’on expulse les femmes sous prétexte d’un couvre chef mais pas un directeur d’université.

      Je relève aussi que le directeur précédent de ce charnier était Axel Kahn (2007-2011).

      En 2015 Frederic Dardel à reçu la légion d’honneur (probablement pour sa bonne gestion de l’université, qui part en sucette de manière exponentielle à partir de 2013).

      Le plus rigolo c’est qu’en 2013 il préfaçait un ouvrage collectif sur « La générosité ».

      Ce marcheur blanc n’est pas intéressé uniquement par les bénéfices financiers qu’on peu tiré des cadavres, il semble militer pour vendre aussi les données génétiques des personnes encore vivantes :


      http://fr.1001mags.com/parution/svm/numero-294-jui-aou-2010/page-26-27-texte-integral

    • Sur le don de son corps à la science en France -

      Dans le communiqué de l’université :

      Le don du corps est gratuit ; le fonctionnement du centre génère des coûts (préparation, sérologie, conservation, mise à disposition et obsèques) qui sont demandés aux professionnels utilisateurs du centre.

      https://www.parisdescartes.fr/communique-centre-du-don-des-corps

      C’est un gros mensonge car c’est pas gratuit du tout :

      Depuis 1887, la loi française autorise tout adulte à faire don de son corps à la science après son décès. C’est le principe de la liberté des funérailles. Toutefois, sachez qu’il ne s’agit en aucun cas d’échapper aux dépenses à engager en matière d’obsèques. En effet, cette démarche n’est pas gratuite !

      Ainsi, la plupart des structures acceptant ce type de don – Centre Hospitalier Universitaire, centre de formation ou centre de recherche à la faculté de médecine – n’ont pas les moyens de prendre en charge le fonctionnement du service, le transport du corps et sa crémation ou son inhumation. Les frais s’échelonnent donc de 200 euros à 900 euros en moyenne, payables d’avance par le donateur, par son contrat obsèques ou encore par ses proches.
      ...
      Comment se passe le don en lui-même, une fois le décès survenu ? Vos proches doivent prévenir le plus rapidement possible le centre de don qui fera transporter votre corps avant toute mise en bière (48 heures maximum). Au laboratoire, il sera traité pour être conservé soit par congélation, soit par injection de produits chimiques. Il pourra ensuite être disséqué, servir pour la répétition d’interventions chirurgicales ou encore de sujets d’expérimentations pour des recherches fondamentales ou cliniques. Mais quel que soit son devenir, les professionnels de santé veillent toujours à son strict respect.

      https://www.ladepeche.fr/article/2016/02/12/2275958-faire-don-corps-science-cout.html

      –---
      Du coup le « don » qui n’est pas gratuit contrairement à ce que dit le communiqué de l’université coute de 200 à 900€ et Frédéric Dardel promu conseillé de la ministre revendait ces corps à 900€ pièce.

      Sur le site du gouvernement il est bien question d’un cout :

      COUT :
      L’établissement de santé, de formation ou de recherche assure à ses frais l’inhumation ou la crémation du corps.

      Par contre, aucun texte ne précise qui est responsable du coût du transport du corps. Selon les centres de don, vous pouvez être amené à prendre en charge ce coût.

      Avant tout engagement, renseignez-vous sur les différents frais qui seront à votre charge ou à la charge de vos proches.

      https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F180

      Le site du gouvernement renvoie vers un lien du réseau CHU qui qui parle aux gens comme si c’etait des déficients mentaux et affirme aussi que le don n’est pas gratuit du tout :

      Troisième démarche : je me renseigne pour connaître les procédures et, en particulier, celle du coût du don de mon corps à la science. Tout a un prix et en même temps qu’un formulaire officiel, la plupart des centres vont vous adresser soit une facture ou soit vous recommander de prendre une assurance obsèques pour couvrir les frais entraînés par votre don. En effet, la plupart de ces structures n’ont pas les moyens de prendre en charge le fonctionnement du service, le transport du corps et sa crémation ou son inhumation. Il n’y a pas de cadrage national sur le montant de ces frais qui s’échelonnent de 200 à 900 € en moyenne car chaque établissement a ses propres règlements et ses propres critères de fonctionnement. Seule certitude : ils sont payables d’avance par mes soins, ou par mon contrat obsèques ou encore par mes proches.

      Autre choses étonnante, le « don » peut être refusé pour faute de personnel dans les centres

      Cependant, le don de mon corps peut être refusé par le Centre de Don et ce pour diverses raisons fixées par la loi :

      – Le dépassement du délai de transport du corps 48 heures maximum après le décès

      – L’absence de carte de donneur

      – Le refus du maire de la commune d’accorder le transport avant la mise en bière

      – Le décès à l’étranger

      – La présence d’une pathologie contagieuse

      – L’existence d’une intervention chirurgicale récente

      – Le décès lié à un accident de la circulation, à un suicide ou à toute autre raison susceptible de poser un problème médico-légal

      – Ou, également, la pénurie de personnel dans le centre de don.

      Alors pourquoi l’université Descartes n’as pas refusé ces « dons » si elle n’avais pas les moyens de les accueillir ni d’assuré des conditions correcte pour le personnel ?
      Car perso je m’en fiche un peu que des cadavres soient manger par des vers et des rats, le problème c’est l’état du personnel qui a travailler plusieurs décennies dans des conditions abominables et qui a du chopper une belle collections de maladies horribles car les cadavres qui trainent c’est ultra toxique. Il faudrait enquêté sur l’état de santé des travailleuses et travailleurs de ce charnier et veillé à les indemnisés sérieusement.

    • Fermeture du Centre du don des corps de l’université Paris-Descartes

      La plus grande structure anatomique de France va subir une inspection après la révélation par « L’Express » de conditions indignes de conservation des défunts et de vente de cadavres.
      Le scandale a été révélé par une enquête d’Anne Jouan dans L’Express du 27 novembre : jusqu’en 2018, et peut-être au-delà, le Centre du don des corps (CDC) de l’université Paris-Descartes a accueilli pendant des années, dans des conditions indignes, des défunts ayant fait don de leur corps à la science. Non seulement les règles d’éthique sur le respect dû aux corps étaient bafouées, mais les locaux, situés au 5e étage de la faculté de médecine de la rue des Saints-Pères, se sont enfoncés dans le délabrement et l’insalubrité. Des « pièces anatomiques » (membres, organes) étaient vendues, pour une bonne part à des organismes privés, pour servir à des tests divers.

      Par un Tweet publié à la suite de la parution de l’article, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal, annonce avoir « ordonné la fermeture du centre et lancé, en accord avec [la ministre de la santé] Agnès Buzyn, une inspection afin d’établir la réalité des faits et de proposer des moyens d’action plus efficaces ». Déclaration qui a suscité quelques sarcasmes, Frédéric Dardel, conseiller spécial dans le cabinet de Mme Vidal depuis un arrêté du 28 juin 2019, ayant été président de l’université Paris-Descartes de 2011 à 2019.

      #pay_wall
      https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/12/05/fermeture-du-centre-du-don-des-corps-de-l-universite-paris-descartes_6021740

    • Scandale du don de corps : alertées, les autorités ont laissé faire au moins jusqu’en 2018

      La suite de notre enquête montre que les responsables ne pouvaient pas ignorer l’horreur de la situation.

      Depuis les révélations de L’Express dans le numéro du 27 novembre sur le scandale du don des corps à la science, la poursuite de notre enquête montre que, contrairement aux déclarations des responsables de l’université Paris-Descartes, la gestion catastrophique du centre (CDC) ne s’est pas arrêtée en 2016. « Elle perdure en réalité depuis de vingt à trente ans », selon deux anciens dirigeants du CDC. Entraînant l’incinération directe de nombreuses dépouilles non disséquées, au moins un quart en 2017 ! Ainsi, en juin de cette année-là, le Pr Richard Douard, chirurgien à l’hôpital européen Georges-Pompidou et ancien directeur du CDC, écrivait une note au président de l’université de l’époque, Frédéric Dardel - aujourd’hui conseiller de la ministre de la Recherche : « Les pertes liées aux défauts de conservation (rongeurs, moisissures, absence d’équipements) sont estimées à 160 corps par an. »

      Selon de nouvelles photos que nous nous sommes procurées, les conditions d’hygiène et de traitement des corps rue des Saints-Pères, déjà inacceptables, n’ont cessé de se détériorer. Une première série remonte à l’année 2011, quand Axel Kahn était président de l’université. On y voit une dizaine de têtes décapitées, très abîmées, numéro d’identification au front. On n’ose dire posées tant elles semblent avoir été jetées à même un chariot dans le couloir, cheveux hirsutes, bouches béantes. Sur l’un de ces clichés, plus de 30 têtes sont alignées au-dessus d’une rigole de sang, au mépris de toute règle de conservation et de respect des morts.

      https://www.lexpress.fr/actualite/societe/scandale-du-don-de-corps-alertees-les-autorites-ont-laisse-faire-au-moins-j

    • Affaire du « charnier » à Paris-Descartes : la colère des familles des défunts, Rémi Dupré

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/02/20/affaire-du-charnier-a-paris-descartes-la-colere-des-familles-des-defunts_603

      Vingt-quatre plaintes ont été déposées auprès du parquet de Paris dans le cadre du scandale touchant le Centre du don des corps de l’université.

      La gorge serrée, Christine Letellier se souvient de ce jour de décembre 2017 où le transporteur a emmené la dépouille de sa mère au Centre du don des corps (CDC), rue des Saints-Pères, à Paris. « Comme mon père, décédé cinq ans plus tôt, ma mère avait choisi de donner son corps à la médecine. C’était un geste humaniste pour aider les futurs médecins, raconte-t-elle. Elle était maquillée, avec de beaux vêtements dans son cercueil. Elle était belle quand elle est partie. Je n’aurais jamais imaginé qu’elle finirait comme ça… entassée sur d’autres corps, bouffée par les rats, ses organes vendus à la pièce. »
      Le 27 novembre 2019, Christine Letellier a « perdu [sa] mère une deuxième fois » lorsqu’elle a pris connaissance, dans L’Express, des conditions indignes dans lesquelles les corps des donateurs ont été conservés depuis vingt ou trente ans dans les chambres froides insalubres et non hermétiques du CDC, le plus grand centre anatomique de France, créé en 1953 et rattaché à l’université Paris-Descartes (devenue en janvier l’université de Paris après sa fusion avec sa consœur de Diderot).

      Odeur de putréfaction, corps démembrés et inutilisés, pannes d’électricité, incinération de masse, prolifération de mouches, de vers et de rats… Avec moult détails sordides, l’enquête de l’hebdomadaire décrit ce « charnier au cœur de Paris » et révèle que l’université faisait payer les chirurgiens, mais également des entreprises privées souhaitant utiliser des pièces anatomiques pour effectuer des recherches, comme des crash-tests pour les habitacles des voitures.

      Ces révélations ont aussitôt poussé le ministère de l’enseignement supérieur à fermer provisoirement le CDC et à diligenter une inspection. Le 29 novembre 2019, le pôle santé du parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour « atteinte à l’intégrité d’un cadavre ». Au fil des auditions, les policiers de la brigade de répression de la délinquance contre la personne cherchent à déterminer la part de responsabilité des dirigeants successifs de Paris-Descartes et du CDC, qui défilent actuellement dans leurs locaux.

      D’autant que, depuis 2004, des éléments communiqués aux dirigeants de l’université attestent l’état de délabrement du CDC (procès-verbaux, rapport d’audit, photos, mémo). « Je veux savoir qui savait et que ceux qui ont laissé s’effondrer cette institution soient condamnés, tempête Christine Letellier. Comment ont-ils accepté que nos proches soient considérés comme des détritus sur une décharge publique ? »

      Aiguillée par l’Union française pour une médecine libre, un syndicat de médecins, Christine Letellier a déposé plainte contre X, le 7 février, auprès du parquet de Paris, pour « atteinte à l’intégrité d’un cadavre ». Réunies au sein du collectif Proches des victimes du charnier de Descartes, vingt-trois autres familles ont également saisi la justice. « Il y a un délit caractérisé d’atteinte au respect dû au mort. C’est comme si on profanait une tombe dans un cimetière », souligne Me Frédéric Douchez, l’avocat qui a collecté ces vingt-quatre plaintes. D’ici au 15 mars, il doit déposer six autres plaintes et espère en réunir « une quarantaine au total ».

      « Politique de l’autruche »

      Le 27 février, les plaignants manifesteront en silence devant le CDC. « On veut qu’il n’y ait plus de marchandisation des corps et on réclame davantage de transparence. Descartes pratique la politique de l’autruche. Que se passe-t-il entre le transport et la crémation ? », s’interroge Baudouin Auffret, porte-parole du collectif, dont le père avait choisi de donner son corps au CDC avant son décès, en 2017. A l’unisson, les plaignants dénoncent le « manque de traçabilité » des dépouilles, dont les cendres sont dispersées au Jardin du souvenir du cimetière de Thiais (Val-de-Marne).

      Solange Oostenbroek n’a jamais su quand ni si son père, disparu en février 2019, a été incinéré. « J’ai appelé le centre en août 2019. On m’a dit que ce n’était pas encore fait. J’ai rappelé en décembre 2019, après l’article de L’Express, en disant que je n’avais pas reçu de courrier », raconte la sexagénaire, dont les parents avaient pris leur carte de donateurs en 1973 pour « faire un beau geste. On m’a alors dit que cela avait été fait le 9 mai 2019. Je leur ai dit que ce n’était pas possible ».

      « Même les hommes de Neandertal étaient plus regardants »

      Florence Jager est dans le même « flou artistique » depuis le décès de sa mère en 2001. « Je n’ai jamais su ce qu’il est advenu d’elle et on ne peut pas faire son deuil. Descartes aurait pourtant dû m’informer de l’utilisation, de la date d’incinération, soupire-t-elle. Ma mère voulait être utile pour le progrès de l’humanité et considérait, pour des motifs religieux, que nous étions des enveloppes corporelles après notre décès. »

      Aujourd’hui, la plaignante ne décolère pas depuis la mise au jour de cette affaire : « Les images défilent. On imagine des gens qui trient des piles électriques, des ampoules et qui les foutent en vrac dans la nature. A Descartes, ils auraient pu nous dire qu’ils n’avaient ni la place ni les moyens d’accueillir des corps. Même les hommes de Neandertal étaient plus regardants avec leurs défunts. Quand on ne respecte pas les morts, on ne se grandit pas. »

      En portant plainte, Véronique Lafond a décidé de « laver l’honneur » de sa mère, l’actrice Micheline Dax, incinérée par le CDC en août 2014. « Aujourd’hui, je ne sais pas comment ma mère a terminé, si elle a servi à quelque chose ou a été disséquée. Et je ne le saurai jamais, dit-elle. Je veux comprendre le mécanisme qui a poussé Descartes à tromper de A à Z des gens qui ont parfois payé un transporteur pour être utiles et dont on ne s’est pas servi parce qu’ils avaient pourri. »
      Le collectif des plaignants milite aussi pour un encadrement juridique du don des corps à la science, acte volontaire qui n’est pas réglementé par le code de la santé publique. « Ce n’est pas à un conseil d’administration d’université de décider du tarif du démembrement et de la mise à disposition des organes, estime Solange Oostenbroek. Un long travail de réflexion sur le statut des dépouilles doit être mené par une commission d’experts composée de médecins, juristes, sociologues. »

      Sans nouvelles de Descartes depuis l’arrivée du corps de sa mère au CDC, en janvier 2017, Jean-Jacques Guinchard souhaite que le collectif des plaignants « se dote d’un statut associatif afin de s’inscrire dans la durée et d’établir une charte des donateurs qui permettrait aux gens de s’opposer, de leur vivant, à la vente de leur corps pour certains usages ».
      M. Guinchard salue le vote au Sénat, le 28 janvier, d’un amendement du gouvernement au projet de loi bioéthique qui prévoit qu’un donateur devra exprimer son consentement « de manière écrite et expresse » s’il choisit de léguer son corps « à des fins d’enseignement médical et de recherche ». « Un premier pas dans le bon sens », selon les membres du collectif, qui rappellent que le « don du corps n’est pas un dû ».

    • Scandale du don de corps : une première mise en examen pour « atteinte à l’intégrité d’un cadavre »
      https://www.liberation.fr/france/2020/12/10/scandale-du-don-de-corps-une-premiere-mise-en-examen-pour-atteinte-a-l-in

      Des alliances, des bijoux. Mais aussi des dents, des mâchoires, des crânes. Et 30 000 euros en liquide. C’est ce qui a été découvert, selon l’hebdomadaire Marianne, lors de la perquisition au domicile d’un ancien préparateur en anatomie du centre du don des corps (CDC) de l’Université Paris-Descartes. L’homme a été mis en examen après avoir été placé en garde à vue le 2 décembre, selon les informations d’une source judiciaire recueillies mercredi par l’AFP.

      Il s’agit de la toute première mise en examen depuis l’explosion du scandale frappant le plus grand centre d’anatomie européen. (...) Le centre a depuis été fermé administrativement, une information judiciaire ouverte le 8 juillet pour « atteinte à l’intégrité d’un cadavre », et 170 plaintes contre X déposées.

      Selon Marianne, le retraité de 77 ans aurait travaillé au CDC de 1975 à 2011. Les bijoux et ossements trouvés chez lui auraient été destinés à la revente. L’homme est désormais sous contrôle judiciaire « avec notamment interdiction de se rendre dans l’établissement et d’entrer en contact avec les employés », selon la source judiciaire de l’AFP.

      « La partie émergée de l’iceberg »

      Pour Me Frédéric Douchez, qui représente les plaignants de l’association Charnier Descartes Justice et Dignité pour les donneurs, « le vol de bijoux et le trafic de crâne n’est que la partie émergée de l’iceberg. Ce qu’on risque de découvrir est bien plus grave », estime l’avocat, dans l’attente de « témoignages venant confirmer » cela.

      Baudouin Auffret, président de cette association aux 107 membres, espère que la mise en examen ne sera pas la dernière. « Il ne faut pas que les préparateurs soient les seuls [à être mis en examen, ndlr], il y a toute la chaîne à remettre en cause. Les responsabilités sont aussi administratives, notamment dans la présidence. »

      Le plaignant et son avocat ont notamment un nom en tête, celui de Frédéric Dardel, président de Paris-Descartes de 2011 à 2019, entendu en garde à vue le 12 novembre, avant de ressortir libre. Une synthèse du rapport de l’inspection générale des Affaires sociales datant de mars et se basant sur des photographies datant de 2016 faisait état de « conditions indignes de conservation des corps ». La direction actuelle de l’Université de Paris, présidée par Christine Clerici, a précisé être « attentive au déroulement de l’enquête, mais n’a aucun commentaire à faire sur la mise en examen » de l’ancien préparateur.

      Les échanges continuent entre l’université et l’association de familles de victimes. Plusieurs familles ont reçu le dossier médical qu’elles réclamaient concernant leur défunt. « Mais certains plaignants se demandent maintenant si les informations reçues sont fiables, précise Baudouin Auffret. Le scandale en lui-même a brisé la confiance. »

  • Le manque d’activité physique, un mal récurrent chez les adolescents
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/11/22/le-manque-d-activite-physique-un-mal-recurrent-chez-les-adolescents_6020061_

    Autre constat de l’étude, que ce soit en France, en Suisse, ou presque partout ailleurs dans le monde, les jeunes filles sont les plus concernées par le problème.

    En 2017, une étude de l’Insee évoquait notamment un manque d’offres, dans le domaine du sport, à destination des filles. Elles sont globalement 85 % à ne pas suivre les recommandations en matière d’activité physique, contre 78 % chez leurs congénères masculins. Une situation d’autant plus préoccupante que cet écart continue de se creuser. Alors que la prévalence du manque d’activité physique a diminué de 2 % depuis 2001 chez les garçons, elle est restée stable chez les filles. Cette différence est encore plus accentuée dans l’Hexagone, avec 82,4 % des garçons qui ne bougent pas assez, et 91,8 % des filles.

  • Troubles de l’attention, du sommeil, du langage… « La multiplication des écrans engendre une décérébration à grande échelle »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/10/21/michel-desmurget-la-multiplication-des-ecrans-engendre-une-decerebration-a-g

    Pour le neuroscientifique Michel Desmurger, laisser les #enfants et les #adolescents face à des #écrans relève de la #maltraitance. Il alerte sur ce qu’il considère comme un problème majeur de #santé publique.

    #paywall

  • Marie Bergström, sociologue de l’amour numérique
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/10/12/marie-bergstrom-sociologue-de-l-amour-numerique_6015287_1650684.html

    La chercheuse suédoise, qui a pu accéder à des bases de données du site de rencontres Meetic, revisite les comportements amoureux grâce au big data. Quand il est question d’amour, chacun est prêt à de petits arrangements : se déclarer plus jeune, plus mince et même plus grand ! Des écarts avec la réalité que la sociologue Marie Bergström a pu quantifier en maniant un outil du XXIe siècle : les traces numériques que nous laissons sur les sites de rencontres. Ainsi, le profil type de l’utilisateur de Meetic (...)

    #Meetic #BigData #manipulation

  • « Les aidants sont invisibles pour tout le monde »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/09/07/les-aidants-sont-invisibles-pour-tout-le-monde_5507752_1650684.html

    Hélène Rossinot, médecin de santé publique, consacre un livre aux « Aidants, ces invisibles ». Méconnus, voire maltraités par les professionnels de santé, ils seraient 11 millions en France.

  • Découverte du plus grand site de sacrifice rituel d’enfants au Pérou
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/08/28/decouverte-du-plus-grand-site-de-sacrifice-rituel-d-enfants-au-perou_5503542


    Les restes d’un des 227 enfants découverts sur le site archéologique de Pampa la Cruz, au Pérou.
    LUIS PUELL / AFP

    Une équipe d’archéologues a mis au jour les restes de 227 enfants, tués selon un rituel de la culture précolombienne Chimu, qui a connu son apogée entre 900 et 1450.

    Il s’agit d’une découverte sans équivalent dans le monde. Une équipe d’archéologues a mis au jour les restes de 227 enfants, sacrifiés selon le rituel d’une culture précolombienne, présente sur la côte nord du Pérou actuel jusqu’à la fin du XVe siècle, a annoncé mardi 27 août à l’Agence France-Presse (AFP) l’archéologue Feren Castillo.
    « Il s’agit du plus grand site de sacrifice d’enfants, » a-t-il expliqué, depuis la ville de Trujillo, dans le nord-ouest du pays. Les fouilles, commencées en 2018, se situaient sur le site de Pampa la Cruz, dans la station balnéaire de Huanchaco, à quelque 700 kilomètres au nord de la capitale Lima.

    Ces jeunes, âgés alors de 4 à 14 ans, ont été tués afin d’apaiser la colère des dieux de la civilisation Chimu, supposée responsable des catastrophes naturelles liées au phénomène climatique El Niño. Les archéologues ont d’ailleurs trouvé des preuves d’un épisode de pluies abondantes au moment du sacrifice.

    • En Irlande, les Sœurs du Bon Secours (FR) à Tuam on fait beaucoup mieux comme sacrifice à leur dieu : Dans un seul charnier, 800 cadavres d’enfants ! Des milliers dans d’autres institutions catholiques 07 Mar 2017 by Keith Porteous Wood
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      Une commission d’enquête gouvernementale portant sur dix-huit de ces institutions, dont beaucoup gérées par l’Eglise catholique au nom de l’Etat irlandais, a révélé que des restes de bébés et de jeunes enfants ont été retrouvés dans une ancienne institution catholique de Tuam, près de la côte ouest de l’Irlande, dans ce qui semble être un vaste réservoir d’eaux usées. Cet orphelinat a accueilli des mères célibataires entre 1925 et 1961, alors que les enfants issus de couples non mariés se voyaient refuser le baptême et une sépulture sacrée par un enseignement catholique conservateur.

      A leur arrivée dans ce Home, les enfants étaient séparés de leurs mères qui étaient souvent obligées de les « donner » en adoption.

      Ils étaient retenus dans des conditions épouvantables. Une inspection menée en 1944 par le gouvernement irlandais à Tuam décrivait certains d’entre eux comme « fragiles, ayant des ventres gonflés et décharnés » et le taux de mortalité dépassait de très loin celui des autres institutions de ce genre au sein desquelles le chiffre terrifiant de 17% était déjà atteint. En l’espace d’une seule année, selon les archives nationales, 31,6% des bébés de Tuam âgés de moins de un an décédèrent, « débiles de naissance » et maladies respiratoires étant les principales causes listées pour 40% des 796 décès enregistrés.

      Il est difficile d’imaginer, de mémoire d’homme, l’enfer quotidien auquel les mères et les enfants étaient soumis régulièrement dans un pays civilisé. Si les faits sont allégués et largement reconnus, des abimes de perversité inhumaine institutionnalisée se sont développés à Tuam, qui était pratiquement un camp de la mort sous couverture d’un havre de piété et de refuge. Il existe une forte suspicion que d’autres endroits identiques pourraient bien être découverts désormais.


      Au début de l’année 2014, l’historienne Catherine Corless a publié un « catalogue » de 800 décès, convaincue que les corps se trouvaient dans les fosses septiques sous les fondations. Alors que le lieu d’inhumation était enregistré dans des tombes spécifiques pour un tout petit nombre d’entre eux, ce n’était pas le cas pour l’immense majorité. Des questions gênantes ont alors surgi comme pourquoi le lieu d’inhumation n’était pas indiqué pour les autres.
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      Sources : https://www.fnlp.fr/news/367/17/Affaire-du-couvent-de-Tuam-que-faire-maintenant.html
      https://www.secularism.org.uk/opinion/2017/03/mass-grave-of-the-remains-of-babies-and-children-found-at-former-cath

  • Disparition des abeilles : comment l’Europe a renoncé à enrayer leur déclin
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/08/27/disparition-des-abeilles-la-derobade-de-l-europe_5503163_1650684.html

    Le texte en question – une mise à jour des principes d’évaluation des effets des #pesticides sur les #abeilles – fait l’impasse sur l’essentiel des recommandations de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (#EFSA), l’agence d’expertise officielle de l’Union. L’écrasante majorité des mesures proposées par l’agence sont renvoyées à un examen ultérieur, au mieux, après l’été 2021. Et ce, alors que l’EFSA fait savoir depuis le printemps 2012 que les tests réglementaires actuels ne protègent pas les abeilles et les #pollinisateurs sauvages (bourdons, abeilles solitaires, papillons, etc.). Interdits depuis fin 2018 en Europe, les trois principaux #insecticides #néonicotinoïdes (#imidaclopride, #clothianidine et #thiaméthoxame) pourraient ainsi être remplacés par des produits aussi problématiques.

    Après paywall #it_has_begun

  • La France mal classée pour l’#espérance_de_vie en bonne santé
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/02/19/la-france-mal-classee-pour-l-esperance-de-vie-en-bonne-sante_5425315_1650684

    La France mal classée pour l’espérance de vie en bonne santé

    L’espérance de vie en bonne santé est de 64,1 ans chez les femmes et 62,7 chez les hommes en France, en dessous de la moyenne européenne.

    Par Sandrine Cabut Publié le 19 février 2019 à 13h00

    « Il ne faut pas chercher à rajouter des années à sa vie, mais plutôt essayer de rajouter de la vie à ses années », écrivait Oscar Wilde. Les Français, semble-t-il, ne l’entendent pas de cette oreille. Bons élèves de l’Europe et même du monde s’agissant de l’espérance de vie à la naissance, ils sont plutôt médiocres pour cet indicateur de la qualité de la vie qu’est l’espérance de vie en bonne santé. Selon les dernières statistiques Eurostat, portant sur l’année 2016, la France est sous la moyenne européenne dans ce domaine : l’espérance de vie en bonne santé est de 64,1 ans chez les femmes et 62,7 chez les hommes dans notre pays, alors que la moyenne en Europe est respectivement de 64,2 et 63,5 ans.

    #santé #démographie #population #france

  • En réussissant le lancement d’une fusée low cost, l’Inde prend la route de la Lune
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/07/22/l-inde-prend-a-son-tour-la-route-de-la-lune_5492095_1650684.html


    Le décollage de la fusée indienne Chandrayaan-2 le 22 juillet à destination de la Lune, porteuse d’un robot qui en explorera le pôle sud, une région jamais explorée par l’homme.
    ARUN SANKAR / AFP

    Lundi 22 juillet, l’Inde a mis un pied dans la porte du club très restreint des pays capables de poser un appareil sur la Lune, club auquel n’appartiennent pour l’instant que la Russie, les Etats-Unis et la Chine. A 14 h 43 (11 h 13 heure française), la fusée GSLV-MkIII de l’Organisation de recherche spatiale indienne (ISRO) s’est arrachée du pas de tir du centre spatial Satish-Dhawan, sur l’île de Sriharikota située sur le rivage du golfe du Bengale. Destination : le pôle sud du satellite naturel de la Terre, une zone jusqu’à présent inexplorée par l’homme.

  • La sonde japonaise Hayabusa-2 réussit à se poser une seconde fois sur l’astéroïde Ryugu
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/07/11/la-sonde-japonaise-hayabusa-2-reussit-a-se-poser-une-seconde-fois-sur-l-aste


    Une image virtuelle générée par ordinateur de la sonde Hayabusa-2 qui s’est posée sur l’astéroïde Ryugu le 11 juillet.
    BEHROUZ MEHRI / AFP

    L’engin avait déjà réussi en février à collecter des poussières en surface. Il doit cette fois-ci récupérer des échantillons issus du sous-sol.

    La sonde japonaise Hayabusa-2 a réussi à se poser brièvement, jeudi 11 juillet au matin, (heure japonaise) sur un lointain astéroïde, point culminant d’une délicate mission entamée fin 2014, dans le but d’enrichir les connaissances sur la formation de notre système solaire. « L’atterrissage est un succès, un grand succès », a déclaré aux journalistes Takashi Kubota, directeur de recherche pour ce programme de l’Agence d’exploration spatiale japonaise (JAXA). La nouvelle a été accueillie par des applaudissements et les mines enjouées des techniciens debout dans la salle de contrôle.

    Un peu plus tôt, un porte-parole de l’agence, Takayuki Tomobe, avait indiqué à l’Agence-France-Presse (AFP) que des données montrant que la sonde avait apparemment atterri étaient parvenues au centre de gestion de la mission. Il restait cependant à confirmer la réussite du contact, ce qui fut chose faite quelques instants plus tard.
    Hayabusa-2 a ainsi touché pour la seconde fois Ryugu, corps céleste autour duquel elle tourne depuis des mois. Cette fois, il s’agissait de récolter des échantillons de poussières issues du sous-sol. « Nous pensons que la sonde a collecté quelque chose, mais nous ne pouvons le dire avec certitude tant que la capsule de la sonde n’est pas rentrée sur Terre », a précisé M. Kubota.

    L’engin, qui se trouve généralement en orbite à une vingtaine de kilomètres de l’astéroïde, avait entamé sa descente mercredi. Hayabusa-2 avait eu un premier contact furtif avec l’astéroïde en février pour recueillir des poussières en surface. La sonde japonaise avait ensuite largué en avril un « impacteur » qui, en provoquant une explosion près de l’astéroïde, y avait généré un cratère. C’est là qu’elle s’est posée ce jeudi. Il s’agissait de l’ultime défi de cette ambitieuse mission avant le retour sur Terre d’une partie de la sonde en 2020.

  • L’Atlantique tropical ceinturé par les algues sargasses
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/07/09/l-atlantique-tropical-ceinture-par-les-algues-sargasses_5487087_1650684.html

    Joseph Montoya (Georgia Institute of Technology, Atlanta) et ses collègues se sont appuyés sur des données satellitaires pour étudier l’évolution de ce qui évoque un superorganisme d’une dimension inédite : en juin 2018, cette ceinture mesurait 8 850 kilomètres de long pour une biomasse de 20 millions de tonnes ! La croissance des algues est dopée par les effluents charriés en plus grande quantité jusqu’à l’océan par l’Amazone, en raison des #épandages d’#engrais agricoles et de la #déforestation, et par la remontée de nutriments sur les côtes africaines.

    #algues_sargasses
    https://science.sciencemag.org/content/365/6448/83

  • Les nouveaux cas de cancer en forte hausse en France
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/07/02/les-nouveaux-cas-de-cancer-en-forte-hausse-en-france_5484200_1650684.html

    Les nouveaux cas de cancer en forte hausse en France

    Un rapport met en évidence une augmentation de 45 % de l’incidence chez la femme et de 6 % chez l’homme depuis 1990, abstraction faite de l’augmentation de la population et de son vieillissement. La mortalité a, elle, enregistré une baisse relative.

  • Comment le numérique accélère nos vies
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/06/24/comment-le-numerique-accelere-nos-vies_5480903_1650684.html

    Pester car une application ne s’ouvre pas instantanément sur un smartphone (pour rappel, un ordinateur portable mettait plus de deux minutes à démarrer avec le système d’exploitation Windows 2000) ; renoncer à entrer dans un magasin car il y a trop d’attente aux caisses ; regarder un vieux film et se surprendre à penser que le rythme est trop lent, etc. Sommes-nous de plus en plus impatients ? Il suffit de poser la question autour de soi pour rallonger sans peine cette liste d’anecdotes prises dans (...)

    #Google #Messenger #WhatsApp #WeChat #Facebook #Deezer #Spotify #smartphone #solutionnisme

  • Les mystérieux et puissants effets du placebo
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/06/18/les-mysterieux-et-puissants-effets-du-placebo_5477641_1650684.html

    En matière de placebo, une précision s’impose d’emblée : on pourrait croire que les termes « effet placebo » et « réponse placebo » sont strictement synonymes. Il n’en est rien.

    « L’effet placebo traduit la réaction psychologique et neurobiologique, fonction des attentes du patient, faisant suite à l’administration d’un placebo. La réponse placebo désigne un changement positif chez le patient, tel qu’un soulagement de la douleur, de l’anxiété, des nausées. Celui-ci peut être effectivement dû à l’effet placebo, mais aussi à l’histoire naturelle de la maladie ou à l’effet Hawthorne, qui correspond à la modification des réponses des patients du seul fait qu’ils se sentent observés pendant l’essai clinique et souhaitent faire plaisir aux investigateurs », souligne Luana Colloca, professeure à l’université du Maryland (Baltimore, Etats-Unis).

    Le premier essai, dirigé par Ted Kaptchuk, professeur à la faculté de médecine de Harvard (Boston, Etats-Unis), a été publié dans la revue PLOS One en 2010. Baptisé « placebo en ouvert » (open label placebo), il a consisté à administrer à 80 patients souffrant du syndrome du côlon irritable un placebo en plus de leur traitement habituel ou uniquement ce dernier.

    Après trois semaines, les résultats ont été des plus surprenants : 60 % des patients du groupe « placebo ouvert » ont obtenu un soulagement adéquat, contre 35 % dans le groupe traité par le seul médicament. Un résultat statistiquement significatif.

    Trois autres essais cliniques en placebo ouvert vont ensuite être réalisés auprès de patients souffrant de lombalgie chronique, de fatigue associée au cancer, de crises épisodiques de migraine. Là encore, les résultats surprennent, suggérant que donner un placebo ouvertement à un patient peut l’aider à soulager ses symptômes.

    Attentes du patient

    Des suggestions peuvent induire des attentes positives de la part du patient. Or celles-ci constituent l’un des principaux leviers de l’effet placebo.

    Ainsi, après chirurgie, lorsqu’un patient sait qu’on lui administre de la morphine en même temps qu’on lui dit qu’il s’agit d’un puissant médicament antalgique, le bénéfice sur le soulagement de la douleur postopératoire est plus important que lorsqu’il ignore qu’il en reçoit à travers une seringue automatique.

    Ce phénomène psychobiologique apparaît indissociable du contexte clinique et environnemental, comme l’illustre une approche expérimentale dénommée « procédure ouvert-­caché » (open-hidden study). Son originalité tient à ce qu’elle évalue la part de la réponse placebo alors même qu’elle n’emploie pas de placebo.

    Dans le premier groupe, le médicament est administré au vu et au su du patient (« en ouvert »), le médecin étant présent et délivrant des informations verbales contextuelles. Dans le second groupe, le patient reçoit le médicament à son insu (« en caché »), celui-ci étant délivré par l’intermédiaire d’une pompe, en l’absence de médecin. La différence entre l’effet du traitement ouvert et celui du traitement caché correspond alors à la réponse placebo. Selon le professeur Benedetti, « le traitement caché est moins efficace, voire parfois inefficace, ce qui indique que le fait de savoir que l’on reçoit un médicament et que l’on en attend un bénéfice s’avère crucial en matière d’efficacité thérapeutique ».

    En effet, il se produit une association entre un stimulus et des réactions automatiques de l’organisme. Exemple : des individus présentant fréquemment des maux de tête et prenant régulièrement de l’aspirine peuvent associer la couleur, la forme et le goût du comprimé avec le soulagement de la douleur. Lorsque, après plusieurs dizaines de prises de ce médicament, on administre à ces patients un placebo ayant la même couleur, la même forme, le même goût qu’un comprimé d’aspirine, ils ressentent un effet analgésique comparable.

    Les travaux sur le rôle du conditionnement dans l’effet placebo ont récemment permis de créer un nouveau concept : donner au patient un placebo à la suite de l’administration répétée d’un traitement efficace. L’idée est d’alterner la prise d’un placebo avec celle d’un médicament à l’efficacité reconnue. Cette nouvelle stratégie thérapeutique pourrait entraîner une baisse des doses d’antalgiques utilisés en même temps, réduire la survenue des effets secondaires et diminuer les coûts de traitement.

    Si le conditionnement du traitement tient une place importante dans l’apparition de l’effet placebo, il en va de même de sa présentation, de son prix, de sa couleur, de son goût, de sa voie d’administration.

    Ainsi, dans la douleur, une étude a comparé la même crème placebo. On avait cependant indiqué aux participants que l’un des deux produits avait un prix plus élevé que l’autre. La réponse placebo a été plus importante lorsque les participants pensaient utiliser la crème antidouleur la plus chère. Par ailleurs, par rapport au placebo bon marché, l’autre a entraîné une activation plus importante du cortex cingulaire antérieur, région impliquée dans le contrôle endogène de la douleur.

    Plusieurs études semblent également montrer que les piqûres et les injections intraveineuses induisent de plus fortes attentes, et de ce fait un plus grand effet placebo que l’administration d’un traitement par une voie non invasive comme la prise orale ou nasale. Comme le souligne le professeur Benedetti, « le placebo ne se résume pas à la seule substance inerte. Son administration s’intègre au sein de stimuli sensoriels et sociaux qui disent au patient qu’on lui administre un traitement bénéfique ».

    #Médecine #Santé_publique #Placebo