• Covid : solidarité, humanité, responsabilité

    _Un fil de Jacques Caplat publié sur twitter https://twitter.com/nourrirlemonde/status/1696080159911100741 et sur mastodon https://piaille.fr/@JacquesCaplat@eldritch.cafe/110966999186302514
    enregistrement via @karacole à venir_

    « Lors de mes conférences et réunions, la plupart des participant·e·s s’étonnent de me voir porter un masque. J’en suis extrêmement déçu et préoccupé, venant de militant·e·s paysan·ne·s et écolo. »

    Explications cruciales 🔽​🔽​🔽​

    Je vais commencer par un peu d’anthropologie, avant de revenir à l’épidémiologie et à la responsabilité politique.

    1) Ce qui fonde l’humain

    Depuis notamment les travaux du paléoanthropologue kenyan Richard Leakey, il est admis que l’un des facteurs clefs dans l’évolution du primate vers Sapiens a été le soin solidaire : le groupe prend soin des plus faibles, des malades, des blessés, des bébés, des vieux. J’insiste : la vie en société et la solidarité envers les plus faibles est un des préalables au développement de l’humanité en tant que telle, c’est consubstantiel à l’humain. Cela n’a pas à être « expliqué » puisque c’est un facteur initial, une condition préalable.

    Sans solidarité envers les vulnérables, nous perdons notre humanité.

    Or cette solidarité signifie par définition refuser la simple « sélection naturelle ». Permettre aux myopes d’avoir une vie normale grâce à des lunettes, et donc d’avoir des familles et des enfants, c’est refuser que les myopes soient éliminés de l’humanité. Permettre aux bébés malades de survivre aux maladies infantiles (raison principale de « l’augmentation de l’espérance de vie » qui est une moyenne), c’est refuser que certains profils génétiques soient éliminés de l’humanité.

    Il faut donc le dire clairement : celleux qui pensent qu’il faut laisser mourir les personnes vulnérables à telle ou telle maladie se placent, fondamentalement et par définition, en dehors de l’humanité. C’est précisément pourquoi l’eugénisme est une abomination.

    2) Le Covid est actuellement endémique

    Du fait de l’irresponsabilité insoutenable de la plupart des gouvernements, particulièrement en France, le Covid s’est installé profondément.

    Je sais qu’un grand nombre d’entre vous pensent qu’il est maintenant mineur. Soyez honnêtes : si vous le pensez, vous vous mentez à vous-même pour éviter de changer vos habitudes de vie (exactement comme le font les climatonégationnistes : même mécanisme de déni). Car qui peut réellement et sérieusement penser que supprimer le thermomètre suffirait à éliminer la fièvre ?!? Soyez honnêtes (bis) : vous savez bien que tous les indicateurs de suivi du Covid ont été éliminés (quasiment plus de tests PCR, plus de remontées statistiques) et que c’est la SEULE raison de sa disparition du paysage médiatique.

    En acceptant cette mystification, vous jouez le jeu du gouvernement, que le Covid dérange à la fois parce qu’il montre son incompétence gravissime et parce qu’il perturbe l’économie.

    Les médias partagent une responsabilité, en acceptant de ne plus parler du sujet, en jouant le jeu de son invisibilisation artificielle.

    La réalité, très facile à vérifier via les publications scientifiques ou le suivi de la présence du SARS-Cov-2 dans les eaux usées (indicateur indiscutable et édifiant), est que le Covid continue à circuler constamment à un haut niveau – et en plus avec une nouvelle « vague » qui débute. Le Covid n’est pas une maladie saisonnière comme la grippe, il circule toute l’année.

    Et la rentrée scolaire va amplifier la nouvelle vague actuelle, puisque le brassage des enfants à l’école est le premier facteur de diffusion (ce fait, totalement admis et évident dans la littérature scientifique mondiale depuis deux ans, a été nié en France par les irresponsables qui nous dirigent : ce déni français est un motif supplémentaire de colère extrême).

    3) Les conséquences sanitaires et humaines du Covid

    Bien sûr, le Covid tue, et ce fait suffit déjà à ce que nous mettions en œuvre tous les moyens possibles pour le limiter. Mais c’est d’une certaine façon bien pire : il handicape à un taux très supérieur à sa létalité. S’il ne tue que 0,1% des personnes atteintes, il laisse des séquelles gravissimes chez 5 à 10% (voire 20%) des malades. Ces séquelles (notamment neurologiques et cardiaques) sont très bien documentées par les épidémiologistes et virologues à l’échelle mondiale, mais scandaleusement étouffées en France, selon la logique de déni que j’évoquais précédemment.

    Ce que l’on appelle les « Covid-longs » touchent environ 2 millions de personnes en France, provoquant plusieurs centaines de milliers d’arrêts de travail prolongés – ce qui explique d’ailleurs l’apparente baisse actuelle du chômage, qui correspond en fait tout simplement au remplacement des salarié·e·s en arrêts-maladie !
    https://www.nature.com/articles/s41579-022-00846-2

    Le Covid se transmet par la respiration (aérosols) mais ce n’est pas une maladie « respiratoire » comme on l’a cru au tout-début : c’est une maladie qui s’installe dans l’organisme entier et dont les affections les plus graves touchent le cœur et le système nerveux (notamment le cerveau).

    Par ailleurs, du fait de ces séquelles, les systèmes immunitaires fragilisés sont plus sensibles à d’autres maladies. À moyen et long terme, de nombreuses morts vont être attribuées à des « grippes », « crises cardiaques », « maladies auto-immunes », « AVC », etc., alors qu’elles ne seraient pas advenues sans une infection préalable de la personne par le Covid. Ça n’apparaît pas dans les statistiques des « morts du Covid » mais c’est bien une mortalité due au Covid !

    Pour votre info, plus souvent vous attrapez le Covid, plus vous risquez de telles fragilisations immunitaires et un Covid-long.

    Certains ici vont hausser les épaules et grogner « catastrophisme » alors que je cite les travaux internationaux indiscutables et faisant consensus. Si vous poussez ce soupir condescendant, vous réagissez exactement comme les climatonégationnistes.

    4) Un virus aéroporté

    Il n’y a plus aucune discussion scientifique sur la transmission du Covid : il est aéroporté.

    Oubliez les consignes simplistes de 2020 sur la « distanciation », car nous ne parlons pas ici de gouttelettes projetées à un mètre (postillons, toux, éternuements). Ces projections sont certes concentrées en SARS-Cov-2 et doivent être évitées, mais elles sont dérisoires par rapport au mode principal de transmission : la respiration.

    Les aérosols de respiration se diffusent comme la fumée de cigarette. Même si le malade vous tourne le dos, même s’il est à 20 mètres de vous à l’autre bout de la salle, ses aérosols finiront par vous atteindre si vous restez plusieurs dizaines de minutes dans la même pièce fermée.

    Dès lors, la protection ne s’obtient pas par la distanciation mais par l’aération et par le port d’un masque.

    Dans un monde idéal où le gouvernement serait responsable et compétent, un grand programme d’aération des salles publiques aurait été lancé depuis deux ans (écoles, hôpitaux, restaurants, cinémas, salles de réunion, EHPAD…). En l’absence d’une telle aération, il n’y a qu’une seule solution pour éviter de diffuser le Covid dans une pièce fermée : porter un masque. Et par pitié : un masque FFP2, car les masques chirurgicaux protègent très peu (uniquement si 100% des gens le portent, et très rigoureusement ajusté).

    Est-il vraiment nécessaire de rappeler que les trois-quart des porteurs du Covid sont asymptomatiques ? Est-il vraiment nécessaire de rappeler que même si vous n’avez aucun symptôme vous pouvez en être porteur et qu’il faut donc que VOUS portiez un masque même si vous ne pensez pas être malade ?

    5) Les « vulnérables » n’ont plus de vie sociale

    En l’absence de politique partagée de protection solidaire contre le Covid, les personnes dites « vulnérables » sont en danger de mort. En effet, les personnes immunodéprimées (notamment du fait des soins contre un cancer, ou ayant bénéficié d’une greffe, etc.), avec handicap génétique, dialysées, avec grave affection cardiaque, âgées, etc., ont un risque considérable de mourir si elles développent un Covid. Elles doivent donc absolument éviter de l’attraper. La question de la transmission est cruciale.

    Dans une salle fermée, si ces personnes vulnérables portent un masque mais que tous les autres n’en portent pas, il n’y a pas de protection suffisante. Pour que les masques protègent les vulnérables, il faut que tout le monde porte un masque.

    L’argument « portez le masque si vous avez peur mais laissez moi ne pas en porter » est une ignominie. D’une part parce qu’il place sur le terrain de la « peur » le fait de ne pas vouloir mourir (c’est abject), ensuite parce qu’il s’agit d’une insulte à l’épidémiologie et à la responsabilité médicale. Non, il ne suffit pas que les vulnérables portent un masque. Il faut que nous portions tou·te·s un masque.

    Comme ce n’est pas le cas, les personnes vulnérables n’ont pas d’autre solution que de s’interdire toute vie sociale. Iels ne peuvent plus aller au ciné, au restaurant, dans des réunions, dans des conférences, à des concerts, etc.

    https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/face-au-covid-19-la-vie-en-pointille-des-immunodeprimes-ca-fait-trois-a

    6) Être humains et responsables

    Admettre cet état de fait, c’est abdiquer notre humanité. Ne pas porter de masque, c’est soit considérer comme « normal » que les personnes vulnérables n’aient plus de vie sociale, soit encore pire et considérer comme « pas grave » qu’une partie de l’humanité meurt alors qu’on pourrait facilement l’éviter. 😱​

    Car nous ne parlons pas ici d’un dilemme du tramway. Il ne s’agit pas de choisir entre « X morts » ou « Y morts ». Il s’agit juste de choisir entre « X morts » ou « mon confort personnel ». Celleux qui osent invoquer leur « liberté de ne pas porter de masque » placent leur confort personnel devant les vies humaines. Iels disent explicitement préférer que des gens meurent plutôt que de faire un effort qui ne coûte pourtant presque rien. C’est juste intolérable, inexcusable. C’est très précisément se placer en dehors de l’histoire humaine (cf. mon point 1 ci-dessus).

    Incidemment, ces cyniques sont très mal placés pour donner la leçon sur l’inaction climatique puisqu’iels font exactement la même chose : préférer « ne rien changer à nos habitudes de vie » plutôt que faire preuve de solidarité humaine. Nous aimerions tou·te·s que « la crise climatique soit finie ». Nous aimerions tou·te·s que « le Covid soit fini ». Mais nier la crise climatique ou le Covid ne servira à rien.

    7) Pallier l’inaction politique

    Alors bien sûr, les premiers irresponsables sont les gouvernements populistes, à commencer par le gouvernement français.

    Début 2022, Emmanuel Macron a promis un grand programme d’aération des écoles et lieux public. Depuis : rien, rien, rien.

    En 2020, le gouvernement avait nié l’importance des masques pour ne pas avoir à affronter sa responsabilité dans leur pénurie en France à l’époque, et cette turpitude a encore des conséquences aujourd’hui par la minimisation de l’importance des masques.

    Depuis un an, les hôpitaux n’imposent plus le masque, y compris dans des services dont les malades sont particulièrement vulnérables au Covid (cardiologie) : c’est un niveau d’irresponsabilité effroyable et criminelle.

    D’une manière générale, pour le Covid comme pour la crise climatique, le gouvernement cherche à culpabiliser les Français·es et à leur demander des efforts individuels (voire à les brimer), au lieu d’assumer sa responsabilité politique.

    OK. Mais cette critique politique ne nous autorise pas à la politique du pire, ne nous autorise pas à ne rien faire et laisser mourir les vulnérables.

    Certains réseaux anarchistes et syndicaux agissent heureusement et mettent en place des procédures sanitaires responsables. C’est le cas par exemple ici de « Révolution permanente » (cf. image).

    Des comptes et sites partagent les ressources sur « l’autodéfense sanitaire » pour lutter contre les maladies aéroportées, tels @/arra ou @/cabrioles

    L’aération des lieux publics limiterait considérablement la transmission et permettrait donc une vie sociale pour tou·te·s, mais aurait également un effet d’atténuation des vagues et du « niveau endémique constant », ce qui réduirait le taux de mutation (plus on laisse circuler le virus avec le mythe délirant de « l’immunité collective » qui signifie en fait « abjection eugéniste », plus on favorise le nombre de mutations et la vitesse d’apparition de nouveaux variants) et qui réduirait progressivement la pandémie jusqu’à l’éteindre peu à peu.

    À défaut d’une telle action politique collective, nous avons une responsabilité humaine élémentaire : porter un masque dans les lieux clos. Cela ne se discute pas, sauf à nier toutes les valeurs humaines.

    #Covid #OuiAuMasque #AutoDéfenseSanitaire #CovidIsAirborne #CovidIsNotOver
    archivage https://web.archive.org/web/20230829205538/https://eldritch.cafe/@JacquesCaplat/110966999112891150

  • Les origines de la crise au Sri-Lanka
    Thread by nourrirlemonde on Thread Reader App – Thread Reader App
    https://threadreaderapp.com/thread/1545846848413319168.html

    Depuis qlqs mois, des « journalistes » libertarien·ne·s sans scrupules et des lobbyistes s’échinent à réécrire l’histoire récente de l’agriculture du Sri-Lanka, en faisant peser sur l’éphémère projet « bio » une crise dont la bio est au contraire la victime.
    Un thread. 🔽🔽

    Vous avez sans doute lu qu’en 2021 le Sri-Lanka avait décidé de passer au « tout bio », puis avait renoncé pour cause d’échec. Jusqu’ici c’est quasi-exact. Mais vous avez certainement également lu que cette transition ratée serait cause d’une crise alimentaire. Et là, c’est /

    … carrément du n’importe quoi de compétition.

    à dérouler
    ou à partir du premier tweet
    https://twitter.com/nourrirlemonde/status/1545846848413319168

  • Je dois avouer que je suis un peu surpris par l’indécence crasse des éditorialistes venant défendre la légitimité de la théorie du grand remplacement au lendemain du massacre de Christchurch. Non pas le fait qu’il y ait des islamophobes en roue libre dans nos médias (ça, dirais-je, on a l’habitude), mais le fait qu’au lendemain d’un massacre aussi horrible, ils viennent se lâcher aussi ouvertement dans leurs émissions et sur leurs flux Twitter, sans même faire semblant d’attendre ne serait-ce qu’une petite période symbolique de respect pour les victimes. Le fait qu’il ne semble y avoir aucune vague d’indignation vertueuse de l’intérieur du système après un tel niveau de dégueulasserie fait partie, également, de l’aspect insupportable de ces interventions (on se souvient, à l’inverse, des interminables commentaires indignés quand tout le monde n’était pas au garde-à-vous après le massacre de Charlie Hebdo) – l’idée qu’on vienne défendre ouvertement la théorie du « Grand remplacement » au lendemain même d’un massacre que l’assassin justifie lui-même par la théorie du « Grand remplacement », ça n’a pas l’air de provoquer une large indignation médiatique.

    Pour le coup, je suis sidéré par cette attitude aussi ouvertement et immédiatement dégueulasse et irrespectueuse.

    Je vais te dire : j’y vois un marqueur de suprématisme blanc, cette façon de cracher à la gueule des « autres » en affichant sciemment son mépris raciste. Une signe des temps typiquement MAGA. Je veux dire que l’affichage du mépris raciste n’est pas un élément secondaire de leur comportement raciste, mais c’est l’élément central de leur communication. Il ne s’agit pas simplement de dire une saloperie raciste (ce qui se fait déjà très bien depuis longtemps dans notre culture), il s’agit désormais de le faire ostensiblement, avec la « fierté blanche » d’un facho bas du front.

    Dans le racisme ambiant usuel, on passe à la télé 7 jour sur 7 pour balancer les phrases codées du genre : « non mais on a bien le droit de critiquer l’islam ». Dans le suprématisme blanc en voie de banalisation, on passe spécifiquement à la télévision au lendemain du massacre d’une cinquantaine de fidèles dans une mosquée pour commenter l’évènement sous l’angle « ça ne doit pas nous interdire de critiquer l’islam et le grand remplacisme ».

  • Encore un qui a lu nos grands intellectuels:
    https://actu.orange.fr/monde/un-extremiste-de-droite-tire-dans-deux-mosquees-neo-zeolandaises-49-mort

    Avant de passer à l’action, l’homme, qui se présente comme un blanc de la classe ouvrière aux bas revenus, a publié sur Twitter un « manifeste » raciste de 74 pages intitulé « Le grand remplacement », en référence à une théorie née en France et populaire dans les milieux d’extrême droite selon laquelle les "peuples européens" seraient « remplacés » par des populations non-européennes immigrées.

    • Sinon, se souvenir qu’avant le « Grand remplacement » de Renaud Camus, il y a eu l’« Eurabia » popularisé en Europe par Oriana Fallaci, reprenant le concept de Bat Ye’or. Concept lui-même dérivé de la « dhimmitude », de Bachir Gemayel, auquel le Nouvel obs tendait le crachoir en 1982 à ce sujet.

      Ça donne une nébuleuse reliant l’extrême-droite chrétienne libanaise, les propagandistes d’Israël, l’extrême-droite raciste (souvent antisémite) française et européenne, souvent derrière un alibi laïcard, tout ça dans un univers médiatique européen particulièrement complaisant avec tous ces complotismes islamophobes.

      Et en gros le même « arc » aux États-Unis, où il faut ajouter les fondamentalistes chrétiens, à la fois frénétiquement pro-israéliens et fondamentalement antisémites.

    • Les chrétiens du Liban, la dhimmitude, l’Eurabia, le marxisme culturel propogeant l’islamisation de l’Europe… toutes foutaises déjà présentes dans le « manifeste » de Breivik (2011) :
      https://seenthis.net/messages/28765

      Mais le nouveau « Manifeste » est beaucoup plus au ras des pâquerettes.

      Et en gros rien sur Israël (contrairement au manifeste Breivik), à part une mention :

      Were/are you an anti-semite?

      No. A jew living in israel is no enemy of mine, so long as they do not seek to subvert or harm my people.

    • @reka Puisque tu cites Millet, remarque qu’on est dans le même « arc » (caution intellectuelle et ancien de l’extrême-droite libanaise) :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Millet

      En 2012, il publie chez Pierre-Guillaume de Roux un essai intitulé Langue fantôme, suivi de Éloge littéraire d’Anders Breivik, dans lequel il s’en prend au multiculturalisme et à la perte de repères identitaires à l’origine, selon lui, du geste du tueur norvégien. Frappé par la « perfection formelle » des actes de Breivik, Richard Millet leur prête une « dimension littéraire » qui aurait été mal comprise et mal interprétée par la presse : d’après lui, seule une littérature qui ose s’intéresser à la question du mal est valable à une époque où le divertissement domine, et donc l’insignifiance. Tout en condamnant les actes d’Anders Breivik, Richard Millet affirme qu’il est « sans doute ce que méritait la Norvège et ce qui attend nos sociétés qui ne cessent de s’aveugler » sur « les ravages du multiculturalisme », « l’islamisation de l’Europe » et son renoncement à « l’affirmation de ses racines chrétiennes ». Richard Millet considère Anders Breivik comme « tout à la fois bourreau et victime ». Il assimile ce massacre à un nouveau symptôme de l’échec de la littérature, supplantée par le fusil d’assaut.

      À bonne école :

      Il participe à la guerre du Liban en 1975-1976 en tant que volontaire auprès de la communauté chrétienne, plus particulièrement au sein des Phalanges libanaises.

    • Et ça n’a pas traîné : sur RMC (via Arrêts sur image), Olivier Truchot, Elizabeth Lévy, Gilles-William Goldnadel s’inquiètent que le massacre perpétré par un islamophobe donne une mauvaise image de l’islamophobie.

      Face aux 40 morts de Christchurch, les télé-islamophobes ne désarment pas
      https://www.arretsurimages.net/articles/face-aux-40-morts-de-christchurch-les-tele-islamophobes-ne-desarment

      https://video.twimg.com/ext_tw_video/1106851251306811392/pu/vid/640x360/lxvwcd397Lpmp8WJ.mp4

      Caroline Fourest sur Twitter (via @mona) :
      https://twitter.com/carolinefourest/status/1106509831026999298

      Un terroriste d’extrême droite qui croit au « grand remplacement » n’est pas juste « islamophobe », il n’a pas peur de l’Islam. Il est RACISTE, anti-Musulmans. Il voit tous les Musulmans, et non leur religion, comme une menace. Mal nommer, c’est minimiser. #ChristchurchShooting

      Renaud Camus sur Twitter :
      https://twitter.com/renaudcamus/status/1106870609168994304

      L’attentat de Christ Church est d’abord atroce et criminel, c’est un monstrueux forfait. Très accessoirement, il est aussi imbécile, puisqu’il dessert gravement la cause que (peut-être) il prétend servir, la lutte contre le remplacisme global, crime contre l’humanité du XXIe s.

    • Soyons précis avec Jean-Yves Camus : Breivik citait Finkielkraut et l’Eurabia, le nouveau taré titre « Le grand remplacement », mais ça n’a rien à voir.
      https://www.ladepeche.fr/2019/03/16/on-retrouve-lhypothese-dune-riposte-aux-attaques-islamistes-selon-jean-yve

      Le tueur fait référence à une théorie élaborée par le Français Renaud Camus intitulée le « grand remplacement ». Est-ce une référence pour les extrêmes droites radicales ?

      C’est une théorie en vogue, mais Camus, qui a formulé la théorie du grand remplacement, n’est pas sur la même ligne que le tueur. Quel que soit le caractère contestable des idées de Renaud Camus, il n’a jamais prôné la violence, il ne fait pas référence au nazisme et ne se présente pas comme fasciste. Il est souverainiste, anti-immigration et proche du Siel (Souveraineté Identité et Libertés, extrême droite, NDLR). La théorie du grand remplacement a « fait sa vie » et est arrivée dans les mains de gens pour qui l’action politique est devenue insuffisante et qui ont basculé dans la violence.

    • 24h Pujadas sur Twitter : Guillaume Tabard « joue à de la comptabilité »
      https://twitter.com/24hpujadas/status/1106606907723264005
      https://video.twimg.com/ext_tw_video/1106606702189776897/pu/vid/640x360/L3JsLBliVVfRoNa-.mp4?tag=8

      « On a vécu en France un terrorisme islamiste assez meurtrier, si on veut jouer à de la comptabilité, on n’est pas encore dans l’équilibre. Il ne faut pas s’aventurer sur le terrain du match retour » @GTabard @Le_Figaro

    • Remarquez bien, dans le genre « meurtrier », ce matin je lisais ça : https://www.francetvinfo.fr/monde/asie/attentats-a-christchurch/attentat-en-nouvelle-zelande-ou-que-j-aille-les-envahisseurs-etaient-la

      Son parcours de radicalisation

      Le tireur décrit les raisons de sa radicalisation en évoquant l’attentat de Stockholm (Suède) en 2017 et sa déception lorsqu’Emmanuel Macron l’emporte face à Marine Le Pen. Mais ce qui le décide à commettre cette attaque, ce sont ses impressions lors d’un voyage en France : "Le déclic final fut l’observation de l’état des villes et villages français. Où que j’aille, les envahisseurs étaient là."

      Charles Martel, sors de ce corps !

      Les médias français ne feraient-ils pas preuve d’une certaine #complaisance vis à vis de la radicalisation d’extrême-droite, des théories du grand remplacement et du suprématisme blanc ? (C’est une question que je n’arrête pas de me poser).

      Vous avez aimé la lepénisation des esprits. Alors passez sans plus attendre à la trumpisation. ---> Trump again punts on white supremacy after New Zealand attacks - CNNPolitics
      https://edition.cnn.com/2019/03/16/politics/donald-trump-new-zealand-white-supremacy-muslims

    • Mais aussi Géraldine Woessner sur Twitter (repéré par @le_bougnoulosophe) – attention, attrape un sac à vomi avant de te lancer :
      https://twitter.com/GeWoessner/status/1107071339016392704

      C’est insupportable. Si les mots on un sens, celui de « théorie » du grand remplacement est particulièrement mal choisi. Petit thread à l’attention des apprentis-combattants de la droite-extrême et des populismes.

      La « théorie du Grand Remplacement » n’est PAS une « théorie » : c’est une PEUR, qui s’appuie sur des éléments concrets, que nous fournissent les pays qui, contrairement à la France, tiennent des statistiques ethniques....

      Le « remplacement » de populations n’a rien de fantasmatique : il est advenu dans maintes villes des USA ou du Canada, où les Latinos sont maintenant majoritaires, et nos grands médias s’en sont fait l’écho : https://t.co/OjbJKtLHgB

      Ce n’est pas un mal : c’est un FAIT. Dicté par la science démographique, avec lequel il faut composer. Il explique en partie l’élection de Donald Trump. Parfois, on sait l’affronter avec sang-froid et pragmatisme. On en débat ouvertement. On discute des politiques à conduire...

      Le fait que des extrêmes aient repris ce concept n’y change rien : JE ne crois PAS qu’un pouvoir « remplaciste » œuvre pour m’imposer un ordre « mondialiste ». Je ne crois PAS à la supériorité d’une race sur une autre. Ma si la pression démographique m’inquiète… #CestGraveDocteur ?

      En France, on ne débat PAS. RIEN. On préfère NIER les taux de natalité plus élevés de populations allogènes, au motif que la République, très forte, serait capable d’intégrer chacun dans son grand creuset laïc et républicain...

      Tant pis si ça ne marche pas.
      On fera semblant que si.
      Et ceux qui ont "peur", parce qu’ils voient les populations changer autour d’eux, qu’ils doutent de la volonté de l’ État d’imposer ses standards, seront vilipendés.
      Votre peur ? « Un fantasme. Une théorie ».

      Cet argumentaire, en plus d’être absurde, est d’une violence inouïe.
      UN sentiment, par définition, ne peut être une « théorie. » Si autant de gens, en France, en GB, en Allemagne, en Hongrie… Sentent leur « identité culturelle » menacée et le disent, QUI sommes-nous...

      ...pour décréter que leur ressenti ne vaut rien ? Ne devrions-nous pas, plutôt, entendre leurs craintes et tâcher d’y répondre ?
      Si nous sommes sûrs que ce risque de « grand Remplacement » est un fantasme, ne devons-nous pas apaiser aves des études basées sur des données fiables ?

      Nous sommes tellement habitués à contempler l’UE marcher sur la tête et s’autodétruire, que nous ne songeons même plus à exiger d’elle qu’elle se dote des instruments de sa survie. Des outils, une recherche, une prospective intelligentes. Des instruments statistiques signifiants.

      A défaut, et vu le niveau du débat, marqué de haines, de rancunes, d’amalgames, je redoute que tout cela finisse dans un bain de sang... Je pèse mes mots.
      Il n’est jamais trop tard pour s’ausculter, pour faire Nation. Je veux savoir QUI sont mes frères...

      Ce qu’ils pensent, ce qu’ils croient, ce qu’ils espèrent.
      Des statistiques ethniques me donneraient l’occasion de partager leurs vues. De comprendre. De connaître.
      Leur absence est un voile, une insulte à l’avenir, terreau de l’outrance. Un blanc-seing pour tous les extrêmes.

      Si on a vraiment besoin d’arguments sur ces histoires d’allogènes qui nous remplacent avec leur taux de natalité de lapin sous Viagra, on a le thread de Jacques Caplat ici :
      https://twitter.com/nourrirlemonde/status/1107282903996743680

    • [ARCHIVE]

      Two sentenced to life imprisonment in hate media trial (2003)
      https://rsf.org/en/news/two-sentenced-life-imprisonment-hate-media-trial

      “We are pleased that this case has finally reached a conclusion despite countless procedural delays and obstacles,” Reporters Without Borders secretary-general Robert Ménard said. “This is the first time that journalists have been sentenced to life imprisonment for incitement to murder and violence in their reports,” he said.

      “We hope these sentences are seen as a warning to the many journalists in Africa and elsewhere who also stir up hate in their writing,” Ménard added. “Even if no country is today in a situation comparable to Rwanda’s at the time of the genocide, these sentences should serve as a call to order to all the publications that constantly flout the most elementary rules of professional ethics and conduct.”

      en français:

      « Nous souhaitons que ces condamnations soient perçues comme un avertissement en direction de nombreux journalistes qui, en Afrique ou ailleurs, attisent, eux aussi, les haines par leurs écrits. Même si aucun pays ne connaît aujourd’hui une situation comparable à celle qui prévalait au moment du génocide rwandais, cette condamnation doit résonner comme un rappel à l’ordre pour toutes les rédactions qui bafouent quotidiennement les règles les plus élémentaires en matière d’éthique et de déontologie professionnelles », a ajouté Ménard.

      https://www.ifex.org/rwanda/2003/12/05/rsf_welcomes_life_sentences_against/fr

    • Hier soir, le Centre Anne Frank a choisi très curieusement de partager un lien vers un article du néoconservateur David Frum expliquant qu’il faut fermer les frontières, « sinon ce sont les fascistes qui le feront » :
      https://twitter.com/annefrankcenter/status/1107383900471521281

      We need compassion and deliberation in our approach to #immigration. #education #humanity ⁦⁦@davidfrum⁩

      avec en référencement cet article :
      https://www.theatlantic.com/magazine/archive/2019/04/david-frum-how-much-immigration-is-too-much/583252

      If Liberals Won’t Enforce Borders, Fascists Will - We need to make hard decisions now about what will truly benefit current and future Americans - David Frum

      Énorme retour de manivelle, le centre publiait ensuite une série de 10 messages pour tenter d’expliquer qu’il s’agissait seulement d’ouvrir un dialogue. Mais le timing d’un tel référencement (« fermer les frontières sinon les fascistes s’en chargeront », au lendemain du massacre en Nouvelle Zélande) n’est pas expliqué.

      EDIT. Finalement tweet retiré, avec un message posté à la place :
      https://docs.wixstatic.com/ugd/7279dd_c6e89ff1f5f74d269aab5418f1c657e7.pdf
      (et toujours pas d’explication sur le timing d’un tel sujet).

    • Le grand remplacement est en marche et l’absence de LBD est responsable du saccage des Champs-Elysées
      https://www.telerama.fr/television/le-grand-remplacement-est-en-marche-et-labsence-de-lbd-est-responsable-du-s

      Nathalie Saint-Cricq salue une Marine Le Pen “consensuelle”, David Pujadas laisse libre court à Robert Ménard pour soutenir la théorie du grand remplacement, un expert de BFMTV estime que les LBD sont trop dangereux pour les employer ailleurs que “dans les banlieues”… Nous sommes en France, en 2019. Bienvenue à la télé.