/2020

  • Amiante, nos écoles malades
    https://www.france.tv/france-5/vert-de-rage/saison-4/5727153-amiante-nos-ecoles-malades.html

    Vingt-six ans après son interdiction, l’#amiante, un matériau cancérigène, est encore présent dans de nombreux bâtiments en France, et notamment dans les #écoles. Plus de 85 % des bâtiments scolaires seraient susceptibles d’en contenir. Pourtant, aucun recensement officiel de ces écoles amiantées n’a été à ce jour réalisé par les autorités. Or, selon les chiffres de Santé Publique France, près d’une centaine de professeurs succomberaient chaque année à un #mésothéliome : le #cancer de l’amiante. Qu’en est-il des écoliers ? Pendant un an, Mathilde Cusin, Martin Boudot et l’équipe de « Vert de rage » ont enquêté sur le nombre d’écoles en France contenant encore de l’amiante.

    #pollution

    En effet plus de 85 % des écoles et établissements scolaires ont été bâtis avant le 1er juillet 1997, date de l’interdiction de l’amiante en France et sont donc fortement susceptibles de contenir de l’amiante. Or, sur le plan national on estime à 30% le nombre d’écoles qui n’ont pas de dossier technique amiante (DTA) et à 40% celles dont le DTA n’est pas à jour. Pour les établissements dont le DTA a été réalisé, on constate que 80% des lycées professionnels, 77% des lycées généraux, 73% des collèges et 38% des écoles contiennent des matériaux amiantés.

    https://www.sudeducation.org/communiques/face-au-danger-de-lamiante-dans-les-ecoles-sud-education-mene-campagne

    Ce que montre l’enquête de france5 c’est que l’existence d’un dta, qu’on peut mettre un temps fou à obtenir, ne débouche sur aucune mesure concrète de protection. Les mêmes trous dans les murs desquels s’échappent les fibres jusque sur les tables des enfants sont laissés tels quels pendant des années.

    Dans mon école, à mon arrivée, les profs m’ont dit qu’il y avait de l’amiante et qu’il ne fallait donc pas faire de trous dans les murs, ni même y punaiser quoi que ce soit. Mais les ouvriers que la mairie envoie pour faire divers travaux de réparation, nécessitant parfois de percer les murs, ne sont mis au courant par personne... Dans l’école de ma fille on a demandé le dta à la directrice, qui ne l’a pas. Elle l’a demandé à la mairie, pas encore de réponse. L’école est dans un état déplorable, c’est effrayant.

    • En 2020, Philippe et Blanquer suppriment l’ONS qui produisait des enquêtes indépendantes sur l’amiante.

      Le président de l’Observatoire de la sécurité des établissements scolaires s’indigne de la suppression de cette instance indépendante, qui enquêtait notamment sur l’amiante, au profit d’une cellule placée sous la direction du ministère.

      https://www.liberation.fr/france/2020/02/03/personne-ne-maitrise-le-dossier-et-tout-le-monde-se-renvoie-la-balle_1777

    • Mais les ouvriers que la mairie envoie pour faire divers travaux de réparation, nécessitant parfois de percer les murs, ne sont mis au courant par personne..

      La mairie est responsable de l’entretien des écoles et est donc tenue de traiter ce genre de problème. Il y a généralement un service à la DGST pour ça. Il est aberrant que les services techniques .ne soient pas informés des risques (les personnels des ateliers sont aussi exposés et devraient a priori être réceptifs). La directrice ou le directeur de l’école devrait pouvoir refuser que des travaux soit effectués s’il y a des risques. Au besoin ne pas hésiter à appeler le conseiller de prévention ou les représentant•es du CST de la ville. Le ou la maire engage sa responsabilité personnelle sur les risques encourus par la population et les personnels de la ville et de l’Éducation nationale dans les locaux municipaux (les écoles en font partie).

  • #Agnès_Hartemann, chef de service à #La_Pitié_Salpêtrière, met sa démission en jeu face au manque de moyens de l’hôpital public, étranglé par le #néolibéralisme.

    « Pourquoi je vais donner ma démission ? Parce que je suis amenée à faire des choses non éthiques »

    –-> c’était 2020, mais je remets ici pour archivage...

    https://twitter.com/NicMatyjasik/status/1217152352391782401

    #hôpital #santé #France #éthique #conditions_de_travail #démission #hôpital_public #infirmiers #personnel_hospitalier #it_has_begun #lits

  • Anticor : le gouvernement a bien cherché à connaître le nom du plus gros donateur de l’association
    https://www.capital.fr/economie-politique/anticor-le-gouvernement-a-bien-cherche-a-connaitre-le-nom-du-plus-gros-donat

    Contrairement à ce qu’a soutenu le cabinet du Premier ministre, le gouvernement a bien réclamé à l’association #Anticor l’identité de son plus gros donateur, dans le cadre de sa demande d’agrément. Une exigence pourtant irrégulière selon un avis de la CNIL.

    « Après avoir traîné le plus possible, mis la pression pour connaître le nom des donateurs puis menti en le niant, #Castex doit se prononcer aujourd’hui sur l’agrément d’Anticor.
    Une chose est claire, ce gouvernement préfère la corruption à la transparence... »

  • Covid-19 : « Au lieu de clamer que ça va être dur, nous devrions réaffirmer que l’on va s’en sortir » - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/18/au-lieu-de-clamer-que-ca-va-etre-dur-nous-devrions-reaffirmer-que-l-on-va

    Pour Bruno Falissard, directeur du centre de recherche en épidémiologie et santé des populations, il est normal que les gens n’aillent pas bien à cause de la crise sanitaire. Mais il s’inquiète du ton alarmiste de certains psychiatres.

    Polytechnicien et pédopsychiatre, le professeur Bruno Falissard a un parcours unique. Il dirige un des plus grands centres de recherche en épidémiologie, spécialisé dans les maladies mentales, le Cesp. Il s’inquiète du ton alarmiste de certains de ses collègues sur une supposée troisième vague, cette fois-ci de troubles psychiatriques.

    Les Français seraient déprimés, angoissés, à cause du Covid. Certains évoquent le spectre d’une troisième vague, cette fois psychiatrique. Mais n’est-ce pas sain, en ces temps difficiles, de ne pas être en forme ?
    D’abord, restons modestes et constatons que c’est une situation compliquée à analyser. Ensuite, nous avons peu de données fiables. Certes, le gouvernement a déclaré fin novembre qu’il y avait une multiplication par deux du nombre d’états dépressifs, sur la base de chiffres de Santé publique France. Or, lorsque l’on regarde précisément les données, cela correspond à une éc[…]

    #paywall

  • Dominique Costagliola, solide comme un doc
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/28/solide-comme-un-doc_1809823

    Et on pourrait rajouter, pour avoir relu la plupart de ses déclarations depuis six mois, qu’elle s’est très peu trompée, mêlant analyses documentées et prévisions mesurées. « Je ne parle que de ce que je connais », dit-elle.

    Cash, donc. Oui, sans l’ombre d’un doute. Quand on l’interroge sur les politiques, cela peut tomber dru. « Leur rôle n’est, certes, pas facile, je ne les critique pas trop. Sauf Blanquer. Il ne dit que des bêtises, il répète qu’il ne se passe rien à l’école. Idiotie. »

  • « La déconsidération des universités par le milieu politique est un élément structurel »

    Pour #Mathias_Bernard, président de l’université Clermont Auvergne, la promulgation de la #loi_de_programmation_de_la_recherche (#LPR) est une « #occasion_manquée ». Il revient sur la LPR pour « Libération », mais aussi sur dix ans de politique des universités.

    Ça y est. La si polémique loi de programmation de la recherche a été promulguée le jeudi 24 décembre, et publiée ce samedi au journal officiel. Elle lisse sur dix ans une hausse de 5 milliards d’euros du #budget annuel de la recherche et prévoit une hausse des #primes des personnels scientifiques. Mais plusieurs éléments sont critiqués par la communauté universitaire.

    L’une des mesures les plus contestée, la pénalisation des #mobilisations_étudiantes, a été retoquée par le Conseil constitutionnel le 21 décembre. Les « sages » ont aussi émis des réserves sur la proposition d’une nouvelle voie de #recrutement_dérogatoire pour les #professeurs, les « #chaires_de_professeurs_juniors », qui permettrait aux présidents d’université de s’immiscer dans l’appréciation des mérites des futurs candidats.

    Pour le reste, le texte accentue la #compétition entre les chercheurs et entre les établissements en prolongeant la logique de financement par #appels_à_projets, en vogue depuis plus de dix ans. Président de l’université Clermont Auvergne, Mathias Bernard connaît bien le sujet. Pour Libération, il revient sur ce texte et sur les réformes successives des universités depuis plus de dix ans.

    La loi de programmation de la recherche a été promulguée. Quel est votre sentiment sur ce texte ?

    C’est une occasion manquée. Quand l’annonce d’une loi de programmation a été faite, en février 2019 par le Premier ministre, je me suis réjoui, comme beaucoup de collègues. Notre secteur a besoin de #stabilité pour se projeter dans le temps long. J’espérais que cette loi permette de rééquilibrer la part des #financements_récurrents par rapport à ceux distribués par appels à projets. Ce n’est pas le cas. Les nouveaux #moyens sont en majorité conditionnés.

    C’est problématique. Cette loi n’aborde ni la question des #investissements en #équipements_scientifiques ni celle de l’#emploi. Les seules mesures de #ressources_humaines visent à faciliter le recrutement de #contractuels. C’est une #déception.

    Dans quelle mesure la LPR s’inscrit-elle dans le train de #réformes_universitaires depuis dix, quinze ans ?

    La LPR est clairement dans la ligne de ce qui se fait depuis le milieu des années 2000 avec la création de l’#Agence_nationale_de_la_recherche [chargée d’animer la politique d’appels à projets, ndlr]. Ce qui est prôné, c’est la différenciation des universités. L’Etat nous demande de mettre en avant « la #signature » de l’établissement. Cela passe par la réponse aux appels à projets nationaux, internationaux, territoriaux… Le nombre de guichets s’est multiplié.

    En parallèle de cela, notre #dotation_de_base stagne alors que le nombre d’étudiants augmente. Je ne dis pas qu’il y a quinze ans le système était idéal, mais le point d’équilibre est largement dépassé.

    Quelles sont les conséquences pour les établissements ?

    C’est d’abord un #coût. Nous avons besoin de recruter des équipes pour suivre ces appels et aider nos chercheurs à y répondre. J’ai plusieurs dizaines de personnes qui travaillent à cela.

    Ensuite, c’est un changement dans le #statut des personnes employées. Si ma dotation de base stagne, je ne peux pas recruter de #fonctionnaires. La progression du nombre d’employés des universités augmente uniquement grâce aux contractuels. Là encore, avoir une part de contractuels dans nos personnels n’est pas problématique mais ils sont recrutés pour conduire des missions pérennes.

    C’est notamment le cas pour des #contrats_d’enseignants qui, il faut bien le reconnaître, sont payés au lance-pierre.

    La stagnation des financements récurrents attribués aux universités n’est-elle pas la conséquence d’une défiance du milieu politique vis-à-vis du monde académique ?

    Je dirais une #défiance et une #méconnaissance. Les deux vont de pair. Cela vient d’un système de formation des #élites qui ne les amène jamais à l’université. Ils la connaissent mal et en ont une représentation fantasmée et négative.

    Le secteur a dû aborder beaucoup de lois, en 2007, 2013, 2018 et maintenant 2020, et pourtant, aucune n’a reconnu les universités pour ce qu’elles sont, à savoir les opérateurs principaux en matière d’#enseignement_supérieur et de #recherche. Les arbitrages ne nous sont jamais favorables et ce quelle que soit la législature. Les moyens de l’Etat sont dispersés sur une multitude d’opérateurs. Malheureusement, le fait d’avoir une ministre, #Frédérique_Vidal, issue de nos rangs, n’a rien changé au problème de la #déconsidération des universités par le milieu politique qui est un élément structurel.

    La #loi_LRU de 2007 promettait l’#autonomie des universités…

    Mais cette promesse n’a jamais été tenue. L’autonomie a consisté à déléguer la gestion des mécontentements. S’est installée une forme de #bureaucratisation qui subordonne le conseil d’administration des universités à d’autres instances, comme les jurys des appels à projets ou l’administration du ministère, qui s’est investie dans une forme de #micro-management.
    Vous faites référence à la création par ce gouvernement des #recteurs_académiques_de_région qui sont aux universités ce que le recteur est à l’enseignement scolaire. Comment ce micromanagement s’illustre-t-il ?

    Par exemple, pendant la crise sanitaire, les universités ont le droit d’ouvrir des séances de travaux pratiques. Si je décide d’ouvrir un TP d’optique pour 20 étudiants le mardi de 17 heures à 19 heures, je dois obtenir un arrêté du recteur académique à Lyon. Je lui ai, en tout, transmis plusieurs centaines de demandes d’autorisation. C’est de la #bureaucratisation inutile.

    De même, dans le cadre de ce que nous appelons le « #dialogue_stratégique_de_gestion » que nous menons avec l’Etat, une petite partie du budget est conditionnée à la manière dont l’université met en œuvre les #politiques_publiques.

    Pourquoi n’êtes-vous ni membre de l’#Alliance_des_universités_de_recherche_et_de_formation (#Auref) ni de l’#Udice, qui réunit les dix universités dites « de recherche » de France ?

    Je suis contre l’idée d’un système universitaire à #deux_vitesses. Il me semble donc dangereux de l’institutionnaliser à travers des associations. Je suis très attaché aux dimensions de #formation et de recherche des universités. Nous devons concilier une mission de #service_public et une exigence d’#excellence. Le risque avec l’existence de ces deux associations est d’encourager les pouvoirs publics à acter cette division, et à différencier les moyens budgétaires et les outils législatifs attribués aux établissements en fonction de leur appartenance à une organisation ou à une autre.

    Cette différenciation pourrait passer, par exemple, par des droits d’inscription différenciés ?

    On sent bien que cela va être tenté. Une brèche a été entrouverte par le gouvernement en introduisant un droit d’entrée différencié pour les #étudiants_internationaux. Une mesure qui pourrait profiter économiquement à un petit nombre d’universités, qui ont la notoriété pour justifier des droits plus élevés. Mais elle pourrait vider les autres établissements de leurs étudiants internationaux.

    C’est une première tentative qui pourrait être prolongée par une différenciation des #droits_d’entrée pour les étudiants français. Certains présidents pourraient y voir une ressource supplémentaire. Pour ma part, je suis attaché à notre modèle d’un accès le plus ouvert possible à l’enseignement supérieur.

    Vos étudiants, justement, comment vont-ils ?

    Mal. Si j’en juge par le nombre d’entre eux qui se signalent auprès de notre bureau d’accompagnement psychologique, je dirais qu’il y a beaucoup de souffrances.

    Pourtant, dans le plan de #déconfinement du gouvernement, les universités sont les dernières à rouvrir. Comment expliquez-vous cela ?

    Cette annonce a suscité beaucoup d’émotion au sein de la communauté. C’est révélateur d’une forme de #déconsidération des universités qui ne rouvrent qu’après les lycées, les classes prépa, les églises…

    Le principal problème pour nous, dans cette gestion de crise, c’est le décalage systématique entre les décisions gouvernementales, qui créent de l’attente, et la notification précise de leur application. Cela nous met, nous, présidents, en porte-à-faux. Par exemple, il y a eu des annonces sur le recrutement de tuteurs pour accompagner les étudiants en difficulté en janvier, mais nous n’avons reçu ni les budgets ni les modalités avant les congés de fin d’année. De même, l’Etat s’est engagé à soutenir la prolongation des contrats doctoraux décalés par le Covid-19. Nous avons fait les avances dès septembre, mais les crédits ne sont arrivés qu’en toute fin d’année.

    https://www.liberation.fr/france/2020/12/26/la-deconsideration-des-universites-par-le-milieu-politique-est-un-element

    #université #ESR #France #LPPR

    Métaliste sur la LPPR :
    https://seenthis.net/messages/820330

  • Covid-19 : onze mois à suivre « les Experts : autoproclamés » - Christian Lehmann
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/28/covid-19-onze-mois-a-suivre-les-experts-autoproclames_1809794

    De retour d’un voyage d’affaires à Macao, Beth Emhoff (interprétée par Gwyneth Paltrow) trompe son mari lors d’une escale à Chicago. Atteinte d’une forte fièvre et d’une toux insomniante, elle est hospitalisée et meurt bientôt, non sans avoir disséminé un nouveau virus responsable d’une pandémie dévastatrice. Nous sommes en 2011. C’est le monde d’avant, un monde lointain. On y va au cinéma sur un coup de tête, sans masque ni distanciation. Et Gwyneth Paltrow ne vante pas encore le sauna vaginal. Lorsque j’ai vu Contagion, de Steven Soderbergh, deux ans après la fausse alerte H1N1, je me souviens avoir tiqué sur le personnage d’Alan Krumwiede, interprété par Jude Law. Il m’avait semblé qu’en créant ce personnage de youtubeur complotiste, les scénaristes avaient surtout voulu confronter leurs héros du CDC (Center of Disease Control) à un antagoniste humain incarné en chair et en os, alors que le virus Mev-1 qui dévaste la planète reste invisible et insaisissable. Jude Law prête son charisme à ce conspirationniste qui prétend s’être guéri du virus en utilisant un traitement homéopathique à base de forsythia. S’autoproclamant voix du peuple et pourfendeur des lobbies pharmaceutiques, il crée des émeutes violentes quand son produit miracle disparaît des pharmacies. A l’époque, j’avais trouvé la ficelle scénaristique un peu grossière. Avec le recul, je réalise à quel point j’avais tort. A quel point j’avais sous-estimé la présence des adeptes du chaos dans nos rangs.

    Depuis le début de la pandémie, certains experts autoproclamés n’ont eu de cesse de porter une parole prétendument disruptive, d’aller à l’encontre des recommandations sanitaires comme des informations scientifiques disponibles. Si la communication gouvernementale avait réellement été aussi transparente que possible, comme l’avait promis Olivier Véran en succédant à Agnès Buzyn, leur pouvoir de nuisance aurait probablement été amoindri. (...)

    [La quasi-disparition des "rassuristes"] sur les plateaux télé des médias « mainstream » n’est en rien liée à leur dangerosité, comme l’explique à Libération le directeur de la rédaction de LCI avec une candeur sidérante : « Ces personnes ont pu avoir un temps d’antenne à un moment donné, parce que le tempo était plutôt en leur faveur, avec des propos qui faisaient écho dans la société. Ils avaient une certaine aura, ils étaient écoutés, c’est moins le cas aujourd’hui. Pour le moment, on estime que ces propos n’ont pas suffisamment d’écho dans la société pour être relayés. » La vérité scientifique, le simple respect de la méthode scientifique, la vérification des sources, tout ceci importe peu. Si demain un nouvel charlatan pique l’intérêt du public, il aura l’honneur des plateaux.

    (...) parmi les nouveaux venus, le docteur #Louis_Fouché, de l’hôpital de la Conception à Marseille. Nouvelle star des anti-masques, il utilise la #rhétorique de Chomsky sur « la fabrication du consentement » pour se faire inviter à Radio Courtoisie et chez Alain Soral, ou servir la soupe au gourou Thierry Casasnovas, qui explique dans une vidéo que boire du jus de légumes peut faire repousser un membre. Nul doute qu’un brillant avenir lui est réservé, de CNews à Sud Radio.

    Scott Z. Burns, scénariste de Contagion
    https://www.lesinrocks.com/2020/03/18/cinema/actualite-cinema/le-scenariste-de-contagion-se-confie-a-propos-du-coronavirus

    Je n’aurais jamais pensé, en écrivant le scénario de Contagion, que l’une des variables serait un #gouvernement qui ne croit pas en la #science et qui ensuite désinforme la population. Mais c’est ce que nous avons.

    #mensonge_d'État #désinformation #pandémie #Covid-19 #conspirationnistes #rassuristes #media

  • Aérosolisation et dîner de Macron : il n’est jamais trop tard pour réviser sa doctrine
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/21/aerosolisation-et-diner-de-macron-il-n-est-jamais-trop-tard-pour-reviser-

    Emmanuel Macron, qui selon ses propres dires et ceux de son entourage se badigeonne régulièrement les mains au soluté hydroalcoolique (SHA), a aussi choisi dès juin l’infectiologue suisse Didier Pittet pour mener une mission d’évaluation indépendante sur la gestion de la crise. Or Didier Pittet, célèbre pour avoir popularisé il y a vingt-cinq ans la formulation du gel hydroalcoolique, qui lui vaut le surnom de « docteur Mains propres », nie encore aujourd’hui que l’aérosolisation soit un mode prépondérant de contamination du Sars-Cov-2. Inquiet à juste titre de la diminution de l’utilisation du SHA, il en vient même à tenir un discours négationniste sur les masques, accusés selon lui de diminuer la vigilance des Français quant à l’hygiène des mains. Le masque, écrit-il, « n’est pas la première ligne de défense ». En septembre, il déclarait : « Il n’y a aucune évidence à ce jour de transmission par aérosols ! Le R0 et le Rt pour #covid19 évoluant suite #handhygiene et #SocialDistancing parlent contre transmission aérienne par aérosol et confirme gouttelettes et contact. »

    • Le CDC a mis à jour ses recommandations sur le covid et les aérosols.
      https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/faq.html#Spread

      The virus that causes COVID-19 most commonly spreads between people who are in close contact with one another (within about 6 feet, or 2 arm lengths).
      It spreads through respiratory droplets or small particles, such as those in aerosols, produced when an infected person coughs, sneezes, sings, talks, or breathes.
      These particles can be inhaled into the nose, mouth, airways, and lungs and cause infection. This is thought to be the main way the virus spreads.
      Droplets can also land on surfaces and objects and be transferred by touch. A person may get COVID-19 by touching the surface or object that has the virus on it and then touching their own mouth, nose, or eyes. Spread from touching surfaces is not thought to be the main way the virus spreads.
      It is possible that COVID-19 may spread through the droplets and airborne particles that are formed when a person who has COVID-19 coughs, sneezes, sings, talks, or breathes. There is growing evidence that droplets and airborne particles can remain suspended in the air and be breathed in by others, and travel distances beyond 6 feet (for example, during choir practice, in restaurants, or in fitness classes). In general, indoor environments without good ventilation increase this risk.

      COVID-19 seems to be spreading easily and sustainably in the community (“community spread”) in many affected geographic areas. Community spread means people have been infected with the virus in an area, including some who are not sure how or where they became infected.

    • L’état de la science sur l’#aérosolisation du virus
      https://first10em.com/covid-19-is-spread-by-aerosols-an-evidence-review

      In early April, I wrote a long post covering all the science I could find about aerosols and droplets. The basic summary was that this is an area of medicine with lots of misconceptions, poor assumptions, and incomplete science. There was good evidence that previous coronaviruses were spread by aerosols. There was good evidence that influenza is spread by aerosols. Overall, it seemed very likely that SARS-CoV-2 or COVID-19 was being spread by aerosols, but the science was pretty weak. There is still a lot we don’t know, but as I update the evidence 6 months later, it is pretty clear that aerosols play an important, and unfortunately still widely ignored, role in the transmission of COVID-19.

    • Je me dois de signaler que je n’arrive pas à surmonter le titre de cet article et son « dîner de Macron ».

      Je pense que je vais lancer le concept : quand on sera enfin déconfinés, on organisera des « dîners de Macron », en invitant chacun un brave macroniste, histoire de les comparer et de se marrer en les écoutant nous expliquer leur truc.

      (Oh j’entends déjà les commentaires outrés : « quoi, vous invitez des macronistes pour vous moquer d’eux, mais c’est ignoble ! » Oui. Et je pense que c’est une excellente idée.)

  • Vaccin anti-Covid : un passeport et des passe-droits ? - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/20/un-passeport-et-des-passe-droits_1809266

    Pour certains politiques, un tel document permettrait de lever les restrictions aux voyages et sorties pour les vaccinés. Alors que les campagnes de vaccination démarrent un peu partout dans le monde, le débat sur l’opportunité de créer une sorte de « passeport vaccinal » commence à monter. Pour l’heure, la France, qui accueille en temps normal 90 millions de visiteurs étrangers par an, n’a pris aucune disposition concernant l’entrée et la sortie de personnes vaccinées contre le Covid-19 sur le territoire. Selon le ministère de l’Intérieur, les personnes en provenance d’un pays de l’UE peuvent toujours se rendre sur le territoire français « sans restrictions de circulation ». Les résidents d’un pays où le virus est particulièrement actif sont, en outre, toujours soumis à la présentation d’un test PCR négatif ou, à défaut, à une mise en quarantaine.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#passeport#passeportvaccinal#circulation

  • Le gouvernement démasqué
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/16/le-gouvernement-demasque_1808867

    « Tout a commencé il y a neuf mois. Le 22 mars, au début du confinement, Antoine Hutt (radiologue), Jonathan Favre, Thibault Puszkarek et moi-même (médecins généralistes) avons lancé le site et collectif Stop-Postillons.fr. Il y avait une pénurie de #masques (quoi qu’on en mente) et il fallait les garder pour les personnels exposés. Néanmoins tout le monde avait chez soi des t-shirts à découper, du tissu à coudre : des écrans anti-postillon » (EAP). Nous voulions "confiner les bouches et les nez" lors des sorties dérogatoires (dans les hypermarchés qui n’imposaient pas de masque à l’époque), puis maintenir cette couverture faciale lors du déconfinement.

    « Nous avions donc un seul message, qui est resté en tête du site : "Portons tous un EAP dans l’espace public pour freiner et arrêter la pandémie. Porter quelque chose sera mieux que rien. Le but des EAP est collectif et altruiste : protéger les autres et être protégé si chacun en porte."

    « Avec un message d’une telle banalité dans le cadre d’une pandémie à contamination respiratoire, nous aurions dû disparaître au bout d’une semaine. Les dirigeants auraient dû répondre : "OK, bonne idée, on fait ça, on demande aux gens de se couvrir le nez et la bouche en attendant les masques", et c’était plié. C’était simple, il suffisait de faire confiance à l’intelligence collective et à la solidarité. [...]

    « Notre message, aussi basique soit-il, était pertinent. Il a progressivement été entendu. Trèèèès progressivement : le masque a été imposé dans les lieux publics clos à partir du 20 juillet, dans les entreprises à partir du 1er septembre, dans les écoles élémentaires à partir du 2 novembre. Ainsi, en pleine pandémie, il aura fallu huit mois après notre premier appel pour généraliser le masque dans la quasi-totalité des espaces recevant du public. (...)

    (...) nous nous basions sur les données scientifiques, les seules qui comptent, au-delà des arguments d’autorité. Depuis le CheckNews de Libération du 13 mars, nous savions que les personnes asymptomatiques pouvaient être contagieuses. Nous avions lu l’étude de Davies et al. dans laquelle 21 volontaires avaient toussé dans une boîte, mise en incubation pendant 48 heures, avant de compter les "colonies" de bactéries de la taille du Sars-CoV-2 : 200 sans masque, 43 avec un masque en coton fait maison, 30 avec un masque chirurgical. Visionnaires en 2013, les auteurs concluaient qu’en cas de pénurie de masques chirurgicaux, un masque fait maison serait mieux que rien - mon expression favorite.
    [...]

    « Nous sommes en décembre, et le masque apparaît toujours en dernière position sur les sites gouvernementaux, après "éviter de se toucher le visage", et avec la consigne de « le porter quand la distance d’un mètre ne peut pas être respectée ». Le risque de transmission par aérosol n’est toujours pas considéré, ce qui permet d’ailleurs d’imposer le masque à l’école et en entreprise et en même temps, de laisser les #cantines scolaires ou d’entreprises en l’état. C’est à désespérer.

    [...]

    « Concernant l’#école enfin, nous avons dû militer, publier des tribunes cet été, écrire des communiqués en août, septembre et octobre, une revue de littérature, intervenir en visioconférence auprès de syndicats d’enseignants en demande d’informations scientifiques… Tout ça parce qu’un ministre déclarait être "préparé à tout" sur la base de l’avis… roulement de tambour… des sociétés savantes de pédiatrie ! Jean-Michel Blanquer avait soudain fait fi de l’OMS : avec un tel niveau en pirouette, il n’est pas étonnant qu’il ait récupéré le ministère des Sports lors du remaniement, remarquez. Toutefois, si la plus haute instance à suivre n’est plus l’OMS mais les sociétés nationales, pourquoi concernant les masques entre avril et juillet le gouvernement a-t-il ignoré l’Académie nationale de médecine le 2 avril, le 22 avril, le 7 mai et le 28 juillet, l’European Centre for Disease Control le 8 avril ou son propre Conseil scientifique le 20 avril ? Il est facile de multiplier les instituts, conseils, centres, agences, sociétés, académies, autorités et organisations pour au final choisir parmi tous leurs avis celui qu’on veut mettre en avant… Mais ça, ce n’est ni de la science, ni de la politique. C’est de la manipulation. »

    #covid-19 #AuPaysdesLumièresÉteintes
    #aérosols #santé_publique #médecine #in_retrospect

    • Distribution de 10 FFP2 par personnel scolaire en Tchéquie

      Measures adopted by the Czech Government against the coronavirus
      https://www.vlada.cz/en/media-centrum/aktualne/measures-adopted-by-the-czech-government-against-coronavirus-180545/#general

      Schools and school facilities will receive up to 2.9 million respirators from state reserves. Each pedagogical and non-pedagogical worker will receive ten respirators of the FFP2 class.

      The move to send personal protective equipment via Czech Post to the endangered population over 60 years of age was approved. Every Czech citizen over the age of 60 should receive a package containing one FFP2 respirator and five face masks.

      The government decided to release 190 000 FFP2 respirators and 1 000 000 masks from the state material reserves in order to provide them free of charge to people benefiting from a disability pension for a third-degree disability and people younger than 18 who were granted a disability card for a severe health disability (ZTP) or severe health disability requiring special assistance (ZTP/P).
      The state will provide personal protective equipment for employees of facilities for children requiring immediate help and vulnerable children, to whom care is also provided during the state of emergency. Up to 26 580 FFP2 respirators, 186 000 masks, 49 500 protective gloves and 2 475 protective shields will be available for these facilities from the state material reserves for the duration of the state of emergency.

      The provision of three milion #FFP2 respirators from state´s material reserve to staff of residential social services and care services have been approved.

      #réduction_des_risques #santé_publique

  • A La Roche-sur-Yon, un cours de rue pour lutter contre l’isolement des étudiants - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/16/a-la-roche-sur-yon-un-cours-de-rue-pour-lutter-contre-l-isolement-des-etu

    Olivier Ertzscheid, enseignant en sciences de l’information et de la communication, proposait une classe en plein air à ses élèves ce mardi dans la préfecture vendéenne. Réclamant une meilleure prise en compte du mal-être des jeunes forcés d’étudier à distance.

    A La Roche-sur-Yon, un cours de rue pour lutter contre l’isolement des étudiants

    Pour son premier cours de rue en ce mardi tout juste déconfiné, Olivier Ertzscheid, enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication à l’IUT de La Roche-sur-Yon a soigné son cadre, devant l’église Saint-Louis de la préfecture vendéenne. Il n’avait cependant pas prévu que sa voix, pourtant amplifiée au micro, se mêlerait à celles de Salvatore Adamo et de Tino Rossi. Période de fêtes oblige, des haut-parleurs situés tout autour de la place Napoléon diffusent des chants de Noël. A peine perturbé par quelques grelots intempestifs, le maître de conférences entame son intervention portant sur une étude de quelques cas de communication numérique marquants. Le coup d’envoi est donné à 13 h 30, pour une grosse heure de cours magistral, suivie de quelques échanges avec l’assistance.

    Le professeur de 48 ans a eu l’idée de dispenser cette présentation en plein air à ses étudiants en DUT d’information communication lorsque les lieux de culte ont de nouveau été autorisés à accueillir des fidèles. « Voir que les églises rouvraient après quelques prières de rue alors que les étudiants sont toujours privés de cours en présentiel a été le coup de grâce », estime-t-il. Critique de l’action de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, Olivier Ertzscheid souhaite aussi, par ce cours en forme de happening, rendre plus visible la détresse des étudiants. « On ne les écoute pas parce qu’ils ne sont ni une force électorale, ni une force économique, mais il y a chez beaucoup d’entre eux des signaux psychologiques inquiétants, qui doivent alerter », ajoute l’enseignant.
    Isolement et craquage

    Le cours se déroule devant une cinquantaine de personnes masquées, la plupart debout en raison d’un sol encore humide après les averses de la matinée. La majorité de l’auditoire est composée d’étudiants. « J’étais très motivée pour venir, remarque Hannah Lemarignier. Ça fait du bien de sentir qu’un prof comprend ce que l’on vit alors que notre entourage familial ne prend pas toujours la mesure de nos inquiétudes. » En deuxième année de DUT, la jeune femme de 19 ans espère reprendre le plus tôt possible les cours. Elle redoute aussi de ne pas trouver d’entreprise où effectuer un stage obligatoire de deux mois, dans l’événementiel, au printemps. « J’ai commencé mes recherches en septembre et je n’ai que des refus à cause de la crise sanitaire. Les entreprises répondent qu’elles ne peuvent pas se positionner avant janvier ou février car elles sont elles aussi dans le flou », précise-t-elle.

    A lire aussiFrais de scolarité en école de commerce : « 10 000 euros pour des cours en ligne, ça fait beaucoup »

    Une autre de ses camarades, Zoé Chauvineau, ressent une grande frustration. L’étudiante de 20 ans a passé une partie du deuxième confinement chez ses parents dans les Pyrénées afin de ne pas revivre l’isolement qu’elle avait ressenti en restant à La Roche-sur-Yon au printemps. Elle reconnaît avoir « craqué » quand Emmanuel Macron a annoncé le 24 novembre une réouverture possible des universités en février : « Je me suis beaucoup battue pour entrer dans ce DUT qui est assez sélectif et nous n’avons pas pu travailler sur des projets d’événements. Nous n’avons pas non plus accès aux ordinateurs de la fac. Ils sont équipés des logiciels qui nous permettent de nous entraîner à la publication assistée par ordinateur. Ce sont des logiciels que je n’ai pas les moyens d’acheter et je suis très inquiète de ne pas avoir tous les acquis pour entrer en école ou licence de communication l’an prochain. »

    Olivier ERTZSCHEID, cours de rue, Université de Nantes, Place Napoléon, La Roche-sur-Yon le 15 décembre 2020Olivier Ertzscheid à La Roche-sur-Yon, ce mardi. Photo Franck Tomps pour Libération
    « On nous prend pour des idiots et pour des irresponsables »

    L’incompréhension des mesures gouvernementales les concernant prédomine. « Peut-être que le gouvernement ne veut pas créer d’inégalités entre les étudiants de gros campus et ceux de petites facs, cela peut s’entendre. Mais avoir cours dans un amphithéâtre de 800 places ou, comme nous, au sein de promotions de 60 personnes, ce n’est vraiment pas pareil d’un point de vue sanitaire », considère Antonin Couturier, également en deuxième année de sciences de l’information et de la communication.

    A lire aussiAides et jobs : le gouvernement fait un geste vers les étudiants et universités

    « On nous prend pour des idiots et pour des irresponsables, estime Luka Pambour, étudiant de première année. Nous voyons les gens aller au travail et nous, nous restons enfermés chez nous derrière notre ordinateur. C’est dur d’être coupé du jour au lendemain les uns des autres alors que l’on débute une formation et que l’on commence à peine à se connaître. »

    Olivier Ertzscheid n’exclut pas de proposer d’autres cours de rue en janvier si aucune annonce n’est faite en faveur d’une réouverture des universités d’ici là. Le consensuel « esprit de Noël », si présent dans l’ambiance sonore yonnaise ce mardi, pourrait alors faire place à une critique plus rude de l’action gouvernementale.

    #Olivier_Ertzscheid #Proferrant

  • Covid-19 : « De ma vie d’épidémiologiste, je n’avais jamais vu un tel engouement » - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/14/covid-19-de-ma-vie-d-epidemiologiste-je-n-avais-jamais-vu-un-tel-engoueme

    Dans les enquêtes statistiques, il est rare que l’on demande aux participants de se piquer le bout du doigt pour en faire sortir une grosse goutte de sang. Mais pour l’étude Sapris-Sero, 88 232 personnes ont accepté de le faire. Elles ont déposé cinq taches sur les réactifs d’un buvard et renvoyé le tout par la poste.Accompli en mai et juin à l’issue du premier confinement, ce geste venait en accompagnement d’un questionnaire fouillé, établi en urgence par les chercheurs dès le 17 mars. Samedi, dans un donnant-donnant équitable, les résultats de Sapris-Sero ont été présentés en avant-première aux participants de l’enquête lors d’une conférence en ligne. EpiCov, la seconde grande étude épidémiologique sur le Covid, publiera ses résultats prochainement.Dans les deux enquêtes, le questionnaire est à peu près similaire, les tests sérologiques sont traités par la même équipe de l’Unité des virus émergents de Marseille, dirigée par Xavier de Lamballerie. Ce qui diffère, ce sont les participants. Pour EpiCov, un panel représentatif de la population a été réuni, dont les travailleurs de première ligne qui ont été lourdement atteints par le virus. Pour Sapris-Sero, ce sont les participants habituels de cinq grandes études de santé publique (E3N-E4N, Epipage, Elfe, NutriNet-Santé, Constances) menées sur des temps longs qui ont été sollicités

    #Covid-19#migrant#migration#france#enquete#statistiques#epidemiologie#inegalite#diversite#sante#conditionsociale

  • Lafont et Thieulloy : collaborateurs de sénateurs LR et piliers de la fachosphère
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/14/lafont-et-thieulloy-collaborateurs-de-senateurs-lr-et-piliers-de-la-facho

    Influenceur très suivi, patron d’une galaxie de sites de la fachosphère et même… éditeur de Jean-Marie Le Pen. Tel est le pedigree détonnant des collaborateurs parlementaires Les Républicains (LR) Samuel Lafont et Guillaume de Thieulloy, tous deux rouages importants de la fachosphère.

    Grâce à sa maîtrise d’internet et des réseaux sociaux, l’extrême droite a de longue date su faire du Web un de ses premiers leviers militants. Aux premiers acteurs a succédé une nouvelle génération avec, par exemple, Damien Rieu l’identitaire du RN, ou Papacito le bourrin, monarchiste fan de Jean Lasalle. Mais la vieille garde reste installée dans le paysage algorithmique où ses plateformes font figure « d’historiques » et, surtout, cumulent des audiences tout sauf négligeables. A l’image de Fdesouche, Agoravox, Boulevard Voltaire ou encore Riposte laïque, leaders de la désinformation en ligne française avec plus de six millions de visites mensuelles en moyenne à eux quatre.

    #fachosphère

  • Eurosurveillance | Secondary transmission of COVID-19 in preschool and school settings in northern Italy after their reopening in September 2020: a population-based study
    https://www.eurosurveillance.org/content/10.2807/1560-7917.ES.2020.25.49.2001911

    Schools in Reggio Emilia province, northern Italy, reopened on 1 September 2020 after a long period of closure due to lockdown and summer holidays. We conducted epidemiological investigations after reopening in 41 classes in 36 different educational settings in this province after the notification of an infection with severe acute respiratory syndrome coronavirus 2 (SARS-CoV-2).

     
    The first wave of the coronavirus disease (COVID-19) pandemic hit the Reggio Emilia province (northern Italy, 530,000 inhabitants) in March and April 2020, reaching ca 0.9% cumulative incidence (0.4% for age < 50 years and 3.2% for age > 80 years) with a more than 15% fatality rate (0.2% for age < 50 years and 33.4% for age > 80 years) [1,2]. After 5 months of low incidence, the province began the second wave in October (Figure).

    Figure. Daily number of notified COVID-19 cases and deaths since the start of the epidemic in Italy, Reggio Emilia province, 27 February–10 November 2020 (n = 11,878 cases, n = 658 deaths)

    Graphique parlant que l’ajout du suffixe #.jpeg (qui fonctionne fort bien pour toutes sortes d’image non reconnues par seenthis) ne permet pas de faire apparaître ici :

    https://www.eurosurveillance.org/content/figure/10.2807/1560-7917.ES.2020.25.49.2001911.f1

    [...]
     
    Transmission within the schools of Reggio Emilia province, northern Italy, occurred in a non-negligible number of cases, particularly in the age group 10–18 years, i.e. in middle and high schools, while no secondary cases were detected in pre-school children, only one case in primary school and no secondary cases among teachers and staff. At least in the largest cluster that we reported, more prompt isolation and testing of classmates could have reduced virus transmission, suggesting the importance of timeliness in this setting.

    #covid-19 #école #enfants

    • Lockdown light, écoles, demi-classes, réduction des contacts, #vaccin et fin de pandémie. Podcast #68 du 8 décembre 2020 [partie 1], une traduction du podcast de Christian Drosten
      https://inf-covid.blogspot.com/2020/12/lockdown-light-ecoles-demi-classes.html

      (...) l’impression domine que la situation scolaire est sérieuse. Vous pouvez voir qu’il y a une incidence considérable dans les écoles. On doit simplement le reconnaître. [...] Nous avons de bonnes données d’Angleterre qui donnent un aperçu et qui disent que ce sont surtout dans les années après l’école primaire qu’il y a plus d’infections que dans la population normale. L’étude REACT-1 https://www.gov.uk/government/publications/react-1-study-of-coronavirus-transmission-october-2020-interim-results/react-1-real-time-assessment-of-community-transmission-of-coronavirus-covid-19-i, par exemple, le montre très clairement. Nous n’avons pas d’étude comparable en Allemagne. Mais il n’y a aucune raison de penser que ce serait différent ici qu’en Angleterre.
      [...]

      Il existe une étude intéressante menée par deux institutions de sciences sociales, l’Université Columbia et l’Université de Mannheim. [Social network-based strategies for classroom size reduction can help limit outbreaks of SARS-CoV-2 in high schools. A simulation study in classrooms of four European countries https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.11.30.20241166v1] (...) Les écoles sont des nœuds importants. Un cas à l’école est plus important pour la transmission dans la population qu’un cas dans d’autres groupes d’âge.

      [...] les écoles sont impliquées dans la grippe, mais c’est aussi un événement endémique. Et avec une infection pandémique, on s’attend à ce que si les écoles sont touchées, elles seront probablement plus importantes en proportion pour propager la maladie à la population. Je pense que c’est encore important dans la deuxième vague. Il faut clarifier cela à nouveau.

      Il existe une étude de simulation intéressante de ce groupe de travail qui traite précisément de cela. Que peut-on convenablement évaluer et recommander [pour] les écoles. Ils ont utilisé un ensemble de données empiriques très intéressant. À savoir les données des années précédentes, bien avant la pandémie. Des enquêtes sur les comportements de contact ont été réalisées dans les écoles d’Europe, notamment en Angleterre, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Suède. Le tout était centré sur la neuvième année, les 14 à 15 ans.

      [...] À un moment donné, il faudra ouvrir complètement. [...] La population se compose non seulement de patients à haut risque, mais aussi de l’économie et chacun doit faire valoir ses droits. Les événements ne seront plus empêchés ou le nombre de participants réduit. Bien entendu, les prochaines élections générales joueront également un rôle dans toutes ces tensions. Nous arriverons à un moment où les infections dans la population seront généralisées. Nous n’aurons jamais vu cela auparavant. En été, nous aurons alors un effet température qui nous profitera tout comme il l’a fait l’été dernier avec, remarquez, des mesures existantes. Nous sortirons alors de l’été et verrons également un grand nombre d’infections dans une population que nous n’avions pas encore. Dans la population en bonne santé, normale et plus jeune où il n’y a pas de facteurs de risque. Les enfants, par exemple, seront alors fortement infectés, tout comme leurs parents. Même les jeunes adultes qui ne présentent aucun facteur de risque. Nous verrons ensuite un autre type de patient dans les unités de soins intensifs en Allemagne. À savoir ceux qui, en pleine santé, ont développé de manière inattendue une forme sévère. Nous les voyons déjà maintenant, ils sont parfois déjà là. Ils seront alors en grand nombre. Et d’ici là, nous devrons certainement avoir quelque chose de prêt pour ces patients. À savoir de meilleures approches pharmaceutiques pour le traitement de la maladie grave chez ces patients sans risque.

      Bien entendu, la vaccination active se poursuivra alors et le processus de contaminations s’arrêtera de plus en plus, par une combinaison entre ceux qui ont été infectés et ceux qui ont été vaccinés. Mais pour ceux qui seront bêtement frappés, les préparations d’anticorps devront être mises à disposition, c’est-à-dire des mélanges d’anticorps monoclonaux, qui auront très certainement été approuvés. [...] On peut espérer que les prix seront complètement différents lorsque des quantités plus importantes seront demandées. Il faudra également progresser avec l’immunothérapie. Donc avec les substances. Ce ne sont parfois pas des anticorps bon marché qui peuvent influencer l’évolution inflammatoire sévère de la maladie dans la phase de traitement intensif. Ce qui, tout simplement, sauve les poumons. La recherche doit à nouveau s’intensifier. Ensuite, toute la chaîne de rapports politiques jusqu’au ministère de la Santé doit à nouveau s’en occuper. Les prochains problèmes sont déjà préprogrammés. On n’en parle pas encore en public, mais c’est clair pour moi. Je vais le dire ici maintenant, nous ne débarrasserons pas rapidement la population du risque au printemps en vaccinant les groupes à risque, puis en déclarant la pandémie terminée.

    • Fêtes de fin d’année : rater l’école pour mieux lutter contre le Covid
      https://www.liberation.fr/france/2020/12/14/rater-l-ecole-pour-mieux-lutter-contre-le-covid_1808679

      Dans une note publiée lundi soir, le #Conseil_scientifique recommande de ne pas pénaliser les absences scolaires des 17 et 18 décembre pour permettre aux enfants de se confiner avant Noël

      ... que faire des enfants scolarisés, eux, jusqu’au 18 décembre ? Pour le Conseil scientifique, la seule solution, c’est que l’Education nationale fasse preuve d’un peu de souplesse. Il faudrait « laisser une tolérance aux familles qui le peuvent et qui le souhaitent d’élargir de deux jours la période des vacances scolaires afin que l’autoconfinement d’une semaine soit également possible pour les enfants »

      Au Pays des Lumières éteintes, l’article ne relève aucun autre problème que celui que cela va poser aux parents....

      #yaourtpartoutcalciumnullepart

    • En début de semaine, le Groupe JP Vernant avait retouité un message avec la recommandation d’au minimum fermer les cantines cette semaine.

      Quand j’ai lu ça, la première chose que j’ai pensé, c’est : « Ah ben évidemment que non ils vont pas le faire : ce serait admettre qu’on se contamine dans les cantines… ».

      Sinon, puisqu’on en est désormais à admettre que les gamins se contaminent à l’école puis contaminent leurs familles, ça pose un nouveau souci pour Blanquer : s’il y a (comme assez largement prévu) un redémarrage de l’épidémie dans les prochaines semaines, qu’est-ce qu’on fait pour la rentrée scolaire ? On refait mine que les enfants ne contaminent personne et on reconfine tout le monde sauf les écoles ? On prétend qu’on a installé des purificateurs d’air invisibles dans toutes les classes pendant les vacances ?

    • Inferring the effectiveness of government interventions against COVID-19
      https://science.sciencemag.org/content/early/2020/12/15/science.abd9338

      Governments are attempting to control the COVID-19 pandemic with nonpharmaceutical interventions (NPIs). However, the effectiveness of different NPIs at reducing transmission is poorly understood. We gathered chronological data on the implementation of NPIs for several European, and other, countries between January and the end of May 2020. We estimate the effectiveness of NPIs, ranging from limiting gathering sizes, business closures, and closure of educational institutions to stay-at-home orders . To do so, we used a Bayesian hierarchical model that links NPI implementation dates to national case and death counts and supported the results with extensive empirical validation. Closing all educational institutions, limiting gatherings to 10 people or less, and closing face-to-face businesses each reduced transmission considerably. The additional effect of stay-at-home orders was comparatively small.

      #confinement #mesures_sanitaires

    • Nouvelle méthode de détermination de la prévalence en Angleterre : de l’école au lycée, contamination massive : REACT-1 round 7 updated report : regional heterogeneity in changes in prevalence of SARS-CoV-2 infection during the second national COVID-19 lockdown in England

      https://spiral.imperial.ac.uk/bitstream/10044/1/84879/2/REACT1_r7_FINAL_14.12.20.pdf

      #REACT

  • (4) Fêtes de fin d’année : comment réveillonner sans contaminer - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/10/fetes-de-fin-d-annee-comment-reveillonner-sans-contaminer_1806449

    Alors que les lieux clos jouent un rôle crucial dans la transmission du virus, des précautions sont nécessaires pour les rassemblements du 24 et ceux plus encadrés du 31 décembre, qui sera soumis au couvre-feu à 20 heures, contrairement au réveillon de Noël.

    • Pour éviter au maximum la transmission du virus lors d’événements familiaux, la solution la plus simple est évidemment de ne pas se réunir. A défaut, quelques précautions sont à prendre. Pour le docteur Yvon Le Flohic, très en pointe sur ces questions, il s’agit tout d’abord de faire attention à ne pas mélanger deux types de personnes : les personnes à risque et les personnes vecteur de contamination. Les personnes à risques sont les personnes âgées, ou souffrant de pathologie de type diabète, maladie pulmonaire, cardiaque. Rappelons que l’âge est le principal facteur de risque : les plus de 60 ans représentent 25% de la population mais 95% de la mortalité du virus. Le risque s’accroît encore avec l’âge : à 80 ans, on a dix fois plus de risque de mourir de la pandémie qu’à 60.

      Pour diminuer le risque d’être vecteur il s’agit d’éviter toute interaction sans masque pendant les dix jours précédant Noël, hors la bulle familiale. Notamment les repas, les cantines d’entreprise. Et faire soit un test antigénique la veille de l’événement, soit un test PCR quelque jour avant, de manière à disposer des résultats à Noël. Il s’agit par ailleurs de guetter le moindre signe. Parmi les asymptomatiques, les plus contagieux sont les paucisymptomatiques. Soit les personnes contaminées, mais qui ne présentent que de très légers symptômes : un nez qui coule, une fatigue inhabituelle peuvent être un signe de contamination et de forte contagiosité.

    • Noël : 68% des Français ne porteront pas de masques pendant le réveillon - baromètre BVA pour RTL et Orange
      https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/noel-68-des-francais-ne-porteront-pas-de-masques-pendant-le-reveillon-7800941983

      Invités à se prononcer sur leurs intentions concernant le respect des recommandations et des mesures énoncées par le gouvernement pour les fêtes de fin d’année, les Français qui fêteront Noël déclarent à 71% qu’ils ne se réuniront pas à plus de 6 adultes à cette occasion. À l’inverse, 29% avouent qu’ils ne respecteront pas cette jauge et seront plus de 6 adultes, notamment les plus jeunes (33% des 18-34 ans).

      Si la limitation des convives leur semble donc envisageable et qu’ils se plieront pour la plupart volontiers à cette règle, les Français se montrent en revanche nettement plus réticents à l’idée de porter un #masque le soir de #Noël.

      Ils ne se cachent pas d’ailleurs pour le dire, puisque 68% de ceux qui ont l’intention de fêter Noël indiquent qu’ils ne porteront pas de masque avec leurs proches le soir du réveillon, contre 32% qui le feront, dont 13% seulement qui le feront « certainement ». Les personnes âgées de 65 ans ou plus, bien que minoritaires, sont plus nombreuses à avoir l’intention de porter un masque, ils sont 45% contre seulement 18% chez les 18-24 ans.

      Notons que près d’une personne sur cinq ayant l’intention de fêter Noël envisage de réaliser un test Covid avant de voir ses proches (18% des personnes sondées). Un chiffre plus important chez les 18-24 ans, qui sont 30% à penser à cette éventualité. Ces derniers semblent donc plus enclins à se faire tester avant qu’à porter un masque le soir de Noël.

      Bref, sauf grosse piqure « de rappel » (un président gravement malade ou mort ?), hausse des hospitalisations à prévoir entre le 1er et le 10 janvier et des décès à partir de mi-janvier.

  • En France, un système qui fait perdre l’envie de #recherche

    Alternance de #contrats_courts et de périodes de #chômage, vacations payées aléatoirement, difficulté à être titularisé… « Libération » a recueilli les témoignages de nombreux jeunes chercheurs lessivés par le fonctionnement de l’université.

    La France perd ses jeunes chercheurs, dégoûtés du système. En 2018, le nombre de doctorats délivrés était en baisse de 4 %. Les carrières universitaires n’attirent plus. Ou du moins, elles font fuir une partie de ceux qui s’y aventurent quand ils découvrent la galère promise. Une journée de mobilisation a lieu ce jeudi contre la politique de recherche du gouvernement. Les jeunes chercheurs sont à la pointe du mouvement.

    « Il y avait treize doctorants dans mon laboratoire, seulement deux ont continué en post-doctorat. Tous les six mois, je me dis que je vais arrêter, et en fait non », témoigne Mélissa, post-doctorante en éthologie. Elle vit avec son compagnon, Geoffrey, lui aussi chercheur et âgé de 29 ans. Ils sont réunis « pour la première fois en six ans » dans le même appartement. La faute à leur boulot, qui les pousse à bouger dans tous les sens quitte à s’asseoir sur leur vie personnelle. Cette parenthèse à deux s’arrêtera dans trois mois. Mélissa sera alors à Zurich et Geoffrey à Niort. « On ne se plaint pas, on est déjà sur le même continent… »

    Etienne (1), lui, va changer de continent. Ce docteur en intelligence artificielle (IA) a vu de près les dégâts de la recherche à la française. La pression pour publier le plus possible d’articles scientifiques dans des revues, condition sine qua non pour remplir son CV et espérer être titularisé, a fini par le dégoûter : « On dit que c’est "publier ou périr", mais maintenant c’est plutôt "publier et périr" puisqu’il n’y a plus de postes. » Pour ce trentenaire, la désillusion grandit depuis plusieurs années : quand il était doctorant, il a dû finir sa thèse grâce aux indemnités chômage, se contentant de 900 euros mensuels pour vivre. « Mon encadrant principal a fait deux burn-out car il travaillait trop, ça ne donnait pas envie de continuer. » Mais il s’accroche.

    Après sa thèse, Etienne signe un contrat de deux ans de post-doc dans un labo de recherche, malgré les sirènes du privé qui lui promettent d’au moins doubler son salaire. Le déclic, pour changer de cap, il l’a eu en 2019. Il participe alors à une réunion de présentation de la politique française en IA, durant laquelle deux hauts fonctionnaires disent avoir pour projet de propulser la France dans le top 5 mondial. « Ils ne parlaient de recruter que des contrats précaires, des doctorants. Je suis allé leur poser la question : qu’en est-il pour les post-docs qui souhaitent rester en France ? Leur réponse a été assez surprenante : "Non, pas de création de postes fixes, monsieur, allez aux Etats-Unis." » Message reçu, mais pas de gaieté de cœur. Etienne entend bien partir travailler sur l’IA outre-Atlantique.
    « Très dévalorisant »

    Un grand gâchis humain. Quelques mots pour résumer ce à quoi ressemble la politique française en recherche. Libération a reçu plus de 200 témoignages de jeunes chercheurs déçus du système. Comme François (1), qui nous écrit : « La loi de programmation de la recherche m’a définitivement décidé, je ne vais même pas essayer de faire de la recherche dans le public. C’est d’autant plus dommage que, comme normalien, l’Etat a essentiellement payé pour que je le fasse. »

    La pression exercée sur le système conduit à de mauvaises pratiques. Xavier (1), ex-doctorant en astronomie, a vu la réputation du laboratoire passer avant l’éthique scientifique. « Le jour où on m’a demandé de cacher des résultats qui n’allaient pas dans le sens des promesses faites à l’Agence nationale de la recherche devant un public international, j’ai décidé de ne pas continuer dans la recherche, explique celui qui prépare l’agrégation de physique. J’adore la recherche, mais obtenir un poste est un parcours du combattant. Enchaîner les post-docs pendant six, huit, peut-être dix ans, qui veut ça ? »

    C’est exactement la situation que vit Alain (1). Depuis sa thèse de biologie soutenue en 2013, il alterne entre les contrats courts et les périodes de chômage. « Pour l’instant, l’objectif c’est de profiter du chômage pour écrire mes publications en retard, continuer à postuler pour des contrats et prier pour obtenir quelque chose. Ce serait très dévalorisant de me dire que j’ai autant persévéré pour au final abandonner. » Le problème du secteur n’est ni l’attractivité - il y a encore plus de dix candidats par poste ouvert - ni le manque de travail - les recherches et les étudiants continuent d’affluer. « Le premier problème, c’est le manque de financements », lâche Alain. De fait, dans les universités notamment, le besoin en enseignants-chercheurs est criant. Selon le Syndicat national de l’enseignement supérieur, les 150 000 vacataires recensés assurent, au moins, l’équivalent des heures d’enseignement de plus de 15 000 titulaires.

    A 34 ans, Maxime (1), docteur en sciences politiques, vit tantôt chez sa mère, tantôt chez sa compagne. Il a réalisé sa thèse « grâce à deux postes d’attaché temporaire d’enseignement et de recherche, et du chômage ». Depuis cinq ans, il jongle entre RSA et vacations à l’université. En théorie, il ne pourrait pas être employé de manière précaire par l’université sans avoir un travail fixe ailleurs. Alors il s’arrange. « Dans certains cas, un collègue me sert de prête-nom et je travaille au noir. Parfois, je me fais payer en autoentrepreneur. C’est assez dingue comme situation », explique-t-il. L’an dernier, Maxime estime avoir effectué plus de 277 heures d’enseignement, « plus qu’un service d’un titulaire ». Tout ça pour toucher à peine le smic : « Comme on est payé de manière aléatoire, certains mois c’est le RSA qui me permet de vivre. »
    « On m’avait prévenue »

    La situation est claire : les départements dans lesquels il travaille ne tiendraient pas sans des personnes comme lui. Il a bien essayé de quitter le milieu, mais faute de retours positifs, « la routine de l’université a repris le dessus. J’ai été sollicité pour des cours et des articles. Je tente encore, mais je ne sais pas pour combien de temps. J’ai été classé deuxième à un concours de maître de conférences, ça prouve bien que mon dossier n’est pas si nul… »

    Quadragénaire, Tiphaine se retrouve dans la même situation. Si elle a pu trouver un CDD de recherche pour une association nationale, elle a dû prendre une charge d’enseignement pour compléter son CV. Le système est si tendu qu’elle se retrouve à créer « un enseignement annuel de 80 heures » sans savoir où elle sera l’an prochain. « Je suis atterrée par l’ampleur de la précarité et l’exploitation des vacataires. […] On m’avait prévenue. Mais ça n’a pas suffi, car c’est un métier de passion, j’ai voulu aller jusqu’au bout. Maintenant, la désillusion se matérialise. »

    https://www.liberation.fr/france/2020/12/09/en-france-un-systeme-qui-fait-perdre-l-envie-de-recherche_1808191
    #ESR #recherche #France #précarité #université #titularisation #carrière_universitaire #travail #conditions_de_travail #mobilité #publish_or_perish #désillusion #indemnités_chômage #burn-out #contrats_précaires #gâchis #dévalorisation #LPPR #LPR #éthique #post-doc

  • Scandale du don de corps : une première mise en examen pour « atteinte à l’intégrité d’un cadavre »
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/10/scandale-du-don-de-corps-une-premiere-mise-en-examen-pour-atteinte-a-l-in
    https://medias.liberation.fr/photo/1352647-034_3275563jpg.jpg?modified_at=1607623763&width=960

    A la suite d’une perquisition, des ossements humains et des bijoux ont été découverts chez un ancien préparateur du centre du don des corps de Paris-Descartes, qui a été mis en examen.

    Scandale du don de corps : une première mise en examen pour « atteinte à l’intégrité d’un cadavre »

    Des alliances, des bijoux. Mais aussi des dents, des mâchoires, des crânes. Et 30 000 euros en liquide. C’est ce qui a été découvert, selon l’hebdomadaire Marianne, lors de la perquisition au domicile d’un ancien préparateur en anatomie du centre du don des corps (CDC) de l’Université Paris-Descartes. L’homme a été mis en examen après avoir été placé en garde à vue le 2 décembre, selon les informations d’une source judiciaire recueillies mercredi par l’AFP.

    Il s’agit de la toute première mise en examen depuis l’explosion du scandale frappant le plus grand centre d’anatomie européen. Il y a un an, l’hebdomadaire l’Express révélait l’existence de corps empilés, putréfiés, rongés par les souris, de membres découpés et agglutinés dans une partie des locaux vétustes de l’université. Le centre a depuis été fermé administrativement, une information judiciaire ouverte le 8 juillet pour « atteinte à l’intégrité d’un cadavre », et 170 plaintes contre X déposées.

    À lire aussiPour les familles du charnier de la fac Descartes, « ne pas savoir peut être pire que de savoir »

    Selon Marianne, le retraité de 77 ans aurait travaillé au CDC de 1975 à 2011. Les bijoux et ossements trouvés chez lui auraient été destinés à la revente. L’homme est désormais sous contrôle judiciaire « avec notamment interdiction de se rendre dans l’établissement et d’entrer en contact avec les employés », selon la source judiciaire de l’AFP.
    « La partie émergée de l’iceberg »

    Pour Me Frédéric Douchez, qui représente les plaignants de l’association Charnier Descartes Justice et Dignité pour les donneurs, « le vol de bijoux et le trafic de crâne n’est que la partie émergée de l’iceberg. Ce qu’on risque de découvrir est bien plus grave », estime l’avocat, dans l’attente de « témoignages venant confirmer » cela.

    Baudouin Auffret, président de cette association aux 107 membres, espère que la mise en examen ne sera pas la dernière. « Il ne faut pas que les préparateurs soient les seuls [à être mis en examen, ndlr], il y a toute la chaîne à remettre en cause. Les responsabilités sont aussi administratives, notamment dans la présidence. »

    À lire aussiNotre enquête sur le scandale du CDC

    Le plaignant et son avocat ont notamment un nom en tête, celui de Frédéric Dardel, président de Paris-Descartes de 2011 à 2019, entendu en garde à vue le 12 novembre, avant de ressortir libre. Une synthèse du rapport de l’inspection générale des Affaires sociales datant de mars et se basant sur des photographies datant de 2016 faisait état de « conditions indignes de conservation des corps ». La direction actuelle de l’Université de Paris, présidée par Christine Clerici, a précisé être « attentive au déroulement de l’enquête, mais n’a aucun commentaire à faire sur la mise en examen » de l’ancien préparateur.

    Les échanges continuent entre l’université et l’association de familles de victimes. Plusieurs familles ont reçu le dossier médical qu’elles réclamaient concernant leur défunt. « Mais certains plaignants se demandent maintenant si les informations reçues sont fiables, précise Baudouin Auffret. Le scandale en lui-même a brisé la confiance. »
    Miren Garaicoechea