• Excellent article.
      Décidément, la Tribune est en pointe sur ce sujet.

      Mais enfin, qui se plaindra de la ponction faite aux oligarques russes ? Sur ce point encore, la position de l’Europe n’est guère convaincante. Lorsque l’argent russe va vers Chypre, il est forcément « sale. » En revanche, lorsque l’argent russe construit un gazoduc sous la baltique vers l’Allemagne ou investit dans le football britannique, il devient respectable. Autant que lorsque, pour sauver le site de Florange, le gouvernement français fait les yeux doux au groupe russe Severstal.

      (…)

      Ce plan est le simple fruit de la loi du plus fort. Devant des Chypriotes aux abois, sans poids dans la zone euro, banquiers des « autres » (c’est-à-dire des Russes), on a imposé la solution la moins douloureuse pour les « grands » et la plus douloureuse pour Chypre. Sans se soucier des conséquences. Le vrai fond de l’affaire, c’était de faire payer les autres. C’est la nouvelle version de la solidarité européenne. Et pour redorer le blason de cette peu glorieuse logique, on a construit a posteriori ce mythe de la lutte contre un paradis fiscal.

    • Pour finir, il faut rappeler que Chypre a certes beaucoup vécu de ses avantages fiscaux, mais que, contrairement à ce qu’on entend ici ou là, cela n’a jamais suffit. Sa balance des paiements est en déficit chronique. Autrement dit, l’argent quitte plus le pays qu’il n’y rentre. Chypre n’est donc pas le Luxembourg ou les îles Cayman, pays qui ont construit l’ensemble de leurs économies sur les flux de capitaux entrants. Du reste, ce n’est pas l’activité offshore de Chypre qui l’a conduit à demander l’aide européenne, mais le PSI de la Grèce, décidé par les dirigeants européens ! Frapper les dépôts chypriotes, c’est simplement affaiblir le seul point fort de son économie, mais un point fort déjà insuffisant. Et comme Chypre ne deviendra jamais le centre d’une industrie exportatrice, c’est mettre à mort cette économie. Sans proposer d’alternative, sans proposer de plans d’investissement pour assurer la relève.

      Conclusion : un leurre pour cacher le manque de solidarité

      La réalité, c’est que le plan chypriote n’a jamais réellement eu pour vocation de mettre fin à un paradis fiscal. Simplement, parce que l’Europe n’a aucune stratégie de lutte cohérente contre les paradis fiscaux. Ce plan est le simple fruit de la loi du plus fort. Devant des Chypriotes aux abois, sans poids dans la zone euro, banquiers des « autres » (c’est-à-dire des Russes), on a imposé la solution la moins douloureuse pour les « grands » et la plus douloureuse pour Chypre. Sans se soucier des conséquences. Le vrai fond de l’affaire, c’était de faire payer les autres. C’est la nouvelle version de la solidarité européenne. Et pour redorer le blason de cette peu glorieuse logique, on a construit a posteriori ce mythe de la lutte contre un paradis fiscal.