mensuel sur l’actualité économique, l’autre regard sur l’économie et la société

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  • Jean-Louis Laville : « Pour sortir du capitalisme autoritaire, une alliance entre responsables publics et société civile s’impose » | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/jean-louis-laville-sortir-capitalisme-autoritaire-une-alliance-e/00111082

    La philanthropie soulève immanquablement la question de la responsabilité des pauvres et de leur nécessaire moralisation. En cela, elle prépare le tournant autoritaire qui constitue la troisième phase typique de la trajectoire capitaliste.

    Face aux demandes de démocratisation qui se propagent, la sollicitude est remplacée par la répression. Au XIXe siècle, ce furent l’écrasement de la révolution de 1848 puis de la Commune ; au XXe siècle, ce fut la préférence pour le fascisme d’élites dirigeantes obsédées par la peur du communisme.

    Contre les discours lénifiants, du type de celui tenu par Francis Fukuyama qui fait croire à une fin de l’histoire par l’alliage de la démocratie parlementaire et du capitalisme, gardons à l’esprit les alertes de Jean Jaurès pour qui le capitalisme porte en lui la guerre, et de Jürgen Habermas pour qui il existe une tension irréductible entre capitalisme et démocratie, ou encore de Karl Polanyi qui montre le lien entre la société livrée au marché autorégulateur et la violence étatique.

    Notons néanmoins que le néolibéralisme diffusé par le consensus de Washington1 présente des spécificités par rapport au libéralisme historique : il ne considère pas l’économie de marché comme naturelle. Au contraire, il mobilise délibérément l’État pour restaurer la primauté de la concurrence.

    Cette position volontariste est exprimée par Friedrich Hayek ou Milton Friedman. Leur objectif explicite est de supprimer ce qu’ils appellent les excès de la démocratie. Ils incitent à se débarrasser des notions de justice sociale et de solidarité et à cantonner les associations dans les services rendus à bas coûts. Ils développent en outre un véritable négationnisme à l’égard de la question écologique.

    Leur projet est anthropologique : en reformatant les institutions, ils visent à façonner des êtres intériorisant la concurrence.

  • Claude Serfati : « L’impérialisme, c’est l’interaction du Capital et de l’Etat ! » | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/claude-serfati-limperialisme-cest-linteraction-capital-d/00110267#footnote1_1e1yb17

    La guerre en Ukraine semble signer la fin de la « mondialisation heureuse » et remet en vogue la notion d’impérialisme, en particulier dans les partis de gauche qui pointent volontiers la responsabilité des Etats-Unis dans la genèse du conflit. Mais qu’est-ce au juste, pour un marxiste, que l’impérialisme au XXIè siècle ?

    Après Le Militaire, une histoire française (Editions Amsterdam, 2017) et L’Etat radicalisé (La Fabrique, 2022), l’économiste Claude Serfati, spécialiste de l’industrie de l’armement et de la mondialisation économique et financière, publie à ce sujet Un monde en guerres (Editions Textuel).

    https://justpaste.it/f6ygp

  • La « classe moyenne » qui s’en prend aux « chômeurs » ne s’en prend qu’à elle-même | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/mathieu-gregoire/classe-moyenne-sen-prend-aux-chomeurs-ne-sen-prend/00110237

    Pour vous, le RSA, c’est dans douze mois ? Oui : « vous ». C’est à vous que je m’adresse. Vous qui êtes salariés dans le privé (ou allez le devenir). En CDI ou en CDD, peu importe. Vous qui êtes un homme ou une femme. Vous qui êtes ouvrier, employé, technicien, ingénieur, cadre… Vous qui avez 20, 30, 40 ou 50 ans.

    Pour la plupart d’entre vous, le revenu de solidarité active (RSA), dans douze mois, ça ne rentrait pas, objectivement, dans l’univers des possibles. Mais le Premier ministre souhaite que ça le devienne en diminuant la durée maximale des indemnités servies par l’assurance chômage à 12 mois.

    C’est la septième séquence de réforme de l’assurance chômage depuis 2017 que Gabriel Attal vient ainsi d’initier. On peut y voir un trouble obsessionnel de la part du gouvernement : depuis l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron, il n’y a pas eu une année sans réforme (ou tentative de réforme) de l’assurance chômage, à l’exception de l’année 2020 du fait du Covid.

  • « Certaines utilisations de la laïcité sont un paravent commode pour justifier des discriminations » | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/certaines-utilisations-de-laicite-un-paravent-commode-justifie/00110297

    La laïcité est « plus que jamais menacée » à l’école, a déclaré le Premier ministre Gabriel Attal, dans une intervention au cours de laquelle il était interrogé sur le bilan de la loi du 15 mars 2004 sur le port des signes religieux à l’école. Cela montre tous les paradoxes dans lesquels l’action publique est prise.

    Voilà vingt ans que l’interdiction du « port de tenues ou de signes manifestant ostensiblement une appartenance religieuse » a été faite aux élèves des établissements scolaires. Le Premier ministre fait partie des acteurs politiques favorables à cette loi. Pourtant, en affirmant qu’elle n’a jamais été autant menacée, il fait le constat d’un échec, ou du moins des limites rencontrées par l’action publique lorsqu’elle veut interdire la visibilité de la religion à l’école. Or c’est précisément un champ qu’il a voulu étendre, avec sa circulaire interdisant l’abaya à la rentrée 2023.

    https://justpaste.it/cz34v

  • Comment la #gauche peut contrer l’#extrême-droite ? Débat entre Manon Aubry, Aurore Lalucq et Marie Toussaint | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/gauche-contrer-lextreme-debat-entre-manon-aubry/00110876

    Dans les institutions européennes comme dans la plupart des pays membres, droite et extrême droite sont à la manœuvre pour revenir sur les quelques avancées écologiques obtenues ces dernières années.

    Alors que les #élections_européennes pourraient renforcer ce pôle nationaliste-conservateur, quel contre-discours la gauche doit-elle lui opposer ? Comment peut-elle devenir majoritaire sans renier son ambition sociale et écologique ? Doit-elle pour cela surmonter ses divisions actuelles ?

    Pour en débattre, Alternatives Economiques a réuni trois femmes, représentant trois tendances de la gauche française, trois eurodéputées sortantes candidates à leur réélection.

    Manon Aubry est coprésidente du groupe de la Gauche au #Parlement_européen (GUE/NGL) et tête de liste La France insoumise pour l’élection européenne. Aurore Lalucq est membre de Place publique (PP) et en 4e position sur la liste PS-PP menée par Raphaël Glucksmann. Marie Toussaint est vice-présidente du groupe des Verts-ALE au Parlement européen et tête de liste des Ecologistes pour l’élection.

  • Retour des écoles normales : le proviseur de la République a encore frappé ! | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/philippe-watrelot/retour-ecoles-normales-proviseur-de-republique-a-frappe/00110296

    C’est la fin des masters Métiers de l’enseignement de l’éducation et de la formation, dits MEEF, mis en place par Jean-Michel Blanquer en 2017 et réformés avec un concours placé en fin de M2, il y a… deux ans. Cette évolution menée à marche forcée a épuisé les étudiants candidats (et les personnels des instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation – Inspé). Or, ces réformes incessantes brouillent la visibilité nécessaire aux éventuels candidats sur leur formation et nuisent à l’attractivité du métier.

    Le recrutement au niveau master a asséché le « vivier » des candidats potentiels et limité l’accès au métier des catégories populaires. Le retour du concours d’entrée au niveau de la licence nous ramène à la situation prévalant de 1990 à 2009. Mais notons qu’à la fin de cette période, il y avait déjà une baisse des inscriptions aux concours. De même, les niveaux de rémunération envisagés correspondent à ce qui était proposé en M1 et M2 avant la dernière réforme. Ce fut sans effet sur l’attractivité.

  • Pour les tenants du projet de réforme, « les allocations-chômage sont les ennemis de l’emploi et des politiques de remise en activité des chômeurs »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/10/pour-les-tenants-du-projet-de-reforme-les-allocations-chomage-sont-les-ennem

    0n peine à comprendre le bien-fondé d’une nouvelle #réforme de l’#assurance-chômage visant à durcir les conditions d’indemnisation des #chômeurs, doctrine dont ce double mandat présidentiel se sera fait une spécialité. Les motivations pour justifier ces coups de canif portés à l’Unédic ont varié au fil du temps.

    Ce fut l’argument financier de résorption de la #dette : s’il s’agit d’en réduire le poids, il aurait été utile que l’Etat en donnât l’exemple en remboursant à l’institution paritaire ce qu’il lui doit : le financement du chômage partiel durant la crise sanitaire et l’équivalent des cotisations sociales perdues du fait de la politique d’allégement des charges sociales conduite depuis des années par ce gouvernement et ceux qui l’ont précédé.

    Indemniser, placer, former

    L’autre argument avancé consiste à justifier cette réforme au nom du #travail avec le postulat implicite que les allocations-chômage, leur montant, leur durée sont les ennemis de l’emploi et des politiques de remise en activité des chômeurs, les fameuses politiques dites « actives ».
    Et c’est sur ce point de l’argumentation que le bât blesse lourdement, et pour plusieurs raisons. Car depuis la création des premières formes d’indemnisation des chômeurs à la création de l’Unédic en 1958, puis de celle de l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) en 1967 (aujourd’hui France Travail), l’indemnisation des chômeurs et leur placement sur le marché du travail ne faisaient qu’un seul et même binôme.

    Ce fut tout le sens de la mise en place d’un service public de l’emploi dans ces années-là, tout ce dont le rapport Ortoli, rédigé par un certain Jacques Delors (1925-2023), appelait de ses vœux en 1963 : mettre en place une grande politique d’infrastructure publique de l’emploi au service de la mobilité professionnelle des actifs. Pour cela il fallait avant toute chose indemniser correctement les chômeurs (Unédic), les accompagner pour les placer (ANPE) avec le recours éventuel de la formation professionnelle (Association pour la formation professionnelle des adultes). L’indemnisation, au cœur des réformes aujourd’hui, constituait l’indispensable maillon et le levier principal de ces politiques actives.

    Plus récemment, un inspecteur de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS), Jean-Marc Boulanger, chargé par le gouvernement en 2008 d’une mission de préfiguration pour la création de Pôle emploi, présentait l’indemnisation des chômeurs comme la rémunération du travail de recherche d’emploi des chômeurs. Il rappelait, ce que l’actuel gouvernement semble ignorer, que « l’indemnisation et le placement via une politique d’intermédiation active constituaient les deux leviers à mettre en une même main pour donner corps à la volonté de donner toute sa puissance à la stratégie de sécurité des parcours dans un marché de l’emploi souple et dynamique ».

    Perte en puissance inquiétante

    Si l’indemnisation est la condition d’une politique active de l’emploi, force est de constater que la perte en puissance de ce levier, pour soutenir le revenu de remplacement des chômeurs et l’adosser à une aide active au retour à l’emploi, est pour le moins inquiétante. En effet, au cours de l’année 2023 ce sont moins de 40 % des demandeurs d’emploi qui sont couverts par le régime d’assurance-chômage. Dans ces conditions il va devenir de plus en plus difficile d’utiliser l’indemnisation comme le support d’une politique d’accompagnement et d’activation des demandeurs d’emploi.

    Pour les 60 % de chômeurs non indemnisés le risque est d’abandonner le chemin de France Travail, de renoncer à être accompagnés par ses services pour privilégier la recherche de petits boulots, souvent précaires, et subvenir ainsi à leurs besoins.

    Pour celles et ceux des chômeurs qui choisiraient de maintenir leur inscription à France Travail, ils risquent, eux, de bénéficier d’un accompagnement bien moins intensif et soutenu que les demandeurs indemnisés puisque la doxa de l’équilibre budgétaire n’a rien à gagner financièrement de leur retour à l’emploi. Pour le dire dans le jargon des politiques de l’emploi : rien ne sert de les activer, puisqu’il n’y a aucune dépense passive (l’allocation-chômage) à récupérer.

    Ils ne sont pas rares, les demandeurs d’emploi non indemnisés, qui ont le sentiment à tort ou à raison que l’accompagnement qu’ils reçoivent de #France_Travail est plus light que pour les autres chômeurs encore indemnisés. C’est du reste une norme de comportement qu’ils ont eux-mêmes intégrée provoquant un même retrait vis-à-vis de leur investissement dans la recherche d’emploi.

    Course contre la montre

    Quant aux chômeurs indemnisés qui verraient leur période d’indemnisation ramenée à douze mois maximum si cette réforme devait être adoptée, il y a fort à parier que ce sera la course contre la montre pour parvenir à être pleinement accompagné dans un laps de temps aussi court.
    Car du côté de France Travail, il faudra, pour aligner l’accompagnement sur ce timing, revoir singulièrement le processus de prise en charge des demandeurs d’emploi. Conseillers comme demandeurs d’emploi font souvent le même constat d’un manque de réactivité de l’institution à la demande des usagers. Il y a d’abord le temps de la demande d’indemnisation, puis celui de l’entretien de situation pour orienter le chômeur vers la modalité d’accompagnement la plus adaptée à son profil, puis enfin la rencontre avec son conseiller qui va l’accompagner.

    Les délais d’entrée dans les prestations se comptent souvent en semaines pouvant entraîner le renoncement à suivre la prestation en question. Mais c’est surtout sur le volet de la formation professionnelle que les délais d’entrée dans les stages sont les plus longs même si, sous l’effet du plan d’investissement dans les compétences adopté en 2018, ces délais se sont légèrement réduits. Globalement, il faut encore attendre un bon trimestre pour pouvoir intégrer la formation voulue en espérant que l’on soit indemnisé suffisamment longtemps pour pouvoir y faire face.
    Voilà donc tout l’enjeu de la période actuelle : faire du triptyque indemnisation/formation/placement une seule et même politique pour répondre aux enjeux à venir dans le champ des multiples transitions (écologiques, numériques…) qui nous attendent. Il est temps que l’idéologie cède le pas à la raison.

    Carole Tuchszirer est chercheuse au Conservatoire national des arts et métiers/Centre d’études de l’emploi et du travail (CNAM/CEET).

    • La « classe moyenne » qui s’en prend aux « chômeurs » ne s’en prend qu’à elle-même, Mathieu Grégoire, Sociologue, enseignant-chercheur à l’université Paris-Nanterre (IDHES)
      04 AVRIL 2024
      https://www.alternatives-economiques.fr/mathieu-gregoire/classe-moyenne-sen-prend-aux-chomeurs-ne-sen-prend/00110237

      Pour vous, le RSA, c’est dans douze mois ? Oui : « vous ». C’est à vous que je m’adresse. Vous qui êtes salariés dans le privé (ou allez le devenir). En CDI ou en CDD, peu importe. Vous qui êtes un homme ou une femme. Vous qui êtes ouvrier, employé, technicien, ingénieur, cadre… Vous qui avez 20, 30, 40 ou 50 ans.

      Pour la plupart d’entre vous, le revenu de solidarité active (RSA), dans douze mois, ça ne rentrait pas, objectivement, dans l’univers des possibles. Mais le Premier ministre souhaite que ça le devienne en diminuant la durée maximale des indemnités servies par l’assurance chômage à 12 mois.

  • Groupes de niveau : les profs en grève contre le tri scolaire | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/groupes-de-niveau-profs-greve-contre-tri-scolaire/00110217

    La mise en place de groupes de niveau et la transformation du brevet mettent à mal le collège unique. Une rupture historique qui remet en cause les acquis des politiques publiques éducatives depuis un demi-siècle.

    https://justpaste.it/3f3tc

  • Ecole privée : un rapport relance le débat politique, pas encore la « guerre scolaire » | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/ecole-privee-un-rapport-relance-debat-politique-guerre/00110247

    Budgets opaques, manque de contrôle, ségrégation sociale et scolaire malgré un financement majoritairement public : un rapport parlementaire étrille l’enseignement privé et sa gestion par l’Etat, et propose des réformes.

    https://justpaste.it/a7ag8

  • Assurance-chômage : « C’est la réforme de trop ! » - POLITIS
    https://www.politis.fr/articles/2024/03/assurance-chomage-cest-la-reforme-de-trop

    Il y a clairement une volonté de mettre sous pression le marché du travail dans son ensemble, et pas uniquement les chômeurs. On sait que plus on dégrade les conditions d’indemnisation du chômage, plus on dégrade les conditions de négociation d’embauche et de salaire. C’est un signal envoyé aux personnes au chômage pour que, lorsqu’elles retrouvent un emploi, elles ne soient pas trop exigeantes sur les conditions de travail et le salaire. Mais c’est aussi un signal pour les salariés en poste. C’est une manière de dire : vous êtes de moins en moins protégés si vous perdez votre boulot. Donc si vous êtes trop revendicatif, si vous avez une rupture conventionnelle, vous avez d’autant plus à perdre.

    Il y a clairement une volonté de mettre sous pression le marché du travail dans son ensemble.

    Il y a une seconde raison qu’on avait déjà vu avec la réforme des retraites. Le gouvernement a créé un déficit avec de nombreuses baisses d’impôts pour les classes moyennes, pour les riches et les entreprises. Donc il veut se servir des budgets sociaux comme caisse de compensation. Ainsi, il diminue les protections retraite, les protections chômage comme une source d’économie facile. Alors même que le chômage représente un tout petit budget par rapport aux dépenses publiques – environ 45 milliards par an – et qu’il n’est pas en déficit. Il y a déjà eu six milliards d’économie réalisée avec les deux premières réformes.

    • Le gouvernement a créé un déficit avec de nombreuses baisses d’impôts pour les classes moyennes, pour les riches et les entreprises.

      Ciel, et ça fait donc des « classes moyennes » les amies du gouverne.ment, comme « les riches » et « les entreprises » ?

      Je suis curieux de savoir à quel niveau la Macronie met la limite basse pour la partie « classes moyennes » de sa clientèle :-)

      #guerre_aux_pauvres

    • La « classe moyenne » qui s’en prend aux « chômeurs » ne s’en prend qu’à elle-même
      https://www.alternatives-economiques.fr/mathieu-gregoire/classe-moyenne-sen-prend-aux-chomeurs-ne-sen-prend/00110237

      Pour vous, le RSA, c’est dans douze mois ? Oui : « vous ». C’est à vous que je m’adresse. Vous qui êtes salariés dans le privé (ou allez le devenir). En CDI ou en CDD, peu importe. Vous qui êtes un homme ou une femme. Vous qui êtes ouvrier, employé, technicien, ingénieur, cadre… Vous qui avez 20, 30, 40 ou 50 ans.

      Pour la plupart d’entre vous, le revenu de solidarité active (RSA), dans douze mois, ça ne rentrait pas, objectivement, dans l’univers des possibles. Mais le Premier ministre souhaite que ça le devienne en diminuant la durée maximale des indemnités servies par l’assurance chômage à 12 mois.

      C’est la septième séquence de réforme de l’assurance chômage depuis 2017 que Gabriel Attal vient ainsi d’initier. On peut y voir un trouble obsessionnel de la part du gouvernement : depuis l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron, il n’y a pas eu une année sans réforme (ou tentative de réforme) de l’assurance chômage, à l’exception de l’année 2020 du fait du Covid.

      En 2017 : réforme du financement avec la fin de la cotisation salariale remplacée par la CSG. En 2018 : mise sous tutelle par l’Etat de la gestion paritaire de l’assurance chômage avec la loi « Avenir professionnel ».

      En 2019 : la condition d’éligibilité passe de quatre à six mois. Il est prévu que le montant de l’allocation soit diminué à proportion de l’occurrence du chômage dans le passé récent de l’allocataire, ce qui pénaliserait l’ensemble des salariés à l’emploi discontinu. Mais la réforme n’est jamais mise en place à cause du Covid et de la décision d’annulation du Conseil d’Etat en 2020.

      En 2021 : la même réforme est finalement adoptée dans une version juste assez émoussée pour passer l’obstacle du Conseil d’Etat. En 2022 : baisse de 25 % de la durée pour tous, justifiée par la bonne conjoncture.

      En 2023 : à la demande du gouvernement, une négociation des partenaires sociaux aboutit à une nouvelle réforme, mais celle-ci reste – à ce stade – en suspens… Ce qui n’empêche pas le Premier ministre d’exiger aujourd’hui une nouvelle réforme avant la fin de l’année 2024.
      Opposer artificiellement deux groupes imaginaires

      On peut se demander si, politiquement, ce n’est pas la séquence de trop. Le pari politique, appuyé sur des sondages qui mettent en avant la faible estime dans laquelle les Français tiennent « les chômeurs », constitue une option populiste risquée. Il s’agit en effet de s’appuyer sur des représentations certes communément partagées, mais fondamentalement biaisées, de la réalité du chômage et de l’assurance chômage.

      D’une part, on présuppose l’existence de deux groupes distincts en les opposant : d’un côté, une supposée « classe moyenne », qui travaille dur pour des salaires pas toujours à la hauteur, ne perçoit pas « d’aides » ; de l’autre côté, la catégorie « des chômeurs » composée de « précaires » ou de « pauvres », parfois soupçonnés d’être tentés par la fraude et peu enclins à l’effort.

      D’autre part, il s’agit de considérer que l’assurance chômage a pour fonction d’opérer une « redistribution » : prendre aux uns ce qu’ils ont durement et honnêtement gagné par leur travail pour le donner aux autres qui ne peuvent certainement pas en dire autant.

      Ces deux représentations sont en réalité dénuées de sens. La « classe moyenne » est une catégorie attrape-tout d’autant plus commode politiquement que ses contours sont indéterminés. Parler des « chômeurs » n’a guère plus de sens.

      Etre au chômage est un état plus ou moins passager, un moment dans une trajectoire professionnelle qui ne définit en rien une personne, et encore moins un groupe social. Parler des chômeurs a autant de sens que de parler des malades de la grippe. La grippe n’a jamais défini personne, ni aucun groupe. C’est un état passager et fort banal dans lequel chacun peut se trouver à un moment donné.
      Le chômage, une expérience très ordinaire

      Un événement fortuit est d’ailleurs récemment venu mettre à mal le narratif du gouvernement et illustrer l’inanité de cette représentation du chômage. Au milieu du mois de mars, les données personnelles de 43 millions d’individus ont été dérobées à France Travail par des hackers. 43 millions ! Le chiffre est certainement peu exploitable scientifiquement (il doit bien y avoir quelques morts dans le lot), mais l’ordre de grandeur en dit long.

      La population active représente 31 millions de personnes. Les Français de plus de 15 ans sont 55 millions. 43 millions d’individus dans les fichiers de France Travail : cela démontre la banalité de l’expérience du chômage dans la population. Connaître une séquence de chômage est une expérience très ordinaire et très répandue.

      43 millions d’individus qui se sont trouvés « demandeurs d’emploi » à un moment ou un autre de leur vie, cela signifie surtout qu’il n’y a pas matière à opposer deux groupes. La « France qui travaille » et la « France des allocations » sont les mêmes. La « classe moyenne » qui s’en prend aux « chômeurs » dans les sondages ne s’en prend en réalité qu’à elle-même.

      La fonction de l’assurance chômage n’est pas d’opérer une redistribution : elle est d’assurer chacun contre le risque de chômage. Certes, comme tout risque, il est inégalement distribué. Il n’en reste pas moins que la vocation de l’assurance chômage est d’assurer tous les salariés contre le risque de chômage comme, par exemple, l’assurance maladie assure les uns et les autres indépendamment de la probabilité objectivement différente que les uns et les autres ont de tomber malade.

      De ce point de vue, le gouvernement ferait mieux de ne pas sous-estimer l’hypothèse d’un retournement de l’opinion. Car réduire la durée de l’indemnisation du chômage à 12 mois, au lieu des 24 mois qui prévalaient il y a encore peu de temps, c’est objectivement insécuriser l’ensemble des salariés : pour tous, se trouver au RSA à l’horizon d’une année devient une possibilité.

      Un licenciement, un divorce, une maladie, un deuil… Chacun sait que les accidents de la vie peuvent parfois se cumuler et rendre difficile, y compris pour les plus solides, un retour à un emploi satisfaisant dans le délai réduit d’un an. Même un évènement plus banal, comme un déménagement familial, peut susciter cette situation.
      Une mise en cause des droits de tous

      Vivre des seules allocations-chômage constitue déjà une mise en cause très significative des ressources d’un salarié par rapport à sa situation antérieure. Tous les salariés devront désormais envisager l’hypothèse de faire, au bout de 12 mois, sans cette ressource déjà limitée.

      Jusqu’alors, les narratifs accompagnant les réformes opposaient des chômeurs entre eux en stigmatisant par exemple les salariés à l’emploi discontinu, accusés d’articuler en permanence emploi et indemnisation du chômage. Désormais, ils opposent ceux qui travaillent aux chômeurs.

      Il suffirait que « la classe moyenne » prenne conscience du fait qu’il ne s’agit pas d’une remise en cause « du droit des chômeurs », mais d’une remise en cause des droits de tous les salariés à une couverture chômage, pour qu’elle se retourne contre cette réforme.

      De leur côté, ceux qui s’opposent à cette réforme – la gauche et les organisations syndicales en premier lieu – ne devraient-ils pas éviter une posture de misérabilisme compassionnel qui ne fait qu’entretenir les représentations du chômage et de l’assurance chômage promues par le gouvernement ?

      Posé dans les termes d’une généreuse redistribution des classes moyennes vers de « pauvres » chômeurs, l’appel à la compassion ne convaincrait que quelques idéalistes partageux et entretiendrait l’absurde opposition entre la « France du travail » et la « France des alloc’ » qui fait le miel du gouvernement.

  • Transport maritime : les points de blocage se multiplient pour les navires | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/transport-maritime-points-de-blocage-se-multiplient-navires/00109846

    Il ne manquerait plus qu’un blocus du détroit de Malacca, pas impossible dans un contexte de tensions grandissantes entre la Chine et Taïwan, pour que le commerce maritime mondial soit définitivement plongé en eaux troubles. Pour l’instant, c’est au niveau des canaux de Suez et de Panama que le passage des navires est entravé.

    En mer Rouge, des navires sont, depuis mi-novembre, la cible de tirs de rebelles yéménites houthistes, soutiens du Hamas dans la guerre qui l’oppose à Israël. Les armateurs préfèrent donc désormais éviter la zone entre le détroit de Bab El-Mandeb et le canal de Suez et contourner l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance.

    Le volume des échanges via la route initiale, qui assure habituellement 15 % du commerce mondial et 30 % du trafic de conteneurs, a diminué de moitié au cours des deux premiers mois de 2024 par rapport à l’année précédente. Le volume des échanges transitant par le cap de Bonne-Espérance a, lui, bondi d’environ 75 % sur la même période, d’après une estimation de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).

    Ce sont principalement les porte-conteneurs et les pétroliers qui s’en détournent, ainsi que les expéditions de gaz naturel liquéfié (GNL). Ces dernières sont complètement à l’arrêt depuis le 16 janvier, affectant l’approvisionnement de l’Europe auprès du Qatar, qui lui fournit 12 % de ses importations de GNL. Les chargements de ces différents types de navires ayant plus de valeur que celui des vraquiers, qui transportent notamment des céréales, ils ont plus de probabilité d’être pris pour cible.

    « Ces événements aggravent les défis déjà posés au niveau de deux autres points d’étranglement : la mer Noire [en raison de la guerre en Ukraine, NDLR] et le canal de Panama. Ils soulignent la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement maritimes face aux tensions géopolitiques et au changement climatique », signale Jan Hoffmann, chef de la branche logistique commerciale de la Cnuced.

    Au niveau du canal de Panama, depuis cet été, la sécheresse persistante liée au phénomène météorologique El Niño et au dérèglement climatique, restreint en effet le trafic maritime.

    Ce canal situé entre l’Atlantique et le Pacifique utilise un système d’écluses alimentées par l’eau douce du lac Gatun, ensuite rejetée dans la mer à chaque passage de bateau.

    Le déficit hydrique actuel oblige donc les autorités du canal à limiter la circulation pour maintenir tant bien que mal le niveau du lac qui fournit l’eau potable de la moitié des habitants du pays. De quarante passages quotidiens avant le début de la sécheresse cet été, le quota par jour s’est réduit petit à petit jusqu’à atteindre dix-huit navires en février.

    Les compagnies maritimes se retrouvent alors face à un dilemme. Elles doivent soit attendre leur tour (le délai d’attente s’était déjà allongé de quatre jours avant la sécheresse, à vingt jours en août 2023), soit changer de route. Mais le détour par le cap Horn, au sud du continent américain, est plus long (d’environ vingt jours) et plus dangereux que la route habituelle.

    Cette reconfiguration des flux, aussi bien du côté de Panama que de la mer Rouge, n’est pas sans conséquences. Alors que le transport par voie maritime assure 80 % du commerce mondial, ce dernier a diminué de 1,3 % entre novembre et décembre 2023, selon l’institut économique allemand IfW Kiel.

    Par ailleurs, avec l’augmentation des temps de parcours, un trajet nécessite plus de carburant. Surtout que, « comme les navires accélèrent pour compenser le retard, ils émettent plus d’émissions de CO2 par kilomètre parcouru », explique Jan Hoffmann de la Cnuced.

    En parallèle, pour maintenir la cadence de livraison, les armateurs mettent en place des navires supplémentaires.

    « S’ils utilisaient sept navires pour faire une boucle de 77 jours, ils en ont désormais huit pour assurer le roulement avec un temps de trajet plus long », explique Paul Tourret, directeur de l’Institut supérieur d’économie maritime (Isemar).

    Tout cela fait augmenter le coût du transport. En conséquence, les taux de fret maritime – les tarifs affichés pour le transport d’un conteneur par la mer – ont plus que doublé entre octobre 2023 et février 2024, atteignant 2 218 euros par conteneur pour les départs de Shanghai, qui servent de référence.

    Lecture : le coût moyen du transport, toutes destinations confondues, d’un conteneur au départ du port de Shanghai était de 2 218 dollars au 2 février 2024.

    « C’est un rebond, mais rien de comparable avec l’inflation connue pendant la crise sanitaire, nuance toutefois Paul Tourret. Cette fois, les chargeurs n’ont pas le même sentiment d’urgence, donc ils n’auraient pas accepté de trop fortes hausses des prix de la part des armateurs. » Il rappelle également qu’un porte-conteneurs économise 545 000 dollars de droit de passage en évitant le canal de Suez.

    Pas de panique à bord, donc, pour ce géographe expert du secteur maritime :

    « L’industrie maritime peut s’adapter. Les armateurs avaient commandé beaucoup de bateaux en 2021-2022, engendrant même des surcapacités. Ils ont les moyens de se réorganiser. Par ailleurs, en cette période d’atonie de l’économie mondiale, il suffit aux entreprises de bien gérer leurs stocks pour encaisser la hausse des délais de livraison. »

    « La capacité offerte entre l’Asie et l’Europe n’a été réduite que marginalement (- 4,9 % sur la route Asie-Europe du Nord) en raison de la crise en mer Rouge », confirme le cabinet spécialisé Sea-Intelligence.

    Certaines entreprises, qui fonctionnent à flux tendu avec des stocks très limités, pâtissent tout de même de la crise. Tesla a ainsi été forcé d’arrêter la production dans son usine allemande pendant quinze jours en janvier en raison d’une pénurie de composants fabriqués en Asie.

    Des conséquences économiques pour certains pays

    Faut-il s’attendre à un report de la hausse des taux de fret sur les consommateurs ? « Le transport maritime ne sera pas responsable d’une inflation mondiale parce qu’il ne représente pas grand-chose dans le prix final des marchandises », estime Paul Tourret. La Cnuced s’attend toutefois à une répercussion sur les consommateurs d’ici un an.

    Avec cette nouvelle route qui contourne l’Afrique, l’économie des pays méditerranéens pourrait aussi être affectée car leurs ports risquent d’être beaucoup moins desservis.

    En Italie, pays qui réalise habituellement 40 % de ses échanges commerciaux via la mer Rouge, les exportateurs ont dû retarder ou annuler un certain nombre de cargaisons, pour un coût estimé à 8,8 milliards d’euros entre novembre 2023 et janvier 2024, d’après les calculs du centre d’études italien Confartigianato.

    L’Egypte, propriétaire du canal de Suez, est également une grande victime de ces changements. Les droits de passage lui avaient rapporté 8,6 milliards d’euros sur l’année fiscale 2022-2023, constituant une des principales rentes sur lesquelles est basée l’économie égyptienne, aux côtés des transferts de la diaspora basée à l’étranger, du tourisme et de l’énergie. La baisse de 40 à 50 % des revenus du canal, annoncée mi-février par le président égyptien, ne sera donc pas sans conséquences pour le pays.

    L’Egypte, comme le reste du monde, devra pourtant s’accoutumer à ces perturbations. Car les tensions géopolitiques comme le dérèglement climatique sont amenées à durer. Ils viennent tous deux rappeler la nécessité de développer des modes alternatifs de transport, notamment le fret ferroviaire. Difficile toutefois d’imaginer un remplacement massif, le différentiel de prix restant nettement à l’avantage de l’option maritime.

    Ces troubles viennent en tout cas rappeler l’importance d’encourager la relocalisation et une consommation plus locale.

  • « Les exécutions de femmes s’inscrivent dans de longues biographies de violence » | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/executions-de-femmes-sinscrivent-de-longues-biographies-de-viol/00110060

    Aucun homme ne commence par être un féminicidaire. Les exécutions de femmes s’inscrivent dans de longues biographies de violence. Pour qu’un homme tue une femme parce qu’elle est une femme, il faut qu’il soit dans un environnement où les violences faites aux femmes sont globalement régies par un régime d’impunité et que l’Etat – et ses institutions – y collabore, activement ou passivement.

    Ces violences doivent être pensées dans un flux qui, selon moi, ne peut pas être hiérarchisé. Un meurtre n’est pas, dans l’absolu, plus grave qu’une insulte, car les deux procèdent de la même logique mortifère.

    L’homme qui va tuer une femme aura commis avant cela de nombreuses violences considérées par la société comme « acceptables » – car banales et banalisées – et n’aura donc jamais été arrêté. On aura qualifié ces violences de « micro-agressions ».

    Les femmes sont d’ailleurs souvent les premières à les minimiser : « Je me suis encore fait traiter de “sale pute” dans la rue. Je n’ai rien dit car j’étais pressée, je ne peux pas être en guerre permanente, j’ai eu peur... » Comme le souligne la grande écrivaine canadienne Margaret Atwood, si « les hommes ont peur que les femmes se moquent d’eux, les femmes ont surtout peur d’être tuées par eux ».

    Or, les hommes sont habitués à agresser les femmes en les insultant, en les touchant sans leur autorisation, à l’école, au travail, dans la rue. Les hommes sont aussi acclimatés à la culture de l’inceste et du viol…

    En bout de chaîne, cela donne des hommes qui s’autorisent à tuer des femmes. Tout cela est accentué par nos habitus culturels, licites ou illicites, de la littérature au cinéma, en passant par la pornographie straight. C’est une machine de guerre dirigée contre les femmes.

  • Refuser le CETA : une nécessité qui va bien au-delà du libre-échange | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/christian-chavagneux/refuser-ceta-une-necessite-va-bien-dela-libre-echange/00110177

    Le CETA a été négocié dans l’ancien monde, celui de la mondialisation heureuse, celui dans lequel les grandes entreprises ont bar ouvert pour faire à peu près ce qu’elles veulent. Le monde a changé. Aussi imparfaites soient les nouvelles règles de gouvernance mondiales mises en œuvre, elles vont dans le même sens : davantage de contrôle des banques avec Bâle 3, plus de souveraineté fiscale avec les accords OCDE, moins de libéralisme commercial avec la mise sur la touche de l’OMC, etc.

  • La moitié du revenu des ménages est socialisée, un rempart contre les inégalités | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/moitie-revenu-menages-socialisee-un-rempart-contre-inegal/00109949

    Nous vivons dans une société profondément salariale mais aussi et indissociablement républicaine eu égard à l’ampleur de l’intervention publique. Et cette intervention réduit considérablement les inégalités. L’Insee a publié en ce sens une remarquable étude s’appuyant, elle aussi, sur une approche extensive du revenu.

    Ses résultats sont éloquents : les 10 % les plus riches reçoivent dix-huit fois plus de revenus primaires que les plus pauvres (13 % de la population), mais cet écart passe à trois une fois pris en compte tout ce que les ménages paient sous forme d’impôts ou cotisations et surtout – car c’est d’abord par la dépense que la redistribution opère – tout ce qu’ils reçoivent en prestations et transferts8.

  • "Nous ne sommes pas l’agence européenne de #sauvetage", souligne le directeur de #Frontex

    #Hans_Leijtens, directeur de Frontex, a répondu mardi aux conclusions de la médiatrice européenne, qui constate de graves lacunes dans le mandat, les opérations et les relations de l’agence avec les États membres.

    Le directeur de Frontex répond au rapport de la médiatrice européenne. Le document, publié la semaine dernière, conclut que l’Agence européenne des garde-frontières et garde-côtes est trop dépendante du consentement des autorités nationales. Elle n’est donc pas dans les meilleures dispositions pour défendre les valeurs de l’UE et sauver des vies en mer.

    #Emily_O'Reilly recommande également à l’agence de « mettre fin, retirer ou suspendre ses activités » dans les pays qui persistent à ne pas respecter leurs obligations en matière de recherche et de sauvetage ou qui violent les droits fondamentaux.

    Dans le cas contraire, prévient la médiatrice, l’UE risque de devenir « complice » de la mort des migrants.

    Près d’une semaine après la publication du document, Hans Leijtens a tenu mardi une conférence de presse à Bruxelles pour donner sa réponse au rapport.

    « Je comprends la logique suivie par la médiatrice. Je ne suis pas vraiment d’accord avec elle sur un certain nombre de points », explique Hans Leijtens, « Nous ne sommes pas l’Agence européenne de recherche et de sauvetage. Nous sommes l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes ».

    Le directeur souligne que la « #mission_première » de l’agence était de sécuriser les frontières extérieures de l’UE en déployant des agents sur le terrain et en assistant les États membres. Sa tâche principale est de « #rechercher » plutôt que de « #secourir ». L’agence a repéré l’année dernière 2 000 cas de franchissements irréguliers par le biais d’avions de surveillance et de drones, précise le directeur.

    En vertu des règles actuelles, Frontex est habilitée à alerter les centres de coordination des situations de détresse potentielles et, le cas échéant, à apporter son aide dans les situations d’urgence en mer. Mais cette assistance ne peut avoir lieu que si l’agence obtient le consentement explicite d’un pays. Dans le cas contraire, Frontex n’a d’autre choix que de rester en marge de l’opération sans intervenir directement. En outre, Hans Leijtens fait remarquer que les bateaux gérés par Frontex sont principalement des « navires côtiers » qui ne sont pas destinés à la recherche et au sauvetage en haute mer.

    Malgré les limitations pratiques, Frontex est toujours étroitement impliquée dans la gestion des flux migratoires. L’agence estime qu’elle a contribué au sauvetage de 43 000 personnes en mer au cours de 24 opérations en 2023.

    « Notre tâche est basée sur la #sécurisation_des_frontières », souligne Hans Leijtens, « mais il ne fait aucun doute que si nous devons choisir entre évaluer s’il s’agit d’une question de #sécurité ou #sauver_des_vies, nous sauverons toujours des vies et nous nous occuperons de la question de sécurité plus tard ».

    Mais ce sont les épisodes qui se terminent en tragédie qui placent l’agence sous l’œil attentif des législateurs et de la société civile. Frontex a été confrontée l’année dernière à des questions difficiles concernant sa réponse à deux naufrages meurtriers : l’un en février, près de la Calabre, en Italie, qui a fait au moins 94 morts, et l’autre en juin, lorsque l’Adriana, un bateau de pêche surchargé de demandeurs d’asile, a chaviré au large des côtes de la Messénie, en Grèce entraînant la mort confirmée ou présumée de plus de 600 personnes.

    L’enquête de la médiatrice a été lancée à la suite de ce second incident. Le rapport indique que la Grèce n’a pas répondu aux alertes de Frontex à « quatre occasions distinctes » au cours de la tragédie et critique l’agence pour ne pas avoir joué un « rôle plus actif » tout en étant « pleinement consciente » des accusations de refoulement et d’abus systématiques qui entourent depuis des années les garde-côtes grecs.

    Frontex compte 626 agents en Grèce continentale et dans les îles, ainsi que 32 voitures de patrouille, neuf navires et deux avions, ce qui représente le plus grand déploiement de tous les États membres.

    Interrogé sur l’éventuelle suspension des activités en Grèce, conformément à la recommandation de la médiatrice, Hans Leijtens se montre prudent et répond que la question n’est pas « noire ou blanche ». L’agence, explique- t-il, « dépend fortement de ce que nous savons et de ce que nous savons être traité dans ce que l’on appelle les rapports d’incidents graves ». Ces documents sont soumis à l’officier des droits fondamentaux, un organe indépendant chargé d’assurer la conformité de l’agence avec les règles et les valeurs de l’Union européenne.

    « L’année dernière, nous avons reçu 37 de ces rapports. La plupart concernent la Grèce, l’Italie et la Bulgarie. Mais il s’agit d’un rapport d’incident. Ce n’est pas quelque chose qui a été prouvé. C’est un signal qui nous est parvenu », précise le directeur.

    Les enquêtes approfondies et les procédures pénales ne peuvent être lancées que par les autorités nationales. La décision de se retirer d’un pays doit se fonder sur ces enquêtes, poursuit Hans Leijtens, quel que soit le temps nécessaire à leur conclusion. La Grèce est toujours en train d’examiner le rapport du New York Times de l’année dernière, qui expose des preuves graphiques et des témoignages de refoulements à la frontière.

    « Je suis très impatient ici, franchement, mais je dois les attendre », indique le directeur de Frontex.

    Même si les résultats de ces enquêtes sont accablants, l’agence ne prendra pas nécessairement la décision radicale de couper tous les liens, estime-t-il. Frontex pourrait plutôt suspendre le cofinancement et des projets spécifiques, ou demander au pays incriminé de mettre en œuvre des « mesures appropriées » et empêcher que les actes répréhensibles ne se répètent.

    La suspension n’est « pas quelque chose qui peut se faire du jour au lendemain », prévient Hans Leijtens, « cela nécessite vraiment une certaine réflexion et une certaine justification ».

    Créée en 2004 avec un mandat limité, Frontex a progressivement gagné en puissance, en ressources, jusqu’à devenir l’un des organismes les plus importants de l’Union européenne. L’agence devrait compter environ 10 000 agents et disposer d’un budget d’un milliard d’euros d’ici 2027. Une réforme complète de la politique de l’UE en matière d’immigration et d’asile, que Hans Leijtens qualifie de « changement de paradigme », devrait encore renforcer le rôle de Frontex.

    https://fr.euronews.com/my-europe/2024/03/05/nous-ne-sommes-pas-lagence-europeenne-de-sauvetage-souligne-le-directeu
    #migrations #réfugiés #frontières

    –---

    Voir aussi :
    #Naufrages de migrants : les règles entourant Frontex doivent changer (médiatrice #Emily_O’Reilly )
    https://seenthis.net/messages/1044051

    Et aussi :
    #Frontex : « Sa #mission première est bien de garantir un contrôle des frontières extérieures », rappelle le Sénat
    Et les mêmes propos, prononcés par #Fabrice_Leggeri :
    https://seenthis.net/messages/984497

    • Frontex continuerà a segnalare la presenza di migranti in mare alla Guardia costiera libica

      Il direttore Hans Leijtens ha detto che l’agenzia è tenuta a farlo per legge, anche se nel fine settimana un’ong aveva accusato una motovedetta libica di aver ostacolato un’operazione di soccorso.

      Martedì Hans Leijtens, il direttore esecutivo di Frontex (la controversa agenzia europea della guardia di frontiera e costiera), ha detto ad Associated Press che l’agenzia è tenuta per legge a informare le autorità libiche della presenza di barche di persone migranti in difficoltà nella zona SAR (Search and Rescue) di competenza del paese: «Dobbiamo informarli: non farlo significherebbe giocare con le vite dei migranti […] ed è un gioco che non farò mai», ha detto.

      Le dichiarazioni di Leijtens sono arrivate in seguito alle critiche avanzate di recente dalla ong SOS Humanity, secondo cui la Guardia costiera libica avrebbe ostacolato un’operazione di soccorso. Sabato la nave Humanity 1, di SOS Humanity, ha soccorso decine di migranti che si trovavano a bordo di tre imbarcazioni in difficoltà nella zona SAR della Libia, nel mar Mediterraneo meridionale. È riuscita a caricarne a bordo 77, ma il suo intervento è stato reso molto difficile proprio dall’arrivo di una motovedetta della Guardia costiera libica.

      L’equipaggio della Humanity 1 ha accusato i membri della Guardia costiera libica di aver sparato in acqua mentre alcune persone si trovavano in mare, minacciato il personale dell’ong e poi costretto alcuni migranti a salire a bordo della loro imbarcazione, per essere riportati in Libia. L’ong ha detto che almeno una persona è «morta annegata» nel caos che si è creato durante il soccorso. La ricostruzione di SOS Humanity è stata confermata anche dall’equipaggio dell’aereo per l’avvistamento di imbarcazioni in difficoltà Seabird, che opera con la ong tedesca Sea-Watch e ha documentato le operazioni con una serie di fotografie dall’alto.

      Le 77 persone soccorse dalla Humanity 1 sono sbarcate a Crotone, in Calabria. Le autorità italiane hanno posto la nave sotto fermo amministrativo per 20 giorni, con l’accusa di aver operato nella zona SAR della Libia.

      La cosiddetta Guardia costiera libica è composta da milizie armate libiche, finanziate e addestrate dall’Italia e dall’Unione Europea per fermare le partenze dei migranti. I suoi membri soccorrono chi vogliono, quando vogliono e con i metodi che vogliono, spesso violenti. Le persone che vengono riportate in Libia sono spesso riconsegnate ai trafficanti di esseri umani e ai gestori dei centri per migranti, dove le torture e gli stupri sono sistematici.

      Commentando i fatti con Associated Press, Leijtens ha detto che secondo il diritto internazionale Frontex è tenuta a segnalare la presenza di navi in difficoltà alle «autorità competenti: se [la nave] si trova nelle acque di competenza della Libia, questo include anche le autorità libiche».

      https://www.ilpost.it/2024/03/05/frontex-guardia-costiera-libica-ong

    • Frontex, une #arme_de_guerre contre les migrants

      Le 5 février 2024, la Commission européenne a rendu publique son évaluation du fonctionnement de Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, dont le rôle est d’aider les Etats membres de l’Union européenne (UE) et de l’espace Schengen à « sécuriser » leurs frontières extérieures.

      Parmi les missions de Frontex, la surveillance des frontières maritimes et terrestres, sur le terrain (agents déployés au sol, navires) ou à distance (avions, hélicoptères et drones), afin d’empêcher les migrants d’accéder irrégulièrement au territoire européen.

      La Commission se félicite de son travail : « Malgré des difficultés considérables (…) Frontex a contribué de manière importante à renforcer la gestion des frontières extérieures de l’UE, dans le respect des droits fondamentaux. » Car, ajoute-t-elle, l’agence est « régie par un cadre solide en matière de droits fondamentaux, qui garantit leur respect dans toutes ses activités ».

      Pour manifester une telle satisfaction, la Commission européenne ne peut qu’être aveugle et sourde. De multiples signaux invitent à conclure qu’au contraire, l’agence Frontex est responsable ou complice de violations des droits des exilés, aux frontières ou dans leurs parcours migratoires. Certaines, comme les violences physiques ou les refoulements illégaux (les pushback), sont commises par des gardes-frontières qui agissent sous sa responsabilité ou en sa présence.

      D’autres sont à mettre directement au compte de Frontex, pour avoir omis de signaler des risques de naufrages qui auraient pu être évités, ou encore collaboré avec des garde-côtes libyens afin que des embarcations de migrants soient illégalement ramenées en Libye.

      Dès les premières années d’existence de Frontex, créée en 2004, des ONG ont mis en garde contre ses agissements. En 2013, une campagne a été menée, sous le nom de Frontexit, par une coalition d’organisations européennes et africaines pour dénoncer les violations des droits commises au cours d’opérations de l’agence. La plupart des associations intervenant dans la zone méditerranéenne et les ONG de sauvetage en mer, puis la presse, ont pris le relais. Ces alertes n’avaient que peu d’écho. Mais aujourd’hui, c’est de source officielle qu’émanent des accusations étayées visant Frontex.
      Refoulements et mauvais traitements

      Quelques jours après le bilan élogieux de la Commission, une enquête publiée par Le Monde le 26 février 2024 révélait en effet que Frontex était mise en cause par son propre bureau des droits fondamentaux. Le responsable de ce bureau, Jonas Grimheden, avait averti au mois de mars 2023, dans un rapport à son conseil d’administration, du risque que l’agence soit « indirectement impliquée dans des violations des droits fondamentaux commises par des agents en Bulgarie, à la frontière avec la Turquie ».

      Depuis plusieurs mois, il signalait des allégations persistantes de refoulements illégaux, de mauvais traitements et d’usage excessif de la force par la police bulgare des frontières. Des témoins lui avaient notamment rapporté des cas de demandeurs d’asile contraints de retourner en Turquie à la nage, déshabillés de force, frappés ou sévèrement mordus par des chiens policiers.

      Jonas Grimheden demandait que des enquêtes indépendantes sur ces violations soient menées, mais il n’a pas été entendu. Quoi d’étonnant, quand on sait qu’au moment même où il lançait son alerte, la Commission européenne initiait de son côté un projet pilote visant à « prévenir les arrivées irrégulières » ainsi que des « procédures d’asile accélérées » et d’expulsions rapides des migrants indésirables, dans deux pays, la Roumanie et la Bulgarie ? Cette dernière a d’ailleurs reçu 69,5 millions d’euros de fonds européens à cette fin.

      Déjà, dans son rapport pour 2022, le Forum consultatif de Frontex (composé d’organisations internationales et d’organisations de la société civile) s’inquiétait du fait que l’agence puisse être impliquée dans l’interception en Méditerranée, par des garde-côtes libyens, de barques de migrants ensuite ramenées en Libye. Le rapport signalait que « les retours vers la Libye peuvent constituer des violations du principe de non-refoulement ».

      Ces pratiques ont été confirmées par l’ONG Human Rights Watch, qui accuse Frontex de complicité avec les autorités libyennes. Puis, une enquête conduite par le média allemand Der Spiegel et le collectif de journalistes Lighthouse Reports a révélé que Frontex communique aux Libyens les informations dont elle dispose sur les positions des embarcations afin qu’ils les interceptent.
      Manquements et dissimulations

      Au même moment, au mois d’octobre 2022, était rendu public un rapport de l’Olaf, l’Office de lutte anti-fraude de l’UE, qui recensait, à l’issue d’une enquête menée depuis plusieurs années, une série de manquements, de dissimulations et de cas de complicité active de la part de Frontex, ayant conduit à la violation des droits fondamentaux de migrants.

      Il est ainsi établi que lors d’opérations d’interception de bateaux de migrants par des garde-côtes grecs, Frontex, témoin d’opérations de pushbacks vers la Turquie que ses agents avaient filmées, a choisi d’interrompre ses patrouilles aériennes en mer Egée plutôt que d’avoir à signaler ces pratiques illégales.

      Elle a même continué à cofinancer certaines des unités grecques responsables de ces refoulements. D’après ce rapport, l’agence aurait été impliquée dans le renvoi illégal d’au moins 957 demandeurs d’asile entre mars 2020 et septembre 2021. Selon Der Spiegel, les patrons de Frontex « ont menti au Parlement européen et ont masqué le fait que l’agence a soutenu certains refoulements avec de l’argent des contribuables européens ».

      A la suite de ces révélations, le Parlement européen a refusé, le 18 octobre 2022, de valider les comptes de 2020 de Frontex – une décision sans conséquences sur son fonctionnement mais destinée à marquer le désaccord des eurodéputés avec ces pratiques.

      L’enquête de l’Olaf a fait suffisamment de bruit pour que le directeur de Frontex, Fabrice Leggeri, qui a toujours réfuté ces accusations, soit poussé à la démission. Un départ que l’intéressé, aujourd’hui candidat du Rassemblement national (RN) aux élections européennes, attribue à « la tyrannie à la fois des ONG et du droit européen ».

      En prenant son poste en mars 2023, son successeur, le Néerlandais Hans Leijtens, s’est engagé publiquement en faveur de la « responsabilité, du respect des droits fondamentaux et de la transparence » et a qualifié de « pratiques du passé » l’implication de Frontex dans les affaires qui lui sont reprochées.
      « Incapable de remplir des obligations »

      Pourtant… Le 1er mars 2024, la médiatrice européenne Emily O’Reilly, a livré le résultat de l’enquête que ses services ont mené durant sept mois, après le naufrage le 14 juin 2023 de l’Adriana, un bateau de pêche qui, parti de Libye, a sombré au large des côtes grecques, provoquant la disparition de 650 personnes.

      Dans son rapport, la médiatrice relève que Frontex, qui avait repéré l’embarcation surpeuplée, sans gilets de sauvetage visibles, s’était contentée de prévenir les garde-côtes grecs de son arrivée, lesquels n’ont pas pris les mesures appropriées pour assurer le sauvetage des boat people.

      Emily O’Reilly souligne enfin que les règles qui encadrent les modalités d’intervention de l’agence « laissent Frontex incapable de remplir ses obligations en matière de respect des droits fondamentaux » et suggère qu’elle devrait « mieux prendre en compte les rapports non officiels, tels que ceux des ONG ».

      Après la démission de Fabrice Leggeri, le réseau Migreurop affirmait :

      « Il ne suffit pas de changer le directeur, c’est Frontex qu’il faut supprimer ! »

      De fait, comme le rappelle le politiste Denis Duez, « la manière dont on a défini le périmètre d’action de Frontex » en fait « d’abord une agence de contrôle et surveillance des frontières ».

      La satisfaction de la Commission européenne, qui félicite Frontex pour la « tâche capitale » qu’elle assure malgré les milliers de victimes qu’elle laisse dans son sillage, le confirme : dans la guerre menée par l’UE contre les migrants, le respect de leurs droits n’est pas seulement secondaire, il reste parfaitement illusoire.

      https://www.alternatives-economiques.fr/claire-rodier/frontex-une-arme-de-guerre-contre-migrants/00109936
      #Claire_Rodier

    • La commissaire européenne aux Affaires intérieures rejette la nécessité de réformer Frontex

      Il n’est pas nécessaire de réformer l’Agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes connue sous le nom de Frontex, a déclaré lundi (11 mars) à Madrid la commissaire européenne aux Affaires intérieures, #Ylva_Johansson, bien que l’agence des frontières de l’UE soit critiquée pour son inaction présumée dans le sauvetage des migrants en Méditerranée.

      Pour commémorer l’attentat terroriste islamiste qui a eu lieu en 2004 à Madrid contre le réseau de trains de banlieue, et qui a fait 193 morts et 1 800 blessés, Mme Johansson s’est rendue dans la capitale espagnole avec Margaritis Schinas, vice-présidente de la Commission européenne chargée de la promotion du mode de vie européen.

      S’exprimant sur la nécessité de réformer Frontex, Mme Johansson a déclaré : « Je suis assez satisfaite de la manière dont Frontex fonctionne », ajoutant : « Je ne pense pas que nous ayons besoin d’une réforme majeure de Frontex ».

      Fin février, la Médiatrice européenne, Emily O’Reilly, a appelé à modifier les règles de l’UE en matière de recherche et de sauvetage en mer, après avoir enquêté sur le rôle de Frontex et la mort de migrants en Méditerranée.

      L’enquête de la Médiatrice a révélé que les règles actuelles empêchent Frontex de remplir pleinement ses obligations en matière de droits fondamentaux et que l’agence s’appuie trop lourdement sur les États membres de l’UE lorsqu’elle doit faire face à des navires transportant des migrants en détresse.

      Pour parvenir à cette conclusion, le bureau de la Médiatrice de l’UE a concentré la majeure partie de son enquête sur la tragédie de l’Adriana en juin dernier. 600 personnes se sont noyées après que Frontex a été incapable de participer à une opération de sauvetage au large des côtes grecques, faute d’autorisation des autorités grecques.

      « La Médiatrice souhaiterait renforcer la partie de Frontex relative aux droits fondamentaux », a ajouté Mme Johansson.

      « Je ne suis pas convaincue que cela soit nécessaire, car nous avons déjà un mandat solide en matière de droits fondamentaux », a-t-elle ajouté.

      Mme Johansson a tout de même reconnu les problèmes auxquels est confrontée Frontex, pointant du doigt la gestion de l’ancien directeur de l’agence Fabrice Leggeri — qui a maintenant rejoint les rangs de l’extrême droite française — même si elle a déclaré que les choses avaient « complètement changé » pour le mieux depuis sa démission en 2022.

      « Bien sûr, il y a des défis à relever en ce qui concerne Frontex », a déclaré Mme Johansson.

      « Nous avons besoin d’une meilleure formation pour son corps permanent […] et d’un personnel plus spécialisé ; nous avons besoin que les États membres soient plus rapides dans les déploiements, mais je ne crois pas que nous ayons un problème avec les droits fondamentaux », a ajouté la commissaire aux Affaires intérieures.

      La commissaire a également défendu le pacte européen sur la migration et l’asile, adopté en décembre dernier et qui doit être approuvé par le Parlement européen en avril, ajoutant qu’elle ne craignait pas que sa mise en œuvre soit compromise par la montée attendue de l’extrême droite lors des élections européennes de juin.

      « L’extrême droite vit de la peur », a-t-elle souligné, rappelant que ces partis présentent l’immigration comme quelque chose d’« incontrôlable », ce qui est, selon elle, faux.

      https://www.euractiv.fr/section/immigration/news/la-commissaire-europeenne-aux-affaires-interieures-rejette-la-necessite-de-

  • L’inflation, une bombe sociale à retardement | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/linflation-une-bombe-sociale-a-retardement/00109692

    Plus largement, jamais autant de Français n’ont dû se priver. Début 2022, 9 millions de personnes étaient en situation de privation matérielle et sociale(1), selon l’Insee. Soit 14 % des Français, un record depuis que l’on mesure cette statistique. Malheureusement, cette contre-performance a toutes les chances d’être égalée, voire dépassée, en 2023 et 2024…
    Laurent Jeanneau

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    Devoir se priver, cela veut dire ne pas pouvoir chauffer son logement à la bonne température, renoncer à s’acheter des vêtements neufs, ne pas accéder à Internet ou éviter de se réunir avec des amis autour d’un verre ou d’un repas au moins une fois par mois.