• « J’ai décidé de rester tant qu’un tract ne me demande pas d’évacuer » Rami Abou Jamous – jeudi 16 mai 2014. – Orient XXI
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/j-ai-decide-de-rester-tant-qu-un-tract-ne-me-demande-pas-d-evacuer,7348

    (...) Une journée de plus, c’est une journée gagné sur l’humiliation de devoir vivre sous la tente. Mais finalement, mardi, ils ont décidé de partir, parce que tous ceux qui étaient avec eux au rond-point Al-Alam, à l’ouest de Rafah, du côté de la mer, étaient partis. Ils ont alors commencé à avoir vraiment peur, parce que l’endroit était désert et ils entendaient le bruit des F-16 et surtout celui des quadcopters. Il faut parler de cette nouvelle arme.

    Quand nous avons été chassés de chez nous à Gaza-ville, ces engins étaient là. C’est comme un jouet de PlayStation, avec quelqu’un derrière l’écran en train de surveiller tout le monde grâce à son drone. Mais ce drone-là sert plutôt à tirer sur les gens, ou à lancer des ordres via son haut-parleur, comme ils l’ont fait pour l’évacuation de l’hôpital Nasser.

    Et il sert aussi à faire peur. Pendant la nuit, ces appareils émettent des sons destinés à effrayer les gens : le bruit d’un bébé qui pleure toute la nuit, d’une femme qui appelle au secours, de chiens qui aboient. Les Israéliens les utilisent aussi pour faire la coordination avec les camions. C’est un quadcopter qui contrôle les chauffeurs. Il se positionne au-dessus du camion et on entend : « Attendez une heure » ou « Passez maintenant, prenez telle route ». Dans notre quartier, à Tell Al-Soltan, ils diffusent des bruits de tirs alors qu’il n’y a pas de combats. (...)

  • « Ces humanitaires sont morts dans le même silence qui nous enveloppe »
    Rami Abou Jamous > 15 mai 2024 > OrientXXI
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/ces-humanitaires-sont-morts-dans-le-meme-silence-qui-nous-enveloppe,7335

    Lundi 13 mai.

    Aujourd’hui je voudrais rendre hommage à cet employé des Nations unies qui a été tué par l’armée israélienne, et à sa collègue qui a été blessée.

    Leur voiture clairement siglée ONU a été visée par des tirs. Ils ont été frappés par les mêmes balles que les Palestiniens, et dans le même silence qui émane du monde entier. Bien sûr, les Nations unies ont publié un communiqué exprimant leur tristesse et condamnant ce qui s’est passé. L’homme qui a été tué appartenait à l’UNDSS, le Département de la sécurité et de la sécurité des Nations-Unies. La voiture se dirigeait vers l’Hôpital européen de Rafah, sur la route Salaheddine.

    L’ONU n’a mentionné ni les noms ni la nationalité de ses deux employés. Pareil pour la plupart des médias, qu’ils soient occidentaux ou arabes. Selon mes sources, le mort était indien, ancien colonel de l’armée de son pays et père de deux enfants. Sa collègue est jordanienne. Tout le monde sait qu’ils ont été visés par les Israéliens. (...)

  • « À Rafah, la guerre a recommencé »
    Rami Abou Jamous > 8 mai 2024 > Orient XXI
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/a-rafah-la-guerre-a-recommence,7314

    Mardi 7 mai 2024.

    Durant la journée de lundi, alors que les gens attendaient une bonne nouvelle depuis Le Caire
    1
    , les sentiments ont évolué d’heure en heure. Au début, c’était l’inquiétude. Après, il y a eu de la joie. Et ça s’est terminé dans la peur et la tristesse.

    Le matin, il y a eu les appels et les tracts lancés sur Rafah par les Israéliens. Comme vous le savez, ces derniers ont divisé Gaza en plusieurs blocs avec des numéros. Et ils ont demandé aux déplacés de quitter une partie de ces blocs. La majorité de la population de la ville a aussi reçu des messages vocaux sur les téléphones, même ceux qui n’étaient pas dans les zones concernées. Et là, c’était vraiment la panique, et surtout la question : où aller ? Est-ce qu’on voulait vraiment partir ? On attendait ce moment tout en se disant qu’il n’allait jamais arriver. Mais les déplacés qui sont dans ces zones, surtout ceux qui ont été chassés de la ville de Gaza, ont déjà vécu ce genre de menace, ils ont vu l’ampleur de l’occupation israélienne. Ils savent ce qu’il se passe quand les Israéliens mènent une incursion. Certains ont donc commencé à chercher un camion à louer, pour prendre le maximum d’affaires.
    Faire des réserves, si jamais le terminal ferme

    Ce qui a augmenté la panique des gens, c’est que les Israéliens n’ont pas fixé d’ultimatum. Fallait-il partir dans l’heure, ou tout de suite ? Deux heures après environ, les bombardements et les raids aériens ont commencé. Ils ont continué alors que les gens tentaient de fuir. C’est la stratégie des Israéliens pour obliger les gens à partir. (...)

  • « C’est la première fois qu’on voit des universités manifester pour la Palestine ! »
    Rami Abou Jamous > 6 mai 2024 > Orient XXI
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/c-est-la-premiere-fois-qu-on-voit-des-universites-manifester-pour-la-pal

    Samedi 5 mai 2024.

    Ce samedi matin, pour la petite conférence de presse improvisée devant chez moi, il y avait beaucoup plus de monde que d’habitude. Ils ne voulaient savoir qu’une chose : les négociations en cours vont-elles enfin aboutir à une trêve ? Est-ce que vraiment on va retourner chez nous ?

    L’ambiance en général est à l‘inquiétude. On attend, on attend… On espère une bonne nouvelle. J’ai déjà dit dans ce journal que je me sens souvent obligé de mentir pour remonter le moral des gens, mais je tiens parfois compte du climat général. Et là j’ai pensé qu’il fallait montrer un peu d’optimisme, parce que les gens attendent avec impatience la bonne nouvelle d’un cessez-le-feu, même si ce sera juste une trêve de 40 jours, avec la possibilité d’un renouvellement. Les gens ont envie d’entendre ça, ils n’ont pas entendu de bonne nouvelle depuis sept mois. Ma réponse fut donc : oui, il y a quelque chose de positif cette fois-ci, les Américains mettent beaucoup de pression, ils ont intérêt à ce que tout ça finisse. J’ai ajouté : « Regardez ce qui se passe aux États-Unis, ces manifestations que j’appelle l’Intifada des étudiants ! » Et devinez quoi : tout le monde était au courant ! Tout le monde disait : « C’est la première fois qu’on voit des universités manifester pour la Palestine ! »

    On a chaud au cœur ici de savoir qu’il y a des gens — surtout des étudiants, des jeunes — qui sont en train de manifester pour la Palestine et pour Gaza. On note bien toutefois l’ironie de la situation : on n’a pas vu ça dans les universités des pays arabes ou musulmans. On voit ça en Occident, et surtout aux États-Unis, qui sont les alliés des Israéliens. (...)

  • « On a peur de mourir à la dernière minute »
    Rami Abou Jamous > 3 mai 2024 > Orient XXI
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/on-a-peur-de-mourir-a-la-derniere-minute,7295

    Jeudi 2 mai 2024.

    Comme vous le savez, j’ai appris à Walid à applaudir quand il entend un bombardement, pour lui faire croire que c’est une sorte de jeu. Lundi, il a applaudi plusieurs fois, très fort. Cette fois, ça m’a vraiment fait peur. Les bombes tombaient tout autour de nous. Ça s’est intensifié. Ça m’a fait peur parce qu’on parle d’un cessez-le-feu qui se rapproche. Et on sait très bien que quand il y a une annonce de cessez-le-feu, la guerre s’intensifie dans les dernières heures qui précèdent. Ça bombarde très fort à Rafah. (...)

  • « Comme tous les pouvoirs coloniaux, Israël ne veut pas d’une société éduquée »
    Rami Abou Jamous > 19 avril 2024 > Orient XXI
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/comme-tous-les-pouvoirs-coloniaux-israel-ne-veut-pas-d-une-societe-eduqu

    Mercredi 17 avril 2024.

    C’est officiel : pour la première fois, il n’y aura pas d’examen du baccalauréat à Gaza cette année, a annoncé le ministère de l’éducation à Ramallah. Il faut savoir que même après la prise du pouvoir par le Hamas dans la bande de Gaza en 2007, les examens sont restés unifiés dans tous les territoires palestiniens, en Cisjordanie et à Gaza. C’est important pour la Palestine et pour les Palestiniens que malgré, la division entre Gaza et la Cisjordanie, et entre le Fatah et le Hamas, nous ayons la même éducation. Mais aujourd’hui, on ne voit pas comment on pourrait tenir des examens dans la bande de Gaza, avec le nord presque entièrement rasé et la moitié des Gazaouis déplacés au sud sous des tentes de fortune.

    De toute façon, la plupart des écoles et des universités ont été entièrement ou partiellement détruites. On avait sept universités à Gaza, sans compter les instituts d’enseignement professionnel postbac. L’université de Palestine vient de publier un communiqué interne avertissant les professeurs et les employés qu’elle ne pouvait plus payer leurs salaires, et qu’ils étaient libres de chercher du travail ailleurs. Une façon de déclarer que l’Université est en faillite. Il s’agit d’une université privée, la plus récente de la bande de Gaza. Fondée en 2007, elle accueillait des milliers d’étudiants et proposait de nombreux cursus : ingénierie, architecture, médecine, etc. (...)

  • « Je regarde les visages, et je vois que les gens ont vieilli » - Rami Abou Jamous
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/je-regarde-les-visages-et-je-vois-que-les-gens-ont-vieilli,7242

    Après la mort des six martyrs de l’ONG World Central Kitchen et la résolution de l’ONU exigeant un cessez-le-feu jusqu’à la fin du ramadan, les Israéliens avaient promis d’augmenter le nombre de camions qui entrent par le nord de la bande de Gaza. Apparemment, des livraisons sont effectivement arrivées au nord et à Gaza-ville, mais cela restait trop peu. Mes amis qui sont toujours là-bas me disent qu’ils ont vu réapparaître des choses dont ils avaient oublié l’existence, des légumes, de la viande. Mais tout est à des prix prohibitifs. Le kilo de tomates est à 120 shekels (30 euros), le kilo de pommes de terre à 100 shekels (25 euros). Les gens les voient, mais ils ne peuvent pas les acheter

    • « C’est une guerre de non-vie. Si elle se termine, une nouvelle va commencer, parce qu’il n’y a plus rien pour vivre. Pas d’électricité, pas de jardins d’enfants, pas d’écoles, pas d’université. Il n’y a plus rien dans la bande de Gaza. Surtout dans la ville de Gaza et dans le nord. Et c’est ça, la vraie guerre. C’est d’être obligé de faire vivre ta famille dans un endroit vide, désert, où il n’y a rien du tout. Et après, on te dit que si quelqu’un veut émigrer ou partir, c’est une démarche volontaire. Mais ce qui me fait peut-être le plus de peine, c’est qu’il y a des Palestiniens qui profitent de cette situation, au détriment de leurs frères palestiniens. »

  • Témoignage d’un travailleur gazaoui détenu et torturé en Israël
    Rami Abou Jamous > 10 avril 2024 > Orient XXI
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/temoignage-d-un-travailleur-gazaoui-detenu-et-torture-en-israel,7227

    Ce mardi matin, il y avait une nouvelle tête parmi les voisins qui venaient aux nouvelles un jeune homme d’une trentaine d’années. Il venait d’être libéré par les Israéliens. Appelons-le Mohamed, car il ne souhaite pas être identifié. Il fait partie des quelque 16 000 Gazaouis qui étaient autorisés à travailler en Israël avant les événements du 7 octobre.

    Il m’a raconté son histoire. Quand il parlait, il s’arrêtait parfois pendant quelques secondes, les larmes aux yeux. Quand j’ai regardé ses mains, il avait aux poignets des cicatrices qui saignaient. Il m’a dit : « Ils serraient leurs menottes en plastique jusqu’à ce que le sang coule. » Il avait les mêmes cicatrices aux chevilles.

    Mohamed veut que l’on écoute son histoire. La voici, dans ses propres mots. (...)

  • « Mon beau-père a quitté cette vie pour ne plus souffrir de l’humiliation »
    Orient XX| > Rami Abou Jamous > 1er avril 2024
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/mon-beau-pere-a-quitte-cette-vie-pour-ne-plus-souffrir-de-l-humiliation,

    Tableau de l’artiste syrien Raed Qatanani.

    Dimanche 31 mars 2024.

    Aujourd’hui j’ai une mauvaise nouvelle à annoncer. Le père de mon épouse Sabah est décédé. Il est parti reposer en paix parce qu’il n’a pas résisté aux conditions de vie depuis son déplacement forcé à Rafah. Il s’appelait Souleimane, il avait 76 ans. Il était né en 1948, l’année de la Nakba. Et il est mort l’année de la deuxième Nakba, qui est en cours.

    Sa vie est un résumé de l’histoire contemporaine de Gaza. Il a connu la domination égyptienne puis israélienne, la première intifada en 1987, l’arrivée de l’Autorité palestinienne (AP) et de Yasser Arafat en 1994 après les accords d’Oslo, la deuxième Intifada en 2000, la prise du pouvoir par le Hamas en 2007, les différentes offensives de l’armée israélienne et finalement l’exode vers le sud de la bande, suite auquel il survivait sous une tente. (...)

  • « Voilà une autre résolution de l’ONU qui va finir dans un tiroir »
    Orient XXI > 27 mars 2024 - Rami Abou Jamous
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/voila-une-autre-resolution-de-l-onu-qui-va-finir-dans-un-tiroir,7180

    Mardi 26 mars 2024.

    Ce matin, comme tous les jours, je suis sorti chercher de l’eau et de la nourriture. J’ai acheté un jerrycan d’eau « normale », c’est-à-dire un peu salée, à 4 shekels (soit 1 euro) le jerrycan de 20 litres, qui est en réalité toujours rempli à 18 litres. L’eau « potable » — qui est en fait de l’eau non salée mais dont on n’est pas sûr qu’elle soit vraiment potable — coûte plus cher, et l’eau minérale, importée d’Egypte, est à 4 shekels la bouteille, soit le prix d’un jerrycan. Des dizaines, peut-être des centaines de personnes faisaient la queue comme moi devant ces camions-citernes qui stationnent devant les mosquées, les écoles de l’Unwra, les locaux des associations.

    Mêmes queues devant la boulangerie, où j’ai acheté un sac de deux kilos de pain à 15 shekels. Cela coûtait 2 shekels (50 centimes) avant l’invasion israélienne. Les boulangeries continuent à fonctionner avec l’aide humanitaire, mais la farine n’arrive pas en assez grande quantité. Il faut attendre longtemps. Souvent, quand je ne suis pas avec mes enfants, des jeunes me laissent passer dans la queue, parce que j’ai déjà des cheveux blancs. Même si on a vu des gens désespérés dans le nord attaquer des convois d’aide humanitaire, en général, la société conserve ses valeurs de respect et de solidarité.

    Comme tous les jours aussi, j’ai vu dans ces files d’attente les mêmes personnes, la même fatigue, les mêmes visages, les mêmes regards. Rien n’a changé. Et ça m’a rappelé les images de 1948. Comme à l’époque de la première Nakba, on voit des tentes partout dans les rues, les gens habitent dans des camps de réfugiés. On est en train de nous mettre tous dans c’est ces camps, et à la fin les Israéliens vont bombarder Rafah ou l’envahir. Et aujourd’hui comme à l’époque, on a une résolution des Nations unies. Combien ont été respectées ? Aucune. La résolution 242, la résolution 294, la résolution 338…(...)

  • « Chaque pouvoir qui arrive dans Gaza essaye d’utiliser les clans à son profit »
    Orient XXI > Rami Abou Jamous > 25 mars 2024
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/chaque-pouvoir-qui-arrive-dans-gaza-essaye-d-utiliser-les-clans-a-son-pr

    (...) Si je fais ce rappel historique, c’est pour montrer que chaque pouvoir qui arrive dans la bande de Gaza essaye d’utiliser ces clans à son profit, quitte à s’en débarrasser quand il n’en a plus besoin. Maintenant, les Israéliens voudraient faire la même chose, en transférant le pouvoir vers les familles importantes. Mais ce projet suppose l’éradication du Hamas. Or, ce n’est pas le cas, et la plupart de ces grandes familles le savent.

    Depuis le 7 octobre, la police et la sécurité intérieure, qui sont particulièrement visées par l’armée israélienne, ne sont plus présentes sur le terrain. Certains clans en ont profité pour se livrer au pillage. Il y en a eu dans le nord, dans les maisons bombardées et abandonnées par leurs propriétaires, qui avaient fui vers le sud. Les convois d’aide humanitaire ont parfois été pillés aussi, pour revendre l’aide sur le marché.

    Le Hamas leur a fait comprendre de façon explicite qu’il fallait encore compter avec lui. Il a menacé des moukhtar, et même exécuté certains d’entre eux, parce qu’ils avaient franchi la ligne rouge en sortant les kalachnikovs pour piller des convois humanitaires. Le Hamas tolère les armes blanches, voire les pistolets, mais pas les mitraillettes ; c’est une arme de guerre et le Hamas ne peut admettre l’existence d’une force armée parallèle.

    Du coup, quand les « kalach’ » ont été sorties, les combattants du Hamas ont surgi de leurs caches souterraines. Résultat : on n’entend plus parler de pillages. Le Hamas a ensuite choisi de nouveau une solution politique : coopter les grandes familles en leur disant en substance : on ne peut plus être présents en uniforme pour protéger les convois humanitaires, parce qu’on est aussitôt ciblés par les Israéliens. Vous allez participer à la protection de l’aide, mais sous notre contrôle. C’est ainsi que pendant deux jours consécutifs, deux convois humanitaires chargés principalement de farine en provenance de Rafah sont arrivés sans encombre jusqu’à Jabaliya, dans le nord, protégés par des jeunes des clans, sous la supervision de nombreux militants du Hamas en civil. (...)

    • « Ce qui rend les Israéliens furieux, c’est que le Hamas est toujours là »
      Orient XXI > Rami Abou Jamous >Jeudi 23 mars 2024.
      https://orientxxi.info/dossiers-et-series/ce-qui-rend-les-israeliens-furieux-c-est-que-le-hamas-est-toujours-la,71

      Trois dirigeants du Hamas ont été tués par l’armée israélienne ces derniers jours. Un à Gaza-ville, un à Nusseirat et le troisième au nord de la bande de Gaza. Tous trois étaient responsables de la coordination pour sécuriser l’aide humanitaire qui passe via les camions, depuis la frontière égyptienne à Rafah, jusqu’au nord de la bande de Gaza en passant par Gaza ville.

      La date de leur assassinat ne doit rien au hasard. Il y a environ cinq jours, deux convois ont effectivement réussi à atteindre la ville de Gaza et le nord de la bande de Gaza. Ils ont livré leur cargaison de farine aux entrepôts de l’UNRWA à Jabaliya. Ces convois humanitaires venus d’Égypte n’ont pas été attaqués.

      Pourquoi cela s’est bien passé ? Parce que le Hamas avait déployé ses hommes tout au long du parcours, sur la rue Salaheddine, la plupart armés de bâtons. Auparavant, l’organisation avait publié un communiqué disant qu’il ne fallait pas se trouver dans ces endroits-là, et ne pas tenter d’arrêter les camions, surtout sur ce qu’on appelle le rond-point du Koweït, là où des camions d’aide humanitaire ont été attaqués et où l’armée israélienne a tiré sur les gens. Ces gardes – pour la plupart des jeunes - déployés n’étaient pas des policiers, mais des militants du Hamas. Deux convois se sont donc succédé sans encombre pendant deux jours. Le troisième jour, les Israéliens les ont bombardés. (...)

  • « Coco, ton dessin nous dépeint comme des sauvages » - Rami Abou Jamous
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/coco-ton-dessin-nous-depeint-comme-des-sauvages,7157

    Je me plains parce que mon fils n’a pas de poulet, mais au moins il a des boîtes de conserve. Mais il y en a beaucoup comme Walid à Gaza au nord de la bande de Gaza qui ne trouvent rien à manger. Et la faim commence à arriver à Rafah. Si je regarde la photo de Walid avant et après l’offensive israélienne, je vois vraiment la différence. Pareil avec mes autres enfants.

    Et c’est à ce moment-là que je découvre cette caricature publiée dans Libération de la dessinatrice Coco, qui montre des gens en train de courir derrière des rats pendant le ramadan, pour manger. Je vais considérer qu’elle veut dénoncer la famine à Gaza. Mais je peux te dire Coco, ce n’est pas du tout professionnel ce que tu as fait.

    Ton dessin, il nous dépeint comme des sauvages qui mangent des rats et qui attendent l’iftar [le repas pour la rupture du jeûne] pour le faire. Mais même si je considère que c’est de l’humour noir, tu ne t’es pas dit qu’il fallait parler de tous les facteurs ? Dans ton dessin, tu n’as pas mis ceux qui sont derrière tout ça, qui empêchent de faire rentrer les sacs de farine et qui sont en train de tuer 2,3 millions de personnes. Si tu ne sais pas ce qui se passe à Gaza, c’est un vrai problème. Si tu le sais, c’est encore pire.

  • « C’est ramadan, mais le cœur n’y est pas »
    > Rami Abou Jamous > 11 mars 2024 > Orient XXI
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/c-est-ramadan-mais-le-coeur-n-y-est-pas,7130


    Des personnes sont assises près du feu dans un camp de déplacés palestiniens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à la veille du premier jour du mois de ramanda, le 10 mars 2024.
    MOHAMMED ABED / AFP

    (...) Les États-Unis envoient de l’aide humanitaire, et en même temps ils envoient des armes à Israël. Je n’arrive pas à comprendre s’ils se moquent de nous. C’est beaucoup plus que de l’hypocrisie. Biden peut, sur un simple coup de téléphone à Netanyahou, faire passer cinq cents ou même mille camions dans la bande de Gaza par les terminaux qui existent. Dans les périodes « normales » avant la guerre, il passait entre cinq cents et six cents camions par jour. On dit qu’il y a du marché noir à Gaza, que les gens confisquent les produits. Tout cela est vrai. Mais pourquoi les gens font-ils cela ? Parce qu’ils manquent de tout. Cela cessera si on fait entrer des quantités normales de marchandises. Plus personne n’attaquera de camion, plus personne ne revendra de l’aide humanitaire sur les marchés. Mais ce que cherchent les Israéliens c’est le chaos, c’est l’humiliation. Ce qui me fait mal, c’est de voir que cette guerre s’est transformée en un « problème humanitaire ». Mais c’est d’abord un problème politique. Les Israéliens veulent se débarrasser des Palestiniens. Ils veulent toute la terre. À Gaza, ils ont sorti l’épouvantail du Hamas, mais en Cisjordanie, le Hamas n’est pas présent, et les incursions n’arrêtent pas. Ils ne veulent pas la paix, et tout cela se passe sous les yeux des États-Unis. Cette aide humanitaire, c’est de l’arnaque. Arrêtez de vous moquer de nous. Nous ne sommes pas des idiots, nous sommes un peuple conscient et éduqué. Nous savons très bien ce que vous voulez. Toute la population est dans la misère, nous avons perdu nos enfants, nos maisons, nous avons tout perdu. Mais nous n’avons pas perdu notre raison. Ils veulent nous enlever la raison et casser notre dignité, mais ça n’aura pas lieu.

  • « Pour leur remonter le moral, il faut parfois mentir aux gens »
    Orient XXI - Rami Abou Jamous – 1er mars 2024
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/pour-leur-remonter-le-moral-il-faut-parfois-mentir-aux-gens,7100

    Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Ce fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, a dû quitter son appartement de la ville de Gaza avec sa femme et son fils Walid, deux ans et demi. Il partage maintenant un appartement de deux chambres avec une autre famille. Il raconte son quotidien et celui des Gazaouis de Rafah, coincés dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Cet espace lui est dédié.
    (...)
    Ce désir de trêve est d’autant plus fort que depuis deux ou trois jours, les frappes ne s’arrêtent pas. Des mosquées, des immeubles sont visés. Comme si les Israéliens voulaient s’échauffer avant le match, qu’ils effectuaient des préparatifs pour une incursion terrestre. Pour le moment, les massacres continuent. Samedi, un immeuble proche du centre-ville de Rafah et du marché a été visé. Une famille entière a été tuée, les Chahine. On parle de sept morts, mais il y en a sans doute plus. Il y a encore des gens sous les décombres. Les secours continuent de les chercher, pourtant je doute qu’ils puissent trouver des survivants. Ni les pompiers, ni les ambulanciers, ni la municipalité ne disposent des moyens adéquats. Ils n’ont ni grues, ni bulldozers. (...)

  • Irak 2003. Un crime sans criminels - Alain Gresh
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/irak-2003-un-crime-sans-criminels,6292

    Cette amnésie permet de comprendre le scepticisme des peuples et des gouvernements du « Sud global » à l’égard de l’invasion russe de l’Ukraine. Non qu’ils l’approuvent — la plupart l’ont condamnée —, mais ils restent sceptiques face aux discours occidentaux s’indignant de l’agression de la Russie, de l’inadmissibilité de l’occupation d’un territoire par la force, des crimes de son armée. Leur conviction est faite : les Occidentaux ne défendent pas en Ukraine le droit international, la paix et la démocratie, mais leurs seuls intérêts. Ils en voient une preuve supplémentaire dans le refus des #États-Unis et de l’Union européenne de prendre la moindre mesure pour faire cesser l’occupation de la Palestine qui, elle, dure depuis des décennies.

  • Répression, menaces climatiques. Les impasses de la COP27 - Laurent Bonnefoy
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/repression-menaces-climatiques-les-impasses-de-la-cop27,5985

    En Afrique du Nord et au Proche-Orient, les enjeux liés à l’#écologie, ou plus particulièrement au #climat, souffrent d’être largement occultés. C’est un fait que les sociétés elles-mêmes, comme les pays de la région, ne s’en sont pas encore saisi de façon pleine et consciente. Les ferments de mobilisation souffrent en outre de la répression. Plus sans doute qu’en Europe et d’autres régions tempérées, c’est pourtant probablement une affaire de survie.

    Une présentation synthétique des enjeux dans la région #MENA alors que commence la COP 27 en Egypte

  • Répression, menaces climatiques. Les impasses de la COP27
    Orient XXI - Laurent Bonnefoy – 7 novembre 2022
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/repression-menaces-climatiques-les-impasses-de-la-cop27,5985

    La tenue de la Conférence des parties dite « COP27 » sur les changements climatiques dans la station balnéaire égyptienne de Charm El-Cheikh permet au président Abdel Fatah Al-Sissi de poursuivre la mise en scène de son fantasme de toute-puissance. Ses outrances répressives et le contrôle policier exercé sur les journalistes et ONG qui feront le déplacement (à travers notamment une application d’accréditation pour smartphone qui impose le traçage) n’empêcheront sans doute pas les gouvernants du monde entier de prétendre, dans un énième forum multilatéral et à coup de promesses, qu’ils répondent à l’urgence écologique. Ils fermeront encore les yeux sur la répression des militantes et militants des droits humains, dont Alaa Abd El-Fatah qui entame en prison une grève de la faim totale le 6 novembre à l’occasion de l’inauguration de la COP. (...)

    #Cop27 #AlaaAbdelFattah #Egypte

  • Un dossier de la revue Orient XXI, en lien avec les 60 ans des accords d’Evian (18 mars 1962) et de l’indépendance algérienne. Il sera alimenté au fur et à mesure des semaines.
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/france-algerie-deux-siecles-d-histoire,5445

    France-Algérie, deux siècles d’histoire

    L’année 2022 marque les 60 ans de l’indépendance de l’Algérie. Deux générations se sont succédé et pourtant, ce qui s’est joué pendant cette période coloniale n’en finit pas de façonner la société et la scène politique française, comme en témoignent certaines initiatives prises par le président Emmanuel Macron et les débats qu’elles ont suscitées des deux côtés de la Méditerranée. La prédominance des thématiques relatives à l’islam et à l’immigration, la mobilisation du gouvernement contre la « décolonisation des savoirs » en disent long aussi sur la pérennité d’un imaginaire hérité de la colonisation en général, et de celle de l’Algérie en particulier.

    Trop souvent, la colonisation française en Algérie est réduite à « la guerre d’Algérie » (1954-1962), reléguant au second plan deux siècles d’histoire, tout ce qui a eu lieu depuis la conquête de 1830. C’est le retour le plus vaste possible, faute d’être le plus exhaustif, sur la période allant de 1830 à 1962 que souhaite présenter Orient XXI à travers ce dossier sur l’Algérie, lancé à l’occasion du 60e anniversaire des accords d’Évian, et qui sera nourri au fil des mois qui viennent.

    Dans le souci d’avoir un large éventail de contributeurs et de contributrices qui traitent des multiples facettes de cette période, nous faisons appel à des historiens de France, d’Algérie et d’ailleurs, qui remettront en lumière des aspects parfois méconnus de cette histoire coloniale, et tisseront des liens que l’on ne soupçonne pas toujours entre la lutte du peuple algérien et celles d’autres populations à travers la planète.

    Il s’agit également de l’histoire de la France, de ses institutions républicaines, de sa police et de son rapport au fait religieux musulman, qu’il convient d’approcher pour mieux comprendre ce qui s’est joué pendant les 132 ans de colonisation, en Algérie comme en France, et qui continue à peser dans la vie politique et intellectuelle.

    #guerre_d_Algérie #indépendances #accords_d_Evian #Algérie #France #colonisation

  • Un dossier du média en ligne Orient XXIO, 60 ans après les accords d’Evian (18 mars 1962), qui sera alimenté au fur et à mesure des semaines.

    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/france-algerie-deux-siecles-d-histoire,5445

    France-Algérie, deux siècles d’histoire

    L’année 2022 marque les 60 ans de l’indépendance de l’Algérie. Deux générations se sont succédé et pourtant, ce qui s’est joué pendant cette période coloniale n’en finit pas de façonner la société et la scène politique française, comme en témoignent certaines initiatives prises par le président Emmanuel Macron et les débats qu’elles ont suscitées des deux côtés de la Méditerranée. La prédominance des thématiques relatives à l’islam et à l’immigration, la mobilisation du gouvernement contre la « décolonisation des savoirs » en disent long aussi sur la pérennité d’un imaginaire hérité de la colonisation en général, et de celle de l’Algérie en particulier.

    Trop souvent, la colonisation française en Algérie est réduite à « la guerre d’Algérie » (1954-1962), reléguant au second plan deux siècles d’histoire, tout ce qui a eu lieu depuis la conquête de 1830. C’est le retour le plus vaste possible, faute d’être le plus exhaustif, sur la période allant de 1830 à 1962 que souhaite présenter Orient XXI à travers ce dossier sur l’Algérie, lancé à l’occasion du 60e anniversaire des accords d’Évian, et qui sera nourri au fil des mois qui viennent.

    Dans le souci d’avoir un large éventail de contributeurs et de contributrices qui traitent des multiples facettes de cette période, nous faisons appel à des historiens de France, d’Algérie et d’ailleurs, qui remettront en lumière des aspects parfois méconnus de cette histoire coloniale, et tisseront des liens que l’on ne soupçonne pas toujours entre la lutte du peuple algérien et celles d’autres populations à travers la planète.

    Il s’agit également de l’histoire de la France, de ses institutions républicaines, de sa police et de son rapport au fait religieux musulman, qu’il convient d’approcher pour mieux comprendre ce qui s’est joué pendant les 132 ans de colonisation, en Algérie comme en France, et qui continue à peser dans la vie politique et intellectuelle.

    #guerre_d_Algérie #colonisation #France #Algérie #indépendances #1962

  • Israël-Palestine. Emmanuel Macron en marche vers Jérusalem
    Jean Stern > 17 mars 2022 > Orient XXI
    https://orientxxi.info/dossiers-et-series/israel-palestine-emmanuel-macron-en-marche-vers-jerusalem,5441


    Palais de l’Elysée, 18 mars 2021. Emmanuel Macron pendant une conférence de presse conjointe avec le président israélien Reuven Rivlin en visite officielle à Paris
    Ludovic Marin/Pool/AFP

    Pro-israélien fasciné par la « start-up nation », le président de la République sortant pourrait faire évoluer le soutien historique de la France à la solution à deux États dans le sillon des Accords d’Abraham. Plusieurs pays concernés sont des alliés de la France et de bons clients de ses marchands d’armes. Premier volet d’une enquête d’Orient XXI sur les candidats à l’Élysée, Israël et la Palestine. (...)