L’heure n’est pas venue pour les éditeurs d’enlever les DRM (A. Nourry)
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Piratage et surveillance
Et pour rester dans le domaine du livre numérique, comment se passe la collaboration avec Attributor ? « Attributor c’est une entreprise qui surveille le net partout dans le monde pour nous, en France essentiellement, parce que l’on sait que, malheureusement, beaucoup de nos livres ont déjà été piratés, sont présents sur des sites et que, dans nos contrats avec les auteurs, nous avons l’obligation de défendre leur propriété intellectuelle, leur droit moral. Attributor, c’est un peu le Hadopi du livre, et cela fonctionne bien puisque dans 85 ou 90 % des cas, les livres sont supprimés des sites. Après, ils réapparaissent ailleurs, mais comme c’est le métier d’Attributor, ils font le boulot, le jour et la nuit, qui nous permet d’avoir un reporting régulier.
Et l’on constate que l’on est piratés massivement. Tant qu’il y aura des gens qui mettent des scans en ligne, on continuera, et je pense qu’il y en aura toujours, d’ailleurs. C’est important : nos auteurs vivent de l’exploitation de leurs oeuvres. Si nous ne marquons pas un coup d’arrêt à la consommation, par le piratage, avant que le numérique soit un mode de lecture très répandu, on court à la catastrophe. Je pense que d’autres confrères feront la même chose. »
Le prêt d’ebook n’est pas une priorité
Dans un autre domaine, les bibliothèques et Hachette ne signeront pas demain des accords pour le prêt de livres numériques. « Ces lieux ont pour vocation d’offrir à des gens qui n’ont pas les moyens financiers, un accès subventionné par la collectivité, au livre. Nous sommes très attachés aux bibliothèques, qui sont des clients très importants pour nos éditeurs, particulièrement en littérature. Alors, il faut vous retourner la question : est-ce que les acheteurs d’iPad ont besoin qu’on les aide à se procurer des livres numériques gratuitement ? Je ne suis pas certain que cela corresponde à la mission des bibliothèques.
Par définition, me semble-t-il, les gens qui ont acheté un Kindle ou un iPad, ont un pouvoir d’achat, là où les gens qui sont les usagers de ces lieux en manquent. La position de Hachette aujourd’hui, c’est que l’on ne vend pas aux bibliothèques, pour éviter d’avoir ces prix très hauts, considérant qu’il n’y a pas encore de nécessité. On changera un jour, quand on aura trouvé les formules, il y’en a plein d’autres, comme la licence qui octroierait une utilisation durant six mois. Encore une fois, les bibliothèques sont essentielles dans l’économie du livre, mais il est tout aussi essentiel que les gens achètent des livres. Si on commence à donner un accès libre et quasiment gratuit au lecteur pour des versions numériques, alors que le marché est à peine en train d’émerger, on va tuer le marché. »