country:jamaïque

  • Christine Angot, l’esclavage et la justification de l’ordre du monde
    https://joaogabriell.com/2019/06/03/christine-angot-et-la-justification-de-lordre-du-monde

    Outre leur dimension spécifiquement négrophobe, les propos de Christine Angot lors de l’émission On n’est pas couché ce samedi 1er juin sur la « différence fondamentale » entre shoah et esclavage industriel pratiqué par les européens contre les populations africaines, sont pour moi une des facettes de la conception eurocentrée du racisme[1]. A savoir une approche du racisme dont la compréhension n’a évidemment pas pour but d’y mettre fin, mais plutôt d’en avoir une lecture opportuniste et superficielle, et dont la finalité est la justification de l’ordre du monde. Ici je vise la façon dont les mots comme « racisme », « génocide » sont définis par les Etats ou les instances internationales sous pilotage occidental et repris ensuite par des personnages publiques. Source : Le blog de (...)

    • en réaction à cette hiérarchisation entre « génocide » et « esclavage », beaucoup pour insister sur l’importance de tel ou tel crime, utilisent dès lors du coup le mot de génocide pour désigner toutes les situations coloniales afin de « prouver » que c’était vraiment grave. Malheureusement cela revient au final à entériner la hiérarchisation qu’il revient au contraire de critiquer. Toutes les situations coloniales ne relèvent pas de génocide au sens d’un programme intentionnel d’extermination, ms toutes les situations coloniales produisent de l’extermination comme résultat. Et surtout c’est le fait colonial en tant que tel qu’il faut disqualifier, pas juste certains épisodes précis, car c’est le fait colonial qui crée les conditions pour que certaines de ses expressions les plus spectaculaires – génocide, esclavage – soit possible.

      #esclave #génocide #shoah #hiérarchisation #Histoire #racisme #Christine_Angot #colonisation

    • Il était si courant que les esclaves soient tués durant leur déportation, que les assureurs refusèrent de les rembourser
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_du_Zong

      Le massacre du Zong (anglais : Zong Massacre) est le meurtre estimé à 142 esclaves à partir du 29 novembre 1781, sur le Zong, navire négrier britannique de Liverpool qui se livrait au commerce triangulaire pour le compte du Gregson slave-trading syndicate (« syndicat du commerce d’esclaves Gregson »).

      Comme pratique courante, le syndicat avait pris une assurance sur les vies des esclaves du navire. Quand suite à des erreurs de navigation, le Zong allait se retrouver à court d’eau potable selon les estimations erronées, l’équipage jette des esclaves par-dessus bord pour les noyer, en partie pour assurer la survie du reste de l’équipage et de sa cargaison d’esclaves, mais aussi pour empocher l’assurance sur les esclaves, en ne perdant pas d’argent sur les esclaves qui seraient mort de soif.

      Quand le Zong arrive au port de Black River en Jamaïque, il fait une demande aux assureurs afin d’obtenir la compensation pour la perte des esclaves. Lorsque les assureurs refusent de payer, l’affaire est résolue en justice (Gregson v Gilbert (1783) 3 Doug. KB 232). Le jugement déclare que dans certaines circonstances, tuer des esclaves de manière délibérée était légal et que les assureurs pourraient devoir rembourser la mort des esclaves. Mais le Lord juge en chef d’Angleterre et du pays de Galles, William Murray, rend un jugement contre le syndicat propriétaire des esclaves à cause de nouvelles preuves suggérant que le capitaine et son équipage étaient en faute.

      https://www.youtube.com/watch?time_continue=38&v=1lXowB_FJu4

  • Lee ‘Scratch’ Perry revient avec « African Starship » | Fip
    https://www.fip.fr/actualites/lee-scratch-perry-revient-avec-african-starship-36070

    Cela fait maintenant plus de 80 ans que Rainford Hugh Perry a vu le jour au fond d’un village pauvre et reculé de la Jamaïque coloniale. Une trentaine d’années plus tard, alors que l’île s’affranchit enfin de la tutelle britannique, l’homme devenait l’une des figures les plus respectées de la scène musicale de son pays, gagnant sa renommée de chanteur en même temps que son fameux surnom « Scratch », et produisant bientôt certains classiques des Wailers tels African Herbsman ou Soul Revolution.

    https://onusound.bleepstores.com/artist/45802-lee-scratch-perry
    https://on-usound.bandcamp.com
    https://leeperry.bandcamp.com/album/dubsetter

    https://www.youtube.com/watch?v=F8cXSqB5j0M


    Lee “Scratch” Perry - Panic in Babylon
    #dub

  • BILD in Venezuela : »Mein Kind muss sterben, weil ich kein Geld habe
    https://www.bild.de/politik/ausland/politik-ausland/bild-in-venezuela-mein-kind-muss-sterben-weil-ich-kein-geld-habe-59901546.bild.


    Quelle : BILD / Giorgos Moutafis, Paul Ronzheimer

    Le weekend commence et vous avez droit de la part de BILD à un reportage à vous faire pleurer . On vous y explique à quel point la situation au #Venezuela est tragique. La version dans l’édition sur papier ne contient que cette information. L’édition en ligne révèle son caractère manipulateur et faux. Des textes et graphiques supplémentaires expliquent le déclin du Venezuela vers l’enfer sans mentionner la guerre de la bourgeoisie et des bandes armée contre l’état, ses institutions et les défenseur de la politique socialiste du président. Bien entendu le journal ne fait pas allusion au boycott des #USA et des manoeuvres des corporations comme la saisie des infrastructures d’export de petrole. La conclusion implicite s’impose : c’est la faute aux Chavez, Maduro et leurs hordes socilistes si le pays est dans un tel état.

    Le message au public allemand est évident : Soutenez la ligne de la chancelière et soutenez les sanctions contre le Venezuela afin de stopper la catastrophe. L’Allemagne n’enverra pas de troupes en Amérique latine mais les lecteurs peu conscients des détails de la manipulation de BILD acceuilleront avec soulagement l’invasion du pays par les armées des ètats-Unis et des pays voisins contrôlés par des gouvernements de droite.

    Prendre en hôtage emotionnellement le public est une technique de manipulation chère aux militaristes. Dans le cas du Venzuela on ne peut pas appeller à la défense de nos campagnes, alors il faut un enfant ou un petit chien prétendument victime de machinations socialistes.

    Je me rappelle encore que les USA ont envahi la petite île de Grenade pour moins que cela. Heureusement le Venezuela a davantage d’allié que la petite île de la noix de muscade.

    BILD in Venezuela »Mein Kind muss sterben, weil ich keine Dollars habe

    Hyper-Inflation +++ Nahrungsmittel werden knapp +++ Ein Land vor dem Kollaps

    von: PAUL RONZHEIMER und GIORGOS MOUTAFIS (Caracas) veröffentlicht am 01.02.2019 - 22:26 Uhr
    Wenn sie über die zwei kleinen Jungen spricht, die neben ihrer Tochter Valentina (5) im Kinderkrankenhaus von Caracas gestorben sind, kommen Hilmar (34) die Tränen.

    „Sie hätten Medizin gebraucht, nach einer Therapie, bei Ihnen in Deutschland wären sie jetzt noch am Leben“, sagt sie zu uns. „Ich habe so große Angst, dass Valentina auch sterben muss, weil es keine Hilfe gibt.“

    Es ist Freitagmorgen in Caracas, wir sitzen im Kindergarten von Valentina, gerade eben haben alle zusammen die venezolanische Nationalhymne gesungen. Valentina trägt eine Schutzmaske, jeder Keim ist gefährlich für sie: Das Mädchen hat Leukämie (Blutkrebs), entdeckt wurde die Krankheit 2017.


    Hilmar (34) kämpft für ihre krebskranke Tochter – aber weiß nicht, was sie noch tun soll Foto: Giorgos Moutafis
    Lesen Sie auch


    Interview mit Maduro-Widersacher Guaidó „Wer in Venezuela ins Krankenhaus geht, droht der Tod“
    Der Mann, der zum Erzfeind von Venezuelas Präsident Nicolas Maduro (56) geworden ist, der fürchten muss, jederzeit in seinem eigenen...


    BILD-Reporter in Caracas Diese beiden Fotos erklären Venezuelas brutalen Absturz
    Zwei Aufnahmen zeigen, was in Maduros Chaos-Land so schiefläuft. BILD besuchte den Supermarktbesitzer mit den leeren Regalen.

    Wer in Venezuela ins Krankenhaus kommt, hat ein hohes Risiko, dort zu sterben.

    Der Strom fällt aus, kaputte OP-Geräte, das Wasser ist schmutzig, Desinfektionsmittel fehlen. Aber das größte Problem: Es gibt kein Geld für teure Medikamente, die importiert werden müssen. Hilmar: „Ich habe der Regierung gesagt, dass mein Kind Leukämie hat, dass ich Hilfe brauche. Aber sie haben nur gesagt: Wir können nichts tun.“

    Hilmar musste das Geld für die erste Therapie privat auftreiben, hat ihr Auto und alle Habseligkeiten verkauft, wandte sich an Hilfsorganisationen, sammelte Spenden. Sie schaffte es, die erste Therapie zu finanzieren.


    Abgewetzte Matratzen: Wegen des fehlenden Geldes ist die Krankenhausausstattung in einem schlimmen Zustand Foto: Cristian Hernandez


    Zum Schaudern: Blick in ein Krankenhauszimmer in Venezuela Foto: Agustín Rodríguez/BILD

    Aber jetzt, knapp anderthalb Jahre später, braucht Valentina eine erneute Therapie. Und es fehlt wieder das Geld: Die einheimischen Bolivars sind wegen der Hyper-Inflation nichts mehr wert. „Wir müssen mit der Chemotherapie spätestens am Anfang des Sommers beginnen, aber uns fehlen noch mindestens 6000 Dollar. Wenn wir die Therapie nicht starten, droht meine Tochter zu sterben.“

    Die Mutter versucht in sozialen Netzwerken, Spender zu finden, wendet sich an berühmte Persönlichkeiten. „Es ist so schlimm in unserem Land, wie kann das alles passieren bei all dem Erdölreichtum, den wir haben?“


    Venezuela: Ölförderung 1970–2018 – Infografik

    Valentina ist trotz ihrer Krankheit ein aufgewecktes Mädchen, lernt Zählen und singt gerne Lieder. Aber am liebsten kuschelt sie mit ihrer Mutter. „Sie ist sehr tapfer, auch wenn sie ins Krankenhaus muss“, sagt Hilmar. „Ich habe aber jedes Mal Angst, weil die Situation dort so schlimm ist.“


    BILD-Reporter Paul Ronzheimer mit der kleinen Valentina (5) Foto: Giorgos Moutafis


    Chaos im Krankenhaus: Stühle, Kommoden und andere Ausstattung stapelt sich in einem Seitenzimmer Foto: Agustín Rodríguez

    Wer durch die Flure und Räume des Krankenhauses geht, bekommt das Schaudern. Zerfetzte Matratzen, dreckige OP-Räume, kaputte Türen. Viele Ärzte, die hier einst gearbeitet haben, sind ausgewandert, nach Argentinien, Brasilien oder Kolumbien. Die humanitäre Katastrophe Venezuelas wird nirgendwo so deutlich wie in den Krankenhäusern.


    Karte Flüchtlingsbewegungen aus Venezuela – info.BILD

    Heute wollen wieder Millionen auf die Straße gehen, weil sie diesen Zustand nicht mehr akzeptieren. Der selbst ernannte Interimspräsident Juan Guaidó will weiter Druck auf Nicolás Maduro ausüben.

    Auch Hilmar wird protestieren, sie sagt: „Die ganze Welt muss uns unterstützen. Es sterben in Venezuela Kinder, die leben könnten. Bitte helft uns!“

    Grenade (pays) — Wikipédia
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Grenade_(pays)#Histoire

    L’opposition se rassemble principalement au sein du New Jewel Movement (NJM) dirigé par Maurice Bishop (dont le père a lui-même été assassiné par le régime). Devant l’impossibilité de manifester légalement, celle-ci commence à organiser une branche militaire, l’armée révolutionnaire du peuple. Lorsque les dirigeants du mouvement apprennent qu’Eric Gairy s’apprête à les faire assassiner, ils choisissent d’opérer un coup d’État : le 13 mars 1979, un groupe de militants s’empare de l’unique caserne de la Grenade et désarment les soldats qui n’opposent que très peu de résistance4.

    Le NJM constitue un Gouvernement révolutionnaire du peuple présidé par Maurice Bishop, qui exprime son objectif : « Nous sommes un petit pays, nous sommes un pays pauvre, avec une population de descendant d’esclaves africains, nous faisons partie du tiers-monde exploité et, définitivement, notre défi est de chercher la création d’un nouvel ordre international qui mette l’économie au service du peuple et de la justice sociale ». Le nouveau gouvernement inquiète les États-Unis, qui avaient précédemment soutenu Eric Gairy, et dont l’ambassadeur avertit : « Le gouvernement des États-Unis verrait avec déplaisir toute inclinaison de la part des Grenadins à développer des liens plus étroits avec Cuba4. »

    Le régime s’emploie en particulier à développer des politiques sociales : un Centre pour l’éducation populaire est créé pour coordonner les initiatives du gouvernement en matière d’éducation, notamment des campagnes d’alphabétisation. L’apprentissage du créole de la Grenade est autorisé à l’école. Néanmoins, la tendance du gouvernement de Bishop à marginaliser le rôle de l’Église dans l’éducation contribue à la dégradation des relations avec le clergé. Dans le secteur de la santé, les consultations médicales sont rendues gratuites avec l’aide de Cuba qui fournit des médecins, du lait est distribué aux femmes enceintes et aux enfants. En économie, les autorités mettent en place un système de prêts financiers et de matériel à l’attention des agriculteurs, et des coopératives agricoles sont mises en place pour développer l’activité. Le gouvernement de Bishop s’emploie également à développer les infrastructures, notamment en construisant de nouvelles routes et en modernisant le réseau électrique. Enfin, le gouvernement s’attaque aux cultures de marijuana pour favoriser l’agriculture vivrière et faire baisser la violence4.

    À l’international, la Grenade est de plus en plus isolée. Le Royaume-Uni suspend ses aides économiques et les États-Unis usent de leur influence pour bloquer les prêts du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. La situation se dégrade également sur le plan intérieur : le 19 juin 1980, une bombe explose pendant un meeting au cours duquel Bishop devait intervenir. L’engin fait trois morts et vingt-cinq blessés. Bishop accuse ouvertement « l’impérialisme américain et ses agents locaux ». La responsabilité réelle de la CIA est cependant incertaine ; si elle avait en effet imaginé des opérations de déstabilisation, l’administration Carter y était opposée. En 1983, Bishop se rend finalement à Washington pour essayer de "négocier la paix". Au sein du gouvernement socialiste, des dissensions opposent une faction pro-soviétique et les partisans de Bishop. Le voyage à Washington de celui-ci est désavoué par le comité central du parti qui le destitue.le 14 octobre 1983 et le remplace par une direction collégiale. Le 19 octobre, une grève générale est déclenchée par les partisans de Bishop qui conduit à l’arrestation de ce dernier. Alors que les manifestants tentent de franchir les barrages pour le libérer, Il est assassiné par l’armée le 19 octobre 19834.

    Six jours après la prise de pouvoir par l’armée en octobre 1983, la Grenade est envahie par une coalition menée par les États-Unis. Cette intervention est demandée par l’Organisation des États de la Caraïbe orientale (OECO). La requête est rédigée à Washington5. L’opération est le plus grand déploiement américain depuis la guerre du Viêt Nam. La guerre est rapide et la coalition américaine (7 000 soldats américains et 300 hommes d’Antigua, la Barbade, la Dominique, la Jamaïque, Sainte-Lucie et Saint-Vincent, qui n’ont pas participé aux combats) vient rapidement à bout des forces grenadiennes (800 soldats, assistés par 784 Cubains - pour la plupart des ouvriers qui participaient aux travaux de construction d’un aéroport - et quelques instructeurs provenant d’URSS et d’autres pays communistes).

    #politique #Venezuela #impérialisme #cancer #enfants #Bild_lügt

  • Les dilemmes moraux de l’humanité à l’épreuve de la voiture autonome
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/10/24/les-dilemmes-moraux-de-l-humanite-a-l-epreuve-de-la-voiture-autonome_5374081

    Une étude révèle les préférences de 2,5 millions de personnes contraintes de choisir les victimes d’un accident.

    Peut-on tuer un vieillard pour sauver un enfant ? Toute vie humaine a-t-elle au contraire la même valeur, sans considération d’âge, de genre ou d’état de santé ?

    Ces questions, médecins, assureurs et militaires se les posent depuis longtemps. « Mais jamais dans l’histoire de l’humanité avons-nous autorisé une machine à décider seule qui doit vivre et qui doit mourir, sans supervision humaine, en temps réel. Nous allons franchir cette barrière prochainement, pas sur un lointain champ de bataille, mais dans un des aspects les plus banals de notre vie, le transport quotidien. »

    L’équipe de scientifiques français et américains qui lance cette prophétie vise la voiture autonome, future vedette de l’automobile. Dans la revue Nature du jeudi 25 octobre, ces psychologues, anthropologues et spécialistes de l’intelligence artificielle (IA) poursuivent : « Avant d’autoriser nos voitures à prendre des décisions éthiques, il importe que nous ayons une conversation globale pour exprimer nos préférences aux entreprises qui concevront les algorithmes moraux et aux responsables politiques qui vont les réguler. »

    Les chercheurs avaient déjà ouvert cette grande discussion en 2016 dans la revue Science. Les personnes alors interrogées se prononçaient massivement en faveur d’algorithmes sauvant le maximum de vies. Leur position fléchissait toutefois si eux-mêmes ou un membre de leur famille se trouvait impliqué. L’échantillon qui avait été interrogé rassemblait un peu moins de 2 000 personnes.

    « Sauver les enfants »

    L’article de Nature rend compte d’une entreprise d’une tout autre ampleur. Plus de 2,5 millions de personnes venues de quelque 230 pays ou territoires ont cette fois livré leur choix. Pour recueillir une telle masse d’informations, Edmond Awad et Iyad Rahwan du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Azim Shariff de l’université de Vancouver (Colombie-Britannique, Canada) et Jean-François Bonnefon, de l’Ecole d’économie de Toulouse, ont conçu un site Internet.

    Ils n’y posent pas de simples questions – rapidement vertigineuses – mais placent le participant devant des scénarios. Par exemple, les freins d’une voiture autonome lâchent. A bord, une femme et un enfant. Sur la route, trois personnes âgées traversent au rouge. Faut-il continuer tout droit et écraser les passants ou braquer et tuer les passagers ? Et si un chien s’invite sur la banquette ? Ou si l’on remplace les vieillards par un sans-abri et une femme enceinte ? L’aspect ludique de l’expérience et des relais influents de la planète numérique (YouTube, Reddit) ont assuré le succès de l’opération.

    Les quelque 40 millions de décisions prises par les internautes entre juin 2016 et janvier 2018 livrent de nombreux enseignements. « Sans surprise, trois positions se détachent : épargner le plus grand nombre, privilégier les humains sur les animaux et sauver les enfants », indique Jean-François Bonnefon.

    Sans surprise, mais pas sans poser question. En 2017, une commission d’éthique allemande sur les véhicules automatiques a émis les seules recommandations disponibles sur le sujet. Elle exclut toute préférence basée sur les caractéristiques personnelles, notamment l’âge… « L’opinion n’a pas forcément raison, poursuit le psychologue toulousain. Mais si un gouvernement décide d’imposer un autre choix, il doit être prêt à le défendre, notamment le jour où un enfant sera écrasé. »

    Préférences différentes selon les pays

    Au-delà de ces trois critères communs, six autres facteurs ont été examinés dans l’étude. Le statut social et le respect de la loi comptent : pour être sauvé, mieux vaut être socialement inséré et respecter les feux que sans-abri et traverser n’importe où. De même, mais de manière moins sensible, la probabilité d’être percuté augmente si l’on est obèse et baisse si l’on est une femme. Autant de positions peu sensibles aux variations individuelles.

    Les personnes sondées avaient la possibilité d’indiquer leur profil, ce que 492 921 personnes ont fait. Il apparaît que l’âge, l’éducation, le sexe, les revenus, la religion ou encore les opinions politiques n’expliquent pas leurs choix moraux.

    En revanche, l’origine géographique pèse de façon importante. Les scientifiques ont en effet dressé les profils des 130 pays pour lesquels plus de 100 personnes avaient répondu. Trois groupes émergent. Le premier (Ouest) rassemble l’essentiel des pays occidentaux – mais pas la France – et tout le Commonwealth. Le second (Est) réunit l’Asie et une partie des nations de culture islamique. Enfin le troisième, au Sud, regroupe l’Amérique latine, quelques pays d’Europe centrale mais aussi la France, le Maroc, l’Algérie, la Polynésie… « Mes collègues américains ne voyaient pas le rapport. Moi, notre passé colonial m’a sauté aux yeux », raconte Jean-François Bonnefon.

    Entre ces trois grandes familles, certaines différences marquantes émergent. Ainsi, la préférence accordée aux jeunes est bien moins marquée à l’Est qu’au Sud. Idem pour le statut social : l’Orient y apparaît moins sensible que l’Occident et le Sud. En revanche, malheur à celui qui n’y respecte pas la loi.

    « Ces scénarios seront rares »

    « Une expérience de psychologie sociale à une telle échelle est vraiment rare », salue Grégory Bonnet, enseignant-chercheur à l’université de Caen et coordinateur du projet Ethicaa, sur l’éthique des systèmes autonomes.

    Néanmoins, l’exercice a ses limites. Ainsi, la représentativité des participants est biaisée. Ils sont majoritairement des hommes, près de 70 %, et dans la tranche d’âge 20-30 ans. Les chercheurs ont pu néanmoins « redresser » les résultats dans le cas des Etats-Unis, en tenant compte des données démographiques, sans modifier leurs conclusions.

    Autre réserve : ces scénarios ne refléteraient pas la réalité. Pour Grégory Bonnet, « il n’y a rarement que deux choix possibles sur une route et ces choix ne conduisent pas à des conséquences “blanches ou noires”, c’est-à-dire à la mort des personnes ».

    Jean-Gabriel Ganascia, chercheur en informatique à Sorbonne Université, renchérit : « Ces scénarios seront rares, car les voitures autonomes sont conçues pour éviter de se mettre en danger. Or là, cela signifierait qu’elles n’ont pas vu certaines choses à temps, ou que des infractions ont été commises… » Il sourit également à l’idée que si les voitures s’interdisaient d’écraser des jeunes, ces derniers pourraient s’amuser à perturber le trafic en passant devant les véhicules

    « Dix ou cent décisions par seconde »

    « La voiture autonome ne prend pas une décision mais dix ou cent par seconde, ajoute Guillaume Devauchelle, directeur de la recherche et du développement chez Valéo. Avant de se trouver devant ce dilemme impossible, sans voie de dégagement possible, elle aura ralenti. Plus profondément, cet article regarde la mobilité de demain avec les yeux d’aujourd’hui. Or, tout le paradigme va changer. Si vous n’êtes pas au volant, le temps n’est plus perdu, la vitesse n’a plus la même valeur. Ces scénarios deviennent absurdes. »

    Autant d’objections que l’équipe franco-américaine connaît. « Quand nous avons commencé, beaucoup nous disaient que de tels dilemmes n’arriveraient jamais, assure Jean-François Bonnefon. Aujourd’hui, beaucoup s’y intéressent et certains travaillent avec nous. »

    Et puis la voiture n’est pas le seul intérêt de l’affaire. « On est parti de là et on en arrive à tracer un arbre phylogénétique moral de l’humanité », s’étonne-t-il. Du reste, le psychologue entend bien profiter de cette base, désormais ouverte à tous, pour fouiller cette carte du monde. Comment se transmettent les influences ? Qu’est-ce qui peut rapprocher Israël et la Jamaïque ? Et d’où vient l’exception française ? « Ça sera dans le prochain article », promet-il.

    • Tiens, c’est marrant, ça s’excite sur le sujet en ce moment. Du côté de la formalisation des dilemmes aussi. J’ai eu à examiner un papier sur le sujet en vue de son acceptation à une conférence il y a peu. Pourtant le titre ne laissait en rien présager qu’il parlait de ça ("The Weak Completion Semantics and Equality", un truc très très technique lié à la programmation logique), mais il se trouve que ça permet de très bien décrire les types de problèmes dont parle l’article du monde. Le résuméde l’article est là, le texte intégral n’est pas encore disponible (je ne connais pas la politique de diffusion des actes de cette conférence [petite rectification : l’article sera disponible en accès ouvert après que la conférence ait eu lieu]) :

      https://easychair.org/smart-program/LPAR-22/2018-11-21.html#talk:84999

    • Déjà abordé ici, en particulier là :
      https://seenthis.net/messages/731438

      Avec ce commentaire de ma part :

      Ce que je cherche c’est un article qui explique que la question est mal posée, et qu’il faut refuser d’y répondre. C’est un piège qui vise à nous faire accepter l’inacceptable en déplaçant la vraie question.

      Si la voiture hésite entre tuer une vieille ou un enfant, c’est qu’elle est mal construite et qu’il faut refuser de la lâcher dans la nature.

      #Tesla #algorithme #voiture #éthique #AI #question #piège #propagande

    • TU fais bien de répéter ton commentaire.
      Difficile de croire qu’on en est encore là - qu’on ose poser la question et qu’on ose y répondre. Donner à une machine le luxe de choisir entre buter un jeune ou un vieux signifie clairement que la machine a été déjà bien trop loin dans ses fonctions - et ses concepteurs bien trop loin dans leur dystopie.

      Je soupçonne même ces questionnements existentiel ô combien artificiels d’être une tentative de néo-colonialisme averti montrant combien les pays « du sud » et « de l’est » (c’est quoi ces termes ??) sont en retrait sur les critère de moralité des pays occidentaux (ou de l’élite capitaliste).

      Flippant.

      Luddites, réveillez-vous !
      Consciences, révoltez-vous !

      PS : source du Monde, l’étude du MIT :
      http://moralmachine.mit.edu

    • . . . . . . .

      L’ascension de Macron a ajouté de nouveaux aspects aux relations franco-allemandes, qui créent de nouvelles complications. Après l’arrivée au pouvoir de Macron en mai 2017, il est devenu évident sur la scène politique allemande qu’après deux présidents dont les mandats n’ont pas été renouvelés, Nicolas Sarkozy et François Hollande, il était le dernier rempart de l’Allemagne contre une France anti-allemande, « anti-européenne » et peut-être même anti-euro. Si Macron échouait, et était remplacé par Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen, ou d’autres « populistes » de gauche ou de droite, l’euro échouerait. Et comme Merkel ne se lasse jamais de le répéter : « Si l’euro échoue, l’Europe échoue ».

      Paradoxalement, c’est sa vulnérabilité politique en France, en raison de son assise électorale réduite et de la fragilité de son mouvement-parti artificiel, qui donne à Macron un pouvoir de négociation sans précédent par rapport à l’Allemagne.26 Cela s’est reflété dans la prédominance des déclarations européennes de Macron en Allemagne pendant l’inter-règne post-électoral. Chaque fois que les pourparlers de coalition menaçaient de s’enliser, Merkel, les Verts et, plus tard, les dirigeants du SPD insistaient : l’Allemagne « doit une réponse » aux visions européennes « clairvoyantes » et « courageuses » de Macron et à sa « main tendue » (une phrase répétée encore et encore).

      On ne saurait trop insister sur l’importance de « l’Europe » et de l’Allemagne pour Macron, y compris pour sa politique intérieure. Pour exprimer son sentiment d’urgence, Macron a prévu un discours public sur l’Europe pour le 25 septembre 2017, le lendemain des élections allemandes, s’attendant évidemment à ce que Merkel soit sûre de remporter un autre mandat d’ici là. Que le contenu du discours devant les étudiants de la Sorbonne ait été discuté avec Merkel au préalable, on ne peut le savoir ; il a certainement été soigneusement conçu pour convenir au « pro-européanisme » allemand tout en cachant les conflits derrière une rhétorique pouvant être décryptée, si tant est qu’elle le soit, seulement par les initiés. Dans son discours, Macron s’est engagé plus ouvertement qu’auparavant en faveur de la version allemande du modèle de l’européanisme français, sur la base d’une croyance dans l’effet salutaire que la réforme économique d’inspiration allemande aurait sur la France. Dans cette vision, les concessions allemandes ne seraient pas obtenues par une alliance politique avec d’autres pays méditerranéens, formant une majorité structurelle dans une zone euro « démocratisée » (comme l’envisage la gauche française), mais par une foi allemande restaurée dans le réformisme français. Comme première mesure de confiance, Macron a suggéré que la France et l’Allemagne renouvellent le Traité de coopération franco-allemande, signé le 22 janvier 1963 par Konrad Adenauer et Charles de Gaulle, également connu sous le nom de Traité de l’Élysée ou (en particulier en Allemagne) de Traité d’amitié franco-allemande. Cela a été accueilli avec enthousiasme en Allemagne pour sa valeur cérémonielle et sentimentale. Pour combler le vide pendant l’interrègne de Merkel, le Bundestag a organisé une célébration du cinquante-cinquième (!) anniversaire du Traité en janvier 2018, avec un discours du président de l’Assemblée nationale prononcé, dans un allemand impeccable, devant une salle comble. Plus tard le même jour, une délégation de membres du Bundestag a assisté à une session parallèle à Paris, où Wolfgang Schäuble s’est exprimé en tant que président nouvellement élu du Bundestag. Cette fois, cependant, l’auditorium était presque vide, ce que les médias allemands ont caché du mieux qu’ils ont pu.

      La résolution commune des deux parlements adoptée à « l’anniversaire » du Traité comporte une liste presque infinie de projets communs « pratiques » (c’est-à-dire faciles à réaliser) – par exemple, faciliter toutes sortes d’échanges et de coopération transfrontalière locale, comme les garderies franco-allemandes dans les zones frontalières. Beaucoup de ces projets apparaissent également dans le discours de Macron à la Sorbonne, mais ils servent de rembourrage à une série d’initiatives de haute politique qui sont, à des degrés divers, délicates pour la partie allemande. Il s’agit notamment de la coopération militaire contre le terrorisme, qui doit s’accompagner d’une augmentation de l’aide au développement économique. Plus précisément, Macron propose une « capacité opérationnelle autonome » de l’UE, « en complément de l’OTAN », en développant et en étendant la coopération structurée permanente (pesco) entre les États membres de l’UE, inaugurée en 2016. Contrairement à l’OTAN, la nouvelle force de défense européenne pourrait être déployée n’importe où, pour n’importe quelle raison, et indépendamment des États-Unis. Pour l’Allemagne, cela implique probablement une présence plus forte des troupes terrestres allemandes dans les guerres postcoloniales de ce que l’on appelait autrefois la Françafrique.27

      L’aversion du public envers les expéditions militaires dans des endroits éloignés est profondément ancrée en Allemagne. Bien que les Verts et le FDP insisteront sur un contrôle parlementaire strict, et que l’AfD et le Linkspartei s’opposeront tout court [en français dans le texte, NdT], en fin de compte Macron obtiendra ce qu’il veut, ne serait-ce que parce que c’est quelque chose qu’il doit obtenir. Il en va peut-être de même pour sa demande de mettre fin à l’immigration clandestine à travers les frontières extérieures de l’UE. Après divers incidents terroristes au début de 2018, Macron a pris une série de mesures pour réduire considérablement le nombre d’immigrants qui entrent en France. Amener « l’Europe » à fermer la frontière européenne serait une extension de sa politique nationale et la rendrait plus efficace. Cette politique est toutefois incompatible avec l’immigration à la Merkel par l’asile sans plafonnement, même la version édulcorée qui en a été faite dans l’accord de coalition de 2018. Mais si la protestation des sociaux-démocrates, des Verts et de la gauche est certaine, la CSU – maintenant en charge du ministère de l’Intérieur – et la direction du SPD seront reconnaissants aux Français d’avoir empêché une répétition de la politique de Merkel en matière de réfugiés en 2015 et paieront volontiers les contrôles plus stricts aux frontières européennes 28.

      Les choses sont très différentes par rapport à l’autre grande initiative de Macron, probablement la plus chère à son cœur, qui appelle à l’achèvement rapide de « l’union bancaire » avec un budget séparé, un « ministre des finances » et un parlement pour la zone euro. Ce bouquet existe depuis un certain temps, sous différentes formes.29 Merkel, de manière caractéristique, l’avait bien accueilli publiquement tout en travaillant en interne pour le redéfinir en fonction des besoins et des intérêts de l’Allemagne. Ce qui l’a aidée, c’est que Macron s’était abstenu d’être trop précis sur des détails cruciaux, du moins en public. Selon la rumeur, cependant, l’union bancaire répartirait d’une manière ou d’une autre la responsabilité des créances non recouvrables, en particulier celles accumulées par les banques italiennes, dans toute l’Europe.30 Il a également été rapporté que le budget de la zone euro, financé par les impôts et, peut-être, la dette, représenterait jusqu’à 3 % du PIB de la zone euro.31 De plus, ce budget serait dépensé par le ministre européen des finances pour des « investissements » et une « solidarité européenne » d’une nature encore non précisée, telle que déterminée par une majorité parlementaire de la zone euro.32 Il est facile de voir que, d’un point de vue allemand, cela pourrait ouvrir la voie au contournement des limites de la dette nationale et permettre aux institutions de la zone euro d’assumer des dettes garanties, en fin de compte, par des États membres économiquement forts. Merkel, essayant de ne pas rendre la vie politique intérieure de Macron encore plus difficile, semble avoir été prête à concéder le ministère des finances et le budget, mais seulement à la condition que le premier soit chargé de faire respecter le Pacte fiscal européen, en particulier ses limites de dette nationale. Le budget, quant à lui, resterait modeste et ne pourrait être consacré qu’à des fins spécifiques, des détails à régler ultérieurement.33 De bien des façons, cela aurait transformé la proposition française en son contraire.

      Comme nous l’avons indiqué, un thème récurrent pendant l’interrègne de Merkel était que l’Allemagne avait besoin d’un nouveau gouvernement dès que possible, afin de pouvoir répondre aux propositions de réforme européenne de Macron. Ce n’est toutefois qu’au printemps 2018 que les projets français ont commencé à être sérieusement explorés en Allemagne, et a fortiori discutés avec la France.34 On peut constater à quel point la question était difficile pour la politique post-électorale allemande en comparant les différents documents issus des discussions sur une nouvelle coalition. Le projet de la coalition « Jamaïque » du 15 novembre 2017 promettait « une contribution allemande adéquate au budget de l’UE » tout en excluant explicitement « les instruments de transferts automatiques ou de mutualisation de la dette ». C’était tout, quelques lignes sur une soixantaine de pages très denses. Deux mois plus tard, la CDU, la CSU et le SPD ont tenté de trouver un équilibre entre les concessions à l’UE et à la France. Ils ont promis à l’UE, entre autres choses, plus de pouvoirs pour le Parlement européen et des contributions allemandes plus élevées au budget général de l’UE. Au bénéfice de la France, ils se sont engagés « à renforcer et réformer la zone euro pour que l’euro résiste mieux aux crises mondiales ». A cette fin, ils ont envisagé de transformer « le mécanisme européen de stabilité en un Fonds monétaire européen, sous contrôle parlementaire et ancré dans le droit communautaire ». (Des institutions séparées, formelles ou informelles, pour la zone euro sont frappés d’anathème par la Commission.) Ils ont également engagé l’Allemagne à « aller de l’avant » avec la France seule « dans des domaines où l’UE à 27 États membres n’est pas capable d’agir ».

      Cependant, un mois plus tard seulement, le vent avait commencé à tourner.35 L’accord de coalition, finalisé le 7 février et signé le 12 mars, n’a consacré que 4 pages, mais que les 4 premières sur 179 (!), à « Un nouveau départ pour l’Europe », suivant le protocole mais avec des modifications importantes. Plus prudent que son prédécesseur, il prévoyait « des dispositions budgétaires spécifiques pour la stabilisation économique et la convergence sociale, également pour soutenir les réformes structurelles dans la zone euro, comme point de départ possible d’un futur budget d’investissement de la zone euro ». De plus, contrairement au protocole, l’accord soulignait l’importance du Pacte de stabilité et de croissance et exigeait que « prise de risque et responsabilité » ne soient pas séparées. En ce qui concerne un futur Fonds monétaire européen, il a conservé le libellé du protocole mais a ajouté comme condition que « les droits des parlements nationaux restent intacts ».

      Plus inquiétant encore il y eut le long retard du lancement officiel de Merkel IV. Les europhiles, et, sans doute, l’Élysée avaient réagi avec enthousiasme au fait que le SPD s’était assuré le ministère des affaires étrangères et le ministère des finances. Mais il n’a fallu qu’une journée au pouvoir pour le nouveau poids lourd du SPD, Olaf Scholz, pour déclarer dans une interview dans un journal en référence à « l’Europe » que « un ministre des finances allemand est un ministre des finances allemand ».36 Scholz n’a également manqué aucune occasion de s’engager publiquement à respecter l’héritage de son prédécesseur d’un « schwarze Null » (un « déficit zéro »), c’est-à-dire un budget équilibré, pour toute la durée de la législature. Pour s’assurer qu’il était bien compris, il a reconduit l’architecte de la politique d’équilibre budgétaire de Schäuble, un certain Werner Gatzer, parmi ses quatre secrétaires d’État37.

      Quelle profondeur a le gouffre qui se trouve devant pour les relations franco-allemandes est également indiquée par les sections du protocole CDU/CSU/SPD sur la politique budgétaire et l’accord de coalition, qui reflètent l’influence croissante de Scholz après le départ de Schulz, indiquent également la hauteur des obstacles qui se profilent pour les relations franco-allemandes. Ici, un excédent budgétaire de 46 milliards d’euros est prévu pour les quatre années du mandat (2018-21), dont la totalité est affectée à divers projets de politique intérieure.38 Aucune disposition n’est prévue pour des contributions plus élevées au budget de l’UE pour l’après Brexit39, et encore moins pour un Fonds monétaire européen ou un budget séparé pour la zone euro. Si, comme on le soupçonne, le budget de la zone euro doit être une facilité de contournement des limites de la dette nationale, par le biais de quelque chose comme les euro-obligations, le ministère des finances s’y opposera, ne serait-ce que parce que cela pourrait être considéré comme une violation de la constitution allemande. Comme le financement des taxes harmonisées à l’échelle européenne est loin d’être atteint, tout ce que l’Allemagne peut concéder, c’est une petite contribution fiscale, surtout symbolique, avec, peut-être, la promesse d’autres contributions à venir. On peut douter que ce sera suffisant pour Macron. De plus, la résistance allemande serait à la fois soutenue et exigée par une « Alliance du Nord » organisée par les Pays-Bas et comprenant l’Irlande, les trois pays scandinaves, les trois pays baltes et, en fait, l’Autriche, un groupe qui s’est réuni début mars pour exprimer sa préoccupation face à un rapprochement possible entre l’Allemagne et la France.40 D’autre part, si les modifications du traité n’aboutissent pas, la France pourrait inciter l’Allemagne à se rallier à ses réformes, en signe d’amitié franco-allemande et inviter d’autres pays à s’y joindre par la suite.

      Dans l’état actuel des choses, toute dépense supplémentaire pour l’Europe demandée à l’Allemagne doit se retrouver dans le budget général et réduire ainsi les dépenses intérieures. Les transferts dissimulés aux États membres de l’UE par l’intermédiaire de la BCE, de la Banque européenne de développement ou d’un Fonds monétaire européen risquent d’être rendus publics par les deux partis d’opposition moins « qu’europhoriques », le FDP et l’AfD. Il en va de même pour le financement public de la BCE en contournement de Maastricht, pour lequel le gouvernement allemand peut être traduit devant la Cour constitutionnelle plus souvent qu’il ne l’a été dans le passé. Évidemment, toutes sortes d’autres manœuvres fiscales peuvent être imaginées pour faire des dotations à « l’Europe », surtout au nom de l’amitié franco-allemande. Mais avec la nouvelle composition du Bundestag et le SPD qui cherchent désespérément à renouer le contact avec les électeurs de la classe ouvrière et de la classe moyenne inférieure, la marge de manœuvre de Merkel semble extrêmement étroite.

      Refonder l’Europe ?

      . . . . . . .

  • Hélène Lee : « Leonard Howell, le premier Rasta, désirait juste donner une terre aux gens pour pouvoir vivre libre »
    https://www.franceculture.fr/emissions/le-reveil-culturel/helene-lee-leonard-howell-le-premier-rasta-desirait-juste-donner-une-t


    Hélène Lee, spécialiste de la #Jamaïque, a enquêté sur le #Pinnacle, un vaste domaine qui accueillit en 1940 des milliers de descendants d’#esclaves africains, à l’origine du mouvement #Rasta. Elle retrace l’histoire de ce lieu et de son fondateur : #Leonard_Percival_Howell.

    http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11971-25.06.2018-ITEMA_21722747-0.mp3

  • L’œuvre négative du colonialisme français aux Antilles : la production et la reproduction d’une pigmentocratie Saïd Bouamama - 15 Juin 2018 - wordpress.com
    https://bouamamas.wordpress.com/2018/06/15/loeuvre-negative-du-colonialisme-francais-aux-antilles-la-produ

    La Guadeloupe et la Martinique sont célébrées dans le discours dominant comme le symbole du métissage réussi. L’angle mort de ce discours est celui de la reproduction de ce que Raphaël Confiant nomme la « pigmentocratie[i] » qui structure le système social des Antilles dites « françaises » de l’époque esclavagiste et coloniale jusqu’à aujourd’hui. Ce système social reste en effet caractérisé, rappelle le chercheur canadien Adrien Guyot, par « une hiérarchisation sociale basée sur les notions de race et de couleur, amenant par là même la création de néologismes comme « éthnoclasse » pour faire référence aux classes sociales dont le principal critère d’appartenance est l’ethnie[ii] ». Sur le plan économique la structure des Antilles dites « françaises » reste coloniale. La prise en compte des contextes historique, économique et géostratégique est incontournable pour saisir cette réalité coloniale qui se reproduit.
     


      Le génocide des autochtones et intensification de la traite
    C’est avec l’arrivée de Christophe Colomb que commence la violence puis le génocide des peuples autochtones des Antilles. La colonisation d’Haïti par les espagnols en 1496, de Puerto-Rico en 1508, de la Jamaïque en 1509 et de Cuba en 1511 impose la domination espagnole sur l’ensemble des Grandes Antilles. Le résultat de cette domination ne tarde pas : l’extermination des peuples autochtones. « Rien que pour l’île d’Hispaniola où débarque Colomb lors de son premier voyage, on dénombre 300000 personnes en 1492, 50000 en 1510, 16000 en 1530, 1000 en 1540[iii] » rappelle l’historien Frédéric Dorel. Pour les petites Antilles la résistance des peuples autochtones (Les Kalinas ou Kallinagos que les colonisateurs espagnols appellent « indiens Caraïbe ») est telle que les espagnols ne parviennent pas à s’implanter[iv]. La colonisation française qui débute en 1635 poursuit le génocide des peuples autochtones enclenché par les espagnols : « Les nouveaux conquérants entreprennent l’élimination systématique des Indiens et la colonisation des petites Antilles par le moyen de la traite africaine[v] » résume Chantal Maignan–Claverie, spécialiste des Antilles françaises.

    La résistance des peuples autochtones conduit en réponse au projet d’éliminer les « Caraïbe » comme groupe social sur leur propre terre. Trois leviers sont actionnés pour atteindre ce but : L’appel à la traite pour répondre au besoin en main-d’œuvre du capitalisme de plantation ; l’expulsion des autochtones de leurs îles (Ainsi en 1650 les « Caraïbes », sont expulsés de Martinique) ; la pratique systématique du viol des femmes autochtones. « Le viol des femmes indiennes par les colons s’inscrivait dans une politique « d’épuration ethnique » visant à faire disparaître les Caraïbes en tant que groupe[vi] » souligne l’historien Nicolas Rey. L’extermination des autochtones a, bien sûr, comme conséquence immédiate une intensification de la traite.

    La résistance des esclaves fut comme ailleurs au rendez-vous. Elles prennent en premier lieu la forme de révoltes. Argumentant son projet d’abolition de l’esclavage, Victor Schoelcher met en avant ces révoltes récurrentes. Répondant à ses opposants qui affirment que les noirs préfèrent la servitude, il déclare : « Pourquoi donc alors tant de révoltes d’esclaves de tous côtés ? […] Si les Nègres se félicitent tant de leur sort, pourquoi donc alors les colons tremblent-ils sans-cesse[vii] ? ».

    La seconde forme de la résistance fut comme dans toute la région le marronnage c’est-à-dire la fuite des esclaves pour constituer une société parallèle libre dans les montagnes des colonies. Si la taille des îles ne permet cependant pas à cette forme de révolte de prendre l’ampleur qu’elle a prise dans d’autres pays du continent américain, elle contribue avec les insurrections à mettre à l’ordre du jour la question de l’abolition. Abolir l’esclavage apparaît aux yeux de républicains de plus en plus nombreux comme la seule manière de sauvegarder les colonies et le capitalisme de plantation qui les caractérisent.

    Le capitalisme de plantation  
    Le capitalisme de plantation que permet la traite débute par la culture du tabac pour très vite se réorienter vers la canne à sucre et la banane. Au même moment où en Europe le travail servile est abandonné au profit du salariat, l’esclavage devient aux Antilles la forme prédominante du travail. Le capitalisme de plantation peut dès lors se résumer comme suit :
    « Elle suppose, d’une part, l’organisation du travail de centaines d’esclaves encasernés ou casés, travaillant en brigades surveillées par des équipes de gardes-chiourme, pour la production extensive d’une plante unique (la canne à sucre) dont la transformation industrielle (toujours effectuée sur place, sur la plantation même) donnent lieu à des produits (essentiellement le sucre, la mélasse et le rhum) valorisables avec profit sur un marché. Elle implique par conséquent, d’autre part, l’investissement d’importants capitaux […], La plantation suppose enfin l’existence d’un vaste marché aux prix rémunérateurs dans les métropoles européennes[viii]. »
    La concentration des terres dans les mains de latifundistes est ainsi dès le début du capitalisme de plantation une caractéristique essentielle des économies antillaises. La concrétisation matérielle en est l’habitation-sucrerie, « centre moteur de l’économie coloniale[ix] ». En Martinique, rappelle l’historien Antillais Jean-Pierre Sainton, « une trentaine de propriétaires se partageait plus de 43 % des terres » dès 1671 en ajoutant qu’ « avec un temps de retard, l’évolution sera similaire en Guadeloupe[x] ». Quelques dizaines de familles blanches possèdent la plus grande partie de la terre et contrôlent ainsi l’ensemble de l’économie.
    L’abolition de l’esclavage ne mettra pas fin à la concentration foncière mais au contraire l’accentuera. L’indemnisation des propriétaires d’esclaves au moment de l’abolition contribuera à cette reproduction et accentuation de la concentration foncière. La loi du 30 avril 1849 prévoit en effet que les maîtres recevront une indemnité de dédommagement de 470 francs 20 centimes par esclave en Guadeloupe et de 430 francs 47 centimes pour la Martinique. Pour les anciens esclaves aucune indemnisation n’est prévue. « La restructuration post-esclavagiste, grandement impulsé par le capital bancaire, accentuera le degré d’accaparement des principaux moyens de production par la minorité oligarchique[xi] » résume le chercheur en sciences politiques Alain Philippes Blérald. Si la concentration foncière est commune, les processus vont cependant être différents pour les deux colonies. En Martinique les grandes familles békés de l’industrie sucrière restent les propriétaires des grands domaines, alors qu’en Guadeloupe le capital financier prend le relais. Les multinationales Somdia, Grands Moulins, Shneider, etc., investissent massivement dans le capitalisme de plantation. Cette différence a bien entendu des effets sur la structure foncière contemporaine.

    Le projet d’une généralisation de l’auto-exploitation en Guadeloupe
    En Guadeloupe la crise de l’économie sucrière sous le double effet du développement du sucre de betterave et de la concurrence de nouveaux pays producteurs conduira au retrait de ces grands groupes à la recherche d’investissement plus rentables. La production passe ainsi de 175 000 tonnes en 1965 à 107 000 tonnes en 1975 et à 56 000 tonnes en 1981[xii].

    L’Etat français accompagne ce retrait en achetant près de 11 000 hectares confiés à une société d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER). Sur ces terres vivent 3300 agriculteurs soit 1000 ouvriers agricoles et 2300 exploitants ayant un « bail de colonat partiaire », un statut hérité de la période de l’abolition définit comme suit par le géographe Guy Lasserre : « le propriétaire maintint la jouissance gratuite de la case et du jardin vivrier aux esclaves libérés qui acceptaient de rester sur le domaine. Une parcelle de 1 ou 2 ha était attribuée en métayage au colon, à charge pour lui de livrer ses cannes au propriétaire de l’habitation. Le colon partiaire recevait pour son travail, le tiers ou la moitié de la valeur de la production[xiii]. »

    La naissance de la SAFER en 1965 se réalise alors que la production cannière a commencé sa chute et que des mobilisations des salariés agricoles pour de meilleurs salaires d’une part et pour l’accès à la terre, d’autre part, se développent. A partir de 1977 ces mobilisations se radicalisent et prennent la forme d’une occupation et d’une mise en exploitation des terres vacantes non exploitées. C’est ce contexte qui explique le projet de « réforme foncière » dès la décennie 60 mais avec une accélération à partir de la décennie 80. Le projet est résumé comme suit par le sociologue Christian Deverre : « [Un] transfert de la production directe à des exploitants individuels, mais contrôle du débouché final par les anciens groupes de planteurs, [Une] substitution du prix du marché au salaire comme forme de soumission du travail agricole […] Ce type de « réforme agraire » [est] basée sur l’hypothèse de l’acceptation par le paysan de son auto-exploitation – et de celle de sa famille[xiv] ».

    Il s’agit on le voit d’une tentative de généralisation du colonat partiaire dont l’effet est de faire passer l’exploitation d’une forme directe à une forme indirecte. Le discours idéologique d’accompagnement est, bien entendu, celui de la « justice sociale ». Dans les faits, précise Christian Lasserre, nous sommes en présence : « [D’un] contournement de l’obstacle que représente la hausse continue des coûts salariaux sur les domaines capitalistes. Toute l’organisation des redistributions foncières tend à maintenir la production de canne sur les nouvelles exploitations, tandis que les usines restent entre les mains et sous la gestion des grands groupes sucriers[xv]. »

    La Cofepp par exemple (Compagnie financière européenne de prise de participation) est prédominante dans le contrôle de la production de cannes à sucre. Actionnaire principale à 51 % de la SMRG (Sucrerie Rhumerie de Marie Galante), la Cofepp est contrôlée par la famille Cayard, des Békés de Martinique. Elle a fait un bénéfice de 23 millions d’euros en 2015 et contrôle 80 % du rhum guadeloupéen mais aussi 70 % du Rhum martiniquais et réunionnais[xvi].

    La culture de la banane qui bénéficie de la baisse de celle de la canne à sucre et qui devance désormais celle-ci est également dominée par de grands groupes industriels et financiers sous la forme du colonat. Les gros planteurs békés dominent l’ensemble du système sur fond de « collusion entre l’Etat et planteurs békés […] dénoncée à de nombreuses reprises[xvii] ». Ces gros planteurs disposent, en outre, de moyens de réagir dont sont dépourvus les petits et moyens producteurs. Ceux-ci disposent « d’un monopole de fait » que l’économiste Athanasia Bonneton résume comme suit : « lorsque les cours de la banane baissent dans le marché métropolitain, les gros planteurs réduisent la coupe. Par contre, les petits et moyens planteurs ne peuvent pratiquement pas refuser de fournir leurs régimes[xviii]. »
     
    Le « grand féodalisme » béké en Martinique
     
    La concentration foncière et le pouvoir des grandes familles békés est encore plus forte en Martinique. Le capital local a gardé en Martinique une prédominance perdue en Guadeloupe. Nous empruntons l’expression « grand féodalisme » béké à André Breton qui l’utilise en 1942 pour caractériser Eugène Aubéry, une des figures caricaturale des grandes familles béké[xix]. L’origine de cette différence avec la Guadeloupe est le résultat de la séquence historique de la révolution française :

    « Le destin de la Guadeloupe s’est séparé de celui de la Martinique lors de la période révolutionnaire, au cours de laquelle s’est déroulée une séquence d’événements dont la portée symbolique demeure encore aujourd’hui particulièrement prégnante. Les planteurs de la Martinique se réfugièrent en effet dans le giron de la Grande-Bretagne, échappant ainsi à la première libération des esclaves promulguée en 1794 à la Guadeloupe par le représentant de la Convention Victor Hugues, suite à sa reconquête de l’île sur les Anglais. L’esclavage fut rétabli sur l’île par Bonaparte en 1802, au prix d’une répression sanglante contre la résistance menée, sous la conduite de certains de leurs officiers, par les anciens esclaves devenus soldats de la République. Mais la plantocratie locale, décimée durant les troubles, se trouvait trop amoindrie pour absorber les événements postérieurs du XIXe siècle, à savoir l’abolition définitive de l’esclavage en 1848 et la concentration foncière autour des usines centrales de la seconde moitié du siècle. La Martinique, quant à elle, avait conservé intactes les vieilles structures antérieures à la Révolution, les planteurs ayant pu maintenir leur contrôle sur les terres et garantir la prééminence du capital local, ce qui a assuré le prolongement direct du système mis en place aux origines[xx]. »
     
    Plus de 75 ans après la citation d’André Breton la situation reste fondamentalement la même. Le leader indépendantiste Guy Cabort-Masson résume comme suit en 2002 la place des Békés dans l’économie martiniquaise : « Une caste faisant 0,8 % de la population contrôlant 60 % des terres utiles, plus de 15 % de l’économie du pays alors que le peuple de couleur n’a qu’environ 10 % de cette économie atomisée en « entreprises » ayant en moyenne entre 1 et 2 employés ![xxi] » Sept ans plus tard, un reportage de l’émission Spéciale Investigation intitulé « les derniers maîtres de la Martinique » avance les chiffres suivants : « ces personnes qui représentent 1 % de la population martiniquaise, détiennent 52 % des terres agricoles et 20 % de la richesse de l’île[xxii]. »

    La répartition des terres et des richesses selon un critère de couleur conduit à une structure sociale basée sur « hiérarchie socio-raciale[xxiii] ». Esquissant une description de cette hiérarchie, le sociologue Miche Giraud décrit comme suit la classe dominante en 1980 : « constituées de propriétaires latifundistes, des dirigeants et des principaux actionnaires des usines, des grands commerçants, dont l’immense majorité sont des Blancs créoles regroupés en quelques familles étendues le plus souvent alliées entre eux. Ces derniers possèdent plus des 2/3 des terres cultivables, la quasi-totalité des usines à sucre, les 9/10 des plantations de bananes, la totalité des conserveries d’ananas et ont également le quasi-monopole du commerce d’import-export[xxiv]. » Si les chiffres avancés ont légèrement variés depuis 1980, la structure de base reste fondamentalement la même.

    Une telle structure sociale où la couleur est le symptôme visible de la place sociale n’est possible que par l’intériorisation profonde d’un sentiment d’infériorité. « Aux Antilles la perception se situe toujours sur le plan de l’imaginaire. C’est en termes de Blanc que l’on y perçoit son semblable. […] C’est donc en référence à l’essence du Blanc que l’Antillais est appelé à être perçu par son congénère[xxv] » analysait déjà Frantz Fanon en 1953. « Les structures idéologiques héritées de l’esclavage restent gravées dans les mémoires, malgré l’évolution liée au cours de l’histoire[xxvi] » confirme l’ethnologue Ulrike Zandle 61 ans après. Ces structures continuent à irriguer la quotidienneté martiniquaise en imposant le « blanc » comme critère du souhaitable et du légitime. Un tel processus existe bien sûr également en Guadeloupe et ailleurs mais sa prégnance en Martinique est notable. Cette prégnance est un résultat historique conduisant à une correspondance plus forte qu’ailleurs entre hiérarchie sociale et hiérarchie de couleur. 
     
    Le pacte colonial maintenu
    Les inégalités colorées liées à la concentration foncière sont encore renforcées par le maintien d’un lien avec la « métropole » qui garde toutes les caractéristiques du « pacte colonial ». L’expression est définit comme suit par un document officiel de 1861 : « Sous l’empire de ce qu’on appelait le pacte colonial, la France se réservait le droit exclusif d’approvisionner ses colonies de tous les objets dont elles avaient besoin ; il était défendu aux colonies de vendre leurs produits à d’autres pays que la métropole, et de les élever à l’état de produit manufacturés ; le transport entre la métropole et les colonies était réservé aux bâtiments français[xxvii]. » Officiellement ce « pacte colonial » n’existe plus, les acteurs économiques étant libres de commercer avec qui ils veulent. Dans les faits au contraire le pacte reste, selon nous, une réalité indéniable.

    Le premier principe figurant dans cette définition, le monopole de l’approvisionnement, reste une réalité des colonies dites « françaises » des Antilles. Un regard sur les importations suffit à prendre la mesure du lien de dépendance. En 2016 la France hexagonale fournit 68.9 % du montant des importations pour la Martinique et 60, 6 % pour la Guadeloupe[xxviii]. Le deuxième partenaire étant les autres pays de l’Union Européenne (avec 13 % pour la Guadeloupe et 14.8 % pour la Martinique), nous sommes en présence d’une socialisation européenne du pacte colonial. Les importations avec les autres pays des Caraïbes plane péniblement à 5 ou 6% selon les années.

    Le deuxième principe du pacte colonial, le monopole de la métropole sur les exportations, reste lui aussi activée aujourd’hui. Les destinations des exportations révèlent la même dépendance que celle des importations. Pour la Guadeloupe les données sont les suivantes : 40 % vers la France ; 17, 7 % vers la Martinique et 12 % vers le reste de l’Union européenne. Pour la Martinique les données sont les suivantes : 73.6 % vers la France et 19 % vers deux autres colonies françaises (la Guadeloupe et la Guyane).

    Le troisième principe du pacte colonial, la spécialisation des colonies dans des cultures de rentes et de la métropole dans les produits manufacturés, est tout aussi vivace. La structure des exportations est sensiblement le même pour les deux pays, révélant la nature coloniale du lien avec la France : Ils importent des biens de consommation non durable (produits alimentaires, pharmaceutiques, etc.), des biens d’investissement (produits de l’industrie automobile, machines et équipements, etc.) et des biens intermédiaires (caoutchouc, plastiques, etc.). Ils exportent des produits agro-alimentaires (Bananes, cannes, etc.). Daniel Guérin résume comme suit en 1956 cette dépendance économique : « En bref les Antilles servent de marchés à peu près exclusifs pour les denrées alimentaires et les produits fabriqués métropolitains qu’elles échangent contre leur sucre et […] contre leur banane[xxix] ». A part des variations dans la part du sucre ou de la banane dans les exportations, rien n’a véritablement changé.

    L’enjeu économique des Antilles dites « françaises » ne se limite pas au capitalisme de plantation. Comme pour les colonies du pacifique la Zone Economique Exclusive (47 000 km² pour la Martinique et 86 000 km² pour la Guadeloupe) contient des nodules polymétalliques exploitables. A ces enjeux strictement économique, il faut ajouter ceux relevant de la géostratégie que le géographe François Taglioni résume comme suit :

    La Caraïbe présente, en outre, par l’intermédiaire des DOM français, un solide réseau de points d’appui. Fort-de-France, abrite une station-relais pour les transmissions en provenance des satellites. La Guadeloupe est une escale aérienne garante de l’indépendance militaire française. […] Enfin les forces navales françaises, anglaises et néerlandaises affirment leur présence militaire dans la zone. Les nodules polymétalliques exploitables, à des coûts certes encore très élevés, sur les fonds marins représentent peut-être pour l’avenir une richesse non négligeable.[xxx].

    Une telle logique économique avec 7000 km de séparation a, bien entendu, un coût que payent les peuples guadeloupéen et martiniquais. La dernière étude de l’INSEE datée de 2015 sur la comparaison des prix entre l’hexagone et les colonies des Antilles met en évidence des écarts de prix « significatifs » : le niveau général des prix est 12,3 % plus élevé en Martinique qu’en métropole (12.5 % pour la Guadeloupe). Cet écart est essentiellement issu d’un poste peu compressible, les produits alimentaires, qui indiquent un différentiel beaucoup plus important : 38 % pour la Martinique et 33 % pour la Guadeloupe[xxxi].

    Mais le coût payé ne concerne pas que le niveau de vie. Les guadeloupéens et martiniquais payent également ce rapport colonial sur le plan de la santé. L’utilisation de pesticides à outrance, y compris ceux dont la dangerosité est avérée, est une caractéristique de ce modèle. Avec la complicité de l’Etat français des pesticides interdits en France ont continués à être utilisés massivement en Guadeloupe et Martinique. Le scandale du chlordécone, un pesticide cancérogène et mutagène, en est une illustration dramatique. Il a été utilisé massivement aux Antilles dites « française » de 1972 à 1993 alors qu’il était interdit dans l’hexagone à partir de 1989. L’Etat français a, en effet, accordé, sur pression des gros planteurs, un moratoire de trois ans. Les effets sur la santé étaient pourtant déjà connus : cancer de la prostate, puberté précoce, prématurité lors des grossesses, troubles de la motricité et de la mémoire visuelle, etc. La journaliste du Monde Faustine Vincent résume comme suit les conséquences de cette dérogation meurtrière :
    La quasi-totalité des Guadeloupéens et des Martiniquais sont contaminés par ce pesticide ultra-toxique, utilisé massivement de 1972 à 1993 dans les bananeraies. Une situation unique au monde. […] Les Antilles sont contaminées pour des siècles, car la molécule est très persistante dans l’environnement − jusqu’à sept cents ans. A partir du début des années 2000, on a découvert que le chlordécone, qui passe dans la chaîne alimentaire, avait non seulement contaminé les sols, mais aussi les rivières, une partie du littoral marin, le bétail, les volailles, les poissons, les crustacés, les légumes-racines… et la population elle-même. La quasi-totalité des 800 000 habitants de la Guadeloupe (95 %) et de la Martinique (92 %) sont aujourd’hui contaminés[xxxii].

    Interdire dans l’hexagone et autoriser aux Antilles, voilà un bel exemple d’un traitement d’exception, qui est une des caractéristiques essentielles du colonialisme. Le mépris pour la santé des indigènes révélé ici par les pesticides est du même type que le mépris révélé en Polynésie avec les essais nucléaires.
     
    Les dessous d’une déportation de la jeunesse
    Le modèle colonial de développement crée logiquement une « disproportion entre la population et les ressources que le système économique actuel met à sa disposition » remarque en 1956 Daniel Guérin[xxxiii]. Toute une littérature se développe alors pour expliquer cette « poussée démographique » et proposer des solutions. Les explications sont généralement essentialistes et les solutions orientées vers le malthusianisme. Les causes sont ainsi recherchées dans la culture antillaise et la piste privilégiée en solution est celle du contrôle des naissances. Or nous le savons depuis longtemps un des facteurs déterminants de la fécondité se situe dans les conditions matérielles d’existence.

    L’inquiétude sur la fécondité antillaise est à inscrire dans le contexte des décennies 50 et 60 qui inaugure des transformations profondes aux Antilles dites « française ». La première d’entre elle est l’ébranlement du complexe d’infériorité que les écrits d’Aimé Césaire résument. Frantz Fanon décrit comme suit en 1955 ce processus de réaffirmation de soi : « Pour la première fois, on verra un professeur de lycée donc apparemment un homme digne, simplement dire à la société antillaise « qu’il est beau et bon d’être nègre […] Ainsi donc l’Antillais, après 1945, a changé ses valeurs. Alors qu’avant 1939 il avait les yeux fixés sur l’Europe blanche […] il se découvre en 1945, non seulement un noir mais un nègre et c’est vers la lointaine Afrique qu’il lancera désormais ses pseudopodes[xxxiv]. »

    L’Afrique est pendant la décennie 50 en pleine effervescence anticoloniale avec une guerre d’Algérie qui devient rapidement une centralité dans le positionnement politique des militants africains. Se penchant sur l’identité antillaise en 1979, le sociologue Jean-Pierre Jardel résume comme suit les bouleversements de ces deux décennies :
     Depuis deux décennies environ, des changements rapides se produisent aux différents paliers de la réalité socio-culturelle des Antilles françaises. Les discours prononcés par des hommes politiques, les idées diffusées par les écrivains de la négritude, l’autonomie ou l’indépendance acquise par plusieurs îles de l’archipel Caraïbe, ont fait comprendre à une large fraction de la population qu’il existait une entité antillaise ayant ses propres valeurs, face aux valeurs de la métropole européenne. On se trouve donc en présence d’une phase de réajustement des normes et par conséquent d’une situation conflictuelle généralisée.[xxxv]

    Les émeutes de Fort de France du 20 décembre 1959 et celles du Lamentin en mars 1961 sonnent comme un avertissement aux yeux des autorités françaises. De cette époque date l’encouragement à une émigration de la jeunesse des Antilles dites « françaises » vers la métropole qui sera systématisé trois ans plus tard par la création du BUMIDOM en 1963 (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer). De 1963 à 1982, ce bureau utilise toute une panoplie de moyens divers et de promesses (de formation, de logement, d’emplois, de salaires élevés, etc.) pour pousser à l’exil toute une jeunesse afin de désamorcer une crise sociale et politique latente. Le journaliste et écrivain guadeloupéen Hugues Pagesy donne la lecture suivante de l’action du BUMIDOM en quatrième de couverture de l’ouvrage qu’il lui consacre :

    « La traite négrière n’aurait-elle servi à rien pour que, 115 ans après l’abolition de l’esclavage, un organisme d’État répondant au nom de BUMIDOM […] mette en place un système pour vider la Réunion, la Guadeloupe et la Martinique, de toute une partie de leur jeunesse ? Sous prétexte de lutter contre le manque d’activité qui frappe ces régions, le BUMIDOM va en fait organiser une déportation de ces jeunes vers la France, que d’aucuns dénonceront comme étant un vrai génocide par substitution. […] L’empire qui perd petit à petit une bonne partie de ses territoires veut museler ceux d’Outre-mer. Les prétextes évoqués sont leur démographie galopante et un chômage endémique[xxxvi].

    Au total se sont près de 260 000 personnes qui ont migrés vers l’hexagone sous l’effet direct ou indirect du Bumidom dont 42 622 martiniquais et 42 689 guadeloupéens[xxxvii] : une véritable saignée dans la jeunesse antillaise compte tenu de la taille de la population et de l’âge des personnes concernées. Aimé Césaire qualifie à l’assemblée nationale cette politique de « génocide par substitution » et la délégation guadeloupéenne à la Tricontinentale de la Havane en janvier 1966 (Conférence de solidarité des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine) dénonce « la politique coloniale du gouvernement français à la Guadeloupe, notamment l’expatriation de la jeunesse[xxxviii] ».
     
    « Dissiper les malentendus » sur la question nationale
     « L’heure est venue de clarifier les problèmes et de dissiper le malentendus », c’est par ces mots que Frantz Fanon conclue l’article consacré aux émeutes de Fort de France du 20 décembre 1959 cité plus haut. Pour lui cette révolte indique une mutation dans le processus d’émergence d’une conscience nationale antillaise. Celui-ci est complexe du fait des spécificités de la colonisation aux Antilles : ancienneté pluriséculaire de la colonisation, génocide des peuples autochtones, hétérogénéité de peuplement liée à l’esclavage et aux immigrations suscitées par le colonisateur, ampleur du processus d’assimilation liée à la violence esclavagiste initiale puis par la durée pluriséculaire de la domination, histoire politique spécifique de chacune des îles, etc.

    L’ensemble de ces facteurs explique l’épisode de 1946 où « des larges masses antillaises » rappelle Aimé Césaire ont approuvées la départementalisation c’est-à-dire ont votées pour rester française. Césaire lui-même a soutenu cette option en raison du danger que constitue la proximité avec les Etats-Unis : « Une autre objection plus sévère encore est l’existence à côté des Antilles d’un voisin dont la puissance et l’appétit ne sont que trop connus[xxxix]. » Coincés entre deux dominations, les Antillais ont dans le contexte de l‘époque considérés qu’obtenir une égalité plus grande dans le cadre français étaient la seule voie possible complète Aimé Césaire[xl]. 

    Au moment où Césaire tire ce bilan de la loi de 1946 (en 1956), les peuples des Antilles dites « françaises » ont fait leur expérience de l’impasse de l’assimilationnisme. Si des spécificités sont indéniables dans le processus de conscientisation nationale, celui-ci est tout aussi indéniablement en accélération rapide dans les deux colonies.

    En Martinique le processus se traduit par la création de l’OJAM (’Organisation de la jeunesse anticolonialiste de la Martinique) qui inaugure son action politique par l’apposition d’immense banderoles sur les murs de tous les bâtiments publics de l’île, portant le slogan « la Martinique aux Martiniquais » le 23 décembre 1962. Un tabou est brisé. Pour la première fois une organisation revendique ouvertement l’indépendance. Dans le même temps le « manifeste de l’OJAM » est placardé sur les murs proclamant :
    Que la Martinique est une colonie, sous le masque hypocrite de département français, comme l’était l’Algérie, parce que dominée par la France, sur le plan économique, social, culturel et politique. […] En conséquence l’O.J.A.M […] Proclame le droit des martiniquais de diriger leurs propres affaires. Demande aux Guadeloupéens, aux Guyanais de conjuguer plus que jamais leurs efforts dans libération de leur pays pour un avenir commun. Soutien que la Martinique fait partie du monde antillais. Appelle les jeunes de la Martinique, quelles que soient leurs croyances et leurs convictions, à s’unir pour l’écrasement définitif du colonialisme dans la lutte de libération de la Martinique[xli].

    La réponse de l’Etat français est, bien sûr, la répression. 18 militants de l’OJAM sont déférés devant la Cour de sûreté de l’Etat pour « atteinte à l’intégrité du territoire ». 5 militants écopent de peine de prisons et les autres sont relaxés. Si l’OJAM ne survit pas à cette épreuve, le mouvement indépendantiste existe désormais, même s’il reste encore minoritaire et éparpillé. A partir de la fin de la décennie 60 et tout au long de la décennie 70, les organisations indépendantistes se multiplient : Mouvement National de Libération de la Martinique (MNLA) en 1969, Groupe Révolution socialiste (GRS) en 1970, Groupe d’Action Prolétarienne (GAP) au début de la décennie 70, Mouvement Indépendantiste Martiniquais (MIM) en 1978, le Pati kominis pour lendépandans èk sosyalizm (Parti Communiste pour l’Indépendance et le Socialisme) en 1984, le Parti pour la Libération de la Martinique (PALIMA) en 1999. Malgré cet éparpillement l’idée indépendantiste progressera de manière significative depuis dernières décennies du siècle dernier. Lors des élections régionales de 1986 les indépendantistes ne comptent que pour 3 %, 6 ans plus tard le MIM devient la première force organisée du pays. Aux régionales de 1998 le MIM obtient 31, 71 % des suffrages et son président, Alfred Marie-Jeanne, devient président du conseil régional (il sera reconduit à ce poste en 2004). En dépit des multiples divisions et de la bureaucratisation suscitée par la participation au jeu institutionnel et encouragée par l’Etat français, le projet indépendantiste est désormais une réalité incontournable en Martinique.

    La décennie 60 est également celle qui voit s’organiser un mouvement indépendantiste en Guadeloupe. C’est au sein du mouvement étudiant en métropole, dans l’AGEC (Association Générale des Etudiants Guadeloupéen), qu’est lancé pour la première fois le mot d’ordre d’indépendance nationale. En Guadeloupe même c’est en 1963 qu’est constitué le GONG (Groupe d’Organisation Nationale de la Guadeloupe) dont certains membres fondateurs sont issus de l’AGEG. Peu nombreux les militants du GONG sont très actifs. Ils ont présent systématiquement pour soutenir chaque grève ouvrières, ce qui les rend rapidement populaire. « Chaque fois que des ouvriers, qu’ils soient du bâtiment ou de la canne étaient en grève ou en difficulté quelconque, le GONG, et ses militants devaient venir leur prêter main-forte[xlii] » se souvient le militant nationaliste Claude Makouke. Le mouvement social qui secoue la Guadeloupe en 1967 et le massacre qui l’accompagne, est le prétexte que prendra l’Etat français pour décapiter ce mouvement indépendantiste ayant une audience populaire grandissante.

    A l’origine du mouvement se trouve une grève des ouvriers du bâtiment pour exiger une hausse de 2,5 % des salaires. Les négociations entre le patronat et le syndicat CGTG échouent le 26 mai et une manifestation devant la Chambre de commerce de Pointe-à-Pitre se transforme en émeute. Les CRS tirent sur la foule provoquant les premiers décès. Les affrontements s’étendent alors à toute la ville. Lorsqu’elles cessent le lendemain un bilan officiel annonce 8 morts. La réalité du massacre mettra vingt ans à percer. En 1985 Georges Lemoine, secrétaire d’Etat chargé des départements et territoires d’Outre-mer reconnaîtra le chiffre de 87 victimes et plus d’une cinquantaine de blessés. C’est dans ce contexte que l’Etat français décide de profiter de la situation pour décapiter le mouvement indépendantiste. L’organisation et ses militants sont accusés de la responsabilité des émeutes et des victimes. 19 militants du GONG sont arrêtés et inculpés « d’atteinte à la sureté de l’Etat et à l’intégrité du territoire ». La presse colonialiste exulte à l’image du journal France-Antilles qui titre en première page et en gros caractère le 13 juin : « Le Gong est décapité. Dix-neuf arrestations à Paris et en Guadeloupe[xliii] ». Le mouvement massif de solidarité qui s’organise alors sauvera les inculpés dont le jugement de février 1968 prononce 6 peines avec sursis et 13 acquittements. En Guadeloupe même cependant 70 autres militants attendent leur jugement. Six d’entre eux écoperont de peines de prison ferme allant d’1 à 6 mois.

    Le GONG ne survie pas à cette dure épreuve mais ses militants sont nombreux à être présent dans la création ultérieure d’autres organisations indépendantistes. Ils réinvestissent d’abord leurs forces dans la dynamique syndicale en créant l’UTA (Union des Travailleurs Agricole) en 1970, l’Union des Paysans Pauvres de Guadeloupe (UPG) en 1972 et enfin l’Union Générale des Travailleurs de Guadeloupe (UGTG) qui regroupe les deux précédente et d’autres syndicats en 1973. Tels sont les facteurs qui expliquent le lien étroit entre indépendantistes et syndicalistes en Guadeloupe. En témoigne l’élection à la tête de l’UGTG de l’indépendantiste Elie Domota et sa désignation comme porte-parole du LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon– Collectif contre l’exploitation outrancière), un regroupement syndical, associatif et politique qui a mené le vaste mouvement social en janvier et février 2009.

    En 1977 ces militants créent l’Union Populaire pour la Libération de la Guadeloupe (UPLG) qui reste jusqu’à aujourd’hui la principale organisation politique indépendantiste. A côté de celle-ci existe également le Mouvement pour une Guadeloupe Indépendante (MPGI) crée en 1981, le Konvwa pou liberasyon nasyonal Gwadloup (KNLG) fondé en 1997 et Fòs pou konstwi nasyon Gwadloup (Forces pour batir la nation guadeloupéenne) fondé en 2010. Des tentatives de luttes armées ont également eu lieu par le GLA (Groupe de Libération Armée) qui mène une série d’attentats contre des édifices publics en 1980 et 1981, puis par l’ARC (Alliance Révolutionnaire Caraïbe) menant le même type d’actions de 1983 à 1989.

    Si comme en Martinique la multiplicité des organisations, l’institutionnalisation de certains leaders, la répression et les divisions du mouvement nationaliste, le rapport des forces disproportionné avec une des principales puissances mondiale, etc., rendent difficile une perspective d’indépendance à court terme, cela ne veut pas dire que la question de l’indépendance nationale est enterré. « Le Mouvement Patriotique Guadeloupéen au niveau organisationnel et militant connaît une passe difficile, un mouvement de reflux, mais c’est là le paradoxe, les idées nationalistes n’ont jamais cessé de progresser et d’irriguer au quotidien la vie des guadeloupéens[xliv] » résume le journaliste Danik Zandwonis.

    Comme nous le disions dans nos précédents articles consacrés à Mayotte, la Kanaky et la Polynésie, la faiblesse de la conscience internationaliste et du mouvement anticolonialiste en France fait partie du rapport des forces défavorable auquel sont confrontés les militants nationalistes des colonies françaises. Qu’un tel mouvement se développe et que le rapport de forces mondial se transforme et la perspective indépendantiste redeviendra un objectif atteignable rapidement. A plus ou moins long terme l’indépendance est inévitable : la situation géographique, la rationalité économique et la communauté des traits culturels avec les autres peuples de la région orientent structurellement vers un projet de fédération des Antilles.

    Saïd Bouamama

    Notes :  
    [i] Raphaël Confiant, Aimé Césaire, une traversée paradoxales du siècle, Stock, Paris, 1993,
    [ii] Adrien Guyot, L’Amérique, un ailleurs partagé, Départment of Modern Languages and Cultural Studies, University of Albama, 2016, pp. 104-105. .
    [iii] Frédéric Dorel, La thèse du « génocide indien » : guerre de position entre science et mémoire, Revue de civilisation contemporaine Europes/Amériques, N° 6, 2006.
    [iv] Nicolas Rey, Quand la révolution aux Amériques était nègre … Caraïbes noirs, negros franceses et autres « oubliés » de l’histoire, Karthala, Paris, 2005, p. 48.
    [v]Chantal Maignan-Claverie, Le métissage dans la littérature des Antilles françaises. Le complexe d’Ariel, Karthala, Paris, 2005, p. 118.
    [vi] Nicolas Rey, Quand la révolution aux Amériques était nègre … Caraïbes noirs, negros franceses et autres « oubliés » de l’histoire, op. cit., p. 53.
    [vii] Victor Schoelcher, Abolitions de l’esclavage ; Examen critique du préjugé contre la couleur des Africains et des Sang-Mêlés, Porthmann, Paris, 1840, p. 138.
    [viii] Alain Bihr, Recension du livre de Caroline Oudin-Bastide, Travail, capitalisme et société esclavagiste. Guadeloupe, Martinique (XVIIe-XIXe siècle), Revue « Interrogation ? », n° 10, mai 2010.
    [ix] Alain Philippe Blérald, Histoire économique de la Guadeloupe et de la Martinique : du XVIIe siècle à nos jours, Karthala, Paris, 1986, p. 26. 
    [x] Alain Philippe Blérald, Histoire économique de la Guadeloupe et de la Martinique : du XVIIe siècle à nos jours, Karthala, Paris, 1986, p. 26. 
    [xi] Ibid, p. 138.
    [xii] Christian Deverre, Crise sucrière et réforme foncière en Guadeloupe, Cahiers d’économie et sociologie rurales, n° 17, 1990, p. 100.
    [xiii] Guy Lasserre, La Guadeloupe. Etude géographique, Union Française d’Edition, Bordeaux, 1961, p. 393.
    [xiv] Christian Deverre, Crise sucrière et réforme foncière en Guadeloupe, Cahiers d’économie et sociologie rurales, op. cit., p. 108.
    [xv] Ibid, p. 111.
    [xvi] Luce Blanchard, Qui se cache derrière le projet de centrale thermique d’Albioma à Marie-Galante, https://blogs.mediapart.fr/luce-blanchard/blog/020217/qui-se-cache-derriere-le-projet-de-centrale-thermique-dalbioma-marie, Consulté le 10 juin 2018 à 19 h 55.
    [xvii] Muriel Bonin et Cécile Cathelin, Conversion environnementale de la production bananière guadeloupéenne : une stratégie politique et économique, Economie rurale, n° 341, mai-juin 2014, p. 76.
    [xviii] Athanasia Bonneton, La banane en Guadeloupe : les conditions économiques et sociales de la culture et de la commercialisation, CDDP Guadeloupe, 1988, p. 52.
    [xix] André Breton, Martinique charmeuse des serpents, 10/18, Paris, 1973.
    [xx] Jean-Luc Boniol, Janvier-mars 2009, trois mois de lutte en Guadeloupe, Les Temps modernes, 1/2011, n° 662-663, pp. 82-113.
    [xxi] Guy Cabort-Masson, Interview à la revue Antilla, n° 961, 9 novembre 2001, p. 6.
    [xxii] Les derniers maîtres de la Martinique, http://www.fxgpariscaraibe.com/article-27520586.html, consulté le 11 juin 2018 à 16 h 30.
    [xxiii] Ulrike Zander, La hiérarchie « socio-raciale »en Martinique. Entre persistance postcoloniale et évolution vers un désir de vivre ensemble, Revue en ligne Asylon (s), n° 11, mai 2013, http://www.reseau-terra.eu/article1288.html#nh37, consulté le 11 juin 2018 à 16 h50.
    [xxiv] Michel Giraud, races, clases et colonialisme à la Martinique, L’Homme et la société. Volume n° 55. Nº 1, 1980, p. 206.
    [xxv] Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Seuil, Paris, 1971, p. 132.
    [xxvi] Ulrike Zander, La hiérarchie « socio-raciale »en Martinique. Entre persistance postcoloniale et évolution vers un désir de vivre ensemble, op. cit.
    [xxvii] Rapport du secrétaire d’Etat de la Marine et des Colonies du 2 février 1861, Revue maritime et coloniale, tome 2, Lahure, Paris, juillet 1861, p. 53.
    [xxviii] L’ensemble des données de cette partie sont issues de deux documents de l’Institut d’Emission des Département d’Outre-Mer (IEDOM) : Guadeloupe 2016 et Martinique 2016, Paris, 2017.
    [xxix] Daniel Guérin, Les Antilles décolonisées, Présence Africaine, Paris, 1956, p. 55.
    [xxx] François Taglioni, Géopolitique et insularité : l’exemple des petites Antilles, in André-Louis Sanguin (coord.), Vivre dans une île, L’Harmattan, Paris, 1997, p. 179.
    [xxxi] INSEE première, n° 1589, avril 2016, https://www.insee.fr/fr/statistiques/1908163, consulté le 13 juin 2018 à 10 h 00.
    [xxxii] Faustine Vincent, Scandale sanitaire aux Antilles, Le Monde du six juin 2018, https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/06/06/scandale-sanitaire-aux-antilles-qu-est-ce-que-le-chlordecone_5310485_3244.ht, consulté le 13 juin 2018 à 10 h 45.
    [xxxiii] Daniel Guérin, Les Antilles décolonisées, op. cit., p. 37.
    [xxxiv] Frantz Fanon, Antillais et Africains, in Pour la révolution africaine, La Découverte, Paris, 2001, p. 31 et 34.
    [xxxv] Jean-Pierre Darnel, Langues et identité culturelle aux Antilles françaises, Pluriel débat, n° 17, année 1979, p. 27.
    [xxxvi] Hugues Pagesy, Kolombie 2 : Bumidom la vérité, Editions Nestor, Gourbeyre – Guadeloupe, 2017, quatrième de couverture.
    [xxxvii] André Calmont, et Cédric Audebert, Dynamique migratoire de la Caraïbe, Karthala, Paris, 2007, p. 99.
    [xxxviii] Première conférence Tricontinentale, Interventions et résolutions, La Havane, 1966, p. 90.
    [xxxix] Aimé Césaire, Introduction au livre de Daniel Guerin, Antilles décolonisées, op. cit., p. 9.
    [xl] Ibid, pp. 10-11.
    [xli] Manifeste de l’OJAM, https://afcam.org/index.php/fr/dossiers/dossiers-4/les-collectivites-invitees-au-haut-comite/2-uncategorised/4194-le-manifeste-de-l-o-j-a-m, consulté le 14 juin 2018 à 8 h 30.
    [xlii] Xavier-marie Bonnot et Francois-Xavier Guillerm, Le sang des nègres, Galaade, Paris, 2015.
    [xliii] Raymond Gama et Jean-Pierre Sainton, Mé 67 : Mémoire d’un évènement, Société Guadeloupéenne d’Edition et de Diffusion, 1985, p. 122.
    [xliv] Danik I. Zandwonis, Guadeloupe. L’indépendance est plus proche qu’on ne le dit …, http://7seizh.info/2014/12/11/guadeloupe-lindependance-est-plus-proche-quon-ne-le-dit, consulté le 14 juin 2018 à 16 h 45.

    #barbarie génocide #histoire #colonialisme #colonisation #Noirs #Noir #nègre #Antilles #Guadeloupe #Martinique #Mayotte, #Kanaky #Polynésie #DOM #Haïti #Hispaniola #Caraïbe #France #néo-colonialisme #libéralisme_postcolonial #peuples_autochtones #békés #Révolte #Kalinas #métissage #banane #sucre #mélasse #rhum #canne_à_sucre #Indépendance
    #SAFER #auto-exploitation #migration #Cofepp #SMRG #BUMIDOM #OJAM #MNLA #GAP #MIM #PALIMA #AGEC #GONG #UTA #UPG #UGTG #LKP #UPLG #MPGI #KNLG #GLA #Cayard #importations #exportation #UE #union_européenne #prix #Santé #chlordécone
    Eugène_Aubéry Guy_Cabort_Masson #Alfred_Marie_Jeanne #Elie_Domota

  • L’homme qui voulait posséder le monde
    http://www.laviedesidees.fr/L-homme-qui-voulait-posseder-le-monde.html

    Dans ce portrait du fondateur du British Museum, collectionneur invétéré, savant curieux de son siècle et propriétaire d’esclaves en Jamaïque, l’historien James Delbourgo met en perspective la montée en puissance de l’Empire britannique.

    #Recensions

    / #musée, #histoire_des_sciences, #Empire_britannique, #collection

  • Le Luxembourg « dissuade la presse d’enquêter »
    http://www.lessentiel.lu/fr/luxembourg/story/Le-Luxembourg-dissuade-la-presse-d-enqueter--28569073

    LUXEMBOURG - Le pays est une nouvelle fois 15e (sur 180) du classement de Reporters sans Frontières sur la liberté de la presse. Le procès LuxLeaks y est pour beaucoup.
    Le Luxembourg, 4e sur 180 pays en matière de liberté de la presse entre 2012 et 2014, peine à retrouver son rang. Et le scandale LuxLeaks y est pour beaucoup. Relégué au 19e rang en 2015, le pays est aujourd’hui 15e, comme en 2016. Derrière la Jamaïque ou même le Costa-Rica. « La condamnation en appel d’Antoine Deltour et Raphaël Halet, en mars, a terni l’image du Grand-Duché », constate une nouvelle fois Reporters sans frontières.


    « Malgré la relaxe du journaliste Édouard Perrin en première instance et en appel, le Luxembourg est apparu clairement plus soucieux de dissuader la presse d’enquêter sur les pratiques d’évasion fiscale en cours dans le pays », martèle RSF qui l’avait déjà laissé entendre en début d’année. « La liberté d’informer dans l’intérêt du public » serait ainsi menacée.

    Tout cela est évidemment à relativiser et rappelons qu’aucun journaliste ou collaborateur d’un média au Luxembourg n’a été tué cette année.

    #Luxembourg #information #liberté-de-la-presse #RSF #LuxLeaks #Antoine-Deltour #Raphaël-Halet #Édouard-Perrin #évasion-fiscale #union-européenne

  • Impasse à Berlin après l’échec de la coalition Jamaïque
    https://www.mediapart.fr/journal/international/201117/impasse-berlin-apres-l-echec-de-la-coalition-jamaique

    Angela Merkel lors d’une conférence de presse après l’échec des ’négociations exploratoires’ pour former un gouvernement, le 20 novembre 2017 © Reuters / Hannibal Hanschke. Après un mois de négociation, le Parti libéral a décidé qu’il ne participerait pas à une coalition gouvernementale mêlant conservateurs, écologistes et libéraux. Pour rester au pouvoir, #Angela_Merkel, qui encaisse une de ses défaites les plus sévères, doit trouver une autre base politique. L’option la plus probable reste la tenue de nouvelles élections début 2018, mais celle d’un gouvernement minoritaire n’est pas exclue.

    #International #Allemagne #CDU #CSU #FDP #Grünen

  • Éloge du quatre pistes

    King Tubby & Lee « Scratch » Perry : le gros son du ghetto

    Par Bruno Le Dantec

    http://jefklak.org/?p=4549

    Peu de musiques ont incarné l’esprit d’un lieu comme l’a fait le « son du ghetto » – qu’on le nomme ska, rocksteady, reggae ou dub –, devenu en Jamaïque, dixit Lloyd Bradley, « une obsession nationale ». « J’aimais jouer aux dominos, j’aimais danser. Je n’ai jamais aimé travailler, parce que je ne souhaite à personne d’être esclave », professe Lee « Scratch » Perry, ce petit gars originaire de l’arrière-pays, où l’extraction intensive de roches de bauxite chassait des milliers de paysans. « J’aime être travaillé dans mon esprit. J’ai bossé deux semaines dans une carrière et le bruit des pierres m’a inspiré. J’ai entendu des rythmes, j’ai entendu des mots, et ces mots m’ont poussé vers la ville. » Mais l’inspiration n’est pas que divine et ce faux paresseux de Perry va le prouver. « La véritable créativité est le sous-produit d’un type de maîtrise qui s’obtient au terme de longues années de pratique », écrit Matthew Crawford dans son Éloge du carburateur , qui oppose le savoir-faire artisanal à l’appauvrissante aliénation du monde industriel. Et les studios d’enregistrement de Kingston avaient plus à voir avec un atelier mécanique de Bamako qu’avec une chaîne de montage Ford…

  • Donatien de Rochambeau envoyait des bouledogues « manger des nègres » en #Haïti
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Donatien-Marie-Joseph_de_Rochambeau

    C’est une figure de Vendôme, le chateau de sa famille est à 3 km d’ici et une grande statue sur la place centrale rappelle son rôle dans la guerre d’indépendance des États-Unis.

    Mais bizarrement le monument ne précise pas :

    Fin 1801, il est nommé second du général Charles Leclerc pour l’expédition de Saint-Domingue chargée par Napoléon Bonaparte de reconquérir l’île, dont les #esclaves se sont rebellés pour leur liberté et ont proclamé l’abolition en 1793.

    Après la mort de Leclerc atteint par la fièvre jaune, il prend le commandement de l’armée et « met en place une politique de #terreur, qui est aussi une politique du #massacre organisé » Pour réprimer la révolte, Rochambeau et son prédécesseur Leclerc avaient fait venir de Cuba des chiens (conduits par le vicomte de Noailles).

    Ces chiens chasseurs d’esclaves, parfois appelés dogues de Cuba, utilisés dans les colonies ibériques pour retrouver les esclaves en fuite, avaient été brièvement utilisés par les Anglais lors de la révolte des esclaves de la Jamaïque (1795-1796), ce qui avait suscité une vague de réprobation. Les 3 ou 400 chiens que Rochambeau fit venir à Saint-Domingue ne lui furent d’aucun secours car ils attaquèrent indifféremment tous les blessés, Français aussi bien que rebelles et il fallut s’en débarrasser. Le commandement de Rochambeau est également marqué par la #corruption et l’#incompétence. Le 18 novembre 1803, il perd la bataille de Vertières devant le général rebelle Jean-Jacques Dessalines.

    Exemple d’un ordre donné par Rochambeau au sujet de cette tactique :
    « Je vous envoie, mon cher commandant, un détachement de la garde nationale du Cap, commandé par M. Bari. Il est suivi de 28 #chiens bouledogues. Ces renforts vous mettront à même de terminer entièrement vos opérations. Je ne dois pas vous laisser ignorer qu’il ne vous sera passé en compte aucune ration, ni dépense pour la nourriture de ces chiens. Vous devez leur donner des nègres à manger. Je vous salue affectueusement, — Donatien Rochambeau. »

    #Haïti #France #histoire #colonisation #chiens

    Dogue de Cuba — Wikipédia
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Dogue_de_Cuba

    Après l’abolition de la traité négrière par le Congrès de Vienne en 1815, l’élevage de ce type de chiens est moins rentable, et avec le temps la race a donc fini par s’éteindre.

    (repéré grâce à @mad_meg https://seenthis.net/messages/609967#message609968 )

  • If Americans Can Find North Korea on a Map, They’re More Likely to Prefer Diplomacy - The New York Times

    https://www.nytimes.com/interactive/2017/05/14/upshot/if-americans-can-find-north-korea-on-a-map-theyre-more-likely-to-prefer-dip

    En bleu, ceux qui n’ont pas trouvé la Corée du Nord.

    If Americans Can Find North Korea on a Map, They’re More Likely to Prefer Diplomacy

  • Après le Karabagh un petit détour dans la région des Caraïbes. Visionscarto republie aujourd’hui deux archives qui nous ont été confiées par le géographe Romain Cruze et le photographe Romain Philippon en 2012 et 2013. La première est une « vision cartographique » de la Caraïbe vu à travers la perception d’étudiants en géographie, et la deuxième revient sur le business des croisières qui n’est pas du rêve pour tout le monde.

    Nous aimons beaucoup le regard que Romain Cruse porte sur les Antilles. Il est l’auteur d’ailleurs du merveilleux livre « Géographie populaire de la Caraïbe » dans lequel il a regroupé - avec beaucoup d’autres - les textes publiés sur visionscarto.net

    Et nous sommes aussi très heureux de pouvoir présenter les images subtiles de Romain Philippon ainsi que celle de Pierre Morel.

    Bref, on est content de la confiance qu’ils nous ont accordé.

    La Caraïbe, un territoire à géométrie variable
    http://visionscarto.net/caraibe-un-territoire-a-geometrie-variable

    À la Dominique, la croisière n’amuse pas
    http://visionscarto.net/croisiere-dominique

    Je rappelle aussi que d’autres textes sur la région sont disponibles :

    Bob Marley entre deux mondes
    http://visionscarto.net/bob-marley-entre-deux-mondes

    Jamaïque, voyages croisés
    http://visionscarto.net/jamaique-voyages-croises

    Les nouvelles couleurs de Port-au-Prince
    http://visionscarto.net/couleurs-de-port-au-prince

    Jeux du hasard à Cap-Haïtien
    http://visionscarto.net/jeux-du-hasard-a-cap-haitien

    #antilles #caraïbes #cartographie #visualisation

  • L’ouragan Matthew passe en catégorie 5 et devient l’ouragan le plus puissant depuis 9 ans : se dirige dangereusement vers la Jamaïque, Cuba, Haïti et la République dominicaine. Sa trajectoire, toujours incertaine, pourrait l’entraîner jusqu’à la côte est des États-Unis et même au Canada
    http://www.brujitafr.fr/2016/10/l-ouragan-matthew-passe-en-categorie-5-et-devient-l-ouragan-le-plus-puissa

    Les conséquences pourraient s’avérer assez importantes, avec plus de 500 millimètres de pluie par endroit, des vagues géantes et donc des risques d’inondations, et surtout des vents dévastateurs qui pourraient cause d’importants dommages matériels. Sa...

  • Quand le patois jamaïcain du « Work » de Rihanna met à nu le racisme ordinaire
    http://o.nouvelobs.com/pop-life/20160301.OBS5615/quand-le-patois-jamaicain-du-work-de-rihanna-met-a-nu-le-racisme-ordina

    > Le titre de la star américaine met en lumière une période précise de l’histoire culturelle de la Jamaïque. Un bel hommage qui a pourtant été pour les internautes l’occasion de se moquer de Rihanna au travers des mèmes à l’humour douteux.

    > […]

    > Un patois, du "charabia" ? Pour les ignorants euro-centrés, sans doute. Pour les autres, la blague force un sourire amer... Car non, le patois rasta n’est pas plus "incompréhensible" pour un anglophone que l’allemand, le chinois ou l’hindi. Car non, un langage peu médiatisé par la culture dite "occidentale" ne signifie pas pour autant qu’il est dépourvu de valeur. Et surtout, surtout, parce que comme toutes les langues vivantes, un langage existe au travers de ceux qui le parlent, qui ne sont pas plus (...)

    #antiracisme

  • Quarante ans après les accords de la Jamaïque

    Les accords de la Jamaïque font suite à la réunion de Kingston en Jamaïque les 7 et 8 janvier 1976, du Comité intérimaire du Fonds monétaire international (FMI) qui met un terme définitif au système monétaire de parités fixes mais ajustables. Ils confirment officiellement l’abandon du rôle légal international de l’or.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_de_la_Jama%C3%AFque

    Toutes les occurrences : http://www.monde-diplomatique.fr/recherche?s=%22accords+de+la+Jama%C3%AFque%22

    Lire notamment « La fièvre de l’or et la maladie du capitalisme », par Christian Goux (novembre 1979) http://www.monde-diplomatique.fr/1979/11/GOUX/35311

    Et surtout « L’or, le dollar et l’intégration capitaliste », par Francis Kern (mai 1980) http://www.monde-diplomatique.fr/1980/05/KERN/35557

    Fièvre de l’or, #spéculation sur le métal jaune... Nombre d’interrogations émergent quant à la fiabilité du fonctionnement actuel du #système_monétaire et financier international. Si, depuis les accords de la Jamaïque, on assiste à une démonétisation partielle de l’or, celui-ci reste, pour les #banques centrales, l’instrument privilégié de réserve et continue à susciter l’intérêt des spéculateurs ; par là même, il permet de conforter l’hypothèse d’un retour à l’#or comme élément central du système monétaire international. Reste à savoir si les autorités américaines sont prêtes à « liquider » en partie leurs stocks d’or, comme elles le font régulièrement depuis les accords de la Jamaïque, suivies en cela par le Fonds monétaire international (#FMI), pour entériner la démonétisation complète de l’or. Mais cette question ne peut intéresser que les spéculateurs, car, dès à présent, l’or n’est plus au cœur du système monétaire international ; en fait, il n’a jamais constitué qu’un enjeu secondaire dans l’histoire du capitalisme de l’après-guerre ; l’or n’a été que le voile de stratégies bien plus complexes ; même si le voile se déchire, les stratégies restent, les enjeux subsistent. Leur analyse permet de mieux situer le vrai problème.

    Une chronologie : face à l’euro, le « privilège exorbitant » du billet vert http://www.monde-diplomatique.fr/2005/03/A/12012 [#st]

    http://zinc.mondediplo.net/messages/14898 via Le Monde diplomatique

  • De Seattle à Kingston, le #cannabis prend racine
    http://www.lemonde.fr/societe/visuel/2015/09/14/cannabis-en-liberte_4749276_3224.html

    Le Journal Le Monde publie un grand format sur différents modèles de régulation du cannabis de part le monde : États-Unis, Jamaïque, Urugay, Espagne, Pays-Bas.

    "Un peu partout en Occident, l’attitude des autorités et du grand public à l’égard du cannabis est en train de changer. Aux Etats-Unis, à l’issue de référendums, cinq Etats l’ont récemment légalisé. Ainsi, à Seattle, patrie de Boeing, de Microsoft et d’Amazon, la culture et la commercialisation de la marijuana se développent à toute vitesse, souvent sous l’impulsion d’entrepreneurs du milieu high tech. A Washington, la capitale fédérale, le commerce en reste interdit, mais, depuis cette année, l’autoculture et la consommation y sont légales […] En Europe occidentale, la tolérance envers le cannabis gagne du terrain. En Catalogne, des centaines de « (...)

    #politiquesdrogues

  • ▶ Sister Nancy, « Bam Bam »

    https://www.youtube.com/watch?v=qXnT3LFTc-s

    Sister Nancy, ou Muma Nancy, de son vrai nom Ophlin Russell-Myers, (née Ophlin Russell, le 2 janvier 1962 à Kingston, Jamaïque) est une chanteuse et DJ de reggae, et plus précisément de dancehall. Elle est mondialement célèbre pour avoir été la première femme DJ et a été décrite comme une « voix féminine dominante pendant plus de deux décennies » sur la scène dancehall.

    #Sister_Nancy #Dancehall #JA

  • Bob Marley entre deux mondes - par Romain Cruse
    http://visionscarto.net/bob-marley-entre-deux-mondes

    Pour Robert Nesta Marley, plus connu sous le surnom de « Bob », l’histoire a commencé ici, il y a 70 ans aujourd’hui. C’était le 6 février 1945, dans une maison humble depuis laquelle on aperçoit à perte de vue une mer de petites collines verdoyantes ondulant sous l’écume légère des nuages bas. Le paysage typique du cœur de la Jamaïque rurale, le « jardin » de l’île.

    https://www.youtube.com/watch?v=g3Z4PX2JI_c

    #musique #Jamaïque #reggae

    (photos Romain Philippon)

    • Je recommande plus que chaudement le livre "bass culture" de Lloyd Bradley.
      Bob Marley n’occupe qu’un chapitre http://books.google.fr/books?id=T-LhulMdIJ4C&pg=PA455&hl=fr&source=gbs_toc_r&cad=3#v=onepage&q
      "pendant son séjour au sommet l’acteur le plus fameux du reggae n’exerça pratiquement aucune influence sur le développement de la musique à son niveau le plus basique-c’est à dire les studios de Kingstown.
      La puissance de Marley était d’ordre spirituelle, source d’inspiration, intelectuelle et socio-politique. I lévoluait en marge de l’histoire du reggae."
      Livre extraordinaire d’une ile en lutte contre deux colonialisme économique et politique avec l’Angleterre et culturel avec les Etats Unis. La possibilité d’une playlist...
      2 Dans la guerre froide – la révolte et son double
      Rock, soul, reggae et autres musiques
      “Ça fait longtemps que l’on attendait un livre comme Bass Culture, mais cela en valait la peine. C’est un livre qui prend la musique populaire de cette petite île des Caraïbes et la traite aussi sérieusement et intellectuellement que n’importe quelle forme musicale, mais ne perd jamais de vue l’esprit, la force et la joie qui entrèrent dans sa conception. Un livre qui sait que le reggae est une affaire sérieuse mais n’oublie jamais que vous devez pouvoir danser dessus. La musique reggae a enfin le livre qu’elle mérite.” (Prince Buster)
      Avec Bass Culture, Lloyd Bradley livre l’histoire passionnante et passionnée de la musique jamaïcaine, avec ses arrière-plans sociologique, politique, économique et spirituel, depuis les sound-systems des années cinquante en passant par le ska et le rocksteady, jusqu’à l’explosion de Bob Marley et au-delà. Il y analyse l’évolution musicale d’un genre qui, prenant sa source dans le calypso, va acquérir son autonomie et devenir l’une des formes les plus originales et fécondes de la musique populaire contemporaine. Tous les grands protagonistes de cette aventure donnent ici leur témoignage : Prince Buster, Horace Handy, Bunny Lee ; on y croise les figures mythiques de Lee “Scratch" Perry, Peter Tosh, Jimmy Cliff et bien d’autres. Au-delà de la musique, c’est une culture paradoxale qui est ici décrite, aussi bien en Jamaïque qu’en Angleterre, où se mêlent extrême violence (les combats de rue des rude-boys) et profonde spiritualité.

      n y apprend aussi que le reggae, que l’on associe facilement à une certaine "cool attitude", a été et reste un véritable chant de lutte de la population noire et des opprimés jamaïcains s’inscrivant dans un contexte mondial de lutte pour la conquête de droits civiques... bref, à chaque page son lot de surprises et de déconstructions d’idées reçues.
      Il est dur de synthétiser un ouvrage aussi dense, ’il s’agit là d’une véritable bible de la musique jamaïcaine. "

    • Le Choc (documentaire) d’après le livre de Naomi Klein. C’est très bien même si le Diplo n’a pas aimé à l’époque, mais ils ne sont pas nécessairement une référence.

      The corporation - Documentaire en trois partie de 52 minutes. Formidable. Montre qu’une corporation est une « personne morale » immorale et psychopathe. Indirectement sur la mondialisation et très très bien.

      J’ai les deux au cas où.

    • Ronnie Ramirez : Un monde absent- Documentaire.

      Film : « import Export », Ulrich Seidl

      Le cauchemar de Darwin.

      De la servitude moderne-Jean-François Brient

      Werner Herzog : Écho d’un sombre empire (Echos aus einem düsteren Reich)

    • Sur #cauchemar_de_Darwin, une vision critique de Frédéric Giraut :

      Révélations et impasses d’une approche radicale de la mondialisation.

      Une approche critique de la mondialisation peut consister à montrer l’environnement de pauvreté, de misère et d’exploitation de l’amont des filières marchandes globalisées qui exploitent une ressource localisée dans le Sud, notamment en Afrique. Une telle approche critique devient militante et terriblement efficace lorsqu’elle établit des liens de cause à effet entre l’environnement misérable et l’activité de production destinée au marché mondial. C’est le projet du film Le Cauchemar de Darwin qui prend appui sur les évolutions que connaît la ville de Mwanza au Nord-ouest de la Tanzanie sur le lac Victoria. Cité frontalière, elle est aussi capitale administrative d’une région minière et lieu de transformation des produits de la pêche lacustre qui a connu un boom avec le développement des exportations des filets de perche du Nil ou capitaine. C’est cette industrie de la pêche et de la transformation d’un poisson exogène et fossoyeur de biodiversité qui est au centre des investigations du documentaire ainsi que le trafic d’armes dont l’aéroport serait une plaque tournante. Parallèlement, sont montrés les ravages du sida, de la prostitution et des enfants des rues. Par souci d’efficacité et pour que le film fonctionne comme une allégorie sur les maux de l’Afrique dans le cadre de la globalisation, le Cauchemar de Darwin ne se contente pas d’asséner l’horreur de ces réalités et du sort d’une grande partie de la population, mais suggère une relation étroite entre ces différents aspects. Les trois scandales (environnemental, social et politico-économique) que ce film dénonce auraient ainsi pour cause commune l’exploitation de la perche du Nil. L’approche systémique se fait holiste, et la perche du Nil se retrouve, au moins symboliquement, au centre de la machine infernale qui voue les abords du lac Victoria et plus généralement l’Afrique des Grands lacs à la damnation sur fond d’opulence occidentale .Le film sorti en 2005 a connu un succès critique et commercial international et fonctionne dorénavant comme une référence pour une approche critique de la mondialisation libérale et de ses modèles de développement dans les Suds, et plus particulièrement en Afrique. Le professeur que je suis a pu constater en 2006 la généralisation des références à ce film dans les copies sur la mondialisation, tandis que fleurissaient de nombreuses conférences et rencontres organisées par les altermondialistes qui ont pris ce documentaire comme support et comme étendard. L’année 2006 a également été l’occasion de quelques contre-enquêtes journalistiques qui ont relativisé certaines affirmations et suggestions du film. Ceci à la suite et en parallèle de l’offensive menée par François Garçon contre le film documentaire et son auteur, Hubert Sauper, accusé de supercherie et de falsification, d’abord dans un long article paru dans la revue Les Temps Modernes, puis dans un ouvrage de journalisme d’investigation intitulé Enquête sur le Cauchemar de Darwin.

      http://www.espacestemps.net/articles/revelations-et-impasses-drsquoune-approche-radicale-de-la-mondialisati

    • Les contre enquètes ont existé mais si mes souvenirs sont bons, se sont toutes cassées les dents. C’est, pour moi, un brouhaha médiatique que je compare aux ennuis de Charles Enderlin, de Denis Robert.

      "La brouille qui oppose l’historien François Garçon à Hubert Sauper, le réalisateur autrichien du « Cauchemar de Darwin », a connu son dernier acte, mercredi. Poursuivi en diffamation par le réalisateur pour avoir qualifié son film de « supercherie », l’historien a vu sa condamnation pour diffamation confirmée par la cour d’appel de Paris.

      Trois ans de polémique

      Le conflit entre les deux hommes remonte à décembre 2005, date à laquelle François Garçon publie un article à charge dans la revue « Les Temps modernes ». Il remet en cause le documentaire, sorti sur les écrans en mars 2005, qui montre que la pêche intensive de la perche du Nil en Tanzanie est l’un des facteurs de la misère des populations locales et suggère que les avions utilisés pour le transport du poisson servent à un trafic d’armes."

    • https://www.bakchich.info/m%C3%A9dias/2009/04/10/cauchemar-de-darwin-le-garcon-paie-l-addition-55099

      Francois Garcon s’est occupé il y a 20 ans de la création de Canal + pour le compte du groupe Havas qui, comme le soulignait finement un article des Inrockuptibles, « détient les budgets publicitaires de Carrefour et de Mac Donald, c’est à dire des deux principaux acheteurs de Perches du Nil ».

      Frédéric Giraut pour la revue en ligne Espacestemps.net, signalé par la liste H-Français : "Révélations et impasses d’une approche radicale de la mondialisation. Retour sur la controverse autour du Cauchemar de Darwin". Il a le mérite de revenir, avec l’avantage du recul et de l’esprit scientifique, à la fois ce documentaire "référence pour une approche critique de la mondialisation libérale et de ses modèles de développement dans les Suds, et plus particulièrement en Afrique." et sur le livre-enquête à charge de François Garçon (Enquête sur le cauchemar de Darwin, Flammarion, 2006). Un partout, la balle au centre ? Pas tout à fait : il valide les critiques adressées au film sur "son désintérêt pour l’amélioration éventuelle du sort des ouvriers des pêcheries et l’amorce de constitution d’une classe d’employés aux revenus réguliers et sensiblement plus élevés que ceux de l’agriculture ou du secteur artisanal et/ou informel, voire des secteurs administratifs et miniers", et souligne "les paradoxes et présupposés à tendance racistes de certains avocats de l’autarcie." Mais il accorde le bénéfice du doute à Hubert Sauper sur le trafic d’armes, rapport de l’ONU à l’appui…
      Et de conclure : "S’il nécessite bien sûr une sérieuse prise de distance critique, ce documentaire-choc, outre la valeur déjà évoquée de quelques lieux et de portraits qui ponctuent le film, a des vertus pédagogiques. À ce titre, son apport essentiel est certainement la démonstration de l’imbrication (ce qui ne veut pas dire lien de dépendance ou de causalité) d’une part des économies formelles (l’industrie de la transformation, la consultance internationale…) et informelles (le gardiennage, la pêche artisanale, la récupération et le traitement des restes après éfiletage…), et d’autre part des activités légales (commerce alimentaire transcontinental, transport aérien…) et illégales (trafic d’armes, prostitution…). On touche certainement là un des aspects les plus fondamentaux de la mondialisation appliquée au continent africain."

    • #De_la_servitude_moderne

      De la servitude moderne est un livre et un film documentaire de 52 minutes produits de manière totalement indépendante ; le livre (et le DVD qu’il contient) est distribué gratuitement dans certains lieux alternatifs en France et en Amérique latine. Le texte a été écrit en Jamaïque en octobre 2007 et le documentaire a été achevé en Colombie en mai 2009. Il existe en version française, anglaise et espagnole. Le film est élaboré à partir d’images détournées, essentiellement issues de films de fiction et de documentaires.

      L’objectif central de ce film est de mettre à jour la condition de l’esclave moderne dans le cadre du système totalitaire marchand et de rendre visible les formes de mystification qui occultent cette condition servile. Il a été fait dans le seul but d’attaquer frontalement l’organisation dominante du monde.

      Dans l’immense champ de bataille de la guerre civile mondiale, le langage constitue une arme de choix. Il s’agit d’appeler effectivement les choses par leur nom et de faire découvrir l’essence cachée de ces réalités par la manière dont on les nomme. La démocratie libérale est un mythe en cela que l’organisation dominante du monde n’a rien de démocratique ni même rien de libérale. Il est donc urgent de substituer au mythe de la démocratie libérale sa réalité concrète de système totalitaire marchand et de répandre cette nouvelle expression comme une trainée de poudre prête à incendier les esprits en révélant la nature profonde de la domination présente.

      D’aucuns espéreront trouver ici des solutions ou des réponses toutes faites, genre petit manuel de « Comment faire la révolution ? ». Tel n’est pas le propos de ce film. Il s’agit ici de faire la critique exacte de la société qu’il nous faut combattre. Ce film est avant tout un outil militant qui a pour vocation de faire s’interroger le plus grand nombre et de répandre la critique partout où elle n’a pas accès. Les solutions, les éléments de programme, c’est ensemble qu’il faut les construire. Et c’est avant tout dans la pratique qu’elles éclatent au grand jour. Nous n’avons pas besoin d’un gourou qui vienne nous expliquer comment nous devons agir. La liberté d’action doit être notre caractéristique principale. Ceux qui veulent rester des esclaves attendent l’homme providentiel ou l’œuvre qu’il suffirait de suivre à la lettre pour être plus libre. On en a trop vu de ces œuvres ou de ces hommes dans toute l’histoire du XXº siècle qui se sont proposés de constituer l’avant-garde révolutionnaire et de conduire le prolétariat vers la libération de sa condition. Les résultats cauchemardesques parlent d’eux-mêmes.

      Par ailleurs, nous condamnons toutes les religions en cela qu’elles sont génératrices d’illusions nous permettant d’accepter notre sordide condition de dominés et qu’elles mentent ou déraisonnent sur à peu près tout. Mais nous condamnons également toute stigmatisation d’une religion en particulier. Les adeptes du complot sioniste ou du péril islamiste sont de pauvres têtes mystifiées qui confondent la critique radicale avec la haine et le dédain. Ils ne sont capables de produire que de la boue. Si certains d’entre eux se disent révolutionnaires, c’est davantage en référence aux « révolutions nationales » des années 1930-1940 qu’à la véritable révolution libératrice à laquelle nous aspirons. La recherche d’un bouc émissaire en fonction de son appartenance religieuse ou ethnique est vieille comme la civilisation et elle n’est que le produit des frustrations de ceux qui cherchent des réponses rapides et simples face au véritable mal qui nous accable. Il ne peut y avoir d’ambigüité sur la nature de notre combat. Nous sommes favorables à l’émancipation de l’humanité toute entière, sans aucune forme de discrimination. Tout pour tous est l’essence du programme révolutionnaire auquel nous adhérons.

      Les références qui ont inspiré ce travail et plus généralement ma vie sont explicites dans ce film : Diogène de Sinoppe, Étienne de La Boétie, Karl Marx et Guy Debord. Je ne m’en cache pas et ne prétend pas avoir inventé l’électricité. On me reconnaîtra simplement le mérite d’avoir su m’en servir pour m’éclairer. Quand à ceux qui trouveront à redire sur cette œuvre en tant qu’elle ne serait pas assez révolutionnaire ou bien trop radicale ou encore pessimiste n’ont qu’à proposer leur propre vision du monde dans lequel nous vivons. Plus nous serons nombreux à diffuser ces idées et plus la possibilité d’un changement radical pourra émerger.

      La crise économique, sociale et politique a révélé la faillite patente du système totalitaire marchand. Une brèche est ouverte. Il s’agit maintenant de s’y engouffrer sans peur mais de manière stratégique. Il faut cependant agir vite car le pouvoir, parfaitement informé sur l’état des lieux de la radicalisation de la contestation, prépare une attaque préventive sans commune mesure avec ce que nous avons connu jusqu’à maintenant. L’urgence des temps nous impose donc l’unité plutôt que la division car ce qui nous rassemble est bien plus profond que ce qui nous sépare. Il est toujours très commode de critiquer ce qui se fait du côté des organisations, des individus ou des différents groupes qui se réclament de la révolution sociale. Mais en réalité, ces critiques participent de la volonté d’immobilisme qui tente de nous convaincre que rien n’est possible. Il ne faut pas se tromper d’ennemis. Les vieilles querelles de chapelle du camp révolutionnaire doivent laisser la place à l’unité d’action de toutes nos forces. Il faut douter de tout, même du doute.

      Le texte et le film sont libres de droits, ils peuvent être copiés, diffusés, projetés sans la moindre forme de contrainte. Ils sont par ailleurs totalement gratuits et ne peuvent en aucun cas être vendus ou commercialisés sous quelque forme que ce soit. Il serait en effet pour le moins incohérent de proposer une marchandise qui aurait pour vocation de critiquer l’omniprésence de la marchandise. La lutte contre la propriété privée, intellectuelle ou autre, est notre force de frappe contre la domination présente.

      Ce film qui est diffusé en dehors de tout circuit légal ou commercial ne peut exister que grâce à l’appui de personnes qui en organisent la diffusion ou la projection. Il ne nous appartient pas, il appartient à ceux qui voudront bien s’en saisir pour le jeter dans le feu des combats.


      http://www.delaservitudemoderne.org/francais1.html

    • Extraits du documentaire #the_corporation

      Joe BARADACCO, Prof. Havard Business School :
      Définition de corporation : « un groupe d’individus qui poursuit de nombreux objectifs. L’essentiel étant de faire des bénéfices importants, croissants, en toute légalité, pour les propriétaires de l’affaire »

      Roy ANDERSON, PDG d’Interface, leader mondial des fabriquants de moquette :
      « La corporation est née avec l’ère industrielle, donc en 1712 avec l’invention de la pompe à vapeur pour pomper l’eau de la mine à charbon afin que les mineurs extraient plus de charbon. C’était une question de productivité : plus de charbo par heure »

      Mary ZEPERNICK, Programme d’Etude sur les entreprises, le droit et la démocratie :
      "Il y avait peu de corporations à la création des Etats-Unis. Celles qui existaient devaient se plier aux stipulations des chartes délivrées par l’Etat : la durée de la production, le montant de la capitalisation, ce qu’elles construisaient, etc. Elles ne faisaient rien d’autre. Elles ne pouvaient posséder d’autres corporations.

      Richard GROSSMAN, confondateur du Programme d’Etude sur les entreprises, le droit et la démocratie :
      « D’un point de vue juridique et culturel, la corporation était une entité subordonnée et le but était de servir le bien public »

      Mary ZEPERNICK :
      « La guerre de Sécession et la révolution industrielle ont multipié les corporations. On a assisté à l’explosion du chemin de fer, des banques, de l’industrie lourde. Il y a un siècle et demi, les avocats des corporations ont compris qu’il leur fallait plus de pouvoir. Ils ont voulu supprimer certaines contraintes imposées aux entreprises par le passé »

      Howard ZINN, auteur de Une histoire populaire des Etats-Unis :
      Avec la fin de la guerre de Sécession et la fin de l’esclavage → « A partir de ce moment on empêche les Etats de prendre la vie, la liberté ou les biens des Noirs ».
      → Les corporations vont devant les tribunaux et demandent la même chose, car « nous sommes aussi une personne ». Et la Cour suprême a accepté.

      Richard GROSSMAN :
      « 600’000 personnes ont perdu la vie en luttant pour ces droits. Et dans les 30 années suivants, les juges ont donné les droits au capital et à la propriété ».

      Après avoir obtenu les droits d’une personne, une question se pose : quelle sorte de personne est cette entreprise ?

      Noam CHOMSKY :
      « La corporation a les droits d’une personne immortelle. Mais pas n’importe quelle personne : celle dénuée de conscience morale. Elle est créée par la loi pour s’occuper uniquement de ses actionnaires, mais pas de ses partenaires comme la communauté ou la population active »

      Robert HARE, Docteur en médecine :
      "Il n’est pas difficile de rapprocher la psychopathie de l’individu de celle de la corporation. On peut examiner les caractéristiques de cette maladie et voir comment elles s’appliquent à la corporation :
      – indifférence flagrante aux sentiments d’autrui
      – incapacité de maintenir des relations durables
      – désintérêt imprudent de la sécurité d’autrui
      – deceitfulness : repeated lying and conning others for profit
      – incapacity to experience guilty
      – failure to conform to social norms with respect to lawful behaviours
      → « Elles auraient toutes les caractéristiques. Ce genre d’entreprise est le psychopathe type »

      Richard GROSSMAN sur les « programmes sociaux » des corporations :
      « Ils aident vec l’argent des contribuables et des actionnaires. Mais les contribuables devraient décider de l’emploi de cet argent. Et pendant qu’ils font ces trucs sympas, ils diminuent les impôts des entreprises et des gens riches et remanient la politique nationale. On ne voit pas ces remaniements, ni l’argent se faire aspirer, mais on voit l’apparence sympathique »

      Lien entre nazisme et corporations :

      Howard ZINN :
      « Il y a un lien intéressant entre la montée du fascisme en Europe et la position des radicaux vis-à-vis du pouvoir des corporations. Parce qu’il a été reconnu que la montée du fascisme en Europe s’est faite grâce aux multinationales »

      Noam CHOMSKY :
      « Mussolini était idolâtré par toutes les classes sociales. Le milieu des affaires l’adorait. Quand Hitler a pris le pouvoir, les investissements sont aussi montés en flèche. Il contrôlait la main-d’œuvre, se débarassait des gens de gauche. Les conditions d’investissement s’amélioraient »

      Michael MOORE :
      « Une des histoires passées sous silence au 20ème siècle est la connivence des corporations avec l’Allemagne nazie. D’abord, comment les entreprises américaines ont aidé à reconstruire l’Allemagne et épaulé le régime nazi à ses débuts. Puis, quand la guerre a éclaté, comment elles ont contribué à les faire fonctionner. General Motors a gardé Opel, Ford a continué à faire tourner ses usines. Mais pour Coca-Cola s’était impossible, alors ils ont inventé Fanta Orange pour les Allemands. C’est comme cela que Coca-Cola a pu continuer à faire des bénéfices. Quand vous buvez Fanta Orange, c’est la boisson des nazis créée pour que Coca-Cola fasse de l’argent pendant que des millions de gens mouraient »

      Vandana SHIVA :
      « Au cours des 10 dernières années, nous avons gagné du terrain. Nous, c’est-à-dire les gens ordinaires, qui se consacrent au bien de l’humanité, sans distinction de sexe, de classe, de race, de religion, toutes les espèces de la planète. Nous avons réussi à poursuivre en justice un gouvernement et une entreprise tout-puissants pour l’affaire Neem. Et nous avons gagné. Le brevet de la société américaine Grace sur Neem a été révoqué suite à un procès intenté par nous, les Verts au parlement européen et le Mouvement international de l’Agriculture biologique. On a gagné parce qu’on était unis. On a renversé 99% du brevet basmati de Rice Treck parce qu’on a formé une coalition mondiale : des vieilles femmes du Texas, des savants d’Inde, des activistes de Vancouver, un groupe local d’action basmati. On a montré que le Tiers-Monde n’était pas des pirates, mais que les corporations l’étaient »

    • #Mittal

      Le groupe Mittal est le n° 1 mondial de l’#acier. Plus qu’une entreprise, c’est un empire présent dans soixante pays qui emploie 250 000 personnes. Issu d’une famille modeste de Calcutta, Lakshmi Mittal est devenu, en l’espace de quinze ans, l’un des hommes les plus riches au monde. Plus qu’une réussite, Mittal incarne un symbole : celui du nouveau capitalisme mondialisé et de la revanche du monde émergent sur les vieilles nations industrialisées. Accueilli comme un sauveur en 2006 à la faveur son OPA sur le groupe Arcelor, Mittal est aujourd’hui perçu comme le fossoyeur de la sidérurgie européenne. Touchée de plein fouet par la crise économique, sa multinationale criblée de dettes a perdu 80 % de sa valeur, accumule les pertes et ferme ses usines les unes après les autres en Europe. Un déclin brutal qui révèle l’autre visage d’un modèle économique obsédé par la rentabilité à court terme, qui privilégie l’exploitation des richesses au profit des seuls actionnaires, au détriment de l’intérêt collectif. L’échec du modèle Mittal illustre également la perte d’influence d’un continent, l’Europe, qui apparaît comme le maillon faible de la mondialisation. Impuissante à enrayer sa désindustrialisation, elle apparaît incapable, contrairement aux États-Unis et à la Chine et exception faite de l’Allemagne, de protéger ses champions industriels et de proposer un nouveau modèle économique porteur d’avenir.

      http://boutique.arte.tv/f9841-empire_mittal

      Les ressources en ligne sur Mittal sur le site d’Arte :
      http://info.arte.tv/fr/mittal-web-links-und-pressestimmen

    • #Goldman_Sachs, la #banque qui dirige le monde

      Plus qu’une banque, Goldman Sachs est un empire invisible riche de 700 milliards d’euros d’actifs, soit deux fois le budget de la France. On l’appelle « la Firme », comme dans les romans d’espionnage des années 1980. Après s’être enrichie pendant la crise des subprimes en pariant sur la faillite des ménages américains, elle a été l’un des instigateurs de la crise de l’euro en maquillant les comptes de la Grèce puis en misant contre la monnaie unique. Un empire de l’argent sur lequel le soleil ne se couche jamais, qui a transformé la planète en un vaste casino. Grâce à son réseau d’influence unique au monde, et son armée de 30 000 moines-banquiers, Goldman Sachs a su profiter de la crise pour accroître sa puissance financière, augmenter son emprise sur les gouvernements et bénéficier de l’impunité des justices américaine et européennes.

      http://boutique.arte.tv/f7894-goldman_sachs

    • C’est en français, malgré le résumé en espagnol...
      *Los Deportados del TLC (Les #déportés_du_libre_échange) Marie-Monique Robin*

      Algo que parecía imposible hace unos pocos años, algo propio de la ciencia y ficción comenzó a verse hace poco en América Latina. Las semillas comenzaron a patentarse y los propios campesinos que eran los portadores del conocimiento durante milenios fueron dejados de lado, pues las nuevas políticas de acuerdos de intercambio comercial los afectaron gravemente. Hoy guardar la semilla en algunos países se ha convertido en un crimen. Uno de los medios para despojar a los campesinos de este derecho ha sido introduciendo poco a poco políticas neoliberales, que en lugar de apoyarlos, los debilitaron totalmente hasta el grado de hacerlos abandonar sus propias tierras. El caso muy marcante es de México donde el TLC (Tratado de Libre Comercio) en lugar de darles beneficios, los destrozó. El resultado claro es que miles y miles de campesinos mexicanos emigraron al pais vecino buscando tener suerte, dejando a sus familiares, en una aventura donde arriesgan incluso sus propias vidas, hoy el buscar trabajo se ha convertido incluso en un crimen. Los grandes ganadores con estos tratados de Libre Comercio, no son los pequeños productores, sino aquellos que ya más tienen y sobretodo las poderosas multinacionales. La gran periodista francesa Marie Monique Robin en este filme, nos desvela lo que significó el Tratado de Libre Comercio para México, el aniquilamiento del campesinado y la invasión escandalosa de productos subvencionados estadounidenses, que evidentemente matan la producción local mexicana. Recomiendo también ver el documental Los piratas de los seres vivos.

      https://www.youtube.com/watch?v=tG89P8II0cA

    • Les dessous de la mondialisation

      Sénégal : la fripe mondialisée

      Les français se débarrassent de 11kg de vêtements chaque année. Ces fripes ne sont pas toutes données à des personnes dans le besoin. Majoritairement collectées et triées, elles sont en partie revendues en Afrique. Au Sénégal, la fripe habille une grande partie de la population et fait vivre des centaines de milliers de personnes : des trieuses aux charretiers en passant par les négociants et les grossistes. Mais ce commerce prospère aux dépens d’une production textile locale. Un documentaire réalisé par Angèle Berland.

      http://replay.publicsenat.fr/emissions/les-dessous-de-la-mondialisation/senegal-la-fripe-mondialisee/139515

      Et d’autres reportages de la même série

    • Quelques notes tirées du film « Planète_à_vendre » :
      Facteurs nécessaires des terres pour intéresser les investisseurs :
      – sol fertile ;
      – terres proches d’un point d’exportation ;
      – accès à l’eau.
      Si une terre a ces caractéristiques, c’est un bien comme les autres.

      Mais pourquoi s’intéresser aux terres cultivables alors que les personnes/institutions qui s’y intéressent les avaient toujours méprisées ?
      → car la population mondiale augmente et il y a donc nécessité d’augmenter la production agricole.

      On est aujourd’hui face à la construction d’un nouvel ordre agricole global.

      Arabie Saoudite :
      Depuis 40 ans il y a un développement de l’agriculture en Arabie Saoudite. A un certain moment, l’Arabie Saoudite est devenu exportatrice de blé.
      Mais le prix a été l’épuisement des réserves d’eau. A cause de cela, en 2008, le roi a déclaré qu’il fallait arrêter la production de blé dès 2016.

      Fin 2007 : événement déclencheur du changement→ la crise alimentaire mondiale, causée notamment par l’augmentation de la production de biocarburants, par la diminution du niveau des stocks de céréales et par les restrictions d’exportations de certains pays (Vietnam et Argentine notamment, qui refusaient d’exporter des céréales).
      → solution : investir dans des terres et cultiver soi-même les céréales nécessaire.

      Le Roi Abdullah octroi 800 mio. de dollars pour que l’Arabie Saoudite achète des terres. L’Arabie Saoudite achète des terres notamment en Afrique de l’Est en promettant qu’elle investi dans des infrastructures, des technologies dans le pays et qu’elle augmentera l’emploi national.

      On voit donc un changment dans la direction des investissements, il n’y a plus seulement des investissements du Nord au Sud, mais aussi des investissements Sud – Sud (Arabie Saoudite et Inde).

      3 vagues de mondialisation :
      – industrie
      – services
      – agriculture.

      Exemple d’un investisseur indien en Ethiopie (il y a implanté la plus grande plantation de roses au monde), pour son exploitation :
      – le plastique vient de Chine
      – le système d’irrigation d’Israël
      – le capital d’Inde
      – les roses vont en Europe
      – les pelleteuses viennent de Corée
      – les serres d’Equateur
      – les moteurs d’Allemagne

      L’Ethiopie a déjà 1,6 mio. d’ha de terres prêtes pour les investisseurs étrangers. Dans le futur, l’Ethiopie prévoit de mettre à disposition 3 mio. d’ha de terres.
      → En Ethiopie toutes les terres sont de propriété de l’Etat ethiopien (suite du régime socialiste des années 70 et 80)

      L’investisseur indien déclare « On se sent un peu comme Christoph Colomb (…). C’est de la terre vierge, de l’or vert, elle n’a jamais été labourée depuis qu’elle existe ».
      « L’Etat a besoin d’un investisseur et les investisseurs ont besoin d’un bon Etat », il continue.

      L’investisseur indien paie 10 dollars par an par ha. de taxes sur les terres, mais les 6 premières années sont gratuites. Le contrat est de deux fois 40 ans" → le prix a été fixé par l’Etat éthiopien.

      Avant, sur ces terres, les locaux y faisaient pêtre leur bétail et ils cultivaient du tèf et du sésame pour la production familiale. Maintenant, ils doivent partir et laisser leurs terres.

      Litige avec l’investisseur indien : accès à l’eau, car l’eau est sur le territoire de l’Indien.

      Renée VALLVE de l’ONG « Grain » :
      « Le ’land grabbing’ est vu comme la solution à la crise alimentaire. Alors que c’est une agriculture intensive, qui est à l’origine de la crise alimentaire »

      Arrivée sur scène de la finance (banques, fonds de pension, etc.) :
      Dans les années 2010, une grande spéculation sur les matières premières agricoles a commencé. Cette spéculation a fait augmenter les prix et augmenter la volatilité de ces prix. Ainsi, les investisseurs ont compris qu’on pouvait gagner de l’argent avec l’agriculture et ainsi ils ont commencé à acheter des terres.

      En 2005, la proposition d’un financier d’acheter des terres était ridiculisée « ici en Europe on nous paie pour ne pas cultiver la terre et tu veux qu’on te donne de l’argent pour acheter des terres ? »
      → Réponse du spéculateur : « l’UE continuera à subventionner la paysannerie européenne pour qu’elle ne cultive pas, mais on augmentera la cultivation dans le Sud, non pas car il y a des subventions, mais car c’est rentable »

      Au lieu de créer des emplois, comme veulent le faire croire les investisseurs, c’est une agriculture sans agriculteurs qui est promue. En Uruguay, les campagnes se vident. Les petits paysans quittent la campagne pour aller dans les périphéries des villes ou à l’étranger, ou alors ils sont payés à la journée pour un salaire de faim pour le nouvel investisseur…

      Olivier SCHUTTER, rapporteur de l’ONU pour le droit à l’alimentation :
      « Les pays ainsi produisent pour l’étranger et sont de plus en plus dépendants des marchés internationaux. Tant que les prix alimentaires sont bas, c’est ok, mais quand les prix augmenteront… »

      Absurdité du système : l’investisseur indien vend le riz qu’il produit en Ethiopie aux agences d’aide alimentaire qui distribuent le riz à la population éthiopienne…

    • Overdose
      Symboles de la société du tout-jetable, les plastiques sont devenus incontournables dans notre quotidien. Résistants, légers et peu coûteux à produire, ils sont néanmoins une plaie à collecter et à recycler après usage. Entre les dangers que leur abandon sauvage fait peser sur l’environnement, et les risques sanitaires, liés au recyclage rudimentaire, qu’encourent les populations les plus pauvres, principalement en Chine, cette #enquête fouillée, réalisée sur trois continents, dresse un état des lieux plus qu’alarmant. Face aux puissants
      #lobbies_industriels et à la #catastrophe_annoncée, les politiques sauront-ils prendre les décisions qui s’imposent pendant qu’il est encore temps ?
      https://www.arte.tv/fr/videos/077392-000-A/plastic-partout
      #plastique

  • Le #bambou pourrait être un sauveur face au changement climatique
    http://ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=8026

    ’Bamboo Avenue’ est un tronçon de route d’environ 2,5 kilomètres de la paroisse Sainte Elizabeth en Jamaïque. Il est bordé de bambous géants qui surplombent la route et se croisent au milieu pour former un tunnel ombragé. Cette avenue a été créée au 17ème siècle par les propriétaires de ’Holland Estate’ pour fournir de l’ombre aux voyageurs et pour protéger la route de l’érosion.

    Le bambou fait partie de la culture de la Jamaïque depuis des milliers d’années, mais il n’a jamais réellement fonctionné en tant qu’outil ou option pour résoudre certains des défis auxquels le pays est confronté.

    C’est-à-dire jusqu’à récemment.

    En septembre, le Bureau des normes de la Jamaïque (BSJ) a annoncé que le pays se lancerait dans la production à grande échelle de bambou pour la construction de logements à faible coût et de produits à valeur ajoutée tels que des meubles et du charbon pour le marché d’exportation.

    Il est encore à ses premiers stades, mais la Jamaïque est saluée pour ce projet qui selon le directeur du Réseau international pour le bambou et le rotin (INBAR), Dr Hans Friederich, a un potentiel énorme dans la protection de l’environnement naturel et de la biodiversité et l’atténuation contre les changements climatiques.

    « Le bambou, et il y en a environ 1.250 espèces différentes, a un rôle très important à jouer dans la protection de l’environnement et atténuation des changements climatiques. Les bambous ont des systèmes racinaires très forts et très étendus et sont donc des outils extraordinaires pour lutter contre l’érosion des sols et pour aider à la restauration de la dégradation des terres », a déclaré Friederich à IPS.

    "Plus de bambous absorberont plus de CO2 et donc vous aident dans vos objectifs de #REDD+ [Réduction des émissions dues à la déforestation et la dégradation des forêts], mais une fois que vous coupez le bambou et que vous l’utilisez, vous verrouillez le carbone, et le bambou en tant qu’herbe pousse si vite que vous pouvez en réalité le couper après quatre ou cinq ans, contrairement aux arbres que vous devez laisser pendant longtemps.

    « Donc, en coupant le bambou vous avez un retour sur investissement beaucoup plus rapide, vous évitez de couper les arbres et vous fournissez la matière première pour toute gamme d’usages », a-t-il expliqué.

    Le BSJ offre une formation jusqu’à la fin de novembre pour que les gens soient employées dans le secteur et est en train de créer trois usines de bambou à travers l’île.

    L’agence veille également à ce que les populations locales puissent cultiver, préserver et récolter le bambou pour ses divers usages.

    « Il peut être planté simplement comme on plante la canne à sucre. Le potentiel d’exportation est grand, et vous pouvez faire créer des emplois, et être assuré de la création des industries », a indiqué la directrice des projets spéciaux au BSJ, Gladstone Rose.

    En marge de la 12ème Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (COP 12) à Pyeongchang, en Corée du Sud, Friederich a dit à IPS que les bambous peuvent contribuer directement aux Objectifs 14 et 15 d’Aichi sur la biodiversité.

    Oui enfin, si on plante des bambous partout ça ne favorise pas la #biodiversité #construction #tourisme

  • #black_mirror S.O2 EP.11 : Selekta Spéciale B.Girls !
    http://coutoentrelesdents.noblogs.org/post/2014/11/30/black-mirror-s-o2-ep-11-selekta-speciale-b-girls

    On quitte la Jamaïque. Retour aux Etats-Unis, de nos jours. Retour au Hip-hop, né dans les Block parties, avatar américain des Sounds systems de Kingston. Depuis les débuts, des filles se sont saisies du micro, mais elles ont pourtant toujours … Continue reading →

    #FEMINISME #MUSIQUE #émission_radio #b_girl #culture #feminisme #genre #hip_hop #musique #musique_gratuite #pensé_critique #rap #rappeuse