• Les associations d’usagers s’inquiètent du partage massif de données concernant les bénéficiaires d’aides au logement
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/03/22/les-associations-d-usagers-s-inquietent-du-partage-massif-de-donnees-concern

    Un décret présenté lors du Conseil national de l’habitat prévoit de transmettre ces informations à l’Agence nationale de l’habitat

    Les informations sur près de 2,6 millions de foyers locataires et propriétaires occupants du parc privé et tous leurs membres, identité, adresse, situation professionnelle, ressources et reste à vivre après paiement du loyer, type de logement et loyer, mais aussi autres allocations versées (RSA, allocation aux adultes handicapés) avec leurs montants, seront peut-être bientôt divulguées à l’Agence nationale de l’habitat (ANAH).

    Jeudi 18 et vendredi 19 mars, lors du Conseil national de l’habitat – instance consultative de tous les acteurs du logement, fonctionnaires du ministère, associations de locataires, promoteurs et agents immobiliers –, les discussions ont été houleuses. Une dizaine de projets de décret ont été examinés. Les débats, sous la présidence de Mickaël Nogal, député (La République en marche) de Haute-Garonne, se sont animés à propos, notamment, de l’un d’entre eux, pris en application de la loi « énergie et climat » du 8 novembre 2019. Il prévoit que, chaque année, la Caisse nationale d’allocations familiales et la Mutuelle sociale agricole transmettront à l’ANAH leurs fichiers concernant les occupants du parc privé, locataires et propriétaires, bénéficiaires des aides au logement.

    Selon la note de présentation dudit décret, ces informations seraient utiles pour « aider à la mise en œuvre de missions de service public réalisées par l’ANAH, identifier les logements susceptibles de bénéficier d’aides à l’amélioration qu’elle propose » aux ménages vivant dans un habitat indigne, en situation de précarité énergétique ou en perte d’autonomie. Un autre but, « mieux lutter contre la fraude en croisant les données issues de différents organismes », est aussi invoqué, sans grand détail.

    « Disproportionné »

    « Ce transfert massif d’informations, qui ne seront pas réservées aux seuls salariés de l’ANAH puisqu’elles peuvent être déléguées à des sociétés tierces, des sous-traitants, nous inquiète, explique Guillaume Aichelmann, chargé de mission de l’association Consommation Logement Cadre de vie. Ce sont décidément toujours les pauvres qu’on contrôle ! Quant à la lutte contre la fraude, elle vise à nouveau les seuls ménages aidés alors qu’elle pourrait mieux exploiter, par exemple, les déclarations de revenus des bailleurs », suggère-t-il.

    « En tant qu’opérateur, nous manquons toujours de données pour identifier les habitants qui ont besoin d’être aidés, explique Michel Pelenc, directeur général de Soliha, association qui, au nom de l’ANAH, démarche et conseille les ménages dans l’amélioration de leurs logements. Mais là, j’admets que le moyen est un peu disproportionné dans la mesure où le nombre de logements faisant l’objet d’une convention avec l’ANAH dépasse rarement 1 000 par an, avec de très rares cas de fraude… On prend un marteau pour écraser une mouche », estime M. Pelenc qui, en tant que membre du Conseil national de l’habitat, a tout de même donné son accord au projet de décret.

    De son côté, la Commission nationale de l’informatique et des libertés a bien été consultée mais son avis, pourtant déterminant, n’a pas été communiqué aux membres du conseil et ne sera d’ailleurs rendu public qu’en même temps que le décret, ce qui ne contribue guère à l’apaisement des débats.

    #croisement_de_fichiers #données #CAF #MSA #logement

  • [#Controle_Social] Chasse aux pauvres

    "Pas de « droit à l’erreur » pour les allocataires de la Caf, soumis à des contrôles toujours plus invasifs"

    Déclaration de revenus tous les trois mois, croisements de données avec les impôts, contrôle des relevés bancaires, visites à domicile… Il ne s’agit pas des nouvelles mesures concernant la transparence de la vie publique mais celles auxquelles se soumettent les bénéficiaires de minimas sociaux, en contrepartie d’un revenu de quelque 530 euros par mois. La Caf prévoit même, bientôt, de récupérer « à la source » les données personnelles des allocataires, auprès du Pôle emploi ou des services du fisc. En cas de contrôle, sans même une fraude avérée, les versements peuvent être suspendus. Et pas de « droit à l’erreur ». Parfois prompts à s’offusquer des nouvelles règles de transparence qui encadrent leur activité, nos élus se montrent pourtant moins choqués lorsqu’elles virent à l’abus de pouvoir contre les citoyens les plus précaires.

    article de Rachel Knaebel publié sur @bastamag : https://www.bastamag.net/Pas-de-droit-a-l-erreur-pour-les-allocataires-de-la-Caf-soumis-a-des-contr

    Lecture #audio : https://archive.org/details/Chasse_aux_pauvres

    Lire aussi :
    – Impôts, fraude, assistanat, vote réac : ces préjugés sur les pauvres qui ne supportent pas l’épreuve des faits : https://www.bastamag.net/Impots-fraude-assistanat-vote-reac-ces-prejuges-sur-les-pauvres-qui-ne

    – Quand la CAF devient une machine à broyer usagers et salariés : https://www.bastamag.net/Quand-la-CAF-devient-une-machine-a

    – en avril 2016, le contrôle des comptes bancaires semblait pourtant impossible : http://www.ouest-france.fr/politique/rsa-les-comptes-bancaires-des-beneficiaires-controles-4247029

    – Face aux contrôles domiciliaires de la CAF, quelques conseils : http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5808 (avec audio)

    – beaucoup de ressources sur le site des CAFards : https://cafard93.wordpress.com

    Contacter :
    – réseau des collectifs d’AC ! : http://www.ac-chomage.org
    – la CIP IdF : http://www.cip-idf.org

    photo : Val K. / issue de la série Résilience : https://www.flickr.com/photos/valkphotos/albums/72157632365533596

    #CAF #RSA #precarite #croisement_de_fichiers #societe_de_controle

  • Immigration : Synthèse de l’analyse interassociative du projet de loi

    ADDE - Anafé - Fasti - Gisti - La Cimade - LDH - MOM - SAF - Syndicat de la magistrature

    INTRODUCTION

    Annoncé dès le début du quinquennat, le projet de loi relatif au droit des étrangers en France présenté le 23 juillet 2014 au Conseil des ministres a été inscrit tardivement à l’agenda parlementaire et devrait être discuté à l’Assemblée nationale en mai 2015. Contrairement à la réforme de l’asile, adoptée en décembre 2014 par l’Assemblée nationale, ce projet n’est pas dicté par l’obligation de transposer des directives européennes. S’il n’y avait aucune urgence à légiférer, une fois de plus, en matière de droit des étrangers, on aurait pu s’attendre à ce que ce projet de loi traduise au moins la volonté du gouvernement de prendre en compte les orientations suggérées par le rapport Fekl [1] de 2013 pour « sécuriser les parcours » des personnes étrangères en France. Ce n’est pas le cas. Des trois priorités mises en avant dans ce rapport - renforcer le droit à séjourner des personnes migrantes ayant vocation à vivre en France, améliorer les conditions d’accueil en préfecture, rétablir des modalités équitables de contrôle par le juge de la procédure de rétention administrative - le projet de réforme n’en retient aucune.

    Si le rapport Fekl, en recommandant la mise en place d’un titre de séjour pluriannuel, restait bien en deçà des préconisations de nos organisations visant à rétablir la généralisation de la délivrance de la carte de résident de dix ans [2] (seul dispositif susceptible de garantir aux personnes durablement établies en France le droit à y demeurer sans crainte de l’avenir), il indiquait cependant des pistes pour faire reculer la précarisation qui caractérise le statut des étrangères et des étrangers. Elles n’ont pas été suivies.

    Les organisations signataires de cette analyse sont unanimes : ce projet de réforme du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceséda) ne marque aucune volonté de rupture avec les réformes précédentes.

    Selon le ministère de l’Intérieur, il s’agirait d’un texte « équilibré », visant à stabiliser le séjour des étrangers en France en répondant à certains dysfonctionnements constatés, tout en prévoyant de nouveaux dispositifs pour lutter contre l’immigration dite irrégulière. Mais l’équilibre affiché n’est qu’une façade : l’immigration « autorisée » est maintenue dans une situation administrative précaire qui empêche celles et ceux qu’elle concerne de trouver leur place en France. En conservant l’inversion de la logique d’intégration amorcée depuis 2003 et en créant une nouvelle « usine à gaz » pour la délivrance de titres de séjour pluriannuels à géométrie variable, le projet de loi n’améliore ni la situation des personnes concernées, ni les conditions de leur accueil dans les préfectures. Pire, alors qu’il prétend « stabiliser » la situation des étrangères et des étrangers, il ne prévoit aucune passerelle entre le titre de séjour pluriannuel et le droit au séjour pérenne, permettant, au contraire, à tout moment, la remise en cause et le retrait de ce titre.

    De nombreuses dispositions du projet de loi sont consacrées à l’éloignement. Si certaines constituent des réponses au droit de l’Union européenne et à la jurisprudence, la plupart sont au service de l’efficacité des mesures de départ forcé. En effet, la création de procédures accélérées visant à empêcher des catégories ciblées d’exercer efficacement leur droit au recours contre les OQTF, l’instauration d’une interdiction de circulation sur le territoire français pour les ressortissants de l’Union européenne, la mise en place d’un nouveau dispositif d’assignation à résidence qui, sous couvert de faire diminuer le nombre de placements en rétention, vise surtout à améliorer la « productivité » des procédures d’éloignement, le régime spécial maintenu ou aggravé outremer, en dépit des normes européennes et de la jurisprudence, en sont autant d’exemples, tous traités dans cette analyse.

    On notera enfin, parmi les innovations, que le projet de loi veut mettre en place un dispositif de contrôle jamais imaginé jusqu’alors en dehors du champ du droit des étrangers, qui permettra aux préfectures de requérir auprès des administrations fiscales, des établissements scolaires, des organismes de sécurité sociale ou encore des fournisseurs d’énergie, de télécommunication et d’accès internet, des informations dans le cadre de l’instruction des demandes de titre de séjour, et de consulter les données détenues par ces organismes. Ce dispositif interroge le respect de la vie privée et de la déontologie professionnelle des travailleurs sociaux. (…)

    http://www.gisti.org/spip.php?article4888

    #Immigration #Sans-papiers #croisement_de_fichiers #Code_des_étrangers