Socio.Logs

Faits sociaux en vrac

  • L’essor de la sociabilité numérique ne réduit pas la sociabilité de face-à-face | INSEE

    http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?id=4290&reg_id=0

    Entre 2006 et 2011, les rencontres avec les proches ont gardé à peu près la même fréquence tandis que les contacts à distance sont devenus plus fréquents ; le développement des technologies de l’information et de la communication (notamment Internet, téléphone portable, SMS, réseaux sociaux...) rend les contacts à distance sans doute plus faciles aujourd’hui.
    La sociabilité reste plus orientée vers la famille, surtout pour les contacts à distance : 65 % des personnes ont des contacts avec leur famille au moins une fois par semaine, contre 54 % pour les contacts avec les amis. Cependant, ce sont les contacts à distance avec les amis qui ont le plus progressé (+ 8 points pour les contacts hebdomadaires avec les amis, contre + 2 points pour les contacts avec la famille). Les rencontres avec la famille sont, quant à elles, aussi fréquentes qu’avec les amis (la moitié des personnes voient leur famille au moins une fois par semaine, niveau équivalent à ce qui est observé pour les amis).
    Les principales différences observées en 2006 entre les catégories de personnes restent vraies en 2011. Ainsi, la sociabilité des jeunes est plus tournée vers les amis que vers la famille : les trois quarts des personnes de 16 à 30 ans voient leurs amis au moins une fois par semaine alors que seule la moitié d’entre elles voit leur famille aussi régulièrement. Après 30 ans, la fréquence des rencontres avec les amis est globalement stable alors que l’on rencontre sa famille de plus en plus souvent en vieillissant : après 75 ans, 60 % des personnes voient leur famille au moins une fois par semaine. Avec l’âge les contacts à distance tendent également à augmenter.
    Les cadres voient moins souvent leurs proches amis et leur famille que les autres catégories, mais ils ont les contacts à distance les plus fréquents. C’est également le cas pour les personnes les plus aisées et pour celles qui résident dans l’agglomération parisienne.

    #lien_social
    #sociabilité
    #famille
    #amitié

  • L’effet d’âge relatif : une expérience naturelle sur des footballeurs

    http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=RECO_653_0657

    Les effets d’âge relatif (relative age effects, rae) font référence à l’avantage qu’ont les individus nés plus tôt au sein d’une cohorte. En économie de l’éducation, le rae montre que les enfants nés tôt dans l’année obtiennent de meilleurs résultats scolaires que les autres. C’est également vrai dans le cas du sport dans le cadre duquel les enfants sont regroupés par classe d’âge lors de leur formation. Parce que la date délimitant les catégories ne change jamais au niveau scolaire (l’année civile), il est difficile d’identifier parfaitement l’effet causal. Nous pouvons identifier cet effet car la Fédération française de football a changé la date limite des catégories de jeunes pendant la saison 1995-1996. Ainsi cette expérience naturelle montre que : (1) la date-limite des catégories crée le rae ; (2) les effets continuent d’exister pour les footballeurs les plus âgés ; (3) il existe des différences de développement physique entre les joueurs nés juste avant et juste après la date limite.

    #âge
    #école
    #expérience_naturelle

  • Hiérarchie : ce que les babouins nous apprennent, en fait | Sciences Humaines

    http://www.scienceshumaines.com/la-hierarchie-est-elle-bien-naturelle_fr_30814.html#achat_article

    Donc, pendant très longtemps, il n’a fait aucun doute que les babouins étaient très rigidement hiérarchisés. Ce modèle était à ce point devenu incontournable qu’il dirigeait, sur chaque terrain, les premières questions de l’enquête : celle-ci se devait de commencer par la découverte de la hiérarchie et l’établissement du rang de chaque individu.
 (...)
    Au début des années 1970, quelques voix, principalement celles de femmes primatologues, s’élèvent contre cette conception. Leur méthodologie de terrain les conduit à récolter d’autres observations : elles restent plus longtemps avec les groupes qu’elles étudient, pratiquent l’habituation, reconnaissent chacun des individus qui la composent ; la proximité les autorise en outre à prendre en compte des comportements passés inaperçus. T. Rowell revendique que les babouins qu’elle observe en Ouganda n’exhibent pas cette rigide hiérarchie de dominance. Bien au contraire, à l’agression sont préférées des relations pacifiques d’alliance et de coopération. Aucun mâle ne semble souhaiter clairement dominer les autres. Shirley Strum prolonge et nuance cette critique. Ce n’est pas tant que les babouins ne souhaitent pas dominer, c’est qu’ils ne le peuvent pas. Elle remarque que les mâles les plus agressifs, et classés le plus haut dans la hiérarchie si l’on prend le critère de l’issue des conflits, sont le moins souvent choisis comme compagnons-consorts par les femelles et ont un accès bien moindre aux femelles en œstrus.

    En observant qui fait quoi, S. Strum est arrivée à la conclusion que les « dominants » classés selon les interactions antagonistes sont en fait les nouveaux arrivants dans la troupe. Chez ceux qu’elle observe (et c’est le cas de la majorité des babouins), les mâles, à l’adolescence, quittent le groupe natal, et vont s’intégrer dans un autre. Ils passeront ainsi, de groupe en groupe, restant de quelques semaines à quelques mois dans chaque troupe d’accueil. Ce nomadisme les contraint à un travail constant d’intégration. Quand un babouin nouvel arrivant tente de s’installer dans un groupe, il va s’attacher à établir des relations avec les mâles résidents. Or, S. Strum le constate, les plus « agressifs » sont souvent des adolescents « mal dégrossis et ignorants », qui, la plupart du temps, n’aboutissent pas à grand-chose, si ce n’est à effrayer ou à énerver les autres. En dehors de l’agressivité, peu de solutions s’offrent à ces jeunes inexpérimentés. Ils sont craints et donc « dominants », mais ni la crainte ni cette prétendue dominance ne leur donnent réellement accès à ce qu’ils désirent. Les atouts des mâles plus anciens sont la connaissance du réseau, des stratégies et la maîtrise des tactiques indispensables. Comment pourrait-on encore parler de hiérarchie, dans un univers aussi compliqué ?
    La critique de S. Strum ne se limite pas à remettre en cause les schèmes qui guident les interprétations et les observations. Elle conteste également le fait même d’attendre des babouins qu’ils puissent constituer un modèle pour les sociétés humaines : « L’observation de la bande de Pumphouse (Kenya) conduit à (cette) conclusion : rien ne prouve que l’agression, la supériorité des mâles et leur mainmise sur le pouvoir politique soient caractéristiques du mode de vie des premiers humains. D’autre part, si l’on croit sincèrement que la société des humains est caractérisée par la loi du plus fort, la supériorité masculine et une hiérarchie stable entre les mâles, alors il faudra bien trouver de nouvelles explications. Nous ne pouvons plus nous contenter de dire qu’“il en va ainsi” de toute société. »


    #structure_sociale
    #naturalisation
    #hiérarchie
    #éthologie

  • 100 ans de supériorité scolaire des filles : une méta-analyse

    http://www.slate.fr/life/86605/filles-meilleures-garcons-ecole-depuis-100-ans

    Les chercheurs Daniel et Susan Voyer ont rassemblé toutes les études qu’ils ont pu trouver sur le lien entre le sexe et les notes à l’école depuis 1914 et les ont rassemblées dans une gigantesque méta-analyse, « la première en son genre » écrit le National Journal.
    Les Voyer ont lu plus de 6.000 articles depuis 2011 pour constituer au final un échantillon de 308 études rassemblant des données sur plus d’un million d’écoliers et étudiants dans une trentaine de pays. Résultat, les filles ont un avantage persistant dans toutes les matières, y compris les mathématiques et les sciences (traditionnellement considérés comme des matières « masculines »), et avec un avantage encore plus grand en lecture et en langues. Les chercheurs écrivent en conclusion de leur étude :
    « Le résultat qui montre que l’avantage féminin dans les notes à l’école est resté stable au cours des années étudiées (entre 1914 et 2011) mérite que l’on s’y attarde car il contredit les affirmations d’une crise récente des garçons dans les performances à l’école. »
    Les différences entre les deux sexes sont les plus grandes entre 11 ans et 14 ans, avant de diminuer progressivement au lycée et à l’université. Le Smithsonian écrit :
    « Les auteurs émettent l’hypothèse que les parents poussent peut-être plus les filles que les garçons, ou que les garçons et les filles ont des styles d’apprentissage différents. Quoi qu’il en soit, il est clair que les filles peuvent faire des maths et de la science et y exceller. »

    #genre
    #école
    #méta_analyse

  • OCDE 1980-2010 : impôt sur les hauts revenus en baisse, inégalités en hausse.

    http://www.oecd.org/els/soc/OECD2014-FocusOnTopIncomes.pdf
    http://www.oecd.org/fr/els/soc/OCDE2013-La-crise-amoindrit-les-revenus-8p.pdf

    Le taux d’imposition des plus hauts revenus a diminué depuis 30 ans. Seule la crise a ralenti la tendance :

    Or l’impôt sur le revenu est redistributif. Son allègement a donc contribué à creuser les inégalités (mesurées par le coefficient de Gini) :

    Celles-ci varient selon les pays :

    #inégalités
    #impôts
    #redistribution

  • Fragmentation des pavillons en IdF : parc social diffus, densification spontanée.

    http://www.metropolitiques.eu/La-division-des-pavillons-de.html

    Une exploitation des fichiers Filocom de 2001 à 2011 permet d’estimer que, chaque année en Île-de-France, la division de 770 logements individuels permet de produire près de 2 000 logements. (...)
    Le phénomène concerne prioritairement les communes populaires bien desservies du cœur de l’agglomération. (...) C’est en Seine-Saint-Denis que le phénomène est le plus prégnant : 1 500 pavillons y ont été divisés entre 2001 et 2011 (soit 20 % des mutations observées en Île-de-France. (...)
    Les occupants des logements issus de ces divisions sont des ménages aux ressources modestes : 81 % ont des revenus inférieurs aux plafonds HLM du prêt locatif à usage social et 49 % inférieurs aux plafonds HLM très social (PLA‑I), avec un maximum de 62 % en Seine-Saint-Denis. Il s’agit souvent des jeunes en début de parcours résidentiel (52 % des locataires de 25 à 40 ans) ou de familles monoparentales (18 %). La moitié des locataires disposent de moins de 23 m² par personne et 18 % des logements sont suroccupés (30 % en Seine-Saint-Denis). (...)
    [Les communes concernées] se trouvent ainsi prises entre deux écueils : tenter de bloquer toute possibilité d’évolution du bâti en ignorant les besoins auxquels seuls ces logements peuvent répondre, au risque de voir se développer une offre informelle de logements de mauvaise qualité ; ou tenter d’accompagner le processus de densification en le régulant, avec la difficulté de générer des besoins d’équipements et de services sans pouvoir mobiliser les circuits de financement permis par les opérations d’aménagement.

    #logement
    #ville

  • La théorie wébérienne de la structure sociale : un « accaparement des opportunités » | Erik Olin Wright

    http://www.contretemps.eu/interventions/comprendre-classe-vers-approche-analytique-int%25C3%25A9gr%25C3%25A9e#fo

    La deuxième approche, dans laquelle les classes sont définies par l’accès et l’exclusion de certaines opportunités économiques, met l’accent sur « l’accaparement des opportunités » – un concept étroitement associé à l’œuvre de Max Weber. Afin d’obtenir les postes qui confèrent de hauts revenus et des avantages spécifiques, il est important pour leurs titulaires de mettre en œuvre des moyens divers afin d’exclure autrui de l’accès à ces postes. On parle parfois à ce propos d’un processus de clôture sociale, dans lequel l’accès à une position devient restreint. Une manière de procéder consiste à établir des exigences très difficiles à remplir. Les diplômes ont souvent cette caractéristique : de hauts niveaux de scolarisation engendrent de hauts revenus, en partie parce que se mettent en place des restrictions significatives quant à l’offre d’individus hautement diplômés. Des processus d’admission aux frais de scolarité, en passant par l’aversion que manifestent les individus à faibles revenus au risque associé à des emprunts importants, tout tend à bloquer l’accès à l’instruction supérieure, au profit de ceux qui occupent les postes pour lesquels sont exigés de telles qualifications. (...)
    La certification et l’habilitation sont ainsi des mécanismes particulièrement importants d’accaparement des opportunités, mais bien d’autres dispositifs institutionnels ont été utilisés à diverses époques et en divers lieux, afin de protéger les privilèges et les avantages de groupes spécifiques : des restrictions raciales ont exclu les minorités de nombreux emplois aux Etats-Unis, particulièrement (mais pas seulement) dans le Sud jusqu’aux années 1960 ; des barrières matrimoniales et de genre ont également restreint l’accès à certains emplois pour les femmes durant une grande partie du 20ème siècle dans la plupart des sociétés capitalistes développées ; la religion, des critères culturels, les manières, l’accent, etc., ont également constitué des mécanismes d’exclusion. Mais les droits associés à la propriété privée des moyens de production apparaissent peut-être comme le mécanisme d’exclusion le plus important. En effet, ces droits sont la forme centrale de clôture qui détermine l’accès à l’ « emploi » de patron. (...) La division de classe cruciale entre capitalistes et travailleurs salariés – commune aux traditions sociologiques wébérienne et marxiste – peut ainsi être comprise, d’un point de vue wébérien, comme une forme spécifique d’accaparement des opportunités, imposée par l’intermédiaire de règles légales sur les droits de propriété.
    Selon l’approche fondée sur l’idée d’accaparement des opportunités, les mécanismes d’exclusion qui façonnent les structures de classe n’opèrent pas seulement au sein de la strate la plus privilégiée. Les syndicats de travailleurs peuvent aussi produire des mécanismes d’exclusion, en protégeant les individus en place de la concurrence des personnes extérieures (outsiders). (...)
    Les sociologues qui adoptent cette approche de la classe par l’accaparement des opportunités identifient généralement trois catégories larges dans la société états-unienne : les capitalistes, définis par les droits associés à la propriété privée des moyens de production ; la classe moyenne, caractérisée par des mécanismes d’exclusion fondés sur une instruction et des compétences acquises ; et la classe ouvrière (working class), définie par sa double exclusion des diplômes de l’enseignement supérieur et du capital. Le segment de la classe ouvrière qui se trouve protégé par les syndicats est conçu soit comme une strate privilégiée au sein de la classe ouvrière, soit parfois comme une composante de la classe moyenne.

    Implication politique :

    La différence cruciale entre les mécanismes d’accaparement des opportunités et les mécanismes associés aux propriétés individuelles tiennent au fait que, pour la première approche, les avantages économiques obtenus par le biais d’une position de classe privilégiée sont liés causalement aux désavantages subis par ceux qui sont exclus de ces positions. Dans l’approche fondée sur les propriétés individuelles, au contraire, ces avantages et désavantages sont simplement les produits de conditions individuelles : les riches sont riches parce qu’ils ont des propriétés favorables, et les pauvres sont pauvres parce qu’ils en sont privés ; il n’y a aucune relation causale entre ces faits. Eliminer la pauvreté en améliorant les propriétés pertinentes des pauvres – instruction, niveau culturel, capital humain – ne heurterait nullement les plus riches. Dans l’approche wébérienne, les riches sont riches en partie parce que les pauvres sont pauvres, et les moyens mis en œuvre par les riches pour maintenir leur richesse contribuent à produire les désavantages propres aux pauvres. Dans ce cas, les mesures visant à éliminer la pauvreté en s’attaquant aux mécanismes d’exclusion sont susceptibles de saper les avantages des riches.

    #structure_sociale
    #classes_sociales
    #groupes_de_statut
    #Weber

  • Domination, exploitation : une mise au point | Erik Olin Wright

    http://www.contretemps.eu/interventions/comprendre-classe-vers-approche-analytique-intégrée

    La « domination » et, particulièrement, l’ « exploitation » seraient des termes litigieux car ils induiraient un jugement moral, plutôt qu’une description neutre. De nombreux sociologues essaient ainsi d’éviter ces termes en raison de leur contenu normatif. Je considère au contraire qu’ils sont importants et identifient précisément certaines questions centrales pour la compréhension de la classe. La « domination » renvoie à la capacité de contrôle des activités effectuées par d’autres ; l’ « exploitation » concerne l’acquisition de bénéfices économiques à partir du travail de ceux qui sont dominés. Toute exploitation implique en conséquence une forme de domination, mais à l’inverse toute domination ne suppose pas l’exploitation. (...)
    Considérons le contraste suivant, fondé sur des cas classiques : dans un premier cas, des grands propriétaires terriens s’emparent du contrôle de pâturages communs, en empêchant les paysans d’obtenir un accès à ces terres, et tirent des bénéfices du fait d’avoir un contrôle exclusif sur cette terre pour leur propre usage. Dans un second cas, les mêmes propriétaires terriens, s’étant emparés du contrôle de ces pâturages et ayant exclu les paysans, ramènent ensuite une partie de ces paysans sur cette terre en tant que salariés agricoles. Dans ce second cas, les propriétaires terriens n’obtiennent pas seulement le contrôle de l’accès à la terre (accaparement des opportunités), ils dominent les travailleurs agricoles et exploitent leur travail. Il s’agit là d’une forme de relation d’interdépendance plus forte que dans le cas d’une simple exclusion, dans la mesure où il y a une relation qui s’opère de façon continue, non pas seulement entre les conditions, mais entre les activités des avantagés et des désavantagés. L’exploitation et la domination sont ainsi des formes d’inégalité structurée qui exige la coopération active et continuée entre exploiteurs et exploités, dominants et dominés.

    #structure_sociale
    #domination
    #exploitation
    #Marx
    #Weber

  • Théories de la structure sociale : tentative d’articulation des approches de Marx et Weber | Erik Olin Wright

    http://www.contretemps.eu/interventions/comprendre-classe-vers-approche-analytique-intégrée

    Alors que les sociologues ont généralement eu tendance à fonder leurs recherches sur l’une de ces trois approches de la classe, il n’y a aucune raison de les considérer comme mutuellement exclusives. An contraire, il est possible de combiner leurs apports en considérant chacune d’entre elles comme une manière de mettre en évidence un processus crucial structurant un aspect spécifique de la structure de classe :
    – La tradition marxiste saisit l’exploitation et la domination dans le cadre de la division de classe fondamentale propre à la société capitaliste, entre capitalistes et travailleurs salariés.
    – L’approche wébérienne met au jour l’accaparement des opportunités en tant que mécanisme central différenciant les emplois de « classe moyenne » d’une classe laborieuse plus large, en suscitant des barrières restreignant l’accès aux positions professionnelles les plus désirables. Le problème fondamental ici n’est pas de savoir qui est exclu, mais simplement le fait qu’il y ait des mécanismes d’exclusion qui assurent le maintien des privilèges associés aux positions intermédiaires.
    – L’approche stratificationniste insiste sur le processus à travers lequel les individus sont triés et distribués entre différentes positions de la structure de classe ou complètement marginalisés. Là où l’analyse de l’accaparement des opportunités attire l’attention sur les mécanismes d’exclusion associés aux emplois de « classe moyenne », l’approche stratificationniste permet de mettre au jour les propriétés individuelles qui expliquent pourquoi certaines personnes ont accès à ces emplois, et quels sont les exclus des emplois salariés stables.
    Ces trois processus sont à l’œuvre dans toutes les sociétés capitalistes. Les différences entre les structures de classe propres à chaque pays sont le produit du mode variable d’interaction entre ces trois mécanismes.

    #structure_sociale
    #Marx
    #Weber

  • Aux États-Unis, les coûts sociaux de la prison excèdent ceux du crime | Brookings

    http://www.brookings.edu/research/reports/2014/05/10-crime-facts

    Crime and high rates of incarceration impose tremendous costs on society, with lasting negative effects on individuals, families, and communities. Rates of crime in the United States have been falling steadily, but still constitute a serious economic and social challenge. At the same time, the incarceration rate in the United States is so high—more than 700 out of every 100,000 people are incarcerated—that both crime scholars and policymakers alike question whether, for nonviolent criminals in particular, the social costs of incarceration exceed the social benefits. (...)
    Despite the ongoing decline in crime, the incarceration rate in the United States remains at a historically unprecedented level. This high incarceration rate can have profound effects on society; research has shown that incarceration may impede employment and marriage prospects among former inmates, increase poverty depth and behavioral problems among their children, and amplify the spread of communicable diseases among disproportionately impacted communities (Raphael 2007). These effects are especially prevalent within disadvantaged communities and among those demographic groups that are more likely to face incarceration, namely young minority males. In addition, this high rate of incarceration is expensive for both federal and state governments. On average, in 2012, it cost more than $29,000 to house an inmate in federal prison (Congressional Research Service 2013). In total, the United States spent over $80 billion on corrections expenditures in 2010, with more than 90 percent of these expenditures occurring at the state and local levels (Kyckelhahn and Martin 2013).

    #contrôle_social
    #prison
    #analyse_coûts/avantages

  • Pluralité (et contradiction) des systèmes normatifs en Afghanistan : droit civil / Sharia / coutume tribale | NYT

    http://www.nytimes.com/2014/05/04/world/asia/in-spite-of-the-law-afghan-honor-killings-of-women-continue.html?emc=edit_t

    Rubina Hamdard, a lawyer at a coalition of women’s advocacy groups, the Afghan Women’s Network, estimates that 150 cases of honor killing occur annually in Afghanistan, based on statistics kept over the past five years. Fewer than half of them are formally reported, however, and very few end in convictions. (…)
    Neither Amina nor Zakia and Mohammad Ali did anything against the law — or, more specifically, against two of the legal systems in effect in Afghanistan: the body of civil law enacted over the past decade with Western assistance, or the classic Islamic code of Shariah that is also enshrined in law. Both protect the rights of women not to be forced into marriage against their will.
    But in Afghanistan, an unwritten, unofficial third legal system has remained pervasive: customary law, the tribal codes that have stubbornly persisted despite efforts at reform. “In Afghanistan judges stick to customary law, forget Shariah law, let alone civil law,” said Shala Fareed, a professor of law at Kabul University. (…)
    Of 4,505 cases of violence against women last year — which includes issues like “denial of relationship,” or trying to prevent someone from choosing their own husband or wife — less than 10 percent are resolved through legal process, according to the latest report from the Women’s Ministry. Nearly half of the cases were either dropped or settled out of court, often to the women’s detriment.

    NB. La Sharia, ici, est du côté du droit moderne, contre la coutume tribale. Voir Weber : religion et rationalisation.

    #normes
    #droit
    #individualisation
    #religion

  • Le salaire minimum nuit-il à l’embauche ? Non. La preuve par une expérience naturelle | Ioana Marinescu

    http://www.liberation.fr/economie/2014/04/28/a-propos-du-sous-smic-de-pierre-gattaz_1006537

    Deuxièmement, le coût du travail n’est pas forcément le principal obstacle à l’emploi des moins qualifiés, et particulièrement des jeunes. Par exemple, au Royaume-Uni, les jeunes de moins de 21 ans ont un salaire minimum plus faible que les jeunes de 22 ans et plus, qui touchent le salaire minimum adulte. Si un salaire minimum élevé nuisait à l’emploi, on s’attendrait à ce que les jeunes de 22 ans, soumis au salaire minimum adulte, soient plus souvent sans emploi que les jeunes de 21 ans. Or, ce n’est pas le cas (The UK Minimum Wage at 22 Years of Age : A Regression Discontinuity Approach, Richard Dickens, Rebecca Riley and David Wilkinson, 2013). Baisser le salaire minimum des jeunes ne contribue donc pas à augmenter l’emploi. En conclusion, il n’est pas nécessaire ou utile de créer un sous-Smic, mais il serait intéressant d’étudier l’effet de politiques ciblées de subvention à l’embauche pour les travailleurs peu qualifiés et inexpérimentés.

    #travail
    #chômage
    #expérience_naturelle
    #salaire_minimum

  • Fonctions de la banderole : subjectivation collective, objectivation du groupe, ordonnancement de la manifestation | Philippe Artières

    http://www.laviedesidees.fr/L-etendard-de-la-lutte.html

    Ainsi, qu’elle conforte le pouvoir en place ou le conteste, la banderole cristallise une identité qui lui préexiste. Elle est objet de ralliement à une cause, à une revendication, à des valeurs communes. En tant qu’objet identitaire, elle instaure un lien entre l’individu et le collectif, que ce soit au sein de manifestations, lors de rencontres sportives ou encore en temps de guerre. Si elle est objet de contestation, elle est aussi objet d’ordre et de structure, elle « permet à la manifestation de se tenir droite » (p. 35). La banderole, tout comme le drapeau, sert une identité interne et externe : elle définit de l’extérieur le groupe réuni autour de l’objet comme une identité à part entière, et elle renforce l’identité interne de ce groupe par son caractère de balise. L’étude de la banderole permet ainsi de questionner l’insertion de l’individu au sein d’une foule, dans la lignée des travaux de psychologie sociale de Gustave Le Bon : pour Artières la banderole est le « squelette » de la manifestation, ce qui relie l’unité individuelle à l’unité défilante.
    Lors du mouvement des droits civiques dans les années 1960, la banderole est par exemple utilisée pour revendiquer une identité mise à mal par l’ordre social de la ségrégation. Elle est alors outil de revalorisation et de redéfinition de soi-même. À cet égard son apport performatif est essentiel : elle est actrice à part entière de la conscience collective et individuelle. En affichant haut et fort une identité conquérante, les individus « se subjectivisent » (p. 46).

    #conflits_sociaux
    #repertoire
    #mobilisation

  • Protection sociale = désincitation au travail ? Réfutation empirique | INSEE

    http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ES467C.pdf

    Cet article cherche à évaluer si le RMI et, à sa suite, le RSA découragent certains jeunes de travailler. Auquel cas, on observerait un fléchissement du taux d’emploi des jeunes juste après 25 ans, puisque certains choisiraient de ne pas travailler ou de réduire leur effort de recherche d’emploi à partir de cet âge. (...) Pour étudier cette question, nous conduisons une analyse par discontinuité sur les enquêtes annuelles de recensement de 2004 à 2011 qui permettent d’obtenir des estimateurs précis des taux d’emploi par âge des jeunes célibataires sans enfant et peu qualifiés.
    Nous n’observons pas de rupture dans les taux d’emploi à 25 ans pour l’ensemble des jeunes sans enfant, ce qui indique que le RMI et le RSA n’ont pas d’effet désincitatif marqué sur l’emploi des jeunes autour de cet âge. Une légère rupture dans les taux d’emploi est toutefois visible pour les jeunes les moins qualifiés (ayant au mieux le BEPC) les premières années de l’étude (femmes sur la période 2004‐2007 et hommes sur la période 2004‐2005), mais elle disparait par la suite, en particulier après la mise en place du RSA. Les effets désincitatifs au travail parmi les jeunes sans enfant étant déjà faibles avec le RMI, confinés aux jeunes sans qualification, il n’y pas lieu d’attendre d’effet réincitatif de la part du RSA, conclusions limitées au groupe cible de notre étude.

    #protection_sociale
    #travail
    #expérience_naturelle

  • Les transferts sociaux en France, plus importants que la moyenne de l’UE, ont freiné l’extension de la pauvreté monétaire entre 2007 et 2009 mais leur impact s’est amoindri en 2010 et 2011 | INSEE

    http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=FR-UE14_c_D2_Inegali

    #redistribution
    #pauvreté
    #protection_sociale